Quatre ans après l'armistice de Moudros du 30 octobre 1918, consacrant la victoire des Alliés sur l'empire ottoman, les armées de Mustapha Kemal se défont des Arméniens, des soldats français en Cilicie, puis conquièrent Smyrne en 1922. Kemal impose ses conditions par le traité de Lausanne de 1923. Les espoirs d'une Arménie rétablie sur ses terres ancestrales et d'un Kurdistan détaché de la Turquie s'envolent. Le panturquisme triomphant, à la barbe des "grandes puissances", contraint les chrétiens du Levant à l'exode.
Article de Tigrane Yegavian, France-Arménie, numéro 406, Mars 2014
(…) Cet ouvrage est le fruit d'un travail de lecture des archives des ministères français des Affaires étrangères et de la Défense, des départements de la Marine et de l'armée de Terre. Il se présente sous la forme d'une chronique des évènements clés qui ont scellé le destin de l'Asie Mineure durant les années qui s'étalent du début du XXe siècle jusqu'à l'entre deux guerres. On y retrouve des analyses politiques émanant des rapports, pour la plupart secrets, des représentants ainsi que des services de renseignements français en poste en Turquie.
S'il y a une question à retenir c'est bien celle-ci : comment les alliés ont-ils pu perdre en deux années tout le crédit d'une victoire pour se soumettre au diktat de Moustafa Kemal ? Tout au long du livre, l'auteur tente une analyse de ce que fut la place de la France dans cette région du monde, puis son déclin, en partie lié aux drames qui ont suivi le traité de Sèvres de 1920 et de son avatar lausannois en 1923. Chronique d'une guerre oubliée, celle que mène la France, épuisée par la Première Guerre mondiale, contre le nationalisme turc revanchard, l'ouvrage se fait l'écho d'une tâche indélébile qui macule son histoire. Toutes les bonnes paroles des dirigeants français n'auront été d'aucun secours dans le lâchage par Paris de ces millions d'âmes coupables d'avoir trop longtemps fait confiance aux promesses d'une nation se targuant d'être la "protectrice des chrétiens d'Orient".
Tigrane Yegavian, France-Arménie, numéro 406, Mars 2014
Table des matières
- Préface
- Introduction
- Prologue (L'Asie Mineure Un peu d'histoire )
Partie I — La victoire des Alliés
1— La Grande Guerre en Orient
2 — La légion arménienne en Cilicie
3 — Le Congrès de la Paix (1919)
Partie II — La défaite des Alliés
La Turquie aux Turcs
1 - L'armée française en Cilicie (1920)
2 - Le temps des traités et des accords de Paix
3 — Le traité de Sèvres (10 aout 1920)
4 —L'accord Briand/Békir Sami (11 mars 1921)
5 Le traité entre la Turquie et les Soviets (16 mars 1921)
6 — L'accord franco-turc d'Angora (20 octobre 1921)
7 — La situation en Arménie
8 - Le gouvernement d'Angora
9 - La guerre gréco-turque
10 — Smyrne proie des Turcs/La flotte française et les réfugiés
11 — Les exactions de part et d'autre
12 — L'armistice de Mudania (11 octobre 1922)
13 — L'unité turque
14 — Le traité de Lausanne (23 juillet 1923)
15 — L'échange des populations
16 - La France cède le sandjak d'Alexandrette à la Turquie
Conclusion
Chronologie du théâtre oriental de la Grande Guerre
Annexes
1 — L'article du journal Le Petit Parisien
2 — Le sauvetage des Arméniens du mont Moïse en septembre 1915
3 - L'affaire d'Athènes — Compléments historiques
4 - Le général Dufieux
5 — Un texte biblique sur Abraham
6 - Les capitulations
7 —Notices biographiques
8 — Principales cartes de pays de la région (Turquie et Arménie)
Bibliographie
Crédits photographiques
Article d’Elisabeth Baudourian, , Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 207, Mai 2014
Chronique d'une guerre oubliée, Une analyse sur le rôle de la France après la Première Guerre mondiale.
Le 30 octobre 1918, par l'armistice de Moudros, l'Empire ottoman signe sa capitulation. Les troupes alliées occupent Constantinople ainsi que de nombreux territoires : les Britanniques contrôlent la Mésopotamie et une partie de la Syrie; la France occupe la Cilicie, les Italiens le sud-ouest de l'Anatolie et l'armée grecque occupe la Thrace orientale et Smyrne. Un traité de paix est signé à Sèvres le 10 aout 1920 qui prive l'Empire ottoman des quatre cinquième de son territoire, prévoit notamment la formation d'un État arménien. Mais les Alliés, qui ont sous-estimé la réaction turque, s'aperçoivent de leur incapacité à faire appliquer ce traité qui ne sera jamais ratifié et sera remplacé le 24 juillet 1923 par le traité de Lausanne dans lequel Mustafa Kémal impose ses conditions face à la désunion des Alliés.
Ancien ingénieur en chef dans le domaine des constructions navales au sein du ministère de la Défense, Georges Kévorkian a essayé dans son nouvel ouvrage de comprendre « comment les Alliés ont perdu, en deux années, tout le crédit d'une victoire pour accepter le diktat d'un chef nationaliste ». Il s'appuie pour cela sur des archives du ministère de la Défense de la France, des départements de la Marine et de l'armée de Terre ainsi qu'à celles du ministère des Affaires étrangères. Le livre présente ainsi des rapports, pour la plupart secrets, des représentants français en poste dans l'Empire ottoman. La France qui avait tant promis finira même par céder, en juillet 1939, le sandjak d'Alexandrette à la Turquie ce qui provoquera le départ de 14 000 Arméniens.
Elisabeth Baudourian, , Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 207, Mai 2014