Bibliothèque de l'Eglise apostolique arménienne - Paris - TER MINASSIAN , Anahide     Retour à l'Index des auteurs en français    Accueil des catalogues en ligne

Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
15, rue Jean-Goujon - 75008 Paris || Père Jirayr Tashjian, Directeur
Téléphone : 01 43 59 67 03
Consultation sur place du mardi au jeudi, de 14 heures à 17 heures


Anahide TER MINASSIAN
( 1933 - 2019 )

L'auteur

Anahide TER MINASSIAN --- Cliquer pour agrandir
Naissance en 1933 à Paris, décès le 11 février 2019 à Fresnes (France)

Anahide TER MINASSIAN, intellectuelle et militante

Qui ne connaît ? Qui ne l'a un jour écoutée au cours d'une conférence ou d'un débat public. Vive, alerte, volubile, toujours prête à faire front, ardente, faisant feu de tout bois et Anahide Ter Minassian souvent pour notre bonheur les questions et les réponses. Pourtant dans cette salle de la Maison des Sciences de l'Homme à Paris, Anahide est là, tranquille, ses lunettes de myope sagement posées sur le bureau. Je lui parle, elle me répond, je l'écoute...

Première question, première réponse : qui êtes vous, que faites vous : à ma surprise retenue elle me parle de sa famille. "Je suis mariée, dit-elle , mère de 4 enfants et j'ai aussi 3 petits enfants'". Mais elle insiste pour souligner que sa vie familiale n'est pas terminée. "Je consacre, dit-elle, un tiers de mon temps à ma vie de famille, un deuxième tiers à la recherche, et le dernier à la cause arménienne'".
Elle parle de son milieu social d'intellectuels modestes, de ses études d'histoire à la Sorbonne qu'elle entreprend presque par hasard ou plutôt parce que les études de médecine et d'astrophysique qui la tentaient étaient trop longues et trop coûteuses; oui elle voulait faire des sciences exactes, elle s intéressait à l'organisation de la matière, ce qui l'a amenée à s intéresser à l'organisation des sociétés humaines. C'est pareil, enfin presque... Elle devient professeur d'histoire et exerce durant treize années dans divers lycées, obtient une agrégation d'histoire et enseigne depuis 1969 à l'Université de Paris I sur l'histoire des relations internationales et l'histoire contemporaine; elle est actuellement maître de conférence à l'Université de Paris I et chargée de cours à l’École Pratique des Hautes Études en Sciences Sociales. Ses recherches portent essentiellement sur l'histoire contemporaine des Arméniens au XIXe et XXe siècle. Ainsi les raisons qui motivent ses recherches résultent d'une volonté d'attirer l'attention sur le fait que les massacres et le génocide ne sont pas l'unique pivot autour duquel s'articule cette histoire. Ce qui l'intéresse aussi c'est l'histoire sociale et culturelle, l'histoire des mentalités; "mais, dit-elle, si l'on nous a enseigné qu'il fallait du recul pour faire de l'histoire, il n y a plus actuellement de différence fondamentale entre l'histoire immédiate, le journalisme et la sociologie. L'histoire est un art; elle fait appel au récit et à l'imagination, je suis, tu es, nous sommes le résultat d'une histoire" .

Ainsi la pensée politique arménienne actuelle est tributaire du passé politique arménien, et Anahide insiste ici pour dire combien la jeunesse arménienne est ignorante de son histoire. Et lorsque je lui demande si elle est femme de réflexion, elle dit non. Non, elle se proclame avant tout propagandiste; '"Je fais de l'agit-prop", dit-elle : femme active oui, femme d'action peut-être dans le sens où elle fait connaître aux Français la cause arménienne. Mais aussi femme d'action par son engagement de militante intellectuelle au sein du parti Tachnagtsoutioun. "Mais, avoue-t-elle, mes liens avec le parti qui devraient être exempts de tout sentimentalisme, sont au contraire chargés d'affectivités par mes racines familiales j'appartiens au peuple Tachnag par le corps et par l'âme car il existe une mentalité Tachnag, un esprit Tachnag, c'est un patriotisme sans faille chevillé au corps avec cette foi, cette conviction que le peuple arménien doit devenir maître de son destin'". Et s'il existe plusieurs volets à la cause arménienne dont l'un est la reconnaissance du génocide par les instances internationales et la Turquie, la cause arménienne est avant tout un problème territorial sur lequel se greffe le problème national arménien. 'Ainsi, confie-t-elle en parlant des derniers événements du Kharabagh et des manifestations d'Erevan, je suis heureuse d'avoir vécu jusqu'à ce jour, car par ces manifestations, les Arméniens ont vaincu leur peur, les interdits ont été transgressés et le peuple arménien a retrouvé sa dignité. " Il existe maintenant un immense champ d'action pour la jeunesse arménienne, action qui doit se tourner vers l'Arménie Soviétique; qui doit soutenir les revendications arméniennes, mais aussi changer radicalement de comportement et ne pas utiliser la langue de bois en répétant à longueur de discours, comme ce fut le cas lors du dernier meeting à la Mutualité, qu'il n'y a rien dans tout cela d'une quelconque remise en question des liens d'amitiés qui lient le peuple soviétique au peuple arménien , mais qu'en même temps ii ne faudrait pas abuser de la situation. Il faut dire que l'amitié russe a été imposée par l'histoire. II faut parler la langue naturelle des Arméniens patriotes et dire que ces manifestations sont des manifestations nationalistes qui privilégient le lien national et non pas le lien de classe qui existe entre le malheureux ouvrier de Stépanakert et le pauvre prolétaire Azéri de Bakou. La diaspora doit parler un langage clair et net, l’État soviétique n'est pas menacé. Pourtant le système soviétique a développé le niveau culturel du peuple arménien, et même si cette culture est contrôlée, le peuple arménien fait partie des nations hautement développées. II faut d'ailleurs ici souligner que cette reconnaissance des problèmes arméniens coïncide avec la séparation biologique du génocide et c'est avec confiance qu'il faut aborder l'avenir du peuple arménien.

Nous devons nous quitter : elle me parle de ses loisirs : la lecture, la marche, la visite des musées, le travail chez les Pères Mekhitaristes de Vienne et de Venise, de son voyage en Arménie, de la peinture de Piero della Francesca qui par la rationalisation de l'espace, construit une machine picturale dont le fonctionnement même, par les cheminements qu'il impose à notre regard, nous rend physiquement sensible à la signification du réel et du mythe.

Dikran Tchertchian, France-Arménie, numéro 68, Mai 1988


Anahide Ter Minassian est veuve de Lévon Ter Minassian.
Fils du révolutionnaire Ruben Pacha, Lévon Ter Minassian a vu le jour le 8 septembre 1926 en France, à Soissy sous Montmorrency. Né réfugié apatride arménien - il le restera par choix durant toute sa vie -. Directeur de recherches honoraire au CNRS en physique-chimie, il était un infatigable militant de la Cause Arménienne tout comme son épouse. Il fut ainsi membre du bureau international de la FRA Dachnaksoutioun avant de rompre avec le parti en 1988, à la suite de la déclaration devenue légendaire des trois partis politique majeurs de la diaspora, réclamant l’arrêt des grèves organisées en Arménie durant le mouvement pour le Karabagh. Il avait à cœur la création d’un état arménien indépendant et la cause arménienne et fut au cours des années 80, l’un des membres les plus actifs du Comité de défense des prisonniers politiques combattants pour la cause arménienne (CDPPCA).

Taline Ter Minassian, également historienne, est un de leurs quatre enfants.

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 Krikor Beledian et la littérature arménienne contemporaine
Titre : Krikor Beledian et la littérature arménienne contemporaine / auteur(s) : Krikor BELEDIAN -
Éditeur : Presses de l'Inalco
Année : 2021
Imprimeur/Fabricant : 93-La plaine saint-Denis : Impr. Isi print
Description : 16 x 24 cm, 412 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Valentina CALZOLARI [contribution] - Catherine COQUIO [contribution] - Anaïd DONABEDIAN [directeur] - Haroutioun Léon KURKJIAN [contribution] - Marc NICHANIAN [contribution] - Anahide TER MINASSIAN [contribution] - Monseigneur Norvan ZAKARIAN [contribution] -
Sujets :
ISBN : 9782858313822
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Krikor Beledian est un auteur majeur de la littérature arménienne contemporaine, écrivant en arménien occidental et vivant en France (maître de conférences à l'Inalco jusqu'en 2012). Ce volume est le premier volume scientifique international consacré à son œuvre. Il fait suite au colloque international qui s'est tenu à l'Inalco en septembre 2015.

Table des matières

Avant-propos (texte français)5
Janus à deux visages (texte arménien)9
Notes de journal (texte arménien)15
Krkor Bélédian et la littérature arménienne contemporaine (texte français), par Catherine Coquio et Krikor Bélédian29
RENCONTRES
Ma rencontre avec Krikor Bélédian, détenteur et traducteur d'une culture perdue à transmettre ( (texte français), par Jaine Altounian59
Devenir soi chez l'autre : une approche de la question du moderne chez Krikor Bélédian (texte français), par Gérard Malkassian78
Krikor Bélédian et l'Écriture de la catastrophe (texte arménien), par Valentina Calzolari95
L'œuvre de Krikor Bélédian dans la revitalisation de l'arménien occidental (texte arménien), par Jennifer Mannoukian119
La traduction des œuvres de Krikor Bélédian (texte arménien), par Sonia Bekmezian131
AUTOUR DE LA SPÉCIFICITÉ LITTÉRAIRE
Lire (texte français), par Anahide Ter Minassian145
La langue coupée (texte français), par Nathalie Karamanoukian165
L'ÉTHIQUE DE L'ÉCRITURE
La poésie comme topographie (texte arménien), par Mgr Norvan Zakarian191
Le temps d'une légitimation (texte arménien), par Haroutiun Kurkjian191
Le retour éternel (texte arménien), par Marc Nichanian255
Un écrivain, une communauté obsolète, une langue (texte arménien), par Hagop Gulludjian
AUTOUR DES QUESTIONS LITTÉRAIRES
La parole, oiseau migrateur (texte arménien), par Gurgen Arzumanyan315
La littérature au travail / Écrire, un travail (texte arménien), par Siranush Dvoyan329
La question du style dans les récits de Krikor Bélédian (texte arménien), par Raffi Ajemian367
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE 385
LES AUTEURS419


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 La librairie Samuelian
Titre : La librairie Samuelian / auteur(s) : Armand FRANJULIEN - Une passion arménienne pour le livre et l'Orient - Avec les contributions d'Anahide Ter Minassian et de Martin Melkonian
Éditeur : Thaddée
Année : 2015
Imprimeur/Fabricant : Paris : Impr. Pulsio
Description : 23 x 19 cm, 117 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Martin MELKONIAN [contribution] - Anahide TER MINASSIAN [contribution] -
Sujets : Librairie Samuelian à Paris, dirigée par son fondateur Hrant Samuelian jusqu'à sa mort en 1977, puis par ses enfants Armen Samuelian et Alice Aslanian jusqu'à leur mort en 2016.
ISBN : 9782919131280
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Ce livre de témoignages et de photographies est dédié à la Librairie orientale H. Samuelian. Une oasis regorgeant de livres, de couleurs, de parfums de boiseries, de papier et de voyages... Une institution pour les bibliophiles passionnés par l’Arménie et l’Orient, élargi jusqu’au Pacifique et à l’Afrique. Tous les orientalistes l’ont fréquentée : Dumézil, Benveniste, Corbin, Feydit, Braudel, Dagron, Hagège, Cahen, Charachidzé, Mahé, A. Torossian, Sirarpie Der Nersessian, N. Garsoïan...
Ce haut lieu si chaleureux de la vie communautaire arménienne niché au 51 rue Monsieur-le-Prince, à Paris, en plein Quartier latin, on le doit à son fondateur, Hrant Samuelian, né en 1891 à Marache, en Cilicie. Érudit, polyglotte, homme de lettres, chroniqueur au quotidien Haratch, militant de la Cause arménienne, homme pondéré, généreux, affable, véritable bourreau de travail, il fit l’admiration de tous.

Sa fille Alice et son fils Serge (Armen) lui ont succédé avec bonheur. La librairie inaugurée en 1930 tient bon depuis 85 ans, depuis deux générations. Mais nul ne sait si l’entreprise familiale survivra à l’épreuve du XXIe siècle.


Fermée depuis 2016, après le décès des enfants


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 L'échiquier arménien entre guerres et révolutions 1878-1920
Titre : L'échiquier arménien entre guerres et révolutions 1878-1920 / auteur(s) : Anahide TER MINASSIAN -
Éditeur : Karthala
Année : 2015
Imprimeur/Fabricant : 58-Clamecy : Impr. Laballery
Description : 1 vol. (229 p.) : ill. ; 24 cm
Collection : Hommes et sociétés
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Arménie -- 19e siècle -- Arménie -- 20e siècle
ISBN : 9782811113858
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Ce livre nous propose une histoire fragmentée du peuple arménien, partagé au début du XXe siècle entre les empires ottoman, russe et perse. Au carrefour de ces trois États, l'échiquier arménien forme un théâtre stratégique où s'affrontent la Russie et la Turquie dont les conflits sont réactivés par le jeu diplomatique et les rivalités politiques des Puissances occidentales. Dans les guerres, dont le point culminant est le grand affrontement de la Première Guerre mondiale de 1914 à 1918 et dans les révolutions (russe de 1905, iranienne de 1906-1912, jeune-turque de 1908 et de nouveau russe de 1917) qui bouleversent l'Orient, les Arméniens sont des éléments actifs. De l'internalisation de la Question arménienne à Berlin (1878) au refus d'un mandat sur l'Arménie par le Sénat américain (1920), à travers des épreuves hors du commun (massacres de 1894-1896, massacres de 1909, génocide de 1915 dans l'empire ottoman), le statut des Arméniens s'est modifié. Minorité chrétienne reconnue, dont l'Église apostolique a joué durant des siècles le rôle de médiateur auprès des pouvoirs dominants, les Arméniens réalisent, en 1918, le miracle de se doter d'un État indépendant en Transcaucasie. « En historienne de grand talent, Anahide Ter Minassian a exploré comme personne l'histoire multiple des sociétés arméniennes entre la seconde partie du XIXe siècle et la naissance de la République arménienne » (Gérard Chaliand).

Article d’Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 218, mai 2015

De 1915 à 2015, un siècle s'est écoulé qui a modifié en profondeur la mémoire de. Arméniens et leur vision du monde. Inscrit dans la chair des survivants de 1915 le génocide est devenu, en diaspora, le référent identitaire majeur de leur petits-enfants, davantage connectés ai devoir de mémoire qu'à l'histoire de leur ancêtres. Sans doute sous l'effet du processus d'acculturation. Le livre de l'historienne Anahide Ter Minassian, un recueil d'articles publiés de 1989 à 2009 dans des revues spécialisées françaises ou internationales, nous invite en ces temps de commémoration du centenaire à réinsérer 1915 dans le contexte des années 1878-1920. Au début du XXe siècle, le peuple arménien (3 à 4 millions de personnes) est partagé entre les empires ottoman, russe et perse. En 1878, l’article 16 du traité de San Stefano stipule que « la Sublime Porte s'emploiera à réaliser sans plus tarder les améliorations et réformes demandées au plan local dans les provinces habitées par les Arméniens et à garantir leur sécurité par rapport aux Kurdes et aux Circassiens ».

Des acteurs de l'histoire
Un immense espoir submerge alors le Arméniens. Ils se projettent désormais dans un avenir où la question arménienne n'est plus seulement un élément de la Question d'Orient, ils deviennent des acteurs de l'histoire. Ils participent aux révolutions russe de 1905 et 1917, perse de 1906-1912, jeune-turque de 1908, en y jouant souvent des rôles de tout premier plan dans le but, chaque fois, de moderniser et démocratiser les trois empires dans lesquels ils vivent. L'élite de la nation est convaincue que « l'heure est venue pour les Arméniens (Zohrab, Andonian) et qu'il faut savoir profiter du moment historique pour réaliser « les ambitions nationales » (Vratsian). Les massacres de 1894-1896, ceux d'Adana en 1909, réveillent la méfiance entre Arméniens et Turcs, 1915 est le point de non-retour, mais côté russe l'Arménie devient indépendante en 1918 et malgré une première année d'existence épouvantable, un hiver très froid, le typhus, la faim, l'afflux des réfugiés en provenance de Turquie, la République se construit à partir de 1919, ouvre sa première université, stoppe l'armée turque à Sardarabad. Les Arméniens n'ont eu ni le temps de pleurer, ni celui de perdre tout espoir. Ils veulent une reconnaissance de jure, ils l'obtiennent ; ils demandent un mandat sur l'Arménie, le Sénat américain refuse en 1920, mais les Anglais, les Français ou les Russes peuvent encore accepter...

Des destins se forgent
En quatre décennies, l'échiquier arménien ne fut pas seulement un champ de bataille où s'affrontèrent Russes, Turcs et puissances européennes. Après les défaites balkaniques, les Jeunes-Turcs passèrent de l'ottomanisme au nationalisme, entrèrent en guerre au côté de l'Allemagne, mirent fin aux derniers projets de réformes. Si le sort des Arméniens fut scellé, ils ne furent pas que les jouets de l'histoire. Des destins se forgèrent, comme ceux d'Aram Manoukian, Roupen, Dro, Antranik, Vratsian, malgré la disparition de l'intelligentsia de Constantinople. En quatre décennies, si l'on comptabilise massacres, génocide, épidémies, plus de 2 millions d'Arméniens moururent. En moins d'un demi-siècle (de 1878 à 1923), ils cessèrent d'exister sur leurs terres ancestrales, ce que montrent de façon paradigmatique les articles consacrés à Van et à Mouch.

La tragédie la plus irréversible
En dédiant son livre à Richard Hovanissian, l'historien arméno-américain qui, le premier, consacra sa vie à l'étude de ces décennies impitoyables, Anahide Ter Minassian constate comme lui qu'elles se terminèrent par la tragédie la plus irréversible de l'histoire mouvementée de ce peuple durant trois millénaires. Mais, en arrêtant son livre en 1920 (traité de Sèvres), et non pas en 1923 (traité de Lausanne), la grande pionnière qu'elle est aussi, celle qui dirigea pendant vingt ans à l'EHESS un séminaire unique, centré sur cette époque, pépinière d'historiens (Hamit Bozarslan, Claire Mouradian), témoigne de son refus moral d'accepter que le génocide fût la solution de la question arménienne. Parce qu'on ne tue pas l'espoir, on le transmet.

Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 218, mai 2015


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 Le chasseur
Titre : Le chasseur / auteur(s) : Viken KLAG (Garo SASSOUNI) - Traduit de l'arménien par Papken Sassouni ; postface de Anahide Ter Minassian ; photographies de Izabela Schwalbé
Éditeur : Parenthèses
Année : 2014
Imprimeur/Fabricant : 01-Péronnas : Impr. SEPEC
Description : 16,5 × 23 cm, 96 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Diasporales
Notes : Traduit de l’arménien par Papken Sassouni, Photographies de Izabela Schwalbé, Postface de Anahide Ter Minassian
Autres auteurs : Anahide TER MINASSIAN [postfacier] -
Sujets : Souvenirs d'enfance de Sassoun
ISBN : 9782863642931
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Dans cette nouvelle tirée du recueil Le Mystère des montagnes, Viken Klag, fait revivre sa région natale, le massif du Sassoun à l'est de la Turquie, haut lieu de résistance. Il brosse une série de tableaux évocateurs de la nature et de la vie dans les montagnes de cette région mythique, berceau de l'épopée populaire arménienne David de Sassoun. À travers la figure d'un enfant vif et remuant, pour qui les limites de la maison sont trop étroites, cette nouvelle restitue la mémoire d'un monde magnifique et sauvage qui est aussi le monde primitif et perdu de l'enfance.
« Les perdrix en migration vers les terres chaudes cacabaient dans les collines et les vallons. Ma chemise remplie de cailloux, je m'approchais des jolies perdrix sautillantes en rampant sur le ventre. Je balançais mon bras, et avec une énergie et une excitation sauvages, je lançais la pierre. Effrayées, les perdrix s'envolaient laissant derrière elles quelques plumes. Je ramassais les plumes comme la preuve de la demi-victoire d'un chasseur. Je rentrais au village, et au pied de la haie, un poulet était victime de mon tir…»
« Les années passaient comme un trésor perdu et je courrais à perdre haleine après mes rêves… »

En regard du texte, vingt photographies contemporaines en bichromie de Izabela Schwalbé.

Article Tigrane Yégavian, France-Arménie, numéro 413, novembre 2014

Une fois n'est pas coutume, les éditions Parenthèses nous proposent en cette rentrée littéraire une immersion totale dans le Yerguir, patrie spirituelle des Arméniens et objet de tous les fantasmes. Bien connu des anciens élèves du lycée Djémaran de Beyrouth, Viken Klag, alias Garo Sassouni, était originaire du massif montagneux du Sassoun où il naquit en 1888. Cette figure de la vie intellectuelle et militante en diaspora a voué toute son existence au service de son peuple en sa qualité de cadre enseignant et responsable au sein de la FRA Dachnaktsoutioun. Dans ses rangs, il y a côtoyé les grandes figures du mouvement national, s'est dépensé sans relâche pour soulager les malheurs de son peuple. Après le Génocide, ses activités politiques et culturelles l'ont mené successivement à Chaville dans la banlieue parisienne, puis à Alep et enfin à Beyrouth où il s'éteint en 1977 après avoir mené une carrière d'enseignant, de politologue et de chroniqueur littéraire. On lui doit notamment la copaternité de la revue littéraire Pakine de Beyrouth, que dirige aujourd'hui Hagop Balian.

Traduite par son fils Papken, cette nouvelle autobiographique tirée du recueil Le Mystère des montagnes, exalte et magnifie une enfance dans un village adossé à la montagne dans le Sassoun. Le héros narrateur mène une vie furieusement libre et aspire à devenir un grand chasseur. Son mépris du danger et sa fougue intrépide auront raison d'une grave chute qui bouleversera à jamais le cours de son existence. Au-delà de l'intrigue classique qui n'est pas sans rappeler La Gloire de mon père de Marcel Pagnol, on retiendra surtout l'enchantement d'une enfance perdue dans un pays qui n'existe pas. Ce texte rédigé en exil entre Paris et Alep et publié à Beyrouth, rejoint une littérature du terroir écrit par des déracinés, portée dans les années 1930 par un Hamasdegh aux États-Unis ou encore Chavarch Nartouni en France. Les parallèles avec l'épopée populaire de David de Sassoun ne sont jamais loin à l'évocation de la nature idyllique propre à cette terre mythique, propice aux rêves et à l'évasion. Dans son émouvante postface, qui fait également office de biographie de Garo Sassouni, l'historienne Anahide Ter Minassian met le doigt sur un aspect clé, la transmission, véritable obsession qui hantera jusqu'à la fin de ses jours, ce professeur de littérature arménienne, et sur le mouvement national arménien à Beyrouth. "Mi-intellectuel, mi-fédaï ", ce gardien d'une mémoire vive que fut Garo Sassouni s'est battu le reste de sa vie contre les ravages de l'oubli. Rien d'étonnant à ce qu'il porta une brulante nostalgie sur ses années d'innocence qui sont passées "comme un trésor perdu ".Tigrane Yégavian, France-Arménie, numéro 413, novembre 2014


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 Nos terres d’enfance
Titre : Nos terres d’enfance / auteur(s) :L’Arménie des souvenirs ; textes rassemblés et commentés par Anahide Ter Minassian et Houri Varjabédian.
Éditeur : Parenthèses
Année : 2010
Imprimeur/Fabricant : Presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery à Clamecy (58)
Description : 352 pages, 16,5 x 23 cm
Collection : Diasporales
Notes : Textes inédits en français, et textes traduits de l’arménien, du russe, du turc et de l’anglais ; Bibliographies des 44 auteurs traduits (pp 331-346).
Autres auteurs : Anahide TER MINASSIAN [directeur] -
Sujets : Souvenirs d'enfance -- Biographie -- Recueil de textes
ISBN : 9782863641804
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Le parcours des « terres d’enfance » proposé dans ce livre, de la banlieue new-yorkaise à Téhéran, de Bagdad à Bakou, de Erevan à Istanbul, de Beyrouth à Trébizonde, de Paris à Mouch, gomme volontairement l’espace et le temps. Tous les acteurs de ces voyages involontaires, sous une forme ou une autre, ont écrit sur les paysages ruraux ou urbains de leur enfance, retrouvant dans des quotidiens contrastés la marque de leur appartenance multiple : une identité revisitée dont chaque signe est vécu dans le regard de l’autre.
Les textes rassemblés dans cette anthologie sont pour la plupart autobiographiques : ce sont des autofictions ou des témoignages, des documents « qui recréent la vie » et réinventent une continuité dans les bribes et les itinéraires.
Quel que soit le genre, il s’agit toujours d’un regard sur une enfance réinterprétée, entre souvenirs et rémanences. Si, comme en Occident, l’écolier a été une figure montante de la littérature, les violences et les ruptures qui ont marqué l’histoire des Arméniens au xxe siècle ont assigné à l’enfant une fonction charnière dans la transmission d’une langue et d’une histoire.

Textes de: Arthur Adamov, Avétis Aharonian, Alexandrian, Michael Arlen, Peter Balakian, Kaspar Bedeyan, Krikor Beledian, Nina Berberova, Berdjouhi, Zaven Bibérian, Helena Bonner, Carzou, Chahan Chahnour, Armen Chékoyan, Eleonore Dabaghian, Zabel Essayan, Anchèn Garodouni, Nubar Gulbenkian, Ara Güler, Arménak Hagopian, Hamasdegh, Simon Kapamadjian, Arménouhie Kévonian, Viken Klag, Violette Krikorian, Lass, Mathéos Mamourian, Meguerditch Margossian, Hrant Matevossian, Martin Melkonian, Hagop Mentsouri, Anastase Mikoyan, Chavarche Nartouni, Armen Ohanian, Sergueï Paradjanov, Nicolas Sarafian, Martiros Sarian, William Saroyan, Séda, Léon Surmélian, Vahan Totovents, Antranik Zaroukian, Hratch Zartarian.


Autre commentaire
Nouvelles d’Arménie Magazine : Comment vous est venue l'idée d'un tel projet ?
Houri Vajabédian : En marchant dans les rue d’Istanbul, il y a 5 ans, devant l'emplacement de la maison de Krikor Zohrab ou en nous rendant au carré des écrivains du cimetière arménien de Chichli, il nous est apparu essentiel à Anahide Ter Minassian et moi-même de donner la parole à des auteurs méconnus et d'établir le lien avec les écrivains d'aujourd'hui, en Arménie et en diaspora, qu'ils écrivent en arménien ou dans leur langue d'adoption. Ce premier voyage à Bolis fut déterminant. Nous avions déjà publié Les noces noires de Gulizar, nous nous sommes rendues sur la tombe de Gulizar, au cimetière de Chichli. Tous à Istanbul connaissent l'histoire de Goulo, la grand-mère d'Anahide, ils vont « la voir », lui porter des fleurs. Le projet est né là-bas, nous l'avons mené avec passion pendant cinq ans. Le thème de l'enfance s'est très vite imposé. Ces enfances dans des pays si différents, et le fil qui les relie, ces appartenances multiples, ces identités aimées, enfouies, retrouvées, ou refusées, nous les avons recherchées ensemble.
Anahide Ter Minassian : Notre premier voyage à Istanbul a en effet joué un grand rôle dans la genèse du projet. Nous avons rencontré les gens de la maison d'édition Aras et d'autres personnes encore à la recherche de leurs racines. Nous sommes retournées ensuite à Istanbul et l'idée de revivifier les textes arméniens en nous lançant dans la grande aventure de la traduction s'est imposée à nous. J'ajouterai que ce livre renvoie à un questionnement central qui n'apparait pas dans le liminaire : Qu'est-ce qu'être arménien ? Il pose le problème de l'identité et celui de la langue d'expression. Si la question de la langue est centrale dans ce livre, à côté des thèmes de l'espace, du temps et de la mémoire, c'est que nous y avons introduit, incidemment, l'idée qu'on pouvait être un écrivain arménien francophone, anglophone, etc. L'un des plus beaux textes de ce livre, d'un point de vue littéraire et stylistique, est de Krikor Beledian. Je l'ai traduit avec amour, consciente du travail remarquable de son auteur sur la langue. Pour lui, un intellectuel arménien s'exprime en arménien, m'avait-il déclaré un jour. Or, de plus en plus, la langue autrefois maternelle est remplacée par d'autres langues maternelles.
NAM : On parle en général de « terres ancestrales », de « territoires perdus », mais l'expression « terres d'enfance » est plutôt rare. Qu'évoque-t-elle pour vous ?
A. T. M. : Les « terres ancestrales » relèvent d'une thématique politique, celle du Yergir. Les terres d'enfance, c'est pour ainsi dire un tout autre domaine. Aucun des textes figurant dans l'ouvrage n'a été écrit par un enfant. C'est toujours un adulte qui se souvient d'un lieu en prenant acte de la fuite du temps. Si nostalgie il y a, il s'agit d'une nostalgie de l'éphémère, car rien ne passe plus vite que l'enfance, à condition d'y survivre bien entendu et sans que l'enfance soit nécessairement la période des meilleurs souvenirs. Ensuite, le lieu de naissance est une donne incontournable. Alfortville, c'est la terre d'enfance de tous les petits Arméniens qui y sont nés, et non pas l'Arménie ou la Turquie. Nous voulions évoquer l'enfance dans son espace géographique, quel qu'il soit, en incluant le rapport à la langue et à l'identité.
H. V. : Ces auteurs ont grandi dans des pays différents : l'enfance de Sarane Alexandrian porte les parfums de l'Irak du temps du roi Fayçal, celle de Lass, ceux de l'Iran du nord à Tabriz, de Séda, ceux du Parc Montsouris à Paris. Ces terres nous façonnent, nous les portons en nous ensuite. L'expression de l'artiste Sarkis, que j'aime beaucoup : « ma mémoire est ma patrie» m'accompagne toujours. Dans ce recueil, on voit vivre le pays perdu, les jeux des enfants, l'école, la nature, les villes... mais aussi une Arménie emportée avec soi ailleurs, des ailleurs passionnants ! Il s'agit également de l'Arménie d'aujourd'hui, de ses écrivains qui créent, de la littérature qui vit. Ces terres d'enfance dessinent un peu la géographie des Arméniens dispersés que nous sommes.
NAM : Vous ne relevez pas l'importance historiographique prise récemment par l'enfant témoin d'un génocide. Pourquoi ?
A. T. M. : Notre projet n'était pas de publier un livre de plus sur le génocide arménien. Non pas qu'il ne faille pas écrire sur le sujet. En ce qui me concerne, depuis 1966, de retour de mon premier voyage en Arménie, je m'y suis lancée en publiant dans Esprit un premier article sur La question arménienne. Mais, on a parfois le sentiment aujourd'hui que les gens n'existent que par rapport à cet évènement, qui, certes, eut des conséquences tragiques, mais ne dura que 4 ans. Il ne peut donc pas occulter le fait qu'il y a eu « avant » et « après » 1915 une histoire et une culture arméniennes. Néanmoins, ces textes comportent souvent des références au génocide. Dans son témoignage, Le Kordon, Kaspar Bedoyan, raconte comment dans la région du Daron, âgé d'une dizaine d'années, il assiste à une scène épouvantable où de jeunes enfants sont étouffés vivants. Le texte de Nartouni, Quitter Armache, expose les préparatifs au « grand voyage » et le départ de la caravane de déportation, comment lui et sa famille, les enfants, les femmes et les vieillards, furent chassés de leurs maisons et village en aout 1915. De même, le texte terrifiant de Hagopian, La prière de l'Immortelle, publié en 1953 et 2003 dans Haratch, raconte ce qui se passe l'été 1915 dans la région du lac de Van. Enfin, Antranik Zaroukian décrit l'enfer de l'orphelinat à Alep... Il n'y a donc pas moyen d'échapper à la question du génocide, même si l'on choisit une approche « de biais » via la littérature. Qui plus est, sans en avoir formulé le projet explicite, nous avons également mis le doigt sur l'autre catastrophe du XXe siècle, le stalinisme, en proposant un texte sur 1937, avec la photo de couverture du livre.
H. V. : La plupart des parutions récentes concernent les souvenirs d'enfants rescapés, soit directs, soit recueillis ou réinterprétés par les descendants des survivants du génocide. Nous voulions voir les enfants vivant, jouant, se baignant dans les rivières, sages comme Nicolas Sarafian regardant les étoiles sur les genoux de sa mère, ou turbulents comme Garo Sassouni, enjoués et malicieux comme Armen Ohanian et ses sœurs. Nous ne les avons que trop vu souffrir sur les routes de la déportation. L'enfant témoin d'un génocide est là bien sûr, comme MK, dans les souvenirs de Zaroukian, Garodouni ou encore Nartouni qui a fondé l'Association des orphelins adultes, plus tard. La responsabilité de la transmission revenait à des enfants qui « n'avaient pas eu d'enfance ».
NAM : L'ordre de présentation des textes n'est ni chronologique ni alphabétique, ni par zone géographique ni par langue d'expression. Il ne tourne pas non plus autour de la césure de 1915. Quel est-il donc ?
A.T. M. : Nous n'avions pas la prétention de publier un Lagarde et Michard ! L'ordre dans lequel se succèdent » les textes est le fait de l'éditeur. L'établissement de la liste des textes résulte à la fois du hasard de nos découvertes et de concessions mutuelles. La présence de certains auteurs est parfois un signe. Ainsi, lorsqu'Alexandrian dépeint son enfance orientale à Bagdad, c'est une façon d'évoquer une ancienne communauté arménienne qui a aujourd'hui pratiquement totalement disparu de la région, comme la plupart des chrétiens d'Orient.
H. V. : Ni chronologique ni alphabétique, bien sûr. Le monde de nos auteurs ne pouvait se réduire à une classification, nous tenions à un voyage, un parcours dans les temps, dans des souvenirs de langue parlée, perdue, dans les réminiscences des personnages de parents, de grand-mères, de paysages, d'atmosphères, de tendresse. La césure de 1915, sa violence inouïe est tout entière dans La prière de l'Immortelle d'Arménak Hagopian.
NAM : Peter Balakian ouvre la série des textes littéraires, Avétis Aharonian la clôt. Pourquoi ?
H. V: America, America ! Comment ne pas ouvrir sur le pays mythique de tous les émigrants, avec Peter Balakian, enfant américain typique qui, comme beaucoup, va découvrir son histoire, lui qui vit dans un quartier juif et qui ne comprend pas pourquoi il ne fait pas le shabbat comme ses copains. Le parcours de ces enfances se termine évidemment au « Yergir », près du majestueux mont Ararat, avec Avétis Aharonian qui le regarde depuis le jardin de sa maison d' enfance.
A. T. M. Je commencerais par la fin ! Pourquoi Avétis Aharonian ? Mais c'est un très beau texte et, pour mémoire, l'auteur est signataire du traité de Sèvres. Sa place d'ailleurs est en Arménie, pas au Père Lachaise ! Le texte de Peter Balakian est plutôt savoureux, n'est-ce pas ? J'ai pourtant un immense regret. Il manque un texte capital dans ce recueil : David de Sassoun. Je pense en particulier à cette scène grandiose où David, l'enfant ignare, mais l'enfant divin, est envoyé garder les moutons et revient, le soir, à la tête d'un troupeau où se trouvent pêlemêle bêtes sauvages et bétail domestique. A la grande terreur des paysans, l'enfant ne fait pas la différence entre le cru et le cuit, la nature et la culture ! Les éditions Gallimard ne nous ont pas donné à temps le droit de republier cet extrait. Mais si je peux me permettre de donner un conseil aux lecteurs : lisez aussi David de Sassoun ! Vous y trouverez les pages d'une enfance exemplaire.
NAM : Quelle place occupe Vahé Ochagan, dont une citation en arménien met le point final au livre ?
A. T. M. : Cette idée m'est très chère. J'ai connu Vahé Ochagan dans mon adolescence. C'est à son contact que j'ai découvert la littérature arménienne, et notamment Mathéos Mamourian, figure intellectuelle de Smyrne, dont un extrait édifiant de ses Souvenirs figure dans le livre. Après avoir récité, les 24 avril ou les 28 mai, à la Mairie du Vème, Hagop Ochagan, Siamanto, Derian, j'ai récité, plus tard, ce poème de Vahé Ochagan qui conclut le livre. Il avait donc toute sa place ici. Et l'intellectuel et l'écrivain qu'il était n'a jamais mis de côté ses convictions politiques de Dachnagtsagan.
H. V. : Nous n'imaginions pas publier un tel recueil, sans que des caractères arméniens apparaissent, là, dans ces vers de Vahé Ochagan. Ils figurent, non traduits, en contrepoint de l'incipit d'Iskandar Habache, poète du Liban, une de nos terres d'enfance.
NAM : Question coup de cœur ! Quel est votre texte préféré ?
A. T. M. : Je tiens beaucoup au texte de Simon Kapamadjian. Non pas pour sa qualité littéraire, mais parce qu'il est un pastiche du célèbre livre de Bruno, Le Tour de France par deux enfants (1877).
Quel étonnement de découvrir que ce linguiste, qui n'est jamais sorti d'Istanbul et qui a laissé à la postérité un dictionnaire, décida, à la faveur de la Révolution jeune-turque de 1909, de faire le récit imaginaire du voyage d'un gamin prénommé Kamer, depuis la mer Noire jusqu'à l'Institut Saint-Joseph à Beyrouth ! Il lui fait traverser toute l'Arménie turque orientale. Le propos de l'auteur n'est pas de libérer des territoires, mais de développer économiquement et culturellement la région. Publié en 1911, ce livre n'a fait l'objet d'aucune réédition en Turquie. Quant au texte de Hagop Mentsouri, découvert à Bolis, ce sont les souvenirs d'un enfant, rescapé du génocide, qui se rappelle dans une langue très colorée un pays perdu, englouti, où l'on parlait trente dialectes arméniens.
H. V. : Je crois que nous les aimons tous, pour des raisons différentes, bien sûr. Je suis heureuse de voir Lass figurer dans ce livre ; Louisa Aslanian, est pour la première fois traduite en français, elle a été résistante, morte à Ravensbruck, son destin est bouleversant. C'est un livre de coups de cœur jusque dans le choix de la photo de couverture, une image du film « 1937 » de Nora Martirosyan, un très beau documentaire, dont un extrait est transcrit dans le livre.
NAM : Que signifie pour vous, Anahide Ter Minassian, historienne, le fait de vous tourner vers la littérature ?
A.T. M. : On ne peut écrire l'histoire de l'Arménie aux XIXe et XXe siècles sans l'aide de la littérature. Dans les archives des puissances occidentales, on peut étudier l'histoire du génocide vue par les Occidentaux. Ces archives diplomatiques ne nous apprennent rien sur la vie des Arméniens. Mais la littérature nous renseigne sur leur quotidien - une vie embellie ou non, toujours réinterprétée ; elle à joué un rôle immense dans l'histoire politique des Arméniens. Raffi a littéralement construit le programme politique des révolutionnaires arméniens. Les lectures de Marx, Engels et Robespierre n'en sont pas à l'origine.
NAM : Houri Varjabédian, quel fut votre cheminement personnel jusqu'à ce livre ? Aimeriez-vous continuer à traduire ?
H. V. : Ma famille est originaire de Beyrouth, j'ai vécu à Casablanca : mes terres d'enfance parlent arabe et français, l'arménien était ma seule langue jusqu'à l'âge de 6 ans. Je vis à Marseille, ville « qui appartient à qui vient du large » comme l'a écrit Blaise Cendrars. Je collabore depuis des années à la collection Diasporales au sein de laquelle nous tenons à faire découvrir la littérature arménienne des auteurs classiques. Toutefois nous cherchons de plus en plus à mettre l'accent sur le travail d'auteurs contemporains. Ce projet de longue haleine qui donne aujourd'hui Terres d'enfance rétablit le lien rompu avec les auteurs des pays arméniens. De nombreux textes sont inédits et un important travail de recherche m'a conduite avec Anahide à assurer certaines traductions de l'arménien. Pour nous qui vivons avec le français et l'arménien en nous, qui éprouvons des moments intenses de lecture, aussi bien avec Jean Echenoz qu'avec Krikor Beledian, je peux répondre oui, j'aimerais continuer à traduire, c'est un rôle de passeur aussi, un peu comme pour l'édition.
NAM : Quel est votre prochain projet ensemble ?
A. T. M. : J'aimerais continuer à traduire. Et retourner en Arménie turque. Aller au pays. Au Yergir. Même s'il est devenu aujourd'hui le Yergir des Kurdes. J'espère réaliser ce projet. Retourner là-bas.
H. V. :Retourner à Van et à Mouch. Plusieurs projets de livres sont déjà en place.

Propos recueillis par Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie magazine, numéro 169, Décembre 2010


Extraits

« Mais, avec un rai de lune, plus d’une fois j’avais la vision furtive d’une femme du voisinage ôtant sa robe derrière un drap blanc formant écran, silhouette noire aux seins brusquement dressés quand elle levait les bras, premier émoi de la sensualité enfantine. » Alexandrian
«J’ai passé les premières années de ma vie, entouré d’un peuple de servantes : ma gouvernante arménienne, ma “demoiselle” française, ma nourrice Macha, dont un œil était vert, l’autre bleu, ma sœur enfin que je range parmi les servantes, sans doute parce que ma mère me préférait à elle. » Arthur Adamov
«C’est en jouant au base-ball, un jour à la mi-mars, où la neige avait fondu sur le trottoir cimenté de Dickerson Road, que j’éprouvai le sentiment nouveau de n’être pas comme les autres. » Peter Balakian
« Mes grands-pères portaient le fez à la turque. Mes grand-mères se signaient à la pleine lune. Et je me souviens pour eux. Je me souviens d’existences évanouies qui parfois me visitent. » Martin Melkonian
«Debout à côté du bureau qui m’arrivait sous le menton, je touchais avec précaution les revues médicales, les coupures de journaux, les crayons, les plumes, les enveloppes aux timbres étrangers, la glace à main sertie d’argent. Mon grand-père aimait l’avoir à portée de main ainsi qu’un flacon de parfum raffiné dont il aspergeait de temps en temps sa barbe blanche, droite et soyeuse. Au contact de mes joues, cette barbe me paraissait bien différente de celle, gris vert, bouclée et rigide, de mon grand-père Ivan Dmitrievitch. » Nina Berberova
«Fin novembre 1988. Le téléphone sonne. La sonnerie est longue, c’est l’interurbain. Erevan. Rien d’étrange. À cette époque, je parlais avec Erevan le matin, le jour, la nuit. À Kirovabad, des femmes et des enfants étaient enfermés dans une église. Sur mon bureau, le télégramme d’un prêtre : un appel au secours. » Elena Bonner
« Quand elle entendait son fils Aram parler des affaires qu’il traitait, elle recueillait ses paroles et les semait autour d’elle, et elle aimait particulièrement le son des syllabes alicante. Elles s’harmonisaient bien avec l’arménien, ou du moins avec sa version de l’arménien, qui était unique et regorgeait de toutes sortes d’inexactitudes et d’inventions. » William Saroyan


Liste des textes, par ordre alphabétique des auteurs (différent de la table des matières)

ALEXANDRIAN, Une enfance à Bagdad, Texte original en français, Mercure de France, 1990
Arthur ADAMOV, La première enfance, Texte original en français, Gallimard, 1968
Avétis AHARONIAN, Mon premier maître, Traduit de l’arménien par Houri Varjabédian
Michael ARLEN, Je me souviens d’un jour, traduit de l'arménien par Daniel Blanchard
Peter BALAKIAN, Pourquoi ne sommes-nous pas Juifs ?, Traduit de l’anglais par Simone Chambon
Kaspar BEDEYAN, Le Koddon, Traduit de l’arménien par Kéram Kévonian
Krikor BELEDIAN, Antika, traduit de l'arménien par Anahide Ter Minassian
Nina BERBEROVA, Le nid et la fourmilière , Traduit du russe par Anne et René Misslin
BERDJOUHI, Après la tempête, Traduit de l’arménien par Anahide Ter Minassian
Zaven BIBÉRIAN, Un fils à papa, Traduit de l’arménien par Anahide Ter Minassian
Helena BONNER, L’Hôtel Lux à Moscou, Traduit du russe par Sophie Benech
CARZOU, Place Bab Alfaraj
Chahan CHAHNOUR, Un cœur qui rayonne, Traduit de l’arménien par Houri Varjabédian
Armen CHÉKOYAN, Moi, je joue du piano, Traduit de l’arménien par Anahide Ter Minassian
Eléonore DABAGHIAN, La soirée Pouchkine, Traduit du russe par Alice Vartanian
Zabel ESSAYAN, Excursion à Alemlaghi, Traduit de l’arménien par Pierre Ter-Sarkissian
Anchèn GARODOUNI, Tribunal et fuite, Traduit de l’arménien par Naïri Rumin-Arzoumanian
Nubar GULBENKIAN, L’adieu au Bosphore, traduit de l'anglais par Michel Deutsch
Ara GULER, L’histoire de mon père, traduit de l'arménien par Anahide Drézian
Arménak HAGOPIAN, La prière de l’immortelle, Traduit de l’arménien par Anahide Ter Minassian
HAMASDEGH, La perle bleue, Traduit de l’arménien par Nazélie Malkhassian-Fortune
Simon KAPAMADJIAN, Kamèr, le petit voyageur en Orient, Traduit de l’arménien par Anahide Ter Minassian
Arménouhie KÉVONIAN, Le village de Goulo, Traduit de l’arménien par Jacques Mouradian
Viken KLAG, Le chasseur, Traduit de l’arménien par Papken Sassouni
Violette KRIKORIAN, Une rue de Téhéran, Traduit de l’arménien par Houri Varjabédian
LASS, Le tapis d’Orient, Traduit de l’arménien par Alice Der Vartanian
Mathéos MAMOURIAN, Souvenirs d’enfance à Smyrne, Traduit de l’arménien par Anahide Ter Minassian
Meguerditch MARGOSSIAN, Le Tigre, notre fleuve, Traduit de l’arménien par Houri Varjabédian
Hrant MATÉVOSSIAN, Le seau de framboises, Traduit de l’arménien par Pierre Ter-Sarkissian
Martin MELKONIAN, Canal Saint-Martin, Texte original en français, Parenthèses, 2006
Hagop MENTSOURI, Nous les enfants , Traduit de l’arménien par Houri Varjabédian
Anastase MIKOYAN, Là où commence une vie..., Traduit du russe par Mireille Lukosevicius
Chavarche NARTOUNI, Quitter Armache, Traduit de l’arménien par Mireille Besnilian
Armen OHANIAN, La danseuse de Shamakha, Texte original en français, Grasset, 1918
Sergueï PARADJANOV, Les dahlias blancs, Traduit du russe par Eléonore Der Merguérian
Nicolas SARAFIAN, Enfance et lumière, Traduit de l’arménien par Anahide Drézian
Martiros SARIAN, Une enfance en pleine nature, Traduit du russe par Michel Rygalov
William SAROYAN, Le bain, traduit de de l'américain par Charles Janssens
SÉDA, L’enfance de la mère de Tadeusz H., Texte original en français, Payot, 1991
Léon SURMÉLIAN, La maison désertée, Traduit de l’anglais par Hovig Ter Minassian
Vahan TOTOVENTS, Marane, la jument, Traduit de l’arménien par Marie Kalpakian
Antranik ZAROUKIAN, Hôpital , Traduit de l’arménien par Sarkis Boghossian
Hratch ZARTARIAN, Grand-mère et petit-fils, Traduit de l’arménien par Anahide Ter Minassian


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 Le kemp : une enfance intra-muros
Titre : Le kemp : une enfance intra-muros / auteur(s) : Jean AYANIAN - Anahide TER MINASSIAN - précédé de Vienne ou Les étrangers dans la ville / par Anahide Ter Minassian
Éditeur : Parenthèses
Année : 2001
Imprimeur/Fabricant : Gémenos : Impr. Horizon
Description : 16,5 x 23 cm, 155 pages : ill., couverture illustrée en couleurs
Collection : Diasporales
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Biographies -- Autobiographies -- Diaspora
ISBN : 9782863641040
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Des dizaines de familles rescapés du génocide arménien de 1915 répondent à l’appel de l’industrie textile viennoise et s’installent en 1922 dans une ancienne usine d’armement désaffectée. Se crée alors une sorte de phalanstère arménien avec ses traditions, ses souvenirs. Les nouveaux arrivés appellent eux-mêmes leurs logements «le kemp», en référence à la prononciation américaine des camps d’orphelins arméniens du Liban-Syrie.
La première partie de cet ouvrage, «Vienne, ou des étrangers dans la ville», est une étude historique de ce petit monde diasporique écrite par l’historienne Anahide Ter Minassian. La seconde partie est le témoignage de Jean Ayanian qui est né en 1932 au «kemp» et y a grandi.
Le Kemp, véritable petite ville dans la ville qu'est Vienne, borde le Rhône. En 1922, il regroupe certains de ceux qui, loin de leur terre natale, ont voulu sauver ce qui restait de leur joie de vivre. C'est dans cet amour des siens et de sa communauté que Jean Ayanian a grandi, autour des entreprises textiles et des bâtiments industriels. Il évoque avec le sourire les mauvais tours de l'enfant qu'il était : intercepter les lettres d'amour que reçoivent certains habitants du Kemp dans l'unique boîte aux lettres, monter sur les toits pour contempler la vallée durant les chaudes nuits d'été. Mais ressurgissent aussi des frustrations engendrées par le mépris des uns envers les valeurs des autres. Quand deux gendarmes l'interpellent pour prendre la farine qu'il rapporte chez lui, il s'indigne : « Quelle honte ! (...) le pain on ne le vole pas, on le partage ». Brossant ainsi la vie du Kemp dans un pêle-mêle de souvenirs, il en traverse à nouveau les événements marquants et réanime leurs acteurs. Naissance, mariage et mort sont des temps forts évoqués et illustrés par des photographies d'époque.

Le témoignage se fait alors longue rêverie où les êtres chers et disparus reviennent les uns après les autres. Survient pourtant la « déchirure » que constitue le Nerkaght en 1947, ou cet illusoire retour vers un Eden perdu. Nouveau départ pour l'Arménie, désormais soviétique. Nouvel espoir déçu. L'équilibre est rompu lorsqu' apparaît un nouvel acquéreur dans les années soixante. Mais, la galerie de portraits dominée par ceux des grands-mères, dédicataires du récit, sauve la magie de ce voyage dans le temps. La grand-mère de l'auteur, « miraculée de la déportation dans le désert de Deir-ez-Zor» et symbole de résurrection y apparaît comme une figure centrale. Le récit est précédé d'une étude plus objective sur l'intégration des Arméniens dans le Kemp. Menée par Anahide Ter Minassian avec le recul qu'accordé l'histoire, elle complète le récit par son point de vue surplombant et non plus interne.


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 Histoires croisées : Diaspora, Arménie, Transcaucasie 1890-1990
Titre : Histoires croisées : Diaspora, Arménie, Transcaucasie 1890-1990 / auteur(s) : Anahide TER MINASSIAN - Préface de Pierre Vidal-Naquet
Éditeur : Parenthèses
Année : 1997
Imprimeur/Fabricant : Imprimerie France-Quercy à Cahors
Description : 15,5 x 24 cm, 293 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Arménies
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Caucase -- Arménie XIXe et XXe siècles
ISBN : 9782863640760
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

L'éclairage particulier sur une région et une période, au-delà de la trop restrictive approche monographique, concourt à une lecture renouvelée de bouleversements historiques majeurs : évolution des Empires ottoman et russe avant leur révolution respective, génocide, stalinisme, dissidence, terrorisme... Une analyse confrontée de tels événements est d'autant plus précieuse que l'époque voit la disparition des débats d'idées et l'absence de toute prophétie sociale ou politique. Cet ouvrage ne traite pas uniquement d'une histoire - celle des Arméniens entre 1880 et 1990, de l'entrée en scène des premiers partis révolutionnaires jusqu'à la grande crise traversée par toute la Transcaucasie et l'éclatement de l'Union soviétique. Il s'agit plutôt d'histoires croisées entre peuples voisins et entre entités d'une même nation, entre Etat et diaspora.

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 Le Paris des étrangers depuis 1945
Titre : Le Paris des étrangers depuis 1945 / auteur(s) : Colloques - Sous la direction de Antoine Marès et Pierre Milza
Éditeur : Publications de la Sorbonne
Année : 1994
Imprimeur/Fabricant : 05-Gap : Impr. Louis-Jean
Description : 17 x 24 cm, 470 pages, illustrations, couverture illustrée en couleurs
Collection : Publications de la Sorbonne. Série internationale, ISSN 0768-1984 ; 48
Notes : Au sommaire : Article d'Anahide Ter Minassian sur les Arméniens de Paris depuis 1945, pages 205-239205
Autres auteurs : Anahide TER MINASSIAN [contribution] -
Sujets : Immigrés -- France -- Paris (France) -- 1945-....
ISBN : 2859442561
Lecture On-line : Cliquer ici

Commentaire :

[études du colloque, tenu à Paris, du 25 au 27 mars 1993, à la Fondation Singer-Polignac et à l'Institut de France]

Paris, Ville Lumière, miroir du monde, Babel des temps modernes, voilà l’image que nous a léguée le XIXe siècle. Exilés, sans-patrie, poètes, romanciers, peintres, musiciens, étudiants y ont trouvé refuge. De telle manière que tous ces étrangers de Paris ont constitué le Paris des étrangers.
Mais après le traumatisme de la Deuxième Guerre mondiale, Paris est-il toujours la capitale des libertés ? Les victimes des révolutions et des répressions ; se dirigent-elles encore vers la capitale de la France ? Paris reste-t-il ce centre de légitimation intellectuelle et culturelle qu’il a si longtemps été ? Quel rôle joue-t-il dans le monde pour la création artistique, la musique, le cinéma, l’édition ? Quel accueil réserve-t-il à ceux qui pensent y trouver un moyen de subsistance ?
Les vingt-trois contributions de ce livre, poursuite d’un projet amorcé en 1987 à l’initiative du professeur Jean-Baptiste Duroselle (1917-1994), fondateur de l’Institut d’Histoire des Relations internationales contemporaines, s’efforcent de répondre à la question du pouvoir d’attraction de Paris depuis 1945 : elles jettent des éclairages variés, contradictoires, complexes, qui interdisent des conclusions univoques. Chaque jour, un congrès, un sommet international, une vague touristique, une révolution ou un drame dans le monde, un afflux d’étudiants, de nouvelles dispositions d’entrée sur le territoire viennent modifier le paysage d’un Paris des étrangers qui demeure d’une extraordinaire diversité. Italiens, Espagnols, Catalans, Portugais constituent l’immense apport latin à la France, qui n’a cessé depuis la fin du XIXe siècle. Mais l’Europe centrale et orientale est également présente, avec les différentes composantes de l’Union soviétique (Russes, Arméniens, Géorgiens), les Hongrois, les Polonais, les Roumains ou les Tchécoslovaques. Les anciennes colonies françaises ne sont pas absentes : l’Afrique du Nord et l’Afrique noire ont marqué Paris, et réciproquement, que leurs ressortissants s’y soient formés, qu’ils s’y soient déterminés contre leur colonisateur ou qu’ils aient contribué à sa construction et à son entretien. Mais Paris, c’est aussi le monde entier, avec ses Américains, ses Latino Américains, ses Chinois et tous ceux qui auraient eu légitimement leur place si le temps et l’espace avaient été suffisants.
À travers l’étude du passé récent, il s’est agi de poser les jalons d’une dédramatisation de phénomènes millénaires et de réhabiliter le concept de « creuset », instrument indispensable d’une intégration, lace aux exclusions, qui ne peuvent que créer de redoutables ghettos.


Anahide Ter Minassian
Les Arméniens de Paris depuis 1945
Les mutations de la communauté arménienne
Une communauté vivante mais fragmentée
Le réveil national arménien
Le terrorisme
Les Arméniens de Paris et la « Grande Secousse » de l’Europe de l’Est (1988-1993)


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 Les Noces noires de Gulizar
Titre : Les Noces noires de Gulizar / auteur(s) : Armenouhie KEVONIAN - [recueilli par] Armenouhie Kevonian ; trad. de l'arménien par Jacques Mouradian... ; [présentations historiques de] Anahide Ter Minassian... Keram Kevonian
Éditeur : Parenthèses
Année : 1993
Imprimeur/Fabricant : 13-Marseille : Impr. Robert
Description : 166 p. ill., couv. ill. 24 cm
Collection : Collection Armenies ISSN = 0248-5877
Notes : Contient un choix de textes et documents
Autres auteurs : Anahide TER MINASSIAN [postfacier] -
Sujets : Gulizar 1875-1948 * Empire ottoman -- Histoire -- 1878-1909 * Armeniens Massacres des 1894-1896
ISBN : 9782863640616
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Au printemps 1889, le chef d'une puissante tribu kurde, Moussa bek, lançait ses hommes à l'assaut du village de Khartz, dans la plaine de Mouch, au coeur de l'Arménie historique. Une adolescente, Gulizar, est enlevée, séquestrée dans un harem et convertie à l'Islam.
Cet épisode banal dans une province orientale de l'Empire ottoman deviendra une « affaire » jusque dans les rapports diplomatiques occidentaux lorsque Gulizar, surmontant ses peurs et sa honte, viendra à Constantinople accuser Moussa bek et affirmer devant les tribunaux ottomans son identité arménienne. A terme ce procès servira de détonateur pour les mouvements d'émancipation des minorités chrétiennes de l'Empire.
Si le témoignage transcrit par Arménouhie Kévonian de la bouche de Gulizar, sa mère, appartient plus à l'histoire qu'à la littérature, le texte est surtout marqué par la vivacité et la sensibilité du souvenir. Ces mémoires mêlées ont retenu avec une exactitude et une précision étonnantes les faits, les lieux, les dates, les noms, les situations, malgré les drames, l'exil et les tribulations, malgré des vies brisées par le regret torturant de l'enfance, de la famille et de la patrie perdues. Ou, peut-être, à cause même de cela.

Dans la série des titres qu'égrène la collection "Arménies", il en est qui apportent au lecteur le souffle vivant, fort et direct du pays natal. Tels sont le "Chant du Pain" de Varoujean, "Mtnadzor" de Bakounts, "Que la lumière soit" de Sévak. Telle est aussi cette nouvelle parution: les "Noces Noires de Gulizar".
L'histoire est vraie. Elle s'est passée dans la région de Mouch, province arménienne du Taron. Nous sommes en 1889. Le peuple arménien n'a pas encore connu les massacres hamidiens de 1894-1896, ni a fortiori le génocide. Pourtant, les exactions contre les paysans arméniens se multiplient. En même temps, ces derniers n'hésitent plus à tenir tête aux musulmans, Turcs et Kurdes.
L'un d'eux, Moussa Bek, voudra tirer vengeance du village arménien de Khartz qu'il assiégera de nuit. La jeune Gulizar, quinze ans est enlevée et donnée au jeune frère, Djezahir. Le livre est le récit du rapt et de trois mois de captivité. Trois mois aussi d'une lutte acharnée vers la libération. La religion y semble être le seul enjeu. Pour Gulizar : rester chrétienne, sauver ainsi l'honneur et revenir chez les siens. Pour Moussa Bek : convertir l'infidèle à l'islam et consommer définitivement et le viol et le rapt. Conversion de force, il va sans dire. Et le mot est faible. Le Kurde fut vaincu par l'enfant de quinze ans nommée Guhzar. Libre, elle se mariera avec Kégham Der Garabedian, instituteur, militant dachnaktsagan et député à Istanbul. L'histoire a été consignée, beaucoup plus tard, de la bouche même de Gulizar, par sa fille Arménouhie Kévonian.

Ce texte est un texte vivant. Bien sûr, il résonne des fureurs du rapt, de la violence de la conversion et de celle du tribunal de Bitlis. Mais il chante aussi de tous les noms de lieux et des paysages qui étaient chers et familiers aux Arméniens. Il vibre de toute leur vie au quotidien et de leur cohabitation avec les Turcs et les Kurdes. Si l'on y découvre des Arméniens courageux et fiers, il en est d'autres terrorisés et lâches. Si les Kurdes sont fanatiques et violents, il en est d'autres, humains autant qu'on peut l'être, et Gulizar en parle avec émotion. En ce sens, il bouscule souvent bien des idées reçues. Ce texte, court et limpide de quatre vingt dix pages, est suivi de deux appendices "Les mémoires mêlées" et "Tableaux d'un monde assassiné", écrits par Anahide Ter Minassian et Kégham Kévonian, les petits enfants de Gulizar. Ces deux parties restituent l'histoire de l'héroïne dans son cadre historique et culturel, qui est celui du réveil arménien où se croisent et s'entrecroisent dans un même mouvement, paysans arméniens, militants révolutionnaires, figures historiques comme celle de Khrimian Haïrig.

C'est avec beaucoup d'intérêt qu'on lira la description de la région de Mouch en 1878, la chanson de Gulizar chantée par les Kurdes, la pénétration des Lumières chez les Arméniens sous l'action d'intellectuels comme Meguerditch Portoukalian. Où l'on comprend alors que tous ces personnages et toutes ces histoires nous sont si proches et font la substance des Arméniens de la Diaspora. Kégham Kévonian l'exprime très bien dans l'épilogue: "Ce monde assassiné survit par notre force; il survivra aussi longtemps qu'il n'aura pu être remis debout, car il est entré doublement en nous, comme une ancienne et comme une nouvelle nature".
Un livre à acheter et à lire. Il ne peut que plaire, intéresser et enrichir.

M.A., France-Arménie, numéro 122, Avril 1993


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 Les Arméniens, Histoire d'une chrétienté
Titre : Les Arméniens, Histoire d'une chrétienté / auteur(s) : Gérard DEDEYAN - Ouvrage publié avec l’aide de la fondation Calouste Gulbenkian, la fondation Nourhan Fringhian - Musée Arménien de France, l'Union Générale Arménienne de Bienfaisance
Éditeur : privat
Année : 1990
Imprimeur/Fabricant : Maury imprimeur - Millau
Description : 122 p. 25cm
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Aïda BOUDJIKANIAN-KEUROGHLIAN [contribution] - Frédéric FEYDIT [contribution] - Claude MUTAFIAN [contribution] - Jean-Daniel SAHAGIAN [contribution] - Anahide TER MINASSIAN [contribution] - Yves TERNON [contribution] - Jean-Michel THIERRY [contribution] - Monseigneur Norvan ZAKARIAN [contribution] -
Sujets : Arménie -- Histoire -- Christianisme
ISBN : 9782708953567
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Depuis 1988, ils ont été au coeur de l'actualité : les Arméniens de la République d'Arménie sont sans doute les premiers en URSS à exiger une démocratisation de la vie politique qui, à leurs yeux, doit passer par l'autodétermination des habitants du Karabagh, cette terre arménienne en Azerbaïdjan.
Dans le même temps, un épouvantable séisme les met une nouvelle fois à l'épreuve. Pour que les Arméniens de la Diaspora prennent davantage conscience de leur identité, pour que leurs concitoyens des pays d'accueil les connaissent dans ce qu'ils ont d'essentiel, un livre à la fois bref, attrayant et solide au plan scientifique s'est avéré indispensable.

Sous la forme d'un album abondamment illustré, "Les Arméniens, histoire d'une chrétienté", rassemble une équipe d'universitaires de renom, mais aussi d'éminents responsables religieux qui présentent tour à tour leurs Eglises ; c'est-à-dire, dans l'ordre d'importance : les Arméniens apostoliques (90 %) ; les Arméniens catholiques (9 %) ; les Arméniens évangéliques ou protestants (1 %).
Cette démarche, éclatante de démonstration d'oecuménisme interne, dépeint de façon vivante une communauté originale restée, semble-t-il, proche du christianisme primitif.
Nul doute qu'à travers ce pèlerinage aux sources de l'arménité, le lecteur ne comprenne mieux l'étonnante capacité des Arméniens à faire face aux épreuves de l'histoire, comme à effectuer une intégration harmonieuse dans tous les pays, qu'ils soient ou non de tradition chrétienne, où la tourmente les a dispersés.


Critique
Le jeudi 15 novembre 1990 à la salle Nourhan Fringhian, rue Jean Goujon, et le vendredi 16 à l'Eparchie, rue Thouin, les éditions Privat et les auteurs ont présenté au public et aux journalistes Les Arméniens, Histoire d'une Chrétienté. Ce livre collectif, au format 24x32, est le premier d'une série que Privat, probablement le plus grand éditeur français hors Paris, entend consacrer aux "minorités" religieuses, ethniques, le cas échéant carcérales ! L'intention est claire : en même temps procurer aux Arméniens un résumé exact de leur histoire (et de fait ce résumé n'est pas entaché de préjugés chauvins) et donner d'eux à leurs compatriotes français une présentation claire, lisible, à la fois "grand public" et intellectuellement exigeante. Ce sont d'ailleurs, comme il est à peu près de règle dans tous les domaines de connaissance, les meilleurs spécialistes qui font les meilleurs vulgarisateurs; dans le cas présent le linguiste Frédéric Feydit, les historiens Yves Ternon, Gérard Dedeyan, Anahide Ter Minassian, Dickran Kouymjian, Claude Mutafian, l'archéologue et historien de l'art Jean-Michel Thierry, la géographe Aida Boudjikanian. I1 était important pour sa diffusion que le prix du livre restât au-dessous de deux cents francs, ce qui explique suffisamment la fréquence et hétérogénéité des documents en noir et blanc et le caractère un peu brouillé de plusieurs clichés couleur. Les Fondations Fringhian et Gulbenkian et l'UGAB, ont contribue à sa publication.

L'économie du livre se présente ainsi. Deux brèves introductions, l'une du R.P. Michel Riquet, S.J., l'autre de Gérard Dedeyan, le maître d'oeuvre. Suivent les chapitres historiques, qui occupent à peu près les deux tiers de l'espace total. Le dernier tiers est constitué par les chapitres, relativement très nourris, consacrés aux trois Eglises, l'apostolique, majoritaire (90 % des fidèles), la catholique (9 %), dont le rite est reste arménien, l'évangélique (1%), et rédigés respectivement par Mgr Norvan Zakarian, Mgr Mesrob Djourian et le Pasteur Jean-Daniel Sahagian. Pour quelqu'un qui n'est pas né Arménien, le destin (au sens non providentiel du mot) du peuple arménien apparaît comme la concentration exceptionnelle de traits qui se trouvent ailleurs dispersés. ou diversement réalisés.

J'en recense quelques uns: le rapport étroit, en Pologne par exemple, entre identité nationale, résistance de cette identité, et institutions religieuses, l'existence constamment renouvelée, comme pour les Grecs anciens, pour les Juifs, ou les Libanais, ou les Palestiniens, de diasporas, et par voie de conséquence d'une part la déterritorialisation de masses entières de population, d'autre part leur rapport symbolique à une patrie prise dans l'acception "terre des ancêtres", enfin, dans ce cas précis, une relative rechristianisation de cette derniers; le passage au XlXeme siècle, comme en Grèce, de la katharevoussa (*) à la demotiki (*) en tant que langue littéraire; I'occidentalisation, comme pour les Juifs, les Libanais, les Maghrébins; le génocide enfin, si patent qu'il gêne et irrite certains Juifs soucieux de conserver un caractère unique, la colère de Dieu contre son peuple, à l'holocauste...

Les problèmes les plus sensibles pouvaient difficilement être traités dans un ouvrage aussi oecuménique que celui-ci. J'en citerai de nouveau trois, par ordre décroissant de généralité. L'un, extrêmement répandu, réside dans un certain embarras où se trouve l'incroyant lorsque son identité nationale a été maintenue pour l'essentiel par une religion et son Eglise; je crois qu'il est aisé de faire de cette dimension, en principe superfétatoire, une richesse. Un autre, extrêmement commun lui aussi, puisqu'il touche un très grand nombre d'immigrés et errants Immigrés, tient à la faible possibilité, pour tout individu ainsi déterminé, de concilier dans tous les cas deux allégeances, deux fidélités fortement distinctes; cette difficulté cependant parait moins grande pour les Arméniens que pour d'autres "minorités". Le dernier problème, auquel, par le truchement d'une citation d'Y. Ternon, A. Boudjikanian fait une rapide allusion, se situe dans le retard d'accommodation des partis politiques anciens de la diaspora à la victoire électorale du MNA et à son accession au pouvoir en Arménie "soviétique"; il s'agit cette fois d'une situation spécifique, qu'A. Ter Minassian a pu exposer avec plus de liberté dans son article d'Hérodote.

Placés in fine, une bibliographie et surtout, initiative heureuse dans ce genre de publication, un index permettent au lecteur de prolonger les apports d'un petit ouvrage plaisant.

(*) Katharevoussa : langue des puristes, proche du grec ancien ; Demotiki : la langue employée par le peuple

Michel Gauthier-Darley (1923-2002), dans France-Arménie, numéro 96, Décembre 1990


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 La République d'Arménie : 1918-1920
Titre : La République d'Arménie : 1918-1920 / auteur(s) : Anahide TER MINASSIAN -
Éditeur : Complexe
Année : 1989
Imprimeur/Fabricant : Impr. en Belgique
Description : 317 p. cartes, couv. ill. en coul. 18 cm
Collection : La Memoire du siecle : 54
Notes : Chronol. p. 285-295. Bibliogr. p. 301-307. Index
Autres auteurs :
Sujets : Armenie -- Histoire -- 1917-1921
ISBN : 9782870272800
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Les années 1988-1989 voient des centaines de milliers de manifestants déferler périodiquement dans les rues de Erevan, la capitale de l'Arménie soviétique.
La radicalisation du Mouvement du Haut-Karabagh qui demande le rattachement de cette région à l'Arménie a fait surgir la revendication de l'indépendance et le drapeau de l'éphémère République d'Arménie (1918-1920), libérant une mémoire arménienne confisquée par 70 années de régime soviétique.
C'est en Transcaucasie dans le sillage de la Première Guerre mondiale et de la Révolution russe que sont jetées les bases d'un minuscule Etat arménien au milieu du chaos et de la famine. Après six siècles de domination étrangère, le peuple arménien venait de sortir de la terrible épreuve du Génocide de 1915.
Durant cette brève période le pouvoir est assumé par la Fédération Révolutionnaire Arménienne ou parti daschnak qui tente de créer un Etat démocratique au prix d'immenses sacrifices.
Bien que les Alliés aient pris l'engagement de garantir l'existence et la sécurité du peuple arménien, ils renoncent à appliquer le traité de Sèvres et à rapatrier les réfugiés arméniens.
Enjeu de la politique internationale, située au carrefour de deux mouvements révolutionnaires, la Révolution russe et la Révolution kémaliste, la République d'Arménie succombe sous les coups portés par l'armée kémaliste au moment où se forme un «Axe Ankara-Moscou ».
La soviétisation de l'Arménie laissera en suspens la question arménienne.

Table des matières

PROLÉGOMÈNE 99
GUERRE ET PAIX 1515
La Révolution de Février, 15 — L'Ozakom, 17 — Projet de restructuration administrative, 20 — L'Arménie turque, 21 — Le premier Congrès des Arméniens occidentaux, 22— Le rapatriement des Arméniens occidentaux, 24 — Le front caucasien, 25 — La Conférence Régionale des organisations caucasiennes du POSDR, 28 — Le Congrès des Arméniens orientaux, 30 — La Révolution d'Octobre, 35— Les élections à l'Assemblée Constituante, 38 — La Conférence de Brest-Litovsk, 41 — Le Décret sur l'Arménie turque, 43 — L'Entente et la Transcaucasie, 47 — L'organisation des forces nationales, 49 — L'offensive ottomane, 53 — La paix de Brest-Litovsk, 54 — La Conférence de Trébizonde, 56 — La fin de l'Arménie turque, 57 — Arméniens et Kurdes, 58 — Erzincan, 60 — Erzeroum, 60 — Dâron et Van, 62 — Ourmiah, 63 — Batoum, 65 — L'indépendance de la Géorgie ..., 69 — ... de l'Azerbaïdjan, 69 — ... et de l'Arménie, 70 — La situation à Erevan, 72 — Aram Pacha, 73 — Conflits ethniques, 74 — Sursaut arménien, 77 — Sardarabad, 78 — Le traité de Batoum, 81 — Andranik, 83 — Bakou, 87 — Les Azeris, 87 — Les Arméniens, 88 — Les bolchéviks, 89 — Les daschnaks, 91 —Le Conseil National Arménien, 91 — L'Armée de l'Islam, 92 — Les Jours de Mars, 93 — La commune de Bakou, 94 — Rostom, 96 — L'Armée Rouge, 98 — La chute de Bakou, 98 — Quatre mois à Constantinople, 101 —L'Armistice de Moudros, 105
RÉSURRECTION 109109
Premiers pas 109
Le drapeau, 113 — Arménie année zéro, 117 — Élargissement des frontières, 119 — L'annexion de Kars, 122 —L'éphémère annexion du Nakhitchévan, 127 — Le Haut-Karabagh : un échec, 129 — Etat et partis, 139 — Les élections, 141 — Les forces politiques en présence, 141 — La gauche, 144 — La droite, 149 — Le 9e Congrès de la FRA, 152
Relations internationales 157
Double Délégation Arménienne à la Conférence de Paix à Paris, 157 — La Délégation de l'Arménie Intégrale, 159 — Le Mémorandum de l'Arménie Intégrale, 160 — Le Congrès National Arménien, 161 — Le Deuxième Congrès des Arméniens occidentaux, 164 — L'Acte du 28 Mai 1919, 165 — Les Réfugiés, 170 — La Cilicie, 172 — Un mandat américain , 173 — L'aide humanitaire à l'Arménie, 174
L'ŒUVRE DE LA RÉPUBLIQUE 177177
L'agriculture et les ressources naturelles, 178 — L'industrie, 180 — Un système judiciaire nouveau, 181 — Pour une éducation et une culture laïques, 183 — L'armée, 185 —Les finances, 186 — Les tribulations de l'émigration et les horreurs de la guerre, 187
DES GRANDES ESPÉRANCES AUX TEMPS DIFFICILES 191191
L'Arménie est reconnue de facto, 192 — Mustafa Kémal, 196 — La soviétisation de l'Azerbaïdjan, 199 — La Mission Chant, 205 — « Le juillet et l'octobre de la Révolution arménienne », 208 — Le traité de Sèvres, 213 — Créer une patrie «par le fer et par le feu », 215 — Le Congrès des Peuples d'Orient, 218 — La guerre arméno-turque, 220 — Entre le marteau kémaliste et l'enclume soviétique, 226 — L'accord du 2 décembre 1920, 228 — Le traité d'Alexandropol, 229 — « Le peuple était silencieux ... », 234 — Le soulèvement
du 18 février 1921, 240 — La République Arménienne de la Montagne, 244 — Deuxième soviétisation, 245 — Bolchéviks et kémalistes, 246 — La Conférence de Londres, 250 — Moscou, 252 — Kars, 253 — La Cilicie, 254 — Le Traité de Lausanne, 256 — Karabagh et Kavburo, 259 — Epilogue, 262
LA QUÊTE DE L'INDÉPENDANCE 265
La déchirure, 265 — Question nationale et nationalisme, 268 — Le Karabagh ... encore, 274265
CONCLUSION 283283
CHRONOLOGIE 285285
CARTES 297297
TOPONYMIE 300300
INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES 301301
INDEX 309309


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 La Question arménienne
Titre : La Question arménienne / auteur(s) : Anahide TER MINASSIAN -
Éditeur : Parenthèses
Année : 1983
Imprimeur/Fabricant : 58-Clamecy : impr. Laballery
Description : 239 p. couv. ill. 24 cm
Collection : Collection Armenies ISSN = 0248-5877
Notes : Recueil de textes extraits de diverses revues et publications, 1967-1982 Index
Autres auteurs :
Sujets : Armeniens -- 20e siecle * Question armenienne
ISBN : 9782863640197
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Quatrième de couverture, rédigée en 1983

De la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours, la Question arménienne a subi des métamorphoses et le théâtre de ses faits s’est déplacé.
La Question arménienne, c’est tour à tour la question des réformes à accomplir dans les provinces orientales de l’Empire ottoman, le problème du droit à l’existence d’une minorité chrétienne en Asie Mineure ou celui des apatrides arméniens et de leur dispersion mondiale avec la dualité Arménie soviétique –Diaspora. Après la Seconde Guerre moniale, la Question arménienne est posée à la République de Turquie en termes de reconnaissance du génocide de 1915 et en termes d’irrédentisme. Depuis quelques années elle a émergé sous la forme d’un terrorisme plus "national" qu’international, mais dont le champ d’action s’étend aux dimensions de la diaspora.
Cependant, malgré ses avatars, le contenu de la Question arménienne n’a pas varié : ce sont les efforts et l’échec des Arméniens à constituer un Etat national indépendant.

Anahide Ter-Minassian


1994
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 Revue Esprit, numéro 4, Avril 1967, La question arménienne
Titre : Revue Esprit, numéro 4, Avril 1967, La question arménienne / auteur(s) : Revue Esprit -
Éditeur : Revue Esprit
Année : 1967
Imprimeur/Fabricant : Imprimerie Hérissey, Evreux
Description : 14,5 x 23 cm, numéro paginé 577 à 766
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Anahide TER MINASSIAN [contribution] -
Sujets : Article d'Anahide Ter Minassian, Question arménienne, pp; 620-657
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

L'article d'Anahite Ter Minassian sur la question arménienne traite d'un sujet sans actualité : il s'agit d'injustices immenses mais bel et bien accomplies, dont le résultat est inscrit sur les cartes, avalisé par des traités ; il s'agit d'une injustice qui n'a pas fait tellement de bruit et qui s'est consolidée. Le génocide entrepris il y a cinquante ans a échoué ; il reste un peuple dispersé aux quatre coins du monde, privé de terre, cette République arménienne d'Union soviétique sur laquelle l'auteur nous donne des renseignements inédits.

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