Naissance en 944, décès en 1010 à Narek
Saint Grégoire de Narek est le grand auteur mystique que l'Église d'Arménie a donné à la tradition chrétienne. Ce saint moine vécut de 944 à 1010 environ au monastère de Narek sur la rive sud du lac de Van (actuellement en Turquie). Les églises de tradition arménienne le fêtent le 25 février.
Son œuvre la plus célèbre est son recueil de Prières dont la liturgie arménienne a tiré trois extraits qui sont utilisés l'un lors du Sacrifice de la messe, l'autre dans la prière des Complies et le dernier comme prière à lire sur les malades. Autre signe de l'influence durable de ces prières sur les Arméniens: jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, après avoir appris l'alphabet et lu les Psaumes, les élèves en recevaient un exemplaire et devaient en apprendre de larges extraits par cœur... Les thèmes principaux de l’œuvre de saint Grégoire sont la solidarité dans le péché, la confiance en la Miséricorde divine malgré la nécessité absolue du combat spirituel, et, enfin, l'amour de la vie mystique. L'alliance qu'il réalise entre la pureté de la foi (on dit même que le monastère de Narek était l'un de ceux qui, dans une Arménie qualifiée un peu rapidement de monophysite, tenaient pour la doctrine chalcédonienne de la double nature) et d'une expression poétique vigoureuse font de lui le frère arménien de saint Jean de la Croix.
On ne connaît guère de détails de la vie de saint Grégoire.
Son père, veuf, était devenu évêque alors que Grégoire et ses frères étaient encore dans leur très jeune âge. Ils furent donc confiés aux soins du monastère où ils vécurent, semble-t-il, toute leur vie.
Il devint prêtre et peut-être higoumène de son monastère.
Il eut, d’après le synaxaire arménien une grande influence comme réformateur de son monastère ce qui lui valut quelques ennuis avec les autorités allant jusqu’à le faire soupçonner d’hérésie comme le montre cette gracieuse légende :
Les évêques et les princes envoyèrent une délégation d’hommes sûrs auprès de Grégoire afin qu’ils l’amènent à leur tribunal pour être interrogé sur sa foi.
Les délégués arrivés à Narek, Grégoire comprit immédiatement leurs intentions.
Il leur dit : « Mettons-nous d’abord à table, avant de prendre la route. »
Il fait rôtir deux pigeons et les place devant ses hôtes.
Or c’était un vendredi. Ceux-ci, scandalisés, furent plus convaincus que jamais que ce qu’on rapportait de Grégoire était vrai.
Ils lui dirent donc : « Maître n’est-ce pas vendredi aujourd’hui ? »
Le Saint, comme s’il l’ignorait, leur répond : « Excusez-moi, mes frères. »
Et se tournant vers les pigeons : « Levez-vous, dit-il, retournez à votre volière, car aujourd’hui c’est jour d’abstinence. »
Et les oiseaux, retrouvant vie et plumes, s’envolèrent.
A ce spectacle, les envoyés tombèrent aux pieds du saint pour lui demander pardon.
Et ils s’en furent raconter le prodige à ceux qui les avaient délégués.
L’oeuvre complète de saint Grégoire de Narek a été éditée à Venise en 1840 par les Pères Méchitaristes. Outre le Livre des Elégies Sacrées il faut noter :
- Les Hymnes : une vingtaine en tout pour toutes les fêtes liturgiques
- Commentaire sur le Cantique des cantiques
- Histoire de la Croix d’Aparanq : sur la demande de l’évêque de Mokq Grégoire a raconté l’Histoire du transfert de la relique de la Vraie Croix de Constantinople en Arménie en 983.
- Trois discours en forme de litanies
- Panégyrique des saints apôtres et des 70 disciples
- Panégyrique de Saint Jacques de Nisibe
Le livre des Elégies Sacrées, composé en l’an 1002, fut sans doute le dernier ouvrage de saint Grégoire.
Saint de l'Église apostolique arménienne et de l'Église catholique, sa proclamation comme docteur de l'Église est annoncée le 21 février 2015 par le pape François. Le 12 avril suivant, soit douze jours avant le centième anniversaire du génocide arménien, il devient ainsi le 36e docteur de l'Église.