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Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
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Houri IPEKIAN
( 1919 - 1980 )

L'auteur

 
Naissance le 25 janvier 1919 à Téhéran (Iran), décès en 1980.

Fille de Gaspard Ipekian (1883-1952)
Agrégée de lettres, licenciée en Philologie, en Philosophie.

Enseignante et poétesse. - Présidente de la Croix bleue des Arméniens de France (1962)

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 Sonate
Titre : Sonate / auteur(s) : Houri IPEKIAN - avec une préface de Lucien-Paul Thomas, Membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, Bruxelles ; ill. de Tjienke Dagnelie
Éditeur : Liège : Soledi
Année : 1945
Imprimeur/Fabricant : Imp. Soledi, Liège (Belgique)
Description : 75 p. : ill., couv. ill. ; 25 cm
Collection :
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Poème inspiré de la Sonate en si bémol mineur op. 35 de F. Chopn, interprétée par S. Rachmaninoff
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Préface

Dans son premier livre de vers, Couleur de temps (Bruxelles, 1944), la jeune poétesse arménienne Houri Ipékian nous avait déjà donné la mesure de sa sensibilité infiniment délicate, de sa conception de l'art simple et nuancée et de la sûreté d'une forme rythmique hautement personnelle.
Née en Iran, elle avait eu le privilège de vivre les années de son enfance dans la splendeur des aubes et des crépuscules égyptiens, puis dans l'éden libanais, à l'orée de la mer prodigieuse.
Cependant, la jeune fille venue d'Orient dans la grisaille de nos brumes s'était éprise de l'âpre beauté de nos Ardennes. Elle avait chanté son ardeur, ses exaltations, ses déceptions dans le cadre de nos paysages occidentaux et avait pris rang sans effort parmi nos meilleurs poètes.
A présent, une existence plus inquiète lui a révélé l'immense tristesse du monde et versé l'urne de la douleur, celle qui n'avait connu que les ombres d'un clair-obscur enchanté a pénétré dans la nuit d'une méditation profonde et passionnée.
Elle a donné à sa plainte, à sa malédiction, la forme d'un poème inspiré par la Sonate de la Marche Funèbre de F. Chopin. C'est en écoutant ces phrases musicales interprétées par S. Rachmaninoff, que l'expression des pensées exaltées a pris corps, épousant tout naturellement le cadre de l'œuvre grandiose dans l'harmonie de laquelle elles avaient grandi. Ces pages si intensément vécues ne sont pourtant pas une autobiographie.
Le chant d'amour et de mort qui s'élève sur les notes impérieuses de la Sonate est celui d'un jeune éphèbe touché par le malheur. Des souvenirs personnels sont venus soutenir ce thème, lui assurant une ample base émotive, une sonorité puissante.
L'auteur n'a pas borné l'espace de ses douloureuses réflexions à l'évocation d'un être cher et à l'émouvante vision de sa disparition. Il a élargi son élégie en y donnant asile à tous les mouvements que suggère la conception de l'amour, force universelle attachée aux sens autant qu'à la spiritualité la plus subtile : l'amour impérieux, inéluctable et maléfique, feu éclatant où se brûlent les ailes des amants attirés par sa splendeur sournoise.
Non, ce n'est pas l'amour immobilisé dans l'unité, qui est évoqué ici : c'est un amour qui semble naître de tous les profils de la beauté, de toute la limpidité des yeux, de toute la translucidité du soleil, de toute la douceur d'un geste, pour nous attirer dans le piège que nous tendent les femmes aux corps si tragiquement beaux.[..]

Lucien-Paul Thomas, Membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, Bruxelles mai 1945


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 Couleur de temps, poèmes
Titre : Couleur de temps, poèmes / auteur(s) : Houri IPEKIAN - avec une préface de Lucien-Paul Thomas, Membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, Bruxelles
Éditeur : Les auteurs associés
Année : 1944
Imprimeur/Fabricant : Bruxelles
Description : 90 p. ; 23 cm
Collection :
Notes : Exemplaire numéro 144 / 300, de l'édiiton originale du tirage sur velin chandernagor
Autres auteurs :
Sujets : Poèmes
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Préface

Mademoiselle Houri Ipékian, poétesse arménienne née à Téhéran, le 25 janvier 1919, appartient à une famille distinguée d'artistes et d'écrivains.
Toute jeune encore, elle a quitté son pays avec ses parents. Les premiers mouvements de sa sensibilité, affinée par de merveilleux voyages et par un destin qui lui apportait des éléments de beauté à chaque détour du chemin, se sont exprimés tout d'abord dans la riche contexture de l'arménien.
Un itinéraire passant par les Indes et l'Irak avait amené sa famille en Égypte où elle séjournera près de dix ans — au Caire, à Alexandrie, à Zagazig — avec une interruption de deux ans passés à Paris.
Le séjour qui a laissé chez la toute jeune fille la plus profonde impression est celui de Zagazig, au sud du Caire, où elle passa quatre ans d'une existence idyllique. Elle eut l'occasion de connaître dans cette solitude, loin de l'agitation des grandes villes, la vie paysanne du pays, l'activité des fellahs faisant jaillir des riches alluvions de la plaine l'inépuisable richesse des moissons.
Dans ce climat ardent, sous le ciel d'un bleu intense, elle voyait s'étendre devant elle l'immense plaine du Nil, elle admirait la marche lente et majestueuse du fleuve, elle aimait contempler, dans la douceur infinie du crépuscule, l'éclat prodigieux des couchers de soleil traçant en ombres dures la silhouette sinueuse des chameaux, la colonne grêle et la couronne gracieuse des palmiers, ou la ligne pure des jeunes femmes qui, dans la tiédeur du soir, vont chercher, en leur élégante amphore, un peu d'eau pure et de fraîcheur.
Ces visions d'Orient ont trouvé une opposition rehaussant leur grandeur et leur sérénité même au cours de voyages en France, dans les Alpes, en Italie.
Après l'Égypte, Houri Ipékian suit ses parents à Beyrouth. Ce sont alors les imposants paysages du Liban, la vie syrienne, la civilisation française du Levant qui retiennent son attention et qui forment sa personnalité naissante.
A dix-sept ans, elle vient en Belgique et se fixe dans la capitale pour y aborder et pour y parfaire ses études universitaires.
C'est alors notre pays qui la possède, qui la fascine et qui la façonne, au point que, à part quelques exceptions, tous ses poèmes en langue française s'inspirent de nos milieux, de notre nature tourmentée et nuageuse, de notre climat inquiet et changeant.
COULEUR DE TEMPS réunit des poèmes où la jeune et ardente poétesse exprime, avec une grande élévation de pensée et de sentiments, son exaltation devant le spectacle splendide et cruel du monde extérieur, devant le rythme inégal de la vie.
Elle évoque ses rêves unis à la majesté mouvante de la nature, dans la solitude de nos Ardennes, dont elle a compris la douce magie; elle y dit ses joies les plus hautes, ses déceptions, sa profonde tristesse quand elle retrace les trahisons de l'amour et de l'amitié.
C'est donc la vie même de l'auteur qui s'émeut en ces vers si sensibles où la grâce des arbres noyés d'aurore, où la tragédie pourpre des couchants s'harmonise à l'expression de passions auxquelles leur fraîcheur et leur pureté confèrent une discrète audace.
Le recueil apparaît ainsi comme la notation d'une suite d'état'§ d'âme délicatement, parfois puissamment dépeints.
Je n'oserais affirmer que tout ce qui éclot de l'inspiration pour s'exprimer dans la musique du vers appartienne à la vie strictement réelle de l'auteur. Une part d'imagination se mêle sans doute à la douceur et à la mélancolie des souvenirs. Mais rien de livresque, rien qui pourrait ressembler à une réminiscence littéraire n'apparaît dans ces pages dont les qualités les plus sûres sont sans doute leur sincérité et leur caractère personnel.
Je ferai une exception peut-être pour les six strophes si prenantes de « A un ami », dont la première établit aussitôt le symbole et le climat :
Nous sommes deux vagues de mers étrangères
et notre liaison
n'est que passagère.
Ne dirait-on pas d'un Heine sceptique et mélancolique un peu, mais éveillant un regret plus profond, plus tendre et sans ce levain d'amertume qui envahit et qui détruit tout?
Une exception aussi pour l' « Adieu » qui, né sans aucun doute des souvenirs et des regrets de l'auteur, fait penser à tel poème d° Maeterlinck dans « Douze Chansons », dont il rappelle la manière et la mélodie.
Mais voyez l'ensemble du recueil, à la fois si aérien et si dense, voyez « Nirvana » — « Éternel voyage » — « Début d'Automne » — « Pluie » — « Rupture » — « Le Temps » — «Vent »
— « Brume » — « Ma Joie » — « Éternité » — « Ces jours » —« Solitude » — « L'Attente », pour ne citer que quelques-uns de ces poèmes qui ont tous leur visage et qui, sans être d'une sûreté égale, méritent tous d'être signalés.
Houri Ipékian excelle à montrer la beauté du moment fugitif inscrit dans la pensée de l'éternité :
Choses que j'aime
et êtres,
je les sculpte dans le roc de mon éternité.
Et pourtant,
Les marques
sur un corps passent.
Les marques des baisers - sur un corps aimé. Comme s'efface,
le trajet d'une barque sur un lac apaisé...
Les notations les plus vigoureuses ont trop de cohésion, trop d'ampleur, pour que nous puissions les citer dans une courte préface. Une telle intensité de vision et d'émotion est assez rare pour que nous nous plaisions à affirmer la hauteur de cette inspiration qui a heureusement trouvé une forme adéquate à sa délicatesse, une forme tout en nuances alternant avec un élan lyrique peu connu.
Le poète, nourri d'une forte doctrine, possède en outre une remarquable faculté d'intuition née de la richesse même de sa vie intérieure. Il emploie tour à tour, spontanément, le vers libre et le vers presque régulier, non sans soutenir leurs cadences par une abondante et subtile moisson de rimes, d'assonances et de répétitions qui pose dans la trame des laisses ou des strophes, un réseau musical de sonorités.
Cet art si spontané, et pourtant si averti, procède par touches de couleurs et d'idées juxtaposées. Les phrases, parfois sinueuses et amples, plus souvent courtes et condensées, sont fréquemment privées de verbe ou de tel autre élément que la grammaire officielle réclame : art impressionniste qui s'écarte de toute présentation discursive continue.
Peut-être, au début, serez-vous quelque peu déroutés devant certaines de ces phrases dont la liaison ne vous apparaîtra pas aussitôt. Dans ces cas, relisez et relisez encore, et vous verrez s'unifier les teintes et les idées, vous verrez le mouvement, qui vous avait d'abord paru quelque peu interrompu, se lier en ondes harmonieuses, en vers d'un rythme jaillissant.
La jeune poétesse venue des pays du soleil et qui a connu une exaltation nouvelle, une douceur et une force pure, dominées par les brumes de nos climats, peut être fière de son premier recueil, qui lui assure une place distinguée parmi les écrivains de chez nous.

Lucien-Paul THOMAS.
Mars 1944.


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