Bibliothèque de l'Eglise apostolique arménienne - Paris - TACHJIAN , Vahé     Retour à l'Index des auteurs en français    Accueil des catalogues en ligne

Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
15, rue Jean-Goujon - 75008 Paris || Père Jirayr Tashjian, Directeur
Téléphone : 01 43 59 67 03
Consultation sur place du mardi au jeudi, de 14 heures à 17 heures


Vahé TACHJIAN
( n. 1968 )

L'auteur

Vahé TACHJIAN --- Cliquer pour agrandir
Naissance le 28 janvier 1968 au Liban

Doctorat Histoire et Civilisation, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Paris, 2002. Titre de la thèse : "Frontières, minorités, migrations, politiques : les grands enjeux de la zone frontalière entre la Syrie et la Turquie (1919-1939"), mention Très honorable avec félicitations.
- DEA (Diplôme d’Etudes Approfondies) Histoire et Civilisation, EHESS, Paris, 1998.
- Maîtrise de Philologie et d’Histoire orientale, Université Catholique de Louvain, Institut Orientaliste, Louvain-la-Neuve, Belgique, 1997.
- Maîtrise d’histoire, Université d’Etat d’Erevan, Arménie, 1993.
- Baccalauréat libanais, 1987

Chargé de recherches au Centre d'histoire arménienne contemporaine de l'EHESS (en 2004).


Vahé Tachjian est historien et a publié de nombreux travaux sur la vie des rescapés du génocide des Arméniens et la formation de nouvelles communautés diasporiques arméniennes au Proche Orient après la Grande Guerre. Depuis 2010, il a été le co-directeur et le rédacteur en chef du projet Houshamadyan, basé à Berlin, qui vise à faire revivre la vie culturelle et matérielle des Arméniens ottomans avant le génocide.

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 Les Arméniens du Liban - Cent ans de présence
Titre : Les Arméniens du Liban - Cent ans de présence / auteur(s) : Christine BABIKIAN ASSAF - Sous la direction de Christine Babikian Assaf, Carla Eddé, Lévon Nordiguian, Vahé Tachjian
Éditeur : Presses de l’Université Saint-Joseph
Année : 2017
Imprimeur/Fabricant : Imprimé au LIban
Description : 22 x 28 cm, illustrations, fac-simile, portraits, couverture illustrée en couleurs
Collection :
Notes : Contributions en anglais et français. - Bibliographie en fin de contributions. - Notes bibliographiques
Autres auteurs : Vahé TACHJIAN [directeur] -
Sujets : Arméniens -- Identité collective -- Arméniens -- Liban -- Histoire
ISBN : 9786148019302
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Voir la Note de lecture de Boris Adjemian : Boris Adjemian, « Christine Babikian Assaf, Carla Eddé, Lévon Nordiguian, Vahé Tachjian (dir.), Les Arméniens du Liban. Cent ans de présence », Études arméniennes contemporaines [En ligne], 12 | 2019, mis en ligne le 28 février 2019, consulté le 09 mai 2022. URL : https://doi.org/10.4000/eac.2294

Décimés et chassés de leurs terres ancestrales, des Arméniens rescapés du Génocide arrivent au Liban à partir de 1915. Le pays qui allait devenir la patrie définitive de nombre d'entre eux leur était totalement étranger. A la difficile période des camps analysée dans Les Arméniens : la quête d'un refuge (sous la direction de R. Kévorian, L. Nordiguian et V. Tachjian, Presses de l'Université Saint-Joseph, 2006), succède celle non moins délicate de leur "libanisation". C'est sur ce processus complexe, croisant la réaffirmation de l'identité arménienne en exil et l'insertion dans la société locale, que se penche cet ouvrage.
Chacune de la trentaine de contributions ici réunies, ainsi que la riche iconographie qui les accompagne, apportent des éclairages sur la constitution de "l'îlot libanais", ou comment le Liban devient une référence pour les Arméniens de l'Orient et même au-delà. Beyrouth s'impose dans la deuxième moitié du xxe siècle, jusqu'à la guerre de 1975 au moins, en capitale de la culture, voire de la diaspora arménienne. Si "l'intégration" des Arméniens au Liban est souvent donnée en exemple, ce pan de l'histoire du Liban contemporain reste, comme bien d'autres, largement méconnu et oublié dans l'historiographie.
Restituant la diversité et la richesse des parcours individuels, familiaux et collectifs, donnant la parole aux concernés, ou à certains d'entre eux, et dédiant une large place aux arts et aux lettres, le présent ouvrage entend contribuer à combler cette lacune. Il constitue également une réflexion sur les questions d'intégration et d'exil, d'identité et de mémoire, réflexion particulièrement centrale à l'heure où "l'îlot libanais" arménien, le Liban et la région semblent menacés.
Autre directeur de l'ouvrage : Vahé Tachjian


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 Les Arméniens 1917-1939 - La quête d'un refuge
Titre : Les Arméniens 1917-1939 - La quête d'un refuge / auteur(s) : Catalogues - Sous la direction de Raymond Kévorkian, Lévon Nordiguian, Vahé Tachjian
Éditeur : Presses de l Université Saint-Joseph (Liban)
Année : 2006
Imprimeur/Fabricant : Imprimerie Docs, Beyrouth (Liban)
Description : 1 vol. (319 p.) : ill. ; 28 cm
Collection :
Notes : Publ. à l'occasion des expositions tenues à la crypte de l'Eglise Saint-Joseph à Beyrouth du 5 au 27 mai 2006 et à la Cité d'histoire de l'Emigration à Paris, printemps-été 2006.
Autres auteurs : Raymond Haroutiun KEVORKIAN [directeur] - Vahé TACHJIAN [directeur] -
Sujets : Génocide arménien
ISBN : 9789953455686
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Table des matières

Préface de Sélim Abou5
Adresses9
Avant-propos11
Contexte historique et mouvements de populations
Aux origines des communautés arméniennes du Proche-Orient : les rescapés du génocide - Raymond H. Kévorkian19
Du rapatriement en Cilicie au nouvel exode vers la Syrie et le Liban - Vahé Tachjian39
Les premiers pas d'une reconstruction du monde arménien
Femmes et orphelins à l'origine de la reconstruction d'une nation : l'ceuvre et ses paradoxes - Vahé Tachjian57
Orphelinats arméniens du Liban, de Syrie et de Palestine - Vahé Tachjian82
Le (ré)-établissement des institutions arméniennes au Liban et en Syrie: les réfugiés et l'État - Nicola Migliorino93
Des camps de réfugiés aux quartiers urbains: processus et enjeux - Vahé Tachjian113
Les Arméniens du sandjak, du génocide à l'exode - Michel Paboudjian147
Beyrouth face à l'établissement des réfugiés arméniens pendant les années : les limites de l'hospitalité - Carla Eddé185
Les Jésuites, témoins du drame arménien - Lévon Nordiguian199
Les Arméniennes de Ma'an entre oubli et mémoire - Anna Ohannessian215
Les réfugiés au quotidien
À la recherche d'une place: l'insertion économique des Arméniens au Liban - Thierry Kochuyt235
La reprise de la tradition scolaire : école et identité nationales - Krikor Chahinian253
Du Moussa Dagh à Anjar, le « recasement » des Arméniens - Michel Paboudjian267
Diran Babikian (-): Itinéraire d'un Arménien de Cilicie réfugié au Liban - Christine Babikian Assaf299
Index général316


L'intégration des Arméniens dans leurs parties d'adoption, dans nombre de pays du Proche-Orient, est passée par plusieurs étapes, parfois douloureuses, dont la mémoire tend à s'estomper. Avant de devenir citoyens libanais ou syriens. Ils ont vécu l'expérience de tout réfugié déraciné, en quête d'un pays d'accueil, où ils pourraient trouver l'environnement propice à une reconstruction. Ce livre tente de faire revivre cette expérience à travers une douzaine d'articles basés sur des documents d'archives inédits, illustré par une abondante documentation photographique.


Autre commentaire

Article sur une exposition à propos du livre.

Plus de 200 photos en noir et blanc traitées au sépia. Couleurs de terre, ocre et sanguine, qui renvoient à la dépossession, aux combats durs, aux renaissances difficiles. Aux souvenirs amers, mais aussi au courage, à l’héroïsme des humbles, à la détermination de vaincre l’adversité, au sens de l’indéfectible dignité humaine, à la force et la volonté de survie, de témoigner, de se défendre, de perpétuer tradition et patrimoine et surtout de ne jamais oublier pour mieux revivre. Plus de 200 photos, simples et émouvantes, pour parler non seulement du drame de l’exode et de l’exil des Arméniens entre 1917 et 1939, mais aussi de la notion de s’organiser pour renaître et savoir reprendre racine en profondeur.

Sous le titre explicite « Les Arméniens (1917-1939), la quête d’un refuge au Proche-Orient », cette exposition, qui se passe de tout commentaire à la crypte de l’église Saint-Joseph (USJ) et un ouvrage qui la prolonge, est le fruit d’un partenariat entre l’Université Saint-Joseph et l’Union générale arménienne de bienfaisance, deux institutions qui furent fortement impliquées auprès des réfugiés arméniens sur le plan éducatif et caritatif.

L’UGAB, qui fête cette année le centième anniversaire de sa fondation, a été parmi les premières institutions arméniennes à porter secours aux rescapés du génocide. L’USJ et la Compagnie de Jésus, à travers la Mission d’Arménie, ont également manifesté un dévouement de plus d’un siècle au service de l’éducation de la jeunesse arménienne, d’abord en Asie mineure, puis en Syrie et au Liban. Sans oublier de mentionner qu’une collaboration directe établie entre le département d’histoire (FLSH) et la Bibliothèque orientale, d’une part, et la bibliothèque Nubar de l’UGAB, de l’autre, a permis la réalisation de ces deux projets, avec le soutien de la Fondation Khatchik Babikian et des frères Terzian.

Pour s’entretenir d’une sombre et anarchique tranche d’histoire, voilà ces photos aux regards impitoyables et à l’éloquence d’une objectivité absolue. Pour faire revivre un passé qu’on a tendance, aujourd’hui peut-être, à méconnaître, ignorer ou oublier. L’intégration des Arméniens dans leurs patries d’adoption, dans nombre de pays du Proche-Orient, est passée par plusieurs étapes, souvent douloureuses et difficiles, dont la mémoire tend à s’estomper. Avant de devenir citoyens libanais ou syriens à part entière, ils ont vécu l’expérience de tout réfugié déraciné, en quête d’un pays d’accueil.

Des refuges, des orphelinats, des églises, des écoles ont été installés, parfois sous des tentes ou dans des baraques en bois, avant d’être édifiés en dur. La période de l’entre-deux-guerres a été pour les réfugiés arméniens comme un vaste chantier, au sein duquel ils ont œuvré pour la restauration de leur vie collective, à se bâtir un destin commun avec leurs pays d’accueil. Si aujourd’hui Bourj Hammoud, dans la capitale, est une artère commerciale florissante, ou Anjar une exquise bourgade de villégiature, presque huppée avec ses restaurants qui rivalisent avec ceux du Berdawni de Zahlé, les images de ces hauts lieux de la réussite arménienne, il y a déjà plus d’un demi-siècle, étaient moins intéressantes et bien moins flatteuses...

Le drame de vivre

De Moussa Dagh à Anjar, du départ de Yoghoun Olouk ou Sanjak d’Alexandrette à l’exode de la gare d’Adana, des vêtements triés par un prêtre au rapatriement en Cilicie, le drame de vivre est saisissant et impossible à décrire. Ces photos criantes de vérité et qui vous prennent à la gorge ont une singulière charge émotive.

Elles ont la force pour tout dévoiler, tout dire. Cadre de vie nouveau et école de vie nouvelle pour ceux qui ont pris les chemins de l’exil en flux différents.

Et comme souligné dans l’avant-propos de l’ouvrage, l’objectif de cette entreprise est de mettre en évidence cette obscure période fondatrice, une brûlante part de réalité qui, avec le temps, s’est insensiblement un peu transformée en part d’ombre : « Le présent ouvrage et l’exposition qui le prolonge visent à restaurer la mémoire de ces expériences fondatrices, à saisir sur le vif les problèmes auxquels ont été confrontés les réfugiés, à restituer leur quotidien.

Ordonné en trois parties, le livre fait abondamment appel à la photographie qui constitue ici un élément documentaire central. Si celle-ci donne à voir des situations précaires - peut-être les plus précaires -, elle n’en est pas moins un témoignage objectif d’une réalité passée qui ne peut en aucune façon être ignorée.

Plus encore, elle est une sorte d’hommage aux anciens, valorisant le chemin parcouru par la collectivité arménienne dans ses pays d’accueil. Beyrouth est indiscutablement la ville qui incarne le mieux l’intégration des Arméniens dans le monde arabe. On y trouve concentrées toutes les étapes de leur insertion. La capitale libanaise était, à ce titre, toute désignée pour accueillir, la première, l’exposition consacrée aux réfugiés arméniens au Proche-Orient (1917-1939) ».

C’est avec sobriété et rigueur que sont exposées ces centaines de photos qui ne laissent nullement indifférent quant à l’intensité du drame humain et au vécu insoutenable de tout être déraciné. Mais par-delà ces images qui cravachent les consciences, même les plus assoupies, il y a cette belle série de portraits accrochés un peu indépendamment, dans une sorte de petite galerie en bois.

Avédis, Astghig, Nichan, Harout, Berj, Vartouhi, Archalouiss, Baïdzar, Mardiros, Hamest, Mathilda, Arev, Araxie, Vahé, Haïg, Héraïr, Avédis, Maro, Berdjouhi...Autant de noms, autant de visages, de regards et d’expressions. De joie, de détresse, de peur, d’angoisse, de solitude, de désarroi, d’espoir, de force, de détermination... Une galerie de portraits où flotte l’essence de l’arménité à travers un chapelets de noms, certains portés disparus et que le temps, monstre insatiable, a engloutis à jamais.

Que reste-t-il de ces images où l’humiliation, la misère et le combat contre l’adversité sont sans merci ? Les mains calleuses de ces brodeuses créant pourtant des dentelles d’une finesse extrême, de ce prêtre triant nerveusement les vieux vêtements, de ces ouvriers hâves et déguenillés, nouveaux damnés de la terre, couverts de boue dans un chantier en construction, de cette famille démunie et fourbue après une journée de labeur, souriant malgré tout à l’œil de la caméra ? Non, il reste le front plissé et l’expression candide et un peu apeurée de la petite Takouhie en coquette petite robe blanche, serrant jalousement son bouquet de fleurs comme par crainte qu’on le lui enlève aussi...

Edgar DAVIDIAN, article paru dans L’Orient-le Jour


Autre commentaire

En ces temps difficiles où la diaspora peut se sentir incomprise, l'édition en France de l'ouvrage publié sous la direction de Raymond Kévorkian, Lévon Nordiguian et Vahé Tachjian, rappelle que les Arméniens ne sont pas devenus une diaspora, parce qu'ils seraient partis un beau jour en villégiature ! Ce livre remarquable confirme l'émergence d'une génération d'historiens capables d'approfondir et renouveler le champ des études arméniennes. Il nous ramène aux origines de la constitution de la diaspora en communautés organisées au Proche-Orient (Liban et Syrie) après la destruction des Arméniens dans l'Empire ottoman et quand fut acquise la certitude que les rescapés ne pourraient pas retourner vivre sur la terre de leurs ancêtres.

UGAB
Entre la fin de la première guerre mondiale et le déclenchement de la seconde, c'est le destin de 200 000 réfugiés arméniens qui se joue. Non négligeable, ce chiffre signifie la possibilité de modifier les fragiles équilibres démographiques dans la région. Les grandes villes arabes ne verront pas forcément d'un bon œil l'arrivée massive de ces réfugiés, sous protection de la puissance coloniale, précédés ou non de la Légion arménienne.
Il s'ensuit différentes tentatives avortées de relocalisation, au gré du jeu des grandes puissances et des rapports de force sur le terrain. Lors de leur avancée sur Damas et Alep, les Britanniques découvrent les déportés survivants du génocide de 1915.
Alertée, la communauté arménienne d'Egypte découvre l'ampleur de la Catastrophe. Aussitôt deux organisations arméniennes, l'UGAB et la Société protectrice des orphelins arméniens, lancent un vaste programme d'aide humanitaire.

Orphelin emblématique
Certains réseaux clandestins d'entraide aux déportés arméniens sont réactivés depuis Istanbul et Alep afin d'en retrouver le plus grand nombre possible. Deux grands écrivains arméniens seront missionnés pour faire un état des lieux, Yervant Odian et Zabel Essayan, et leur estimation de la situation constitue un précieux témoignage. Aux côtés de ces organisations arméniennes, il y a aussi le Near East Relief (NER), la puissante association caritative américaine qui œuvre à cette époque au Proche-Orient.
Pour faire face au désastre, se met en place un ambitieux projet de reconstruction nationale qui fait de l'orphelin une figure emblématique. Il est celui qui doit grandir dans des institutions arméniennes, qui doit recevoir une éducation arménienne et qui est aussi appelé à défendre demain la nation au cas où un Etat ou un foyer arménien verraient le jour en Anatolie.
A ses côtés, l'image d'Epinal de la mère arménienne traçant, sur le sable des déserts de Mésopotamie, les lettres de l'alphabet arménien. La réalité est plus dure. Impossible de cacher le fait que, malgré tous les efforts et les moyens mis en œuvre, on ne parvient à recueillir qu'un faible pourcentage d'orphelins et de femmes. Pour des raisons diverses, beaucoup de femmes enlevées ou cachées, mais retrouvées, ne reviendront pas dans la société arménienne, avec ou sans les enfants qu'elles eurent de musulmans ; d'autres reviendront, mais leur réinsertion sera problématique en raison d'une incompréhension face à leur détresse, face au viol, à la prostitution.
Entre 1917 et 1939, les Arméniens perdront progressivement tout espoir d'un Etat fondé sur une partie des décombres de l'Empire ottoman. Au Sud Caucase, l'Arménie indépendante, puis soviétique n'accueillera pas plus de 10 000 de ces réfugiés — la corruption régnant à Moscou et Erevan découragera les organisations arméniennes qui avaient envoyé des fonds pour la construction de logements en faveur des réfugiés !

Se rendre à la raison
L'idée d'un foyer arménien autonome en Cilicie sous la protection des Français partira en fumée et la cession par la France du sandjak d'Alexandrette à la Turquie provoquera un exode vers les camps de réfugiés au Liban qui se doteront d'écoles et d'églises et où les partis politiques traditionnels ne tarderont pas à s'investir. Pour ces apatrides, l'intégration signifiera se rendre à la raison d'un impossible retour.
Parce qu'il sait séparer la recherche historique du dogme et de l'idéologie, ce livre stimule l'intelligence du lecteur. Bouleversant, il redonne dignité à ces êtres humains pris dans la tourmente du XX siècle.

Un précédent
L’avant-propos souligne que la communauté internationale fut confrontée alors à sa première grande crise de réfugiés : le livre montre combien les Arméniens furent au premier plan pour sauver les leurs. Ajoutons qu'en 1938 la conférence d'Evian, à l'initiative de Roosevelt, fut impuissante à faire face à l'afflux de réfugiés juifs en provenance d'Allemagne et d'Autriche - à la suite de la promulgation des lois raciales par le régime nazi - comme à leur trouver des pays d'accueil. Cynisme ? Indifférence ? Sachant par quoi les réfugiés arméniens étaient passés, ne pouvait-on pas anticiper les dangers courus par les Juifs ? Amnésie.

Isabelle KortianNouvelles d’Arménie Magazine, numéro 136, décembre 2007


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 La France en Cilicie et en Haute-Mésopotamie (1919-1933)
Titre : La France en Cilicie et en Haute-Mésopotamie (1919-1933) / auteur(s) : Vahé TACHJIAN - Aux confins de la Turquie, de la Syrie et de l'Iraq
Éditeur : Karthala
Année : 2004
Imprimeur/Fabricant : 58-Clamecy : Impr. Laballery
Description : 465 p.-[16] p. de pl. en noir et en coul. : couv. ill. ; 24 cm
Collection : Homme et Société : Histoire et géographie
Notes : Th. doct. : Hist. : Paris EHESS : 2002
Autres auteurs :
Sujets : Minorités -- Turquie Cilicie (Turquie ) -- 1900-1945
ISBN : 9782845864412
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

A la fin de la Grande Guerre, France et Grande-Bretagne se partagèrent le Proche-Orient arabe sans tenir compte des frontières historiques ou ethniques, se retrouvant vite confrontées à la persistance du nationalisme turc, à la vivacité du nationalisme arabe et aux revendications des diverses minorités. Dans La Passion de la Cilicie. 1919-1922 (1e éd. en 1938), Paul du Véou se limitait à cette région vite bradée par la France à la nouvelle république turque; l'ouvrage conserve sa valeur, mais il reste entaché d'un ton aux relents colonialistes. Plus scientifique est la volumineuse thèse, non publiée, soutenue en 1999 par Karen Nakache sur le sort de la Cilicie et de ses confins militaires de 1918 à 1923. En 2002, Vahé Tachjian analysait dans sa thèse aujourd'hui publiée la politique française entre 1919 et 1933 dans une partie de son mandat, formée de la Cilicie et de la bande nord de l'actuelle Syrie : il élargissait donc le temps et l'espace, en s'appuyant sur une impressionnante masse de documents d'archives.

Changement de cap
La première partie traite elle aussi du mandat français en Cilicie. L'auteur insiste bien sur le but originel, la création d'une Cilicie française s'appuyant sur les minorités, en particulier les Arméniens rescapés du génocide dont les autorités encouragent le retour, non par humanité mais par calcul politique (p. 57). Il montre pourquoi, fin 1919, alors qu'elle a réussi à imposer son autorité à l'ensemble de la Cilicie (p. 107), la France change de cap : rencontre entre Georges-Picot et Kémal, suivie du drame de Marache. La mise au pas du couple « cilicien » Brémond-Dufieux par le couple « syrien » Gouraud-de Caix (p. f58) préfigure le sacrifice de la Cilicie, à la suite d'une spirale infernale où toute concession française était rejetée comme insuffisante par les autorités kémalistes (p. 138). Même face à l'exode des Arméniens provoqué par ces abandons, la France n'a pas su définir une politique : l'enrayer ou l'encourager (pp. 170-177). Si plusieurs événements importants sont à peine évoqués - les sièges d'Ourfa et d'Aïntab par exemple -c'est certainement dû au fait qu'ils ont été amplement traités ailleurs. Les deux autres parties, en revanche, constituent une première . La seconde concerne les populations non turques a la frontière syrienne de cet Etat-nation turc que Kémal fait naître au forceps et qui, par essence même, ne laisse pas d'espace aux minorités. A partir de janvier 1922, tout pouvoir français a disparu de Cilicie (p. 183), laissant Kémal poursuivre - bien qu'il ne soit pas de bon ton de le dire en ces temps de turcolâtrie - la politique des Jeunes-Turcs (p. 186) : réécriture de l'histoire, nettoyage ethnique par des moyens plus discrets (pp. 196ss.). L'auteur ne se borne pas aux Arméniens : les pages concernant les Grecs, les Arabes alawis, les Syriaques, les Chaldéens, seront des nouveautés pour la plupart des lecteurs, sans oublier les Kurdes dont la révolte de 1925 ébranla les fondements mêmes du nouvel État turc p. 268i.
Une fois le versant turc- de la frontière nettoyé, restait an sud le versant syrien, où l'autorité restait française. A ma connaissance, on n'a jamais fait une étude détaillée sur l'enjeu géopolitique de la colonisation française de la Djazira, territoire bordant la Turquie entre l'Euphrate et le Tigre - donc hors de la Syrie historique, limitée par le premier fleuve. Il s'agissait d'abord d'imposer son autorité sur la région, puis de la coloniser et de la développer par des déplacements de populations, de préférence chrétiennes (p. 292). La France se trouvait là en contact avec sa rivale britannique, mais surtout en butte aux prétentions turques.

Naissance d'une connivence
Le Kémalisme triomphant était en effet insatiable (pp. 311s.), discutant le tracé de la partie orientale de la frontière, jusqu'au Tigre (p. 308), revendiquant Alexandrette, que Paris lui cédera en 1939 au mépris des intérêts syriens, et Mossoul, que Londres ne lui cédera pas : on est en pleine actualité ! C'est dans ce contexte que sont créées les agglomérations de Hassaké et Kamichli (pp. 321ss.), peuplées de Juifs, de Kurdes, de Syriaques, d'Arméniens, dont beaucoup réfugiés de Turquie. Cette fois, ce sont les Assyro-Chaldéens et les Kurdes que la France utilise (pp. 320, 342). Arrogantes, les autorités d'Ankara font savoir qu'elles s'opposent à l'installation d'Arméniens et de Kurdes à ses frontières et se permettent d'exiger de la France leur déportation (pp. 350, 358ss., 388). Une connivence surgissait d'ailleurs entre les deux peuples, le Tachnag s'étant allié au parti kurde Khoyboun dans une perspective ... antisoviétique (p. 366) ! Cette fois, c'est le nationalisme arabe qui allait avoir ici encore raison des rêves français : l'arrivée du Front Populaire en 1936 ouvrit la voie du pouvoir aux indépendantistes (p. 396). Vahé Tachjian a choisi de s'arrêter en 1933 : attendons que lui ou un autre fasse un travail de cette qualité sur les années 1933-1939. L'intérêt de cette passionnante étude est rehaussé par l'iconographie d'époque, due essentiellement à .Michel Paboudjian, et aux trois cartes, aussi claires qu'indispensables, réalisées, comme on s'en doute, par Eric Van Lauwe.

Claude Mutafian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 98, Juin 2004


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 Revue d Histoire arménienne contemporaine, Tome V : Le Liban. A la veille et au début de la guerre. Mémoire d'un Gouverneur, 1913-1915
Titre : Revue d Histoire arménienne contemporaine, Tome V : Le Liban. A la veille et au début de la guerre. Mémoire d'un Gouverneur, 1913-1915 / auteur(s) : Ohannès Pacha KOUYOUMDJIAN -
Éditeur : Centre d'histoire arménienne contemporaine
Année : 2003
Imprimeur/Fabricant : Mediaform, SAL (Mkalles, Liban)
Description : 192 pages, 16 x 24 cm, couverture illustrée en couleur, nombreuses illustrations
Collection : ISSN 1259-4876
Notes : Introduction, édition et notes Raymond H. Kévorkian, Vahé Tachjian et Michel Paboudjian
Autres auteurs : Raymond Haroutiun KEVORKIAN [introduction] - Vahé TACHJIAN [introduction] -
Sujets : Liban
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Achat : Bibliothèque Nubar de l'UGAB, Paris

Les Mémoires du dernier gouverneur ottoman du Mont-Liban, Ohannès pacha Kouyoumdjian, achevées en 1921, à Rome, étaient restées jusqu’à présent inédites. Elles couvrent une période particulièrement importante de l’histoire du Liban contemporain, de janvier 1913 à septembre 1915, et mettent en lumière les dernières années de la présence ottomane au Mont-Liban et des questions encore peu explorées, mais essentielles, de l’histoire du Liban contemporain, notamment durant les premiers mois de la Première Guerre mondiale.
Haut fonctionnaire de la Sublime Porte, Hovhannès pacha témoigne notamment des premières manifestations de la famine organisée au Liban par le régime jeune-turc et, sur le chemin du retour vers Constantinople — il a souhaité quitter ses fonctions lorsqu’il a appris que le gouvernement qu’il servait exterminait sa nation —, l’arrivée des premiers déportés arméniens en Cilicie et en Syrie.
La présente édition des Mémoires d’Ohannès pacha a été préparée d’après le manuscrit original conservé dans les fonds de la Bibliothèque Nubar de l’UGAB, à Paris. Elle est précédée d’une introduction historique, annotée et illustrée par une trentaine de documents photographiques d’époque.

Tome V de la Revue d’Histoire Arménienne Contemporaine, volume de 192 pp, introduction, édition et notes : R. H. Kévorkian, V. Tachjian et M. Paboudjian.


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