Commentaires à la première édition en 1986
Le mouvement arménophile n'ayant guère passionné les historiens, c'est avec beaucoup d'intérêt que nous avons abordé Archag Tchobanian et le mouvement arménophile en France, la thèse d'Edmond Khayadjian que vient de publier le C.R.D.P de Marseille.
En raison de son sujet même, cet ouvrage devrait connaître une large diffusion. De plus, les très nombreux extraits d'écrits d'Archag Tchobanian que contient ce livre, ainsi que ceux des éminents arménophiles français ne peuvent que le rendre particulièrement intéressant. En effet, Edmond Khayadjian s'est livré à un véritable travail d'archéologue, recherchant les pièces perdues dans des archives oubliées ou que l'on croyait disparues à jamais et qu'il a retrouvées.
A partir d'une très vaste documentation il a pu reconstituer la carrière et l'œuvre d'Archag Tchobanian dans un contexte bien précis, celui du mouvement arménophile français, c'est-à-dire des années 1890 à la signature du traité de Lausanne. On ne peut que le complimenter pour avoir réussi à mener à bien une tâche aussi ardue et délicate. Toutefois, son admiration pour Tchobanian le conduit - celui-ci est malgré tout, il ne faudrait pas l'oublier, I'axe de sa thèse - à minimiser ou ignorer l'action de bien d'autres "ambassadeurs" de la cause arménienne, en ces années tragiques. Pareillement, certaines explications manquent qui éclaireraient différemment le poète-traducteur de La Roseraie d'Arménie.
A lire la thèse d'Edmond Khayadjian, un esprit non prévenu serait tenté de penser que sans Archag Tchobanian il n'y aurait jamais eu de mouvement arménophile en France. Ce faisant, on oublie par trop aisément une personnalité comme Jean Loris-Melicoff qui sera à l'origine de la sympathie active que beaucoup éprouveront à l'égard de la Cause arménienne. Par ailleurs, I'importance des bimensuels Pro Armenia et La Voix de l'Arménie nous paraît singulièrement minimisée. D'éminentes personnalités comme Victor Bérard, Georges Clemenceau, Anatole France, Jean Jaurès, Jean Longuet, Francis de Pressensé, Pierre Quillard et Edmond de Roberty composaient l'équipe rédactionnelle de Pro Armenia qui couvrira la période allant de 1900 à 1914; pour La Voix de l'Arménie qui paraîtra en 1918 et 1919, on retiendra les noms d'Emile Doumergue, Frédéric Macler, Camille Mauclair, Jacques de Morgan et René Pinon. La signature de Tchobanian n'apparaîtra dans aucun de ces deux périodiques que, par ailleurs, il considérera comme inutiles et néfastes. Il nous faut également mentionner son refus de participer aux conférences de Bruxelles (1902) et de Paris (1903), deux initiatives du comité de Pro Armenia.
Gérard Bédrossian, Cahiers arméniens ANI, N° 2 (1987)
Table des matières
Introduction | 3 |
Première Partie | |
LE MOUVEMENT ARMENOPHILE EN France DE LA «CONSPIRATION DU SILENCE» A «LA SYMPATHIE DES COEURS GENEREUX ET DES NOBLES ESPRITS» | |
Chapitre I — Constantinople et le réveil du sentiment national arménien au XIXème siècle | 13 |
Chapitre II — Les années de formation d'un poète arménien | 15 |
Chapitre III — Un an à Paris : la rencontre avec le linguiste Antoine Meillet | 21 |
Chapitre IV — Tchobanian et Pierre Quillard à Constantinople au temps des massacres hamidiens | 25 |
Chapitre V — En exil à Paris au temps de la conspiration du silence . . | 35 |
Chapitre VI — Tchobanian et les arménophiles de la première heure : Séverine, Henri Rochefort et Pierre Quillard . . . | 41 |
Chapitre VII — La Revue blanche et les événements d'Arménie | 49 |
Chapitre VIII — Les massacres d'Arménie - Témoignages des victimes, par Clémenceau et Tchobanian | 57 |
Chapitre IX — La résistance arménienne : la prise de la Banque ottomane et l'insurrection de Zeïtoun | 63 |
Chapitre X — Tchobanian et l'helléniste Victor Bérard | 69 |
Chapitre XI — Le Comité Franco-Arménien : Tchobanian, Denys Cochin, Ernest Lavisse et le Père Charmetant | 75 |
Chapitre XII — L'opinion française et les massacres d'Arménie, de la prise à la crise de conscience | 85 |
Chapitre XIII — L'image des Arméniens dans l'opinion française | 89 |
Chapitre XIV — Anatole France et Archag Tchobanian | 97 |
Chapitre XV — La revue Anahit | 117 |
Chapitre XVI — Un ambassadeur des lettres arméniennes | 119 |
Chapitre XVII — Une polémique avec Claude Farrère | 131 |
Chapitre XVIII — Romain Rolland, Komitas et la musique arménienne | 137 |
Chapitre XIX — Le mouvement arménophile à la veille de la révolution jeune-turque | 147 |
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Deuxième Partie | |
LA PASSION DE L'ARMENIE ET «LE DUR DESIR DE DURER» D'UN PEUPLE EN EXIL | |
Chapitre I — Tchobanian et les Jeunes-Turcs | 151 |
Chapitre II — Dernier séjour à Constantinople : L'Ode à la langue arménienne | 157 |
Chapitre III — Les oeuvres intimes de Tchobanian et les poètes du Mercure de France : P. Quillard, F. Gregh, E. Verhaeren et G. Duhamel | 163 |
Chapitre IV — Des massacres de Cilicie aux guerres balkaniques ; une nouvelle polémique avec Claude Farrère | 169 |
Chapitre V — «Le peuple arménien, son passé, sa culture et son avenir» : Tchobanian et Denys Cochin | 175 |
Chapitre VI — Du projet de réformes à l'extermination des Arméniens | 179 |
Chapitre VII — Les écrits de Jacques de Morgan sur l'Arménie et la Question arménienne | 183 |
Chapitre VIII — Hommage à l'Arménie : une manifestation arménophile à la Sorbonne | 203 |
Chapitre IX — «Les Alliés sont en Arménie», poème de Max Jacob . . . | 211 |
Chapitre X — Vers l'affranchissement du joug ottoman : Tchobanian et la voix de l'Arménie-martyre | 217 |
Chapitre XI — Pour l'Arménie libre : les arménophiles français devant la Question arménienne au cours de la guerre mondiale. . | 235 |
Chapitre XII — Réponses des arménophiles aux injures et calomnies de P. Loti et P. Benoit | 243 |
Chapitre XIII — De l'armistice de Moudros au traité de Lausanne : les reniements de la diplomatie | 267 |
Chapitre XIV — Le dur désir de durer d'un peuple en exil | 293 |
Chapitre XV — La Roseraie d'Arménie | 301 |
Chapitre XVI — Survivance du mouvement arménophile | 313 |
Conclusion | 325 |
Bibliographie | 333 |