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IRENEE DE LYON (Saint)
( 130 - 202 )

L'auteur

 
Naissance en 130 à Smyrne, décès vers 202 à Lyon
Saint Irénée.

Certaines de ses oeuvres ne sont connues que dans des traductions latines ou arméniennes Évêque de Lyon (à partir de 178 environ). - Originaire d'Asie Mineure

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 Contre les hérésies
Titre : Contre les hérésies / auteur(s) : IRENEE DE LYON (Saint) - Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur / Irénée de Lyon ; traduction française par Adelin Rousseau, préface du Cardinal A. Decourttray
Éditeur : Cerf
Année : 1985
Imprimeur/Fabricant : 58-Clamecy : Impr. Laballery
Description : 749 p. ; 20 cm
Collection :
Notes : Index, 2e édition
Autres auteurs :
Sujets :
ISBN : 2204020672
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Cette traduction intégrale de l'œuvre majeure d'Irénée de Lyon est celle, revue et rendue définitive, qui fut publiée dans la collection des « Sources Chrétiennes » :
Livre I : SC 263 et 264 (1979)
II : SC 293 et 294 (1982)
III : SC 210 et 211 (1974)
IV : SC 100, t. I et II (1965)
V : SC 152 et 153 (1969)
On trouvera dans les volumes des « Sources Chrétiennes » les textes latins et grecs, des introductions, des apparats, des commentaires et des notices explicatives qui correspondent au texte ici présenté.

PRÉFACE

Qui eût cru que le tirage, à quatre mille exemplaires, d'un volume de plus de sept cents pages contenant l'enseignement d'un évêque du deuxième siècle allait être épuisé en moins d'un an ?
L'exceptionnelle qualité de la traduction de Dom Adelin ROUSSEAU, fruit d'une vingtaine d'années de travail, l'élégance et la clarté de la présentation réalisée par les Éditions du Cerf, le tour de force du prix de vente y sont sans doute pour beaucoup. Et la gratitude des amis de la collection « Sources Chrétiennes » où sont d'abord parus, de 1965 à 1982, les dix volumes savants qui ont permis l'édition actuelle, « revue et rendue définitive », est bien grande envers les artisans d'une pareille réussite.
La culture et la fierté des lyonnais, joyeusement surpris de redécouvrir ou de... découvrir qu'Irénée, successeur de l'évêque Pothin, fondateur de leur Église vers l'an 150 et martyr de la persécution de 177 dont ils avaient célébré avec éclat le dix-huitième centenaire, avait composé l'une des œuvres les plus importantes de l'Antiquité chrétienne, expliquent aussi pourquoi les librairies de la capitale des Gaules totalisent à elles seules un cinquième des ventes !
Une publicité judicieuse quoique discrète n'est évidemment pas étrangère à ce succès inattendu. Et les journées internationales de réflexions et d'échanges appelées Irénéades, organisées en mai 1984 par la Faculté de théologie de Lyon et l'Institut des Sources chrétiennes, dont les Actes vont bientôt paraître, ont contribué à donner le goût de lire ce monumental ouvrage.
Toutes ces raisons sont à prendre en compte. Et pourtant que pèsent-elles en comparaison des facteurs d'échec pour une entreprise de ce genre ?
Le volume demeure bien épais pour un large public. Innombrables sont les allusions à des débats que le non-spécialiste trouve étranges, sibyllins, fastidieux. Le ton est souvent polémique, voire pamphlétaire. Dès l'Antiquité l'on s'est d'ailleurs accoutumé à remplacer le titre : « Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur », par celui-ci, qui sonne bien mal à une oreille moderne : « Contre les hérésies ».
Non, décidément, un livre de ce genre n'est pas très commercial. A son succès de librairie, il faut chercher de plus profondes raisons que sa belle allure. Que l'on me permette de livrer ici en quelques mots mon explication personnelle.
En bref, en trop bref, je suis persuadé — comme je me suis risqué à l'écrire dans une lettre pastorale adressée en 1982 à l'Église de Lyon, peu après qu'elle m'eut accueilli comme son nouvel évêque, et comme je l'ai développé dans plusieurs conférences — qu'en luttant contre le gnosticisme, le deuxième évêque de Lyon a combattu, il y a exactement dix-huit siècles, la déviance la plus redoutable que rencontre aujourd'hui la foi chrétienne, du moins en Occident.
Dès l'époque apostolique nous voyons poindre l'erreur. Cependant, au temps de Paul et de Jean, le « gnosticisme » n'a pas encore pris la forme d'une doctrine bien repérable que l'on puisse attribuer à des personnages précis. Il s'agit plutôt d'une mentalité plus ou moins diffuse, s'exprimant dans des formules souvent « fumeuses », qui tend à méconnaître, à minimiser, à nier tout ce qui, dans le message évangélique, prétend attribuer une quelconque valeur salvifique à la réalité historique, elle-même indéniable bien sûr, de Jésus de Nazareth. Un être de chair ne peut être le Sauveur éternel ! Une crucifixion ne peut être la source d'une vie nouvelle. La résurrection ne peut pas avoir de contenu réel ni d'ailleurs d'intérêt ! Un être que l'on peut voir, entendre, toucher ne peut pas être Verbe de vie, Fils de Dieu (cf. 1 Jn 1, 1 ss.) ! Dire que du pain et du vin sont la chair et le sang du Seigneur, du Fils unique, est aberrant et inutile ! On peut à la rigueur laisser croire de telles stupidités aux « ignorants », aux esprits « faibles » et mal dégrossis, aux « imparfaits », mais les croyants « éclairés », capables de « connaissance » (Gnose), les « intelligents », les « parfaits » comprennent tout autrement la révélation. La Vérité éternelle, la Sagesse éternelle se sont dévoilées pour nous en se servant provisoirement d'un être intermédiaire, ayant les apparences d'un homme, en se manifestant à travers la vie et les enseignements de cet homme. Qu'on ne s'attarde donc pas à sa réalité historique ou aux autres données concrètes de son message ! C'est en dépassant cet attachement que l'on accède à la vraie connaissance libérée de tout ce qui choque la raison humaine, contredit « la sagesse des sages et l'intelligence des intelligents » (1 Cor. 1, 19), s'oppose aux «philosophies» ambiantes (cf. Col. 2,8). Laissons la foi infantile et primitive à l'ensemble des croyants incapables de dépasser la confession élémentaire de la foi, le premier Credo ! Cultivons plutôt la « connaissance », la « connaissance raffinée » (épignose) entre « initiés » pour qui la manifestation de Dieu dans la chair et la Résurrection du crucifié ne sont que des manières de dire et de penser, les chemins vers une contemplation intemporelle et non le signe par excellence de la Gloire de Dieu!
Or qui peut nier qu'aujourd'hui comme au temps d'Irénée, quoique sous des formes différentes, s'insinue un peu partout une sorte de « fausse gnose » où la foi au Verbe Incarné et au Christ Ressuscité d'entre les morts se dilue trop souvent dans une adhésion à des idées et à des valeurs auxquelles il lui arrive de réduire son contenu ? La similitude d'expression entre les gnostiques du IIe siècle et ceux du XXe est parfois surprenante !
Le grand Docteur de l'Église de Lyon, dont il est permis de souhaiter qu'il devienne un jour Docteur de l'Église Universelle, a lutté sans relâche et sans concession, contre « cette gnose au nom menteur ». Et c'est de là, me semble-t-il, que vient son actualité.
Il importe toutefois de distinguer deux formes dans son combat. L'une plutôt négative, est une polémique intellectuelle et verbale visant des adversaires qu'elle n'hésite pas à vouer aux gémonies ! Elle a forcément vieilli. Mais l'autre, qui s'efforce de remplacer ce qui est critiqué, n'a pas une ride. Elle montre en effet aux croyants, dans sa permanente nouveauté, dans son éternelle jeunesse, la véritable gnose c'est-à-dire la véritable connaissance, fidèle à la Tradition reçue des Apôtres de Jésus... Mieux que personne, Irénée fait briller la splendeur, la Gloire éblouissante et il inventorie les richesses inépuisables du Salut que Dieu donne aux croyants dans l'Esprit par Son Verbe fait chair, crucifié et ressuscité. Il décrit la merveille de la pédagogie divine depuis les origines de l'humanité jusqu'à la Venue du Vainqueur de la mort et du péché dans la Gloire du Royaume. Il livre le secret de la fécondité permanente de « la mère Église ». Ce secret n'est autre que la communication du Saint-Esprit et de l'Évangile de vie à la communauté des disciples du Christ, laquelle a pour critère de son authenticité la communion avec les églises apostoliques et « nécessairement », à cause de son origine plus excellente, avec celle « très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres, Pierre et Paul, fondèrent et établirent à Rome » '.
Si j'ajoute qu'Irénée, disciple de Polycarpe qui fut lui-même familier de Jean, est le premier des Pères de l'Église d'Orient et d'Occident à nous présenter la Vierge Marie comme celle qui, par son obéissance est devenue la Nouvelle Ève, avocate de l'ancienne et mère des nouveaux vivants, il me semble avoir tout dit des raisons d'un succès que je souhaite beaucoup plus grand encore pour la seconde édition que pour la première !
Pâques 1985, Cardinal Albert DECOURTRAY
1. Contre les hérésies. Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur, II, 3, 1-2, ci-dessous p. 279.


INTRODUCTION

De la vie du premier grand théologien de l'Église chrétienne, nous ne savons que peu de chose. A peine possédons-nous quelques points de repère entre lesquels règne une profonde obscurité.
Irénée est né en Asie Mineure dans le courant de la première moitié du ii° siècle. Lui-même, dans un fragment de lettre que nous a conservé Eusèbe de Césarée, évoque ses années d'enfance durant lesquelles, à Smyrne, il était l'auditeur fervent du vieil évêque Polycarpe, lequel, souligne Irénée, « avait été en relations avec Jean et avec les autres qui avaient vu le Seigneur ». Indication précieuse : dans l'enseignement de Polycarpe, le jeune Irénée pouvait encore percevoir un écho direct de la parole de ceux qui avaient été les témoins oculaires de la vie du Christ, et, comme le note encore Irénée lui-même, des connaissances de cette sorte, une fois gravées dans le cœur d'un enfant, grandissent avec lui et imprègnent de façon indélébile toute sa vie d'adulte.
Nous ne savons ni quand ni dans quelles circonstances il quitte l'Asie Mineure pour la Gaule. Tout semble indiquer qu'il soit passé par Rome ; sans doute y a-t-il même fait un séjour plus ou moins prolongé, au cours duquel il a pu non seulement approfondir sa connaissance des mystères de la foi, mais aussi se documenter sur les sectes gnostiques, voire entrer personnellement en contact avec l'un ou l'autre coryphée de l'hérésie présent dans la capitale de l'Empire.
Quoi qu'il en soit, vers 177, nous trouvons Irénée à la tête de l'Église de Lyon. La communauté chrétienne de cette ville vient d'être décimée par une persécution sanglante. L'évêque saint Pothin est mort en prison, et Irénée lui succède. Une émouvante lettre, adressée par « les Églises de Vienne et de Lyon aux Églises d'Asie et de Phrygie » relate le martyre des chrétiens lyonnais. De larges extraits de cette lettre nous ont été conservés par Eusèbe dans son Histoire ecclésiastique. Bien des indices donnent à penser que cette lettre fameuse, en laquelle de bons juges n'ont pas hésité à voir un des joyaux de la littérature chrétienne primitive, n'aurait pas eu d'autre rédacteur qu'Irénée lui-même.
Aux alentours de cette même année 177, Irénée s'est rendu à Rome. Était-il déjà évêque ou n'était-il encore que simple prêtre, nous ne le savons pas de façon certaine. Un court billet, cité par Eusèbe, nous le montre chaleureusement recommandé par les confesseurs lyonnais à l'attention du pape Éleuthère (174-189). Autant qu'on puisse en juger, ce voyage paraît avoir eu un but pacificateur : Irénée se serait rendu auprès d'Éleuthère afin d'intervenir en faveur de l'évêque d'Éphèse et de dissiper des accusations que l'on aurait fait parvenir à Rome contre cet évêque.
Plus tard, sous le pape Victor (189-198), au moment de la querelle quartodécimane, nouvelle intervention d'Irénée en faveur de la paix des Églises : Victor, qui n'a pu persuader les Églises d'Asie d'adopter la coutume de Rome, menace de les retrancher de sa communion; dans une lettre dont nous possédons encore quelques passages, Irénée engage Victor à plus de modération, en lui représentant qu'une divergence d'ordre purement disciplinaire ne saurait justifier une mesure d'une telle gravité. On a lieu de croire que la démarche d'Irénée fut couronnée de succès.
Après cela, nous perdons sa trace. Nous ignorons tout de la date et des circonstances de sa mort.
Si les modalités concrètes de la vie d'Irénée nous échappent de la sorte en grande partie, en revanche, une vive lumière sur la personne même de l'évêque de Lyon nous vient de ses écrits et, principalement, de son grand ouvrage Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur, ouvrage que, dès l'Antiquité, on s'est accoutumé à désigner plus brièvement sous le titre de Contre les hérésies. Cet écrit ne témoigne pas seulement d'une intelligence remarquablement pénétrante des mystères de la foi, mais nous y percevons aussi la vibration profonde du coeur d'un grand évêque, d'un pasteur lucide, pleinement conscient des responsabilités qui pèsent sur lui à un tournant critique de l'histoire de l'Église, à une heure où l'hérésie gnostique ne cesse de gagner du terrain et menace de submerger les communautés chrétiennes. Ce n'est pas par démangeaison d'écrire qu'Irénée a pris la plume, et moins encore pour le plaisir de pourfendre des adversaires. Ce qui compte, pour lui, c'est de protéger le troupeau dont il a la garde et de ramener au bercail, s'il est encore possible, les brebis égarées. C'est bien là, en effet, un des traits de la personnalité d'Irénée que son œuvre manifeste avec le plus d'évidence : il s'est fait écrivain parce que pasteur.


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