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Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
15, rue Jean-Goujon - 75008 Paris || Père Jirayr Tashjian, Directeur
Téléphone : 01 43 59 67 03
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Janine ALTOUNIAN
( n. 1934 )

L'auteur

Janine ALTOUNIAN --- Cliquer pour agrandir
Naissance le 22 août 1934 à Paris.

Janine Altounian est traductrice et essayiste. Co-traductrice de Freud depuis 1970, elle est responsable de l’harmonisation dans l’équipe éditoriale des œuvres complètes de Freud aux Presses Universitaires de France (L’écriture de Freud / Traversée traumatique et traduction, PUF - bibliothèque de psychanalyse, 2003) .

Née à Paris de parents arméniens rescapés du génocide de 1915, elle travaille par ailleurs sur la "traduction", dans le psychisme, d’un trauma collectif chez les descendants de survivants.


Traductions :

  • en turc du Journal de déportation de Vahram Altounian, écrit en 1920 à Lyon et publié enfin en 2015‏ en turc dans ce qui fut son pays : Geri Dönüşü Yok, Bir Babanın Güncesinde ve Kızının Belleğinde Ermeni Soykırımı, Vahram ve Janine Altounian, "Sans retour possible, le génocide arménien dans le journal d'un père et la mémoire de sa fille" - Achat
  • en italien, Ricordare per dimenticare. Il genocidio armeno nel diario di un padre e nella memoria di una figlia, même ouvrage - Achat
  • en arménien, Ouvrez-moi seulement les chemins d'Arménie "... : un génocide aux déserts de l'inconscient
    Cet ouvrage existe dans une version traduite en arménien par Krikor Chahinian et Garine Zorabian, 2001, Antelias, Liban: ԲԱՙՑ ՄԻԱՅՆ ԻՄ ԴԻՄԱՑ ՃԱՄԲԱՆԵՐՆ ԱՐՄԵՆԻՈՅ de ԺԱՆԻՆ ԱԼԹՈՒՆԵԱՆ. On peut se le procurer auprès de Suzy Ohannessian, libraire du Catholicossat d’Antelias/ Beyrouth, tel. 00961 - 4- 41 00 01 00961 -3 - 87 87 46 (mobile) Contact : bookstore@armenianorthodoxchurch.org
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 L'effacement des lieux
Titre : L'effacement des lieux / auteur(s) : Janine ALTOUNIAN - Autobiographie d'une analysante, héritière de survivants et traductrice de Freud
Éditeur : PUF
Année : 2019
Imprimeur/Fabricant : 58-Clamecy : Impr. Laballery
Description : 13,5 x 20 cm, 275 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection :
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Génocides -- Survivants -- Transmission
ISBN : 9782130814078
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Recourant à l'autobiographie et à la psychanalyse, Janine Altounian témoigne de son expérience d'analysante singulière, ayant travaillé d'une part à la traduction des survivants au trauma de l'effacement, d'autre part à celle des Oeuvres complètes de Freud sous la direction de Jean Laplanche. Cherchant à traduire les traces d'une disparition d'une culture et de ses lieux afin d'en inscrire l'effacement, elle décline les conditions de cette traduction selon les trois perspectives suivantes :
- Une expérience d'effacement demande à être traduite dans la langue de l'autre pour s'inscrire dans le monde.
- C'est par ce travail de traduction que les héritiers d'un crime de masse peuvent subjectiver et transmettre leur histoire.
- Ce travail de traduction requiert plusieurs générations avant que ce qui a pu être " traduit " au " pays d'accueil " s'inscrive dans le champ culturel et politique de celui-ci.

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 Témoignage et survivance
Titre : Témoignage et survivance / auteur(s) : Emmanuel ALLOA - Catherine COQUIO -
Éditeur : MetisPresses
Année : 2014
Imprimeur/Fabricant : Grafica Faggian Srl, Italie
Description : 14 x 20 cm, 368 plages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Imprescriptible
Notes : Éditeurs scientfiques : Emmanuel Alloa et Stefan Kristensen
Autres auteurs : Janine ALTOUNIAN [contribution] - Marc NICHANIAN [contribution] -
Sujets : Génocides -- Survivants --Psychiatrie
ISBN : 9782940406791
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Comme nul autre, le XXe siècle aura été marqué par l’expérience génocidaire et les exterminations de masse. Ces événements ont imprimé une marque indélébile dans l’histoire de l’humanité, et ont suscité pour cette raison une réflexion inédite qui tente de prendre la mesure de l’expérience de l’extermination de groupe. Que signifie être la cible d’un plan d’extermination du groupe auquel on appartient ? Comment y survit-on ? Quelles sont les oreilles pour entendre un tel témoignage ? De quoi témoigne-t-on lorsqu’on a passé par la sujétion la plus ultime ? Peut-on produire une preuve de cette expérience ? Les textes réunis dans ce volume tentent d’indiquer des réponses à ces questions, afin de commencer à mieux cerner cette figure à la fois aporétique et incontournable qu’est le témoin à l’époque de la survivance.

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 De la cure à l'écriture - L'élaboration d'un héritage traumatique
Titre : De la cure à l'écriture - L'élaboration d'un héritage traumatique / auteur(s) : Janine ALTOUNIAN -
Éditeur : PUF
Année : 2012
Imprimeur/Fabricant : 53-Mayenne : Impr. Jouve
Description : 1 vol. (IX-224 p.) : ill., couv. ill. en coul. ; 22 cm
Collection :
Notes : Bibliogr. p. 215-222. Index
Autres auteurs :
Sujets : Survivants du génocide arménien -- Psychologie -- Psychanalyse et littérature
ISBN : 9782130607076
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Écrire, c'est-à-dire traduire au monde, ressenti comme étranger au désastre familial, l'espace mortifère d'un héritage psychique, peut faire partie intégrante de cette élaboration. Toute publication visant à socialiser une subjectivité que la cure laisse peu à peu émerger d'un monde frappé d'invisibilité relance en effet le travail inconscient sur une voie novatrice en dessinant de nouveaux contours à l'intériorité de l'analysant/écrivant.
Le parcours analytique esquissé ici cherche à témoigner de ce qui s'est transmis aux descendants des survivants, tous disparus à présent, du génocide arménien de 1915, nié par l'État turc. Aboutissant à la réappropriation et l'amour de cette transmission, il peut être lu comme un cas clinique intéressant les psychanalystes et les héritiers de diverses catastrophes historiques. Il montre par ailleurs combien une telle élaboration est tributaire également du poids des valeurs démocratiques au sein du pays d'accueil des survivants.

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 Mémoires du génocide arménien : héritage traumatique et travail analytique
Titre : Mémoires du génocide arménien : héritage traumatique et travail analytique / auteur(s) : Janine ALTOUNIAN - Vahram et Janine Altounian ; avec la contribution de Krikor Beledian, Jean-François Chiantaretto, Manuela Fraire... [et al.]
Éditeur : PUF (Presses Universitaires de France)
Année : 2009
Imprimeur/Fabricant : 41-Vendôme : MD impr
Description : 15 x 22,7 cm, 238 p. dont 48 p. de pl. : ill. en noir et en coul., cartes, fac-sim
Collection :
Notes : Contient le "Journal de Vahram" / V. Altounian suivi d'études critiques à propos de ce texte par divers contributeurs
Autres auteurs : Krikor BELEDIAN [contribution] -
Sujets : Témoignage historique -- Génocide arménien (1915-1916 ) -- Aspect psychanalytique
ISBN : 9782130573272
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Cet ouvrage de mémoire sur le génocide arménien rend publiques des lettres des parents de la psychanalyste Janine Altounian. Ces lettres s'accompagnent d'analyses et de commentaires sur la transmission d'un tel héritage, sa signification, la constitution du témoignage et ses conséquences traumatiques sur les générations suivantes. Les contributeurs, à partir de différentes situations, expliquent la violence de cette transmission, la transgression très forte que représente, pour les survivants et pour les descendants, la parole : ""l'expérience hors bornes des rescapés se terre souvent dans le secret, le mutisme ou, chez certains, le ressassement inlassable et dérisoire d'un répertoire obsédant [...] dans une langue déracinée [...] stérile par un empêchement à générer désormais toute culture vivante [...] innommable, ne relevant pas du champ de la communication."" Cet ouvrage à plusieurs mains représente une mémoire, une écriture lue et entendue par tous les contributeurs de ce recueil comme une trace ""en attente de son avènement"".

Il se propose de montrer comment, à partir d’un écrit indéchiffrable pour tout lecteur néophyte, une expérience traumatique débutant à Boursa, petite ville d’Asie mineure, un « mercredi 10 août 1915 », passe par l’épreuve de sa traduction, celle de sa réception et de son élaboration subjective par un héritier pour se transmettre et aboutir, quasi un siècle plus tard, à la présente publication.

Table des matières I. — Journal de Vahram
Lettres de M. et H. Altounian du 29 juin et 30 juillet 1919

II. — Cartes
Trajet de déportation de Vahram Altounian
Axes de déportation des populations arméniennes et camps de concentration en 1915-1916
Version originale du manuscrit en fac simile
Le Proche-Orient et les régions de peuplement arménien en 1914

III. — Traduire un témoignage écrit dans la langue des autres par Krikor Beledian
Le texte et son auteur
Un texte oral
Le défi à la preuve

IV. — Parcours d'un écrit de survivant jusqu'à son inscription psychique, ou Temporalité d'élaboration d'un héritage traumatique par Janine Altounian
Histoire d'un manuscrit paternel sans assignataire
Temporalité de la vie psychique et de l'écriture dans l'élaboration d'une transmission traumatique
Temps de la douleur laissée par la disparition des derniers survivants
Temps du réveil dû aux événements politico-culturels du monde
Conclusion

V. — Quand vivre est tout le sacré par Régine Waintrater
Témoignage ou testament ?
À écriture sous conditions, lecture sous conditions
Le premier temps d'un témoignage
Le premier cercle
Rhétorique et temporalité traumatiques
Condamné à investir
En guise de conclusion

VI. — Naissance d'un témoignage, témoignage d'une naissance par Jean-François Chiantaretto
Naissance d'un texte, naissance par le texte
Maladresse, traduction mauvaise, mauvaise traduction
L'Œuvre d'un décentrement
Seule en présence de ou l'écriture comme interlocution interne
La tache aveugle

VII. — L'oubli de la mère par Manuela Fraire
Les souvenirs servent d'écran
Le privé est politique
Corps présent et âme absente
Pacte qui nie, pacte qui lie
Une épine au cœur de la langue maternelle
Mémoire et commémoration

VIII. — Mais là où il y a péril… par Yolanda Gampel

IX. — Le travail de l'intersubjectivité et la polyphonie du récit dans l'élaboration de l'expérience traumatique par René Kaës
Apports de la clinique du psychodrame psychanalytique de groupe
Le travail de la remembrance polyphonique dans l'écriture de Janine Altounian
Les conditions interdiscursives des liens de génération
Le travail de l'intersubjectivité, le préconscient et l'élaboration du trauma


A propos des auteurs
Ont contribué à la présente publication :
– Krikor Beledian, écrivain de langue arménienne, maître de conférences à l’INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales)
– Jean-François Chiantaretto, psychanalyste, professeur de psychopathologie (Université de Paris XIII, UTRPP)
– Manuela Fraire, psychanalyste, membre titulaire de la SPI (Société Italienne de Psychanalyse) et de l’IPA
– Yolanda Gampel, psychanalyste, membre titulaire de la SIP (Société Israélienne de Psychanalyse), représentant pour l’Europe au Conseil de l’IPA, professeur à l’Université de Tel-Aviv
– René Kaës, psychanalyste, professeur émérite de l’Université Louis-Lumière Lyon 2
– Régine Waintrater, psychanalyste, thérapeute familiale, maître de conférences à l'Université Paris 7 - Diderot.


Autre commentaire

Plus que tout autre peut-être, ce livre a une histoire indissociable de sa présentation. Car il n'est pas vraiment un inédit. Son coeur, le Journal de Vahram, « Tout ce que j'ai enduré de 1915 à 1919 », fut publié sous forme d'article dans Les Temps modernes, à la faveur d'un événement intempestif, la prise du Consulat de Turquie par un commando de l'ASALA en septembre 1981. « Sans ce scandale dans la vie publique du pays qui avait accueilli ce père rescapé, je n'aurais certes pas rencontré un accueil éditorial aux Temps modernes pour cette première publication de février 1982 mais, surtout, sans ce paravent protecteur, il m'aurait été impossible d'assumer la honte d'accomplir, en mon propre nom, cette démarche ». Ces quelques lignes de Janine Altounian en disent long sur l'époque et sur l'audace qu'elle eut alors - et dont elle s'étonne encore - de porter le manuscrit de son père sur la place publique. Pourtant, la traductrice de Freud s'était depuis quelque temps préparée à un tel acte. En 1978, bien après la mort de son père, elle avait demandé à Krikor Beledian une première traduction du texte dont elle a toujours connu l'existence reléguée dans un placard, sans sentir pour autant peser sur elle l'urgence de répondre à la question du sort à lui réserver. Quand vint l'urgence, il fallut encore trouver un titre (Terrorisme d'un génocide) à un récit qui n'est pas le sien mais qu'elle sauve et qui devient la matrice de son oeuvre !Trois divans plus tard, l'écriture n'a rien perdu de sa force et J. Altounian qui a constamment cherché à briser l'autisme qui caractérisait intra muros le ressassement de 1915 et l'impuissance à accéder à l'universel, reçoit aujourd'hui l'hommage de ses pairs en psychanalyse qui, à sa demande, ont lu et commenté le Journal de Vahram, traduit et présenté par Krikor Beledian, et lentement apprivoisé par elle.

Régine Waintrater
Régine Waintrater lit avec « avidité » ce témoignage en pensant sans cesse à celui que son père, survivant de la Shoah, n'a pas écrit. Jean-François Chiantaretto analyse la figure médiatrice du traducteur sur laquelle rebondit J. Altounian se faisant à son tour la médiatrice entre le Journal et les lecteurs européens qu'elle sollicite. Manuela Fraire se demande pourquoi le père a dans l'écriture de Janine Altounian effacé la figure de sa grand-mère. Que signifie l'oubli de cette femme courageuse ou l'oubli de son nom ? Elle qui demanda en vain aux soldats turcs d'épargner son mari malade, elle qui refusa de se remettre en route
avant de lui avoir offert une sépulture, elle qui donna ensuite son fils de 14 ans aux Arabes pour le sauver de la mort, lui qui s'échappa pour la retrouver. Yolanda Gampel rend hommage au souffle benjaminien qui parcourt l'écriture de J. Altounian, capable de restituer la fulgurance d'un souvenir « tel qu'il brille à l'instant du péril ». René Kas souligne magistralement « l'écrasement des liens de génération et des rapports de filiation dans les catastrophes traumatiques collectives », et la faillite de l'ordre symbolique qui en résulte entre les générations.

Mémoire de ma mémoire
Tous ces commentaires sont rendus possibles par Krikor Beledian, la clef de voûte sur laquelle repose tout l'édifice... Il est celui qui permet le basculement du texte dans la langue des autres, le passeur qui opère le passage de l'illisible au lisible en traduisant en français, non pas de l'arménien, mais du turc transcrit en lettres arméniennes, comme cela se faisait à Boursa notamment d'où est originaire Vahram. Enfin si le Journal de Vahram est bien le prétexte à oeuvre de Janine, on comprend qu'il est ce maillon fragile dans la longue chaîne du récit de la Catastrophe. Cela explique sans doute que Janine Altounian fasse le meilleur commentaire de Mémoire de ma mémoire de Gérard Chaliand, autre représentant de la deuxième génération, inventeur de l'expression « terrorisme publicitaire » pour caractériser les années de plomb arméniennes. Voilà en tout cas un livre qui, par delà le témoignage capital qu'il constitue aussi sur cette génération, suscite une réflexion stimulante et appelle à un dialogue intergénérationnel.

Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 158, décembre 2009


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 Ouvrez-moi seulement les chemins d'Arménie : un génocide aux déserts de l'inconscient
Titre : Ouvrez-moi seulement les chemins d'Arménie : un génocide aux déserts de l'inconscient / auteur(s) : Janine ALTOUNIAN - Préface de René Kaes
Éditeur : Belles Lettres
Année : 2003
Imprimeur/Fabricant : Normandie Roto Impression s.a.s, 61250 Lonrai
Description : V-246 p. couv. ill. en coul. 21 cm
Collection : Confluents psychanalytiques
Notes : Bibliogr. p. 243-246
Autres auteurs :
Sujets : Arméniens Massacres des 1915-1923 -- Récits personnels * Arméniens -- Identité ethnique * Arméniens -- A l'étranger -- Récits personnels * Psychanalyse et culture
ISBN : 9782251334448
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Déclaration de Talaat Pacha, ministre de l'intérieur du gouvernement turc, le 15 septembre 1915: « Le gouvernement a décidé d'exterminer entièrement les Arméniens habitant en Turquie... Sans égards pour les femmes, les enfants, les infirmes, quelque tragiques que puissent être les moyens d'extermination, sans écouter les sentiments de la conscience, il faut mettre fin à leur existence ».
Déclaration d'Adolf Hitler, le 22 août 1939 : « Notre force doit résider dans notre rapidité et notre brutalité. J'ai donné l'ordre à des unités spéciales de S. S. de se rendre sur le front polonais et de tuer sans pitié hommes, femmes et enfants. Qui parle encore aujourd'hui de l'extermination des Arméniens ? ».
Ceux-ci d'ailleurs, comme la plupart de ceux qui ont survécu aux massacres de notre histoire contemporaine, se sont tus pendant deux générations, incapables de mettre en mots ce qui était arrivé, acculés par ce silence même au terrorisme.
Pour donner une forme à l'irreprésentable de son histoire familiale et un espace psychique à son pays dépecé, Janine Altounian a choisi la voie d'une psychanalyse dont la poursuite, selon sa formule, ne se révèle « évidemment pas une aventure en vase clos — contrairement au reproche absurde qui lui est fait — mais constitue le lieu où peuvent éventuellement s'intégrer les violences, se symboliser les changements externes ». Lieu de parole où se confrontent la langue enfouie de ses origines et sa langue d'accueil, où prend source son travail de traductrice.
L'ensemble des textes de ce recueil témoigne de la confluence d'une réflexion historique et d'une élaboration psychanalytique dont on sent les chemins ouvrir progressivement pour Janine Altounian ceux d'une Arménie qu'elle n'avait pu connaître que par des identifications endeuillées.
Ses commentaires, aussi pudiques que le récit que son père nous a laissé de sa déportation, nous confrontent au paradoxe d'une époque qui, en même temps que le développement des conceptions de Freud, a vu et continue de voir se multiplier, dans le fréquent silence complice des nations civilisées, génocides et totalitarismes barbares.

Table des matières

Préface de René Kaês
Avant-propos : mes trois divans1
Comment peut-on être Arménien?15
Une Arménienne à l'école37
À la recherche d'une relation au père soixante ans après un génocide55
Terrorisme d'un génocide81
Un non-dit bien entendu119
Faute de parler ma langue123
L'implosion d'une lecture, un contact mortel pour la vie151
De l'Arménie perdue à la Normandie sans place171
Viol et silence203
Transfert et territorialisation217
Annexe231
Bibliographie243


L'ensemble des textes de ce recueil, pour la plupart parus ces dernières années dans Les Temps modernes, témoigne d'une réflexion historique (le drame vécu par le peuple arménien) et d'une élaboration psychanalytique (l'histoire familiale de l'auteur).

Depuis son premier essai paru dans les Temps Modernes en décembre 1975, Janine Altounian n'a cessé d'écrire dans cette même revue, sept textes en tout, réunis dans l'ouvrage "Ouvrez-moi seulement les chemins d'Arménie", qui est en quelque sorte un recueil, rassemblant et traduisant, au-delà de l'hétérogénéité et de la discontinuité apparente de chaque partie, la volonté de cette quête de la mémoire; c'est l'effort pour: "assurer l'emprise du déni et de l'ignorance". Ces essais sont repris dans l'ordre chronologique de leur parution aux Temps Modernes.

"Comment peut-on être Arménien" constitue son premier texte qui prend corps en 1975, année du Soixantième Anniversaire du génocide. Année de parution du livre de J.M. Carzou "Arménie 1915". Un génocide exemplaire; année aussi où Charles Aznavour chantait "Ils sont tombés..:'.
Ce texte rend compte du "désir de s'approprier son Histoire"; mais aussi de témoigner. "Pour croire encore à l'existence de leur race, il faut que les exilés mettent en valeur les faits de leur culture", ils doivent croire en eux, en ce qu'ils ont été, en ce qu'ils sont, mais aussi convaincre les autres de leur existence. C'est là le scandale de leur situation.

"Une Arménienne à l'école" interpelle les travailleurs sociaux ou psychanalystes "qui écoutent les enfants de migrants ou de prolétaires". C'est un témoignage de sa propre enfance et ses réflexions inspirées de son travail dans un lycée de la banlieue parisienne. `tes transplantés ne sont pas les seuls migrants. Un enfant prolétaire ne l'est pas uniquement parce que son père travaille à l'usine, il l'est aussi parce que celui-ci a perdu l'accès à sa propre culture, à celle qui aurait pu être la sienne".

"A la recherche d'une relation au père soixante ans après le génocide" est une analyse à travers le livre de Michael Arlen ("L'embarquement pour l'Ararat") de cette recherche de l'identité arménienne. "Ce livre pose la question de l'intégration possible de notre passé, intégration qui alors seulement, pourrait devenir créatrice d'une situation nouvelle":

"Terrorisme d'un génocide" est la traduction en français du journal que rédigea son père à son arrivée en France en 1921, et qui relate les événements qu'il a vécus lors de la déportation, où elle retrouve dans ces pages une partie des récits qui ont peuplé son enfance.

"Faute de parler ma langue" traite du rapport à la langue d'origine à cette langue qui a été perdue. "Cette première langue qui ne cesse d'être pour le restant de nos jours un appel". A cette langue de contrebande comme disait J. Hassoun. Ou pour ne citer que Lacan "Cette langue entre autres qui ne serait rien de plus que l'intégrale des équivoques que son Histoire y a laissées persister".

"Viol et silence" est une réflexion et une étude à partir du texte d'Eva Thomas, du crime de l'inceste. Car les processus de dépersonnalisation des individus sont toujours les mêmes, qu'ils soient utilisés dans les camps de concentration, le dressage des tortionnaires,... ou l'inceste".

"De l'Arménie perdue à la Normandie sans place" poursuit et complète sa réflexion sur l'école et le rapport à la littérature de la culture d'exil. Le noyau de ce recueil étant le texte paternel, document où le "témoignage d'un survivant est fondateur d'une mémoire". Textte serti par les autres, afin d'essayer "de traduire cette déréliction parentale que l'enfant esseulée sur le mirador d'un divan avait jadis ressentie, hors langage":

Janine Altounian a sa façon toute particulière de transmettre l'émotion, par une utilisation des mots aux limites de l'art poétique. Après trois générations d'effort elle avait acquis ce plaisir, "ce luxe si incongru pour ceux qui survivent au génocide : le plaisir de penser": Après Soumgaït, après le séisme, que faire ? Qu'en faire ici et maintenant ? Traduire Freud ? Dissimuler, taire dans des séances de travail ses véritables objets". Il lui fallait inscrire quelque part, pour se déposséder de cette mémoire, de cette grand-mère assise au bord du Divan (Sedir/Desir) devenu son lit pour la nuit, qui lui apprenait le signe de croix et la prière en arménien. "J'ai écrit par nécessité, sous la même contrainte que mes parents survivants du génocide, celle de survivre".

Dikran Tchertchian, Magazine France-Arménie, numéro 98, Février 1991>


Lire Papiers n° 32, septembre 1996, rassemblant les interventions prononcées le samedi 2 décembre 1995 autour de l’ouvrage de Janine Altounian "Ouvrez-moi seulement les chemins d’Arménie. Un génocide aux déserts de l’inconscient".
Interventions successives de Janine Altounian, Michel Tort, Michel Marian, Nicole Lapierre, Krikor Beledian, René Kaës.
Les Papiers du Collège international de Philosophie


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