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Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
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RAFFI
( 1835 - 1888 )

L'auteur

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Naissance en 1835 à Payatchoug (Perse), décès le 25 avril 1888 (ou le 6 mai, en calendrier grégorien) à Tiflis (Géorgie).

RAFFI, de son vrai nom Hagop Melik-Hagopian, est né à Payatchoug, un village de la province perse de Salmast. Son père, un riche commerçant, l'envoie pour sa formation à Tiflis (Géorgie) dans une école arménienne. Raffi n'a pas eu la chance de continuer ses études ; il est obligé de rentrer pour aider son père dont les affaires sont en mauvaise posture. Après la faillite de celui-ci, pour subvenir aux besoins de leur famille nombreuse, il exerce diverses professions, entre autres professeur d’arménien. Il arrive à parachever sa formation en travaillant tout seul et grâce à la lecture des chefs d’œuvres de la littérature européenne et grecque classique.

Dans les années 1870, il se rend dans les provinces arméniennes de Turquie pour recueillir des renseignements historiques, ethnographiques sur la vie quotidienne des Arméniens, qui lui serviront de matière première pour ses romans, dans lesquels Raffi décrit les persécutions subies par les Arméniens, tout en cristallisant le mouvement national arménien et le réveil de libération. Il exerce le métier d’enseignant à Tabriz et à Akoulis, ainsi que celui de correspondant et éditorialiste au journal "Mechak" (Cultivateur), avant de se consacrer jusqu'à ses derniers jours (1888) à la littérature.

RAFFI a joué un grand rôle dans la maturation de la libération de l’esprit par l’écriture.

Sa production est abondante : 1863 "Salpi", 1872 "L’Infortunée Hripsimé", "La Famine", "La belle Vartig", 1873 "Pountch" (Bouquet), 1877 "Tchalaleddine", 1879 "Le Coq d’or", 1880 "Le Fou", 1881-82 "David Beg", 1883 "Les Mémoires du fripon", 1883-87 "Les Étincelles", 1886 "L’Etranger de Mouch", 1888 "Samouël", …


Article Anahide Ter Minassian, France-Arménie, numéro 36, du 16 au 30 novembre 2007

A l'occasion de la traduction française du Fou, l'historienne Anahide Ter Minassian revient sur la vie de son auteur, de son vrai nom Hakob Mélik Hakobian
(1837-1888) dont la vie se confond avec celle d'une nation en plein réveil.

Un grand auteur mérite que l'on fasse son portrait : ayant à la fois vécu et créé, il se situe au-delà de l'humanité ordinaire dont il épouse en même temps le contour. Raffi, écrivain romantique et révolutionnaire, a été l'objet du fétichisme sentimental de la jeunesse arménienne et, depuis plus d'un siècle, en donnant le prénom de Raffi à leur nouveau-né, les parents arméniens entretiennent, fût-ce inconsciemment, la mystique du héros arménien libérateur de son peuple. On peut tenter d'expliquer l'œuvre par la vie ou la vie par l'oeuvre et chercher à bâtir une biographie de l'écrivain révélatrice des vérités intérieures.
Lorsque Raffi naît en 1837, dans le village de Payadjouk près de Salmast, en Perse, région aujourd'hui désertée par les Arméniens, l'Arménie et les Arméniens sont partagés entre les trois empires ottoman; perse et russe. La conquête de la Transcaucasie par les Russes, l'annexion par la Russie des khanats (provinces) d’Erevan et de Nakhitchevan (1827) aux dépens des Persans, des pachaliks d'Akhalkalak et d'Akhaltsekha (1829), aux dépens des Turcs ottomans ont bouleversé la géopolitique régionale. Provoquant d'importantes migrations arméniennes vers l'empire russe, elles ont donné naissance à une nouvelle entité : l'Arménie russe. Comme le patronyme de Raffi l'atteste (son vrai nom est Hakob Mélik Hakobian), sa famille tire son origine des méliks, chefs des principautés arméniennes du Karabagh qui résistèrent aux Perses au début du XVIIIe siècle et auxquels il consacrera un roman épique, David beg (1881-1882) ainsi qu'une étude historique, Les Méliks de Khamsa.

Enseignement archaïque, arriération économique
Fils d'un riche marchand, l'enfant reçoit d'abord dans son village les rudiments d'un enseignement primaire dont il dénoncera plus tard les méthodes archaïques en créant, dans le roman Kaïtzer (Foudres) (1883-1887) le personnage du prêtre Der Todik, prototype du maître ignare et brutal. A peine adolescent, il est envoyé à Tiflis, siège de la vice-royauté du Caucase où, après un court passage dans une école arménienne, il entre dans le gymnase russe de la ville. Ce premier contact avec la culture russe est brutalement interrompu. Le cours catastrophique de l'affaire familiale l'oblige à mettre fin à ses études et à rentrer en Perse pour seconder son père. Désormais, et ce jusqu'à la fin de sa vie, il va se battre sur deux fronts : trouver des ressources pour faire vivre les siens, créer une œuvre littéraire. Raffi est un autodidacte ce qui à l'époque n'est pas une exception. Piètre commerçant, il est atteint d'une véritable boulimie de lectures. Il dévore les traductions en guerabar (arménien classique) des Mekhitaristes comme les œuvres de la littérature russe et s'initie très jeunes aux classiques d'Homère à Virgile, de Shakespeare à Molière. La lecture des Plaies de l'Arménie de Khatchadour Abovian, le premier roman publié en arménien oriental, en 1858, dix ans après la disparition de son auteur, du Que faire ? de Tchernitchevsky, livre-fétiche de l'intelligentsia révolutionnaire russe, des Misérables de Victor Hugo dont la traduction arménienne a été un best-seller, des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas détermine sa vocation d'écrivain. En le nommant "un Dumas d'Arménie" dans la Quinzaine Littéraire (16-31 juillet 2007) le critique Eric Phalippou ne s'est pas trompé.
Tout aussi déterminants sont les voyages qu'il accomplit dans les provinces orientales de l'Arménie turque. Il explore le Vaspouragan (région de Van) et le Daron (Mouch et le Sassoun), bastions de l'Arménie historique. Il découvre la splendeur de leurs paysages, leurs monastères, leurs ruines, vestiges d'un passé prestigieux, comme il découvre la mosaïque ethnique de l'Anatolie orientale où, après neuf siècles de domination turque, les Arméniens ont cessé d'être majoritaires. Il constate la misère, l'exploitation, l'arriération économique et culturelle du monde rural arménien dans le climat d'insécurité et de terreur engendré par les tribus kurdes, par les Tcherkesses, montagnards et musulmans fanatiques du Caucase réfugiés dans l'empire ottoman, par les fonctionnaires et les gendarmes turcs. A son retour, Raffi publie son premier article (consacré au monastère d'Aghtamar) dans Hussissapaïl (Aurore boréale) (1858-1864), un mensuel édité à Moscou par Stépanos Nazariants avec l'aide d'un petit cercle d'intellectuels et parmi eux le fameux Michaël Nalbandian (1830-1866), ces «révolutionnaires démocrates» arméniens proches des premiers socialistes russes (Herzen, Ogarev, Bakounine). Au début des années 1860, les voyages de Raffi en Perse sont aussi autant d'occasions de se familiariser avec la société iranienne et les communautés arméniennes. Il se marie en 1863, voit augmenter ses charges familiales et émigre à Tiflis pour trouver du travail. Commencent alors des années de nécessités et de misère durant lesquelles, tout en accomplissant des tâches alimentaires, il lit et écrit toutes les nuits jusqu'à l'aube.

Le temps de la révolte
Sa rencontre avec Krikor Ardzrouni (1845-1892), le fondateur du journal Mchak (Cultivateur) à Tiflis, en 1872, bouleverse son existence. Devenu un collaborateur permanent de Mchak, il contribue à son succès, en y publiant ses romans et ses nouvelles sous forme de feuilleton à la manière des écrivains français de Balzac à Dumas. Pour autant, il ne renonce pas à pratiquer le métier, à ses yeux le plus noble, d'enseignant. En 1875, il accepte un poste dans l'école arménienne de Tabriz (en Perse) en continuant à écrire dans Mchak et dans d'autres journaux arméniens du Caucase. Maître inspiré, que passionnent l'éducation de la jeunesse et l'émancipation de la femme orientale, son projet de créer une école destinée aux filles lui vaut la haine des conservateurs arméniens. Dénoncé auprès du gouvernement perse comme un dangereux agitateur, il doit se déguiser pour fuir, franchir la frontière et regagner Tiflis (1877).
Raffi suit de très près les événements (…). Comme Krikor Ardzrouni, le directeur de Mchak., c’est un russophile convaincu : il souhaite la libération des Arméniens par la Russie. Il considère le rattachement de Kars et d'Ardahan à l'empire russe comme bienfait dont a déjà bénéficié la Transcaucasie. Voulant mieux connaître son sein, il surmonte tous les obstacles et se rend en Artsakh, puis dans le Siounik, avant de s'installer à Akoulis, dans le Nakhitchevan (1877-1879). De nouveau enseignant et observateur engagé, il recueille des informations auprès des réfugiés arméniens de Turquie et commence la rédaction de son roman Djallaleddin du nom d'un chef kurde. Le thème désormais repris dans les œuvres suivantes est celui des villageois arméniens livrés aux violences des Kurdes avec l'aval des autorités turques. Le héros Sarhad est le modèle du haïdouk (révolté, révolutionnaire) arménien qui a pris le maquis. A son père, gahana (prêtre) qui prêche à ses ouailles la résignation, l'humilité et l'obéissance, il oppose la nécessité de la résistance populaire armée. "Qu'ils soient maudits ceux qui nous ont enseigné la bonté, la résignation et la patience !"

L'école comme ferment de l'unité nationale
Les livres de Raffi produits à un rythme forcené dans les seize années qui lui restent à vivre, ont valu à leur auteur une popularité sans précédent dans le monde arménien, de Constantinople à Van, de Tiflis à Erzeroum, de Tabriz à Smyrne où, grâce au développement du réseau scolaire, le nombre des lecteurs et surtout des jeunes lecteurs arméniens a augmenté. La construction et l'intrigue de ses romans - Le Coq d'or (1879), Le Fou ( 1880), David beg(1881-1882), Les Souvenirs d'un imposteur (1883), Foudres (tome I, 1883, tome II 1887), Le Gharib de Mouch (1886), Samuel (3 tomes, 1888) etc. - obéissent aux règles du roman populaire français :une mécanique conventionnelle fondée sur un enchaînement d'événements, des héros dont la psychologie est réduite à des traits essentiels. Dans ses romans, Raffi a utilisé le fruit de ses observations et de son expérience, souvent amère, des mœurs et des coutumes de la société arménienne au Caucase, en Turquie et en Perse. Plus que celui de l'Eglise, Raffi préconise le rôle de l'école comme ferment de l'unité nationale. Il a largement puisé dans l'histoire du peuple arménien, l'a hissée au niveau du mythe pour en faire un outil pédagogique. Il a aussi créé un style littéraire : une langue moderne mais composite, émaillée de dictons où se révèlent la morale et la sagesse populaires. Il a projeté dans ses héros, qui sont toujours des patriotes "réveilleurs du peuple" et des "libérateurs", les tourments impétueux d'une âme révoltée. Celle d'un homme révulsé devant l'état présent de l'Arménie, la Terre-Mère des ancêtres, partagée et soufflée par des siècles d'occupation et par la résignation du paysan arménien réduit à l'état de gavour (infidèle), taillable et corvéable à merci dans les Etats musulmans.
Epuisé par le travail et par une maladie pulmonaire, Raffi meurt en 1888, à 53 ans, la plume à la main. Après des funérailles grandioses, il est enterré dans le cimetière arménien de Hodjivank à Tiflis. Sa femme Anna assura la publication scrupuleuse de son œuvre.


Complément : Aux frontières de la littérature et de la politique
L'œuvre de Raffi aura inspiré l'action de générations entières de fédaïs et de militants arméniens

Chez les Arméniens, comme chez les peuples balkaniques, poètes et romanciers ont créé au XIXe siècle une littérature nationale qui a joué un rôle de premier plan dans la formation psychologique et idéologique de ceux qui deviendront des militants ou des révolutionnaires professionnels. Si les noms de Meguerditch Béchiktachian, de Michaël Nalbandian, de Kamar Katiba, du Père Alichan sont indissociables de l'éveil national arménien, nul ne peut être comparé à Raffi pour sa contribution à la formation de la pensée politique arménienne. Aujourd'hui, il est difficile de mesurer sinon de comprendre l'ampleur de cette influence. Raffi a déchaîné chez ses lecteurs et surtout chez ses jeunes lecteurs une énergie passionnelle, une soif de liberté, une exaltation névrotique et le désir de se sacrifier pour libérer l'Arménie turque et émanciper son peuple-paysan. Certes, avant lui, Khrimian Hairik (1820-1907) avait contribué à la découverte du Yerkir (le pays, la terre, l'Arménie historique) et de son peuple, mais ce sont les livres de Raffi qui poussent les jeunes Caucasiens à entreprendre une croisade vers le Yerkir. A la croisade pacifique des «pèlerins», voyageurs qui s'improvisent géographes, ethnographes, linguistes, succède la croisade armée de Sarkis Gougounian (une troupe de 125 jeunes Arméniens de Russie avec armes et drapeau, 1890), préfiguration du mouvement fédaï. Les livres de Raffi ont fécondé la réflexion politique, la tactique et la stratégie des partis révolutionnaires arméniens qu'ils aient été arménagans, hintchakians ou dachnaktsagans. Mais ce sont les fondateurs de la FRA de Christapor Mikaélian à Rostom et à Michaël Zavarian qui ont été les vrais héritiers de Raffi et dans Les Mémoires d'un révolutionnaire arménien (7 tomes, en arménien), Rouben, né en 1881, rapporte l'immense influence qu'il a exercée sur les engagements de sa génération. Fondée durant l'été 1890 à Tiflis, la FRA n'est vraiment créée que durant le congrès secret de 1892 qui lui donne son nom et son programme et affiche une volonté "d'action immédiate".

Dans l'enfer des censeurs soviétiques
Dans le préambule du programme on peut lire une analyse que n'aurait pas reniée Raffi. "Nous ne sommes pas les doctrinaires de telle ou telle utopie... Notre attention est concentrée sur la situation actuelle de notre pays. Les Turcs après avoir conquis notre pays ont tout mis en œuvre pour réduire notre peuple au niveau d'une caste dont l'unique obligation est de travailler et de produire. Il fallait maintenir ce peuple dans un assujettissement permanent pour jouir tranquillement des produits de sa sueur et de son sang. II existe parmi les peuples de cet Etat [turc] des inégalités culturelles frappantes. Une partie de la population, l'élément kurde, mène encore une vie nomade, à demi sauvage et il est par essence l'ennemi du paisible cultivateur arménien. Et le gouvernement, au lieu de venir à l'aide du travailleur pacifique, culturellement plus élevé, encourage au contraire ces brigands, prend sa part du butin et - la chose est certifiée - leur fournit des fusils. Seule la révolution violente peut mettre fin à tout cela. Il faut renverser ce régime hideux, faire disparaître ce régime despotique", etc.
En refoulant les livres de Raffi dans «l'enfer» (section interdite aux lecteurs) des bibliothèques de l'Arménie soviétique, les censeurs du régime ont reconnu sa force et craint sa capacité de nuisance politique. La réhabilitation de ses œuvres dans les années 1960 annonce la montée de la contestation nationale qui mènera à l'indépendance en 1991.

Anahide Ter Minassian, France-Arménie, numéro 36, du 16 au 30 novembre 2007

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 Samuel, de Raffi
Titre : Samuel, de Raffi / auteur(s) : RAFFI - Traduit de l'arménien moderne par Altiar & Kibarian et Jean-Jacques Avédissian [pour la] préface et chapître Histoire et géographie de l'Arménie au IVe siècle
Éditeur : Thaddée
Année : 2014
Imprimeur/Fabricant : Pulsioprint, Sofia, Bulgarie
Description : 13 x 20cm, 439 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection :
Notes : Édition au format de poche
Autres auteurs : Jean-Jacques AVEDISSIAN [traducteur] -
Sujets : Roman historique
ISBN : 9782919131211
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Raffi, le « Victor Hugo arménien », légua au crépuscule de sa vie son chef-d’œuvre et son testament, Samuel. Jamais il n’a autant maitrisé un style si particulier : une symphonie chatoyante de romantisme et d’exotisme oriental soutenue par des accents virils et imprévisibles, organisée selon un composition rigoureuse.
Ce trésor de la littérature mondiale devait être sauvé de l’oubli. C’est chose faite avec cette deuxième édition complète qui succède à celle de... 1924. Samuel est un prince jeune, beau, courageux et bon mais c’est aussi un idéaliste, sensible et tourmenté.
Il organise la résistance pour sauver l’Arménie, héritière de très anciennes traditions païennes mais aussi des apports des Perses, des Grecs, des Romains, de la Chine, d’Israël et des Indes, qui vient d’épouser la foi chrétienne au début du IVe siècle. La puissante Perse adoratrice fanatique du Feu lui livre une guerre sans merci, jalonnée d’holocaustes.
A travers Samuel, Raffi, parvient non seulement à jeter les bases de l’Histoire et à poser les questions essentielles, mais il réussit aussi à prophétiser les guerres apocalyptiques du XXe siècle. Les Arméniens y payeront un terrible tribut. La Turquie dirigée par les aventuristes du mouvement Jeunes-Turcs expérimentera en effet sur eux une nouvelle arme absolue : le génocide.
L’esprit de Samuel souffla et l’Arménie survécut.

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 Le fou
Titre : Le fou / auteur(s) : RAFFI - Conséquences tragiques de la guerre russo-turque de 1877-1878 en Arménie
Éditeur : Bleu Autour
Année : 2007
Imprimeur/Fabricant : La Source d'Or - 63200 Marsat
Description : 392 pages, 22 x 14 cm, couv. en couleurs
Collection : D'un lieu l'autre
Notes : Traduit de l'arménien par Mooshegh Abrahamian
Autres auteurs :
Sujets : Roman historique
ISBN : 9782912019592
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Éditions Bleu autour
11, avenue Pasteur
03500 Saint-Pourçain-sur-Sioule
04.70.45.72.50
Fax : 04.70.45.72.54
www.bleu-autour.com


Mooshegh Abrahamian a traduit le chef-d'oeuvre du roman historique de la fin du XIXe siècle, signé Raffi. Un livre-clé pour comprendre l'éveil de la conscience nationale.
Cette traduction a été couronnée du prix "Le Mot d'Or de la traduction" 2007, attribué par l'Association pour le français des affaires (avec l'Organisation internationale de la francophonie, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France et la Société française des traducteurs), à qui l'ACAM avait soumis l'ouvrage.

Compte rendu et photos de la cérémonie


Entretien

Nouvelles d’Arménie Magazine : Qui est l'auteur ?
Mooshegh Abrahamian : Raffi, de son vrai nom Hakob Mélik Hakobian (1837-1888), est né en Perse à Payachouk, village arménien de la province de Salmast qui abritait au XIXe siècle, et abrite encore de nos jours, une importante communauté arménienne. A l'issue de ses études au lycée arménien de Tiflis, il dut vite assister son père, un marchand aisé, ce qui le conduisit à effectuer de nombreux voyages d'affaires en Russie et en Perse. Mais il finit par quitter cet horizon familial et professionnel pour se vouer à la littérature et devenir le premier auteur arménien qui vécût de sa plume. Après s'être essayé à la poésie, il publia ses premiers textes en prose, des reflets de la société perse, dans la revue mensuelle Mdwk. C'est autour de cette revue, créée en 1872 à Tiflis par Grigor Artzrouni, que se cristallisa la renaissance littéraire arménienne, dont Raffi fut l'un des principaux artisans. A la suite de Khatchatour Abovian, l'auteur du fameux ouvrage Les plaies de l'Arménie (1840), il usa de la langue populaire, et non plus classique, pour bâtir une œuvre prolifique. Celle-ci comprend, pour sa plus grande part, de nombreux romans historiques qui, fruits de recherches approfondies, contribuèrent à façonner la mémoire et l'identité arméniennes. Le Fou, qui a paru d'abord sous la forme d'un feuilleton dans la revue Mchak, permet ainsi de saisir le contexte social de l'Anatolie de la fin du XIXe siècle où se joue le funeste destin des Arméniens. Raffi mourut en 1888 à Tiflis. Une foule considérable assista aux funérailles de l'écrivain qui figura au premier rang des acteurs du réveil national arménien et fut enterré au Panthéon des Arméniens, à Hojivank-Tiflis, où reposent d'autres hommes illustres : Hovhannès Toumanian, Gabriel Soundoukian, Ghazaros Aghayan, Nar-Dos ou encore Grigor Artzrouni.

NAM : Que représente « Le Fou » dans son œuvre ?
M. A. : Roman historique pour nous, Le Fou est pour Raffi un travail journalistique. Il est le témoin oculaire de l'oppression subie par les Arméniens de l'empire ottoman. C'est en effet en traversant une région dévastée pour aller en pèlerinage à Sourb Karapet de Mouch que lui apparaît l'impérieuse nécessité de raconter des événements survenus à peine deux ans avant. Mais il va bien au-delà. Il nous transmet un héritage précieux: les mœurs, la mentalité, les croyances des Arméniens d'Anatolie. Il nous délivre aussi une analyse politique et un projet : le projet de l'émancipation du peuple arménien. Cette analyse est celle d'un visionnaire. Il nous décrit parfaitement l'environnement « génocidaire » qui, de massacres en massacres, conduira au génocide de 1915. Sans complaisance vis-à-vis des élites arméniennes ottomanes qui ont trahi ou failli, il appelle à l'autodéfense.

NAM : Qu'est-ce qui vous a amené à vous lancer dans cette traduction ?
M. A. : J'ai commencé ce travail il y a quinze ans, puis je l'ai interrompu parce qu'il m'a été impossible de concilier vie professionnelle et traduction. l'ai repris ma tâche de zéro en septembre 2003 et le « premier jus » a été terminé en juin 2004. l'ai pu me consacrer pleinement à cette tâche grâce au temps que je me suis accordé en tant que chef d'entreprise. D'abord, à titre personnel, c'était une manière d'apprendre l'arménien, cette langue que je trouve belle, simple et accessible. Je crois que j'ai senti très vite l'énorme intérêt de ce roman. Faire connaître à un public francophone le calvaire des Arméniens dans cet empire ottoman dont il a peut-être une vision fausse et superficielle à travers les histoires de harems de Pierre Loti ou Gilles Martin-Chauffier. Ce livre révèle que le génocide arménien, toujours nié par l'Etat qui a succédé à l'empire ottoman, a commencé bien avant 1915.

NAM: Est-ce la première traduction de ce livre en français ?
M. A. : C'est la première édition du livre. Il aura fallu attendre 127 ans ! Quel manque d'intérêt des Arméniens pour leur propre littérature !

NAM: Quel type de difficultés avez-vous rencontré dans cette traduction, et ensuite pour la publication du livre ?
M. A. : Imaginez que je n'ai appris l'arménien que dans le milieu familial, donc un arménien oral, au vocabulaire limité, qui plus est menacé d'oubli puisque peu pratiqué en diaspora. Le dictionnaire explicatif en arménien a été très souvent ouvert ! Quel plus magnifique hommage à Incessibilité de cette langue et quel encouragement pour les jeunes générations diasporiques ! Je me suis rendu compte combien la langue française était une langue exigeante! Elle ne supporte pas les lourdeurs, les répétitions, les mauvaises tournures. L'amélioration du texte français a été un long travail. Les Editions « Bleu Autour » ont osé relever le défi avec le traducteur néophyte que je suis.

NAM : Que peut nous apprendre là lecture du « Fou » ?
M. A. : Enormément d'informations précieuses sur l'état de l'empire ottoman en plein déclin avec son cortège d'injustices, de désordres, d'oppression des Arméniens et plus généralement des chrétiens, sur les mœurs et les mentalités. C'est l'histoire de peuples vivant côte à côte mais sans jamais fusionner, avec l'épée de Damoclès d'un Islam intolérant vis-à-vis des « gavours » et d'un Etat menacé de désintégration. On apprend aussi à quel point la communauté arménienne est divisée. Il n'y a, en effet, rien de commun entre un Amira de Constantinople et un paysan d'Alachkert.

NAM : En quoi « Le Fou » est-il toujours d'actualité ?
M. A. : Le manche de l'arme dont se servent nos ennemis est fait de notre chair. Les désertions et les trahisons sont nombreuses dans le combat permanent pour la survie de la nation arménienne. Sois en paix avec ton chien, mais garde toujours ton bâton près de la main. Hélas, la menace d'extermination que font peser Turcs et Azéris est toujours présente. Nous devons assurer à tout prix la sécurité d'un Etat arménien viable, c'est-à-dire au minimum sur les 42 000 km2 que constituent l'Arménie, le Karabagh et les territoires arméniens libérés.

Propos recueillis par Fanny Hagopian,
Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 10, Mai 2007


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 Fragments d'Arménie
Titre : Fragments d'Arménie / auteur(s) : Jacques DEROGY - RAFFI - Vahan TOTOVENTS - Kostan ZARIAN - textes choisis et présentés par Gérard Chaliand
Éditeur : pressesdelacite
Année : 2007
Imprimeur/Fabricant : 61-Lonrai : Normandie roto impr.
Description : 1 vol. (VIII-844 p.) : couv. ill. ; 20 cm
Collection : Omnibus
Notes :
Autres auteurs : Gérard CHALIAND [directeur] -
Sujets : Choix d'auteurs arméniens
ISBN : 9782258073883
Lecture On-line : non disponible

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Réunit : "La vie sur la vieille route romaine" / Vahan Totovents. "Le fou" / Raffi. "Les jardins de Silidhar" / Zabel Essayan. "La jeune fille humble" / Aksel Bakountz. "Le bateau sur la montagne" / Gostan Zarian. "Août" / Hrant Matevossian. "Mémoires d'un partisan arménien" / Rouben. "La question arménienne (1878-1923)" / Richard Hovannisian. "Opération Némésis" / Jacques Derogy. "La paix soit avec vous" / Vassili Grossman. "Voyage en Arménie" / Ossip Mandelstam. "Embarquement pour l'Ararat" / Michael Arlen. "Mémoire de ma mémoire" / Gérard Chaliand


Enclave chrétienne au Proche-Orient, civilisation millénaire dotée de sa langue et de son alphabet, pays longtemps sans frontières, l'Arménie a subi les convulsions de l'Histoire sans perdre son âme. Au fil des textes qui composent cette anthologie, c'est l'album d'un peuple qui a refusé de disparaître que l'on feuillette, avec ses paysages grandioses, ses traditions, ses luttes et ses souffrances, ses souvenirs et ses espoirs, la terre et l'exil : la mosaïque d'une mémoire et d'une identité.


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 Samouël : roman historique, 364-400
Titre : Samouël : roman historique, 364-400 / auteur(s) : RAFFI - Trad. de l'arménien moderne par Altiar et Kibarian
Éditeur : Éd. de la Vraie France
Année : 1924
Imprimeur/Fabricant : Imp. Comte-jacquet, Bar-le-Duc
Description : 244 p. ; 19 cm
Collection :
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Roman historique
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

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Table des matières

PREMIERE PARTIE
Le Devoir difficile.
Pages.
I. Deux Cavaliers 11
II. Le Matin à Mouch 18
III. Le Porteur de Mauvaises nouvelles 22
IV. Une Idée Trouble 31
V. Mère et Fils 40
VI. Deux Cousins
VII. Sous l'Apparence 62
VIII. La Chasse 73
IX. Le Couvent d'Aschdichad 79
X. Trois Volontés 85
XI. Une Soeur de Chahbouh 96
XII. Un Complot Manqué 169
XIII. Complications 120
XIV. Encore de l'Inattendu 131
XV. La Fée des Montagnes 140
XVI. La Tâche Partagée 147
XVII. Conseil de Femme 155
XVIII. Artavazd 161
DEUXIEME PARTIE
Les exilés.
I. Batmos 171
II. Anhouche 182
TROISIEME PARTIE
Les Routes se séparent.
I. Le Rechdounik 207
II. Le Mont Ardos 216
III. La Source des Larmes 224
IV. Hamazasboubi , 232
V. L'Aube de la Nuit d'Epouvante 245
VI. L'Apostat au Seuil de sa Maison 256
VII. Le Remords 271
VIII. Chahbouh aux Ruines de Zaréhavan 984
IX. Ardakèrs 295
X. La Vengeance Arménienne 308
XI. Le Moindre de Deux Maux 329
XII. Le Chef des Eunuques 340
QUATRIEME PARTIE
Les Routes se rencontrent.
I. Le Matin sur la Plaine d'Ararat 173
II. La Rencontre 379
III. Un Etrange Holocauste 388
IV. Le Sacrificateur Zvita 402
V. Les Embûches de l'Arax û413
VI. La Mère Douloureuse 441
VII. La Bataille 451
VIII. Le Retour à Vorhagan 473


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 Contes persans
Titre : Contes persans / auteur(s) : RAFFI - Traduits de l’arménien par Abgar IOANNISSIANY
Éditeur : LIBRAIRIE CHARLES NOBLET
Année : 1902
Imprimeur/Fabricant : Imp; Noblet, Paris
Description : 11 x 16 cm, 94 pages
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Notes :
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Sujets : Contes
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

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Bibi - Scharabani11
Les Khaz-Pouches39
Notes87


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