"Les pierres & l'âme, fragments arméniens" est le titre du nouveau livre publié par Rémy Prin aux éditions Parole Ouverte, à la fois récit de voyage en Arménie et en Turquie, rencontre poétique avec les pierres et les hommes, et réflexion sur la place du patrimoine aujourd'hui, dans le devenir des peuples.
Échos du voyage, bonheurs des rencontres, douleurs des ruines, le patrimoine arménien est ici montré comme une présence qui nous questionne, exemplaire de toutes nos cultures : l'intensité d'un chant devenu précaire, en risque de se dissoudre, mais qu'on voudrait comme un creuset fertile pour demain.
L'Arménie est née comme d'une alliance improbable entre Orient et Occident, à l'interface des empires. Ballottés entre Rome et la Perse, maintes fois envahis, morcelés, démembrés presque, les Arméniens ont su dans une adversité extrême développer une culture hors du commun. Tout au long du temps, les architectes arméniens ont semé sur le territoire comme des pépites de leur âme, dressant leurs pierres vers le ciel en un chant d'exception.
Le livre fait un double périple, des villages reculés de l'Arménie actuelle aux sites perdus dans les montagnes en Turquie de l'est. Périple à la découverte des pierres, mais d'abord à la rencontre des hommes, ceux d'Arménie, serrant sur leur cœur leur culture comme un espoir dans leur devenir précaire, et ceux de Turquie, Kurdes notamment, côtoyant un patrimoine qui n'est pas le leur, et qui s'interrogent sur ces " voisins lointains ".
L'écriture, nimbée de nombreuses photographies, tisse une sorte de vécu amoureux du patrimoine, des rencontres ou des absences. Elle révèle aussi en filigrane la violence faite à ce peuple et les blessures encore ouvertes. Regard passionné vers cette terre sensible arménienne dont les pierres et leur devenir nous interrogent aujourd'hui plus qu'ailleurs.
Extrait de la préface de Denis Donikian
“Ainsi, lecteurs, sommes-nous tenus en haleine constamment, pris entre deux mondes qui se parlent, l'un sensible, l'autre en naissance, et saisis sans cesse dans l'émerveillement premier du geste humain qui a bâti, creusé, et somme toute édifié une forme de foi. C'est dire combien ce livre devait voir le jour. Il manquait au voyageur amoureux pour qu'il écoute la force cachée des monuments séculaires arméniens. Il manquait... Le voici.”