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Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
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Krikor BELEDIAN
( n. 1948 )

Ses ouvrages en françaisSes ouvrages en arménien


L'auteur

Krikor BELEDIAN --- Cliquer pour agrandir
Naissance en 1945 au Liban

Krikor BELEDIAN, écrivain de langue arménienne, auteur de plusieurs livres de poèmes, de récits et d'essais littéraires, est maître de conférences à l'Institut des langues et civilisations orientales de Paris et professeur de patrologie et de littérature médiévale arméniennes à la faculté de théologie de Lyon.

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 Krikor Beledian et la littérature arménienne contemporaine
Titre : Krikor Beledian et la littérature arménienne contemporaine / auteur(s) : Krikor BELEDIAN -
Éditeur : Presses de l'Inalco
Année : 2021
Imprimeur/Fabricant : 93-La plaine saint-Denis : Impr. Isi print
Description : 16 x 24 cm, 412 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Valentina CALZOLARI [contribution] - Catherine COQUIO [contribution] - Anaïd DONABEDIAN [directeur] - Haroutioun Léon KURKJIAN [contribution] - Marc NICHANIAN [contribution] - Anahide TER MINASSIAN [contribution] - Monseigneur Norvan ZAKARIAN [contribution] -
Sujets :
ISBN : 9782858313822
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Krikor Beledian est un auteur majeur de la littérature arménienne contemporaine, écrivant en arménien occidental et vivant en France (maître de conférences à l'Inalco jusqu'en 2012). Ce volume est le premier volume scientifique international consacré à son œuvre. Il fait suite au colloque international qui s'est tenu à l'Inalco en septembre 2015.

Table des matières

Avant-propos (texte français)5
Janus à deux visages (texte arménien)9
Notes de journal (texte arménien)15
Krkor Bélédian et la littérature arménienne contemporaine (texte français), par Catherine Coquio et Krikor Bélédian29
RENCONTRES
Ma rencontre avec Krikor Bélédian, détenteur et traducteur d'une culture perdue à transmettre ( (texte français), par Jaine Altounian59
Devenir soi chez l'autre : une approche de la question du moderne chez Krikor Bélédian (texte français), par Gérard Malkassian78
Krikor Bélédian et l'Écriture de la catastrophe (texte arménien), par Valentina Calzolari95
L'œuvre de Krikor Bélédian dans la revitalisation de l'arménien occidental (texte arménien), par Jennifer Mannoukian119
La traduction des œuvres de Krikor Bélédian (texte arménien), par Sonia Bekmezian131
AUTOUR DE LA SPÉCIFICITÉ LITTÉRAIRE
Lire (texte français), par Anahide Ter Minassian145
La langue coupée (texte français), par Nathalie Karamanoukian165
L'ÉTHIQUE DE L'ÉCRITURE
La poésie comme topographie (texte arménien), par Mgr Norvan Zakarian191
Le temps d'une légitimation (texte arménien), par Haroutiun Kurkjian191
Le retour éternel (texte arménien), par Marc Nichanian255
Un écrivain, une communauté obsolète, une langue (texte arménien), par Hagop Gulludjian
AUTOUR DES QUESTIONS LITTÉRAIRES
La parole, oiseau migrateur (texte arménien), par Gurgen Arzumanyan315
La littérature au travail / Écrire, un travail (texte arménien), par Siranush Dvoyan329
La question du style dans les récits de Krikor Bélédian (texte arménien), par Raffi Ajemian367
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE 385
LES AUTEURS419


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 La Part de l'Oeil. Revue de pensée des arts plastiques numéro 30 - 2016-2017
Titre : La Part de l'Oeil. Revue de pensée des arts plastiques numéro 30 - 2016-2017 / auteur(s) : REVUE La part de l’œil - Dossiers : «Arts plastiques/cinéma» et «Mikhaïl Bakhtine et les arts»
Éditeur : La Part de l'œil - 144 Rue du Midi -1000 Bruxelles (Belgique), Site : www.lapartdeloeil.be
Année : 2016
Imprimeur/Fabricant :
Description : 21 x 29,5 cm, 256 pages, 38 ill. en n./b. et 49 ill. couleur
Collection : ISSN : 0773 9532
Notes : Jacques Aumont, Krikor Beledian, Peter De Graeve, Dirk Dehouck, Christophe Den Tandt, Jean-Louis Déotte, Bruno Goosse, Christl Lidl, Chakè Matossian, Clélia Nau, Jean-Christophe Royoux, Christian Ruby, Alexander Streitberger, Luc Vancheri
Autres auteurs : Krikor BELEDIAN [contribution] - Chakè MATOSSIAN [contribution] -
Sujets :
ISBN : 9782930174488
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Le cinéma d'exposition qui se montre dans le champ de l'art contemporain depuis le début des années 1990 nous a amenés, comme l’écrit dans ce volume Jean-Christophe Royoux, « à accepter l’existence d’un autre espace de représentation, ayant d’autres règles, d’autres objectifs et une autre histoire ». C’est à l’analyse de cet espace, de ses règles, de ses objectifs et de cette histoire qu'est consacré ce dossier.
Cette question ne fut pas épuisée par ce que Raymond Bellour a appelé en 2012 La querelle des dispositifs car le cinéma se caractérise non seulement par « son pouvoir de transformation de l’art contemporain », comme l'écrit Luc Vancheri, dans sa collaboration, mais aussi parce qu’il est « à entendre comme un art des possibles dont il reste à faire l’histoire ».
Est-ce parce que nous croyons connaître sa naissance et que nous l'avons vu grandir, que nous nous inquiétons tellement, aujourd’hui, de l'avenir du cinéma? Est-ce parce que nous jugeons sa mort possible, qu’il ne faudrait surtout pas en manquer le spectacle? Entre la mort de l'art et l'avenir d'une illusion, cette question semble hanter toute réflexion actuelle sur le cinéma au point de rendre la salle où il se projette, plus crépusculaire qu'obscure.
Si, du fait des logiques commerciales de plus en plus pressantes, le cinéma semble aujourd’hui largement réduit au divertissement, son entrée dans les lieux d’exposition est venu lui rendre la radicalité et le caractère expérimental qui le caractérisaient à ses débuts. Paradoxalement donc, cette pratique qui, à sa naissance, était venue bousculer les arts plastiques, retrouve sa force d’art en les rejoignant dans les lieux et les conditions de leur monstration.
Le passage de la salle de cinéma au musée vient battre en brèche la linéarité de la vision du film. Le hasard de l'arrivée du visiteur l’institue en spectateur et détermine le début de sa vision. Comparaison, coexistence, reconfiguration continuelle des récits, action du corps du spectateur, de ses déplacements sur la réception, temps qui se construit autant qu’il se subit constituent une expérience du cinéma qui interroge notre rapport au monde partagé.
Prenant appui sur les œuvres d’artistes contemporains comme Tacita Dean, Bruce Nauman, Melik Ohanian ou Agnès Varda par exemple, les études réunies dans ce volume de La Part de l’Œil explorent les conséquences de ce déplacement et en dégagent les enjeux poétiques, historiques, esthétiques et politiques.

Dans une seconde partie de ce volume, les collaborations rassemblées montrent combien il est fructueux de se tourner vers la pensée de Mikhaïl Bakhtine pour aborder la plasticité. La théorie des arts plastiques a depuis toujours emprunté ses concepts à la pensée littéraire, à la théorie du langage, à la linguistique, à la sémiologie. Il en va de même pour ses emprunts à la narrativité. Pour le lecteur francophone, voir resurgir aujourd’hui la figure de Mikhaïl Bakhtine peut paraître anachronique alors que cette pensée est restée agissante aux États-Unis et au Royaume-Uni. Sont abordées également les relations entre la pensée de Bakhtine et celles d’Althusser et Deleuze/Guattari. Alexander Streitberger, au travers de l’intérêt de Jeff Wall pour la pensée de Mikhaïl Bakhtine, évoque lui également les relations entre spectateur de cinéma et spectateur d’exposition faisant ainsi le lien entre le dossier consacré à Mikhaïl Bakhtine et celui consacré au cinéma d’exposition.

Sommaire
Dossier : Arts plastiques/cinéma
Bruno Goosse : Quand pas encore est déjà
Jacques Aumont : Feintise, fiction, figure. L’opération figurative en cinéma
Krikor Beledian : Philosophiquement Paradjanov
Jean-Louis Déotte : La réception collective d’un film est comme celle d’une architecture urbaine
Clélia Nau : Pour un cinéma de paysage. Tacita Dean : Disappearance at sea
Chakè Matossian : L’émanation du film. William Blake et Dead Man de Jim Jarmusch
Jean-Christophe Royoux : Cinéma d’exposition : l’invention d’un médium
Christian Ruby : Le spectateur de cinéma en objet dialectique, de Walter Benjamin aux artistes contemporains
Luc Vancheri : Le cinéma au nom de l’art

Dossier : Mikhaïl Bakhtine et les arts
Alexander Streitberger : “Le rire réduit” – Mikhaïl Bakhtine et la question du portrait photographique chez Jeff Wall
Peter De Graeve : Chronotopies de mondes virtuels
Dirk Dehouck, Articuler encore… à demi-mot, en un clin d’œil
Dirk Dehouck : Le risque de la singularité (achever ou comment (en) finir… avec Bakhtine ?)
Christophe Den Tandt : Bakhtine et la postmodernité : le dialogisme dans la sémiologie française et les cultural studies anglo-américaines
Christl Lidl : La Vie mode d'emploi, Romans, Georges Perec. VME - Lecture III, Étude plastique de l'index Rappel de quelques-unes des histoires racontées dans cet ouvrage


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 Face à l'innommable : Avril 1915
Titre : Face à l'innommable : Avril 1915 / auteur(s) : Chavarche MISSAKIAN - Traduit de l'arménien par Arpik Missakian, Postface de Krikor Beledian
Éditeur : Parenthèses
Année : 2015
Imprimeur/Fabricant :
Description : 16,5 x 23 cm, 144 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Diasporales
Notes :
Autres auteurs : Krikor BELEDIAN [postfacier] -
Sujets : Génocide arménien -- Récits personnels
ISBN : 9782863642993
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

La Première Guerre mondiale est commencée depuis plusieurs mois, la Turquie est alliée à l'Allemagne. Le 24 avril 1915 débute la Grande Rafle des intellectuels d'Istanbul, marquant le début du génocide des Arméniens.
Chavarche Missakian est alors un jeune journaliste engagé dans le combat pour les libertés. Il échappe par miracle à la rafle : il était le sixième sur la liste noire des personnalités recherchées. Entré en clandestinité, il reste très actif et note dans ses carnets, sous forme cryptée, les terribles nouvelles qu'il reçoit sur les exactions commises dans les provinces : déportations en masse, exécutions de groupes de soldats, tortures et élimination des intellectuels. Il s'attache dans le même temps à transférer ces informations à l'étranger. Dénoncé, il est arrêté, et c'est là que commence le récit de la période qui va le mener de la Police politique turque à la Cour martiale. Malgré les années de souffrances et de tortures, il gardera toujours le silence et ne sera libéré qu'à l'armistice.
Ces souvenirs sont le récit de l'homme de presse qu'il deviendra et de ses carnets chargés d'histoire. Après un long silence, car ce qu'il avait vu et vécu était de l'ordre de l'« innommable », il prend la plume en 1935 pour répondre aux mémoires d'Ali Riza, le chef de la police politique turque qui est face à lui pendant toute sa détention, et pour rétablir sa vérité.
Dans un style vif et concis, Chavarche Missakian, grand lecteur et déjà francophone à l'époque, documente de manière précise les premiers temps de l'entreprise génocidaire.

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 Mon âme en exil
Titre : Mon âme en exil / auteur(s) : Zabel ESSAYAN - Traduit de l’arménien par Anahide Drézian et Alice Der Vartanian, Postface de Krikor Beledian
Éditeur : Parenthèses
Année : 2012
Imprimeur/Fabricant : Nouvelle Imprimerie Laballery, Clamecy
Description : 16,5 x 23 cm, 80 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Diasporales ; ; ISSN : 1626-2344
Notes : Titre original Հոգիս Աքսորեալ [Hokis aksoryal], 1922
Autres auteurs : Krikor BELEDIAN [postfacier] -
Sujets : Zabel Essayan -- Récits personnels
ISBN : 9782863642665
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

« Dans les replis de ma mémoire s’ouvrent des portes closes et des moments enfouis se raniment. Une parole, un geste oublié, un regard de mon père et des détails de la vie quotidienne, disparus et oubliés depuis longtemps, reprennent vie et me transmettent la joie ou la tristesse qu’ils portent en eux, plus qu’ils ne visitent ma mémoire. »
Dans ce texte devenu mythique, Zabel Essayan, éprise de liberté, esprit rebelle, s’exprime à travers le personnage d’un peintre, pour évoquer les questionnements de l’artiste déchiré entre sa passion pour la création et son rôle dans une société anéantie. Comment créer librement quand on est coupé de ses racines? L’écriture de ce récit poétique a commencé à Bakou en 1917, où son engagement pour la cause des orphelins l’avait menée, et de là, à Téhéran, Bagdad, Paris, Beyrouth... En perpétuel déchirement d’un pays à l’autre, en situation d’urgence, l’écrivain en exil, une des rares femmes sur la liste de la rafle du 24-Avril 1915, est toujours rattrapée par le destin des siens. Elle évoque avec délicatesse, dans ce texte autobiographique, « un paradis perdu », une société disparue, le charme envoûtant des paysages stambouliotes, les problèmes existentiels de l’artiste, dans l’atmosphère de la « maison paternelle de Baglarbache quasi déserte… ».

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 Seuils
Titre : Seuils / auteur(s) : Krikor BELEDIAN -
Éditeur : Parenthèses
Année : 2011
Imprimeur/Fabricant : Nouvelle imprimerie laballey - Clamecy
Description : 16,5  × 23 cm, 258 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Diasporales
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Autobiographie
ISBN : 9782863642580
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Premier volet d’une large fresque autobiographique, Seuils retranscrit les atmosphères d’une enfance beyrouthine. Composé en cinq scansions, le récit, d’une écriture résolument contemporaine, se focalise sur la découverte d’une liasse de photos de famille. Sur la sollicitation d’une voix, le narrateur retranscrit ces scènes de vie autour des personnages de trois femmes, Elmone, la tante, Vergine, la grand-mère, et Antika, la voisine. Construit comme une mosaïque, dans une langue ciselée, le texte recrée et réinvente ces vies et ces destins croisés, ces odyssées d’exode vers les pays d’accueil, à travers chaque détail des photographies retrouvées.

Le travail de mémoire du narrateur permet de restituer ces réalités d’enfance, parcourant des périodes, des lieux et des événements qui tous ont contribué à construire les «seuils» de son existence.


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 Journal de déportation
Titre : Journal de déportation / auteur(s) : Yervant ODIAN - Récit traduit de l’arménien par Léon Ketcheyan, Préface de Krikor Beledian
Éditeur : Parenthèses
Année : 2010
Imprimeur/Fabricant : 58-Clamecy : Impr. Laballery
Description : 16,5 x 23 cm, 448 pages, présentations, cartes, biographies, index
Collection : Diasporales
Notes : Traduction de "Anidzial Darinèr"
Autres auteurs : Krikor BELEDIAN [préfacier] -
Sujets : Génocide arménien
ISBN : 9782863641965
Lecture On-line : Cliquer ici

Commentaire :

Septembre 1915, Istanbul. Un soir, on frappe à la porte : « Yervant Odian est-il là ? ». Dès lors, l’implacable organisation génocidaire turque va l’entraîner sur les routes et dans les sinistres camps du désert syrien. Au sein des colonnes de déportés, il rejoint le destin de ses compatriotes arméniens, bien que se considérant presque comme un « privilégié », en raison de son statut d’écrivain reconnu.
Immergé dans un quotidien de tortures, glacé d’horreur devant les situations d’humiliation, les impitoyables persécutions que subissent les déportés et, pour finir, les exécutions et l’extermination, un rare instinct de survie préserve Yervant Odian. L’écrivain satirique et journaliste, survivant à ces « années maudites », ce cauchemar, revient à Istanbul en 1918 au terme d’un long voyage en enfer et retrouve sa table de rédacteur. Aussitôt, il s’attache à consigner ses souvenirs témoignant ainsi au nom de tous ces anonymes disparus, et il sera l’un des rares écrivains arméniens à s’y consacrer au lendemain du génocide. De ce travail de mémoire résulte un récit à la fois distancié, précis et dépouillé, pour surtout « être fidèle à la réalité, n’altérer en rien les faits, n’en exagérer aucun ».
Une forme de « poétique de la simplicité »

Anahide Ter-Minassian, article paru dans France-Arménie, numéro 360, du 16 au 30 avril 2010

A la veille du 95e anniversaire du Génocide arménien, les votes qui se sont succédé à Barcelone, Washington, Stockholm, en faveur de sa reconnaissance et la publication concomitante de la traduction française du livre de Yervant Odian, « Journal de déportation », ont allégé la morosité ambiante et les incertitudes engendrées par les Protocoles d'octobre 2009 entre l'Arménie et la Turquie. Et nous ont rappelé que le combat continue !
Le titre arménien de cet ouvrage publié par les éditions Parenthèses de Marseille est Anitsial darinère (Des années maudites). L'œuvre a été publiée au retour de Yervant Odian à Constantinople occupée par les Alliés, dans le quotidien « Jamanak », sous la forme d'un feuilleton sous-titré Souvenirs personnels, de février à septembre 1919. Il ne s'agit pas vraiment d'un journal comme le souligne dans son excellente introduction Krikor Beledian, mais l' "œuvre mûrement réfléchie" d'un rescapé doté d'une mémoire remarquable aiguisée par la volonté et l'obligation de témoigner selon le mot d'ordre circulant dans la presse arménienne en 1919-1920. Voici un livre de 426 pages qui se lit d'une traite. Un livre exceptionnel sur un sujet que nous croyons connaître : le rôle des déportations dans le mécanisme du Génocide perpétré par les Jeunes-Turcs. Journaliste sans affiliation politique connue, si ce n'est son allégeance à Boghos Nubar pacha, Yervant Odian a échappé à la rafle de l'intelligentsia arménienne du 24 Avri1 1915. Arrêté le 7 septembre 1915, il reviendra sain et sauf en novembre 1919, avec un petit orphelin arménien ramassé à Sultaniye, après un odyssée de trois ans et demi qui l'a mené à Deir es Zor et même au delà dans le désert de Mésopotamie entre l'Euphrate et le Khabour.
Deux cartes permettent de suivre son périple au hasard des assignations policières et des tentatives avortées de fuite en train, en carriole, à cheval, sur un âne ou à pied. Une suite rocambolesque jalonnée de nombreuses rencontres amicales (des Arméniens déportés, des Grecs, des Kurdes Yézidis, des Arabes, des Allemands, de braves Turcs), hostiles (des Tchétchènes, des Tcherkesses, des fonctionnaires unionistes) ou dangereuses (tribus pillardes de Bédouins, Shawiza, Anaza). Dans un monde en guerre, où la famine menace, où la misère
et la corruption sont les règles, l'argent permet seul de sauver sa peau. Grâce à un vaste réseau de relations, Odian réussit à trouver cet argent ou des complicités dans les situations les plus désespérées
Il n'a assisté à aucun massacre mais a observé les effets du meurtre de masse tendant à rayer de la surface du globe un peuple avec sa culture. Destruction de la société arménienne, éclatement des familles, disparition des règles morales (des mères vendent leurs enfants, des femmes se prostituent ou se résignent au mariage forcé) ou religieuses. Et si les Arméniennes de Samsoun arrivées quasi nues à Hama résistent à la conversion, lui-même se convertit à l'islam avec d'autres notables, devient Aziz Nouri, échappe à la circoncision sans pour autant échapper à la persécution. Il existe une analogie entre Yervant Odian, rescapé du Génocide des Arméniens et l'écrivain Primo Levi, rescapé du génocide juif. L'un et l'autre refusent d'être des historiens mais veulent être des témoins rapportant les faits dont ils ont eu une expérience directe. Ainsi, Primo Levi déporté à Auschwitz écrit dans « Si c'est un homme » (Paris, Julliard, Pocket, 1987, p. 294) : "Vous remarquerez par exemple que je n'ai pas cité les chiffres des massacres d'Auschwitz pas plus que je n'ai décrit le mécanisme des chambres à gaz et des fours crématoires : cela parce que ce sont des données que je ne connaissais pas quand j'étais au lager (camp) et que je n'ai possédées que par la suite, en même temps que tout le monde:'. Ces termes peuvent s'appliquer rétrospectivement à Yervant Odian.
Malgré le traumatisme psychologique dû à la guerre, à l'exil, à la disparition des familles, les déportés arméniens, hommes, femmes ou enfants abandonnés rencontrés par Odian, cherchent avant tout à survivre et non à inspirer de la compassion. Ils déploient des capacités d'adaptation et de travail et un pouvoir de créativité stupéfiants. Cela se traduit dans ce qui fait la qualité du récit de Yervant Odian : l'absence de pathos, le refus du morbide, l'exaltation de la pulsion de vie. Resté épicurien au milieu des souffrances et adepte du plaisir du ventre plein, il nous fait partager le goût de l'eau fraîche, du raki, du pain, du yaourt, du boulghour, sans compter les plaisirs virils du tabac et du tavlou (jacquet). Célibataire, "n'ayant que le souci de ma seule personne", il reconnaît dans l'épilogue, qu'il a été "l'un des déportés les plus chanceux".

(1) Ce récit a été publié dans les œuvres complètes de Y. Odian en Arménie soviétique (Erevan, 1960-1963) et en feuilleton dans Haratch (Paris février- décembre 2005).


Propos recueillis par Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 163, mai 201

Nouvelles d'Arménie Magazine : Avec le Journal de déportation, le lecteur découvre un autre Yervant Odian, non pas le satiriste et l'humoriste sans pareil dans la littérature arménienne, mais le témoin direct des déportations. Comment ces deux figures s'articulent-elles chez Odian ?
Krikor Beledian : Odian est polygraphe. Il est l'auteur de la trilogie satirique Camarade Pantchouni que tout arménophone connaît. Il a publié en feuilleton de vastes romans fort appréciés du public jusqu'à nos jours (notamment Le Curé entremetteur, Mitchort Der Baban). Et puis, il est le mémorialiste qui a publié ses souvenirs des années passées en exil entre 1894 et 1908: Douze ans hors Constantinople, Souvenirs ensanglantés, etc. et, en 1919, toujours en feuilleton, Les années maudites. Ces trois derniers ouvrages constituent pratiquement une vaste autobiographie en période de turbulences. Or, ces figures s'emboîtent comme ces statues à trois, voire quatre faces. Sans vouloir réduire les différences notables, on peut dire qu'elles branchent l'écriture directement au réel, présent ou passé. La satire prend ses distances vis à vis de la société qu'elle critique et dont elle dévoile les travers. Le roman montre un réel fictivement contemporain dans un style prétendument réaliste. Les mémoires sont des « souvenirs personnels », bien que la personne même d'Odian soit toujours en retrait, jamais envahissante. Si la forme de la distanciation est différente, la relation au réel demeure identique. Odian est l'exemple même de l'écrivain extraverti. Il a côtoyé presque tous les grands poètes arméniens du début du XXe siècle, mais n'a jamais écrit un seul vers autre qu'humoristique. Plus on plonge dans cette énorme production, plus on se rend compte qu'elle est la chronique de son temps. Avec un panache, une légèreté que la trop besogneuse critique littéraire a souvent pris pour du dandysme et du manque de sérieux, alors même qu'Odian s'en prenait, avec un humour destructeur et une perspicacité inégalée, aux idéologies des partis politiques et aux charlatans de tous bords.

NAM : Pour être satiriste, il faut d'abord être un bon observateur de la société dans laquelle on vit, qu'il s'agisse de la société ottomane en général ou en particulier de la société arménienne. Quelles étaient les analyses d'Odian sur la fin de l'Empire ottoman et sur le réveil politique des Arméniens ?
K. B. : Il connaissait profondément les rouages du système qui faisait fonctionner l'Empire ottoman. Son père a occupé des postes importants dans l'administration. Son oncle paternel, Krikor Odian, est un personnage célèbre et respecté sur la scène politique et littéraire. Yervant lui-même, comme journaliste puis écrivain célèbre, a ses entrées un peu partout, il est même élu député de l'Assemblée nationale arménienne et, à ce titre, a des sources d'information de première main. Comme nombre de personnages importants de l'époque, il voit dans la guerre des Balkans de 1912 un tournant dans l'histoire de l'Empire. Au courant de toutes les tractations qui entourent la question arménienne, apparemment il ne se fait guère d'illusions sur les capacités de l'Empire à se démocratiser. Il ne semble pas croire aux grandes réformes imposées par les Puissances occidentales dans les provinces arméniennes en 1914 et qui vont rester lettre morte. En tant qu'écrivain-journaliste qui tient à sa liberté d'expression et qui ne s'affilie à aucun courant politique, Odian semble plutôt prêcher la prudence, la plus grande retenue, pour ne pas dire plus. Cette attitude qui se manifeste dans sa satire du mouvement révolutionnaire lui vaut l'étiquette de conservateur. C'est le principal grief que lui font les Dachnaks, mais Simon Zavarian n'en respecte pas moins l'auteur du brûlot qu'était Camarade Pantchouni!

NAM : Yervant Odian avait-il une conscience, une prescience du danger de mort que couraient les Arméniens ?
K. B. : Il faut lire à la loupe les premiers chapitres de ce Journal de déportation où il revient sur l'histoire du conflit qui a déclenché la première Guerre mondiale et où il recrée le climat de terreur qui régnait dans les premiers mois de 1915 dans la capitale, à Constantinople. Il interroge des hommes comme Krikor Zohrab. La réponse de celui-ci est sans ambiguïté. Odian retient-il la leçon ? Il est au courant des « plans » allemands de déportation pour régler définitivement la question arménienne. PI semble ne pas réagir. Il laisse tout cela en suspens et n'évoque le problème qu'en déportation. On peut même penser qu'en août 1915, lorsqu'il sort soudain de sa clandestinité, s'imaginant que le plus fort de la tempête est passé (alors que l'intelligentsia déportée dans les camps d'Ayache et de Tchanghere était déjà presque décimée), il n'a pas encore mesuré la gravité de la situation! Apparemment. Je pense néanmoins qu'Odian sait parfaitement de quoi il retourne et le lecteur avisé peut lire entre les lignes ; mais en tant qu'écrivain, il préfère ne pas trop en dire. Il s'adresse à un public qui sait fort bien tout ça. Il choisit de montrer « les faits » plutôt que d'étaler ses états d'âme.

NAM : Dans son Journal de déportation, il incarne la figure du témoin. Pouvez-vous préciser les contours de cette figure, ce qu'elle a de spécifique dans l'histoire du génocide arménien ?
K B. :Vous savez, j'ai découvert l'ouvrage d'Odian sous sa forme originale de feuilleton dans le quotidien Jamanag en 2003 à Vienne, quand j'étais à la recherche de témoignages d'écrivain. J'avais mené une enquête presque policière pour trouver des témoignages d'écrivain. Ce que j'avais lu était sans substance. La presse arménienne de Bolis, dès le mois de novembre 1918, abondait de témoignages autographes, voire allographes (recueillis par une tierce personne) provenant de rescapés dont l'écriture n'était pas le métier. Le Journal de Vahram Altounian que j'avais traduit et qu'on peut lire dans Mémoires du génocide arménien en était l'exemple typique. C'est un texte écrit par un adolescent. Un récit brut, énigmatique, dont on ne comprend ni les tenants ni les aboutissants si l'on ne crée pas le cadre théorique adéquat. Odian représente la figure rarissime de l'écrivain qui fut déporté, qui survécut et rapporta son expérience. Rarissime, puisque pratiquement tous les écrivains (hormis A. Andonian et M. Chamdandjian) ont été éliminés et les clandestins comme Sirouni et Ochagan ou comme Tekeyan et Chanth qui étaient en lieux sûrs, n'ayant pas vécu les affres des déportations, ne pouvaient en témoigner comme l'a fait Odian. En 1915, Odian a 46 ans. Il a une expérience de la vie d'émigré à l'étranger, connaît le mode de fonctionnement de l'administration ottomane, parle le turc et lit l'osmanli, et il a aussi une longue carrière littéraire. Tout cela compte énormément et donne à son témoignage une portée autre que documentaire. Le lecteur jugera. Ce n'est pas une histoire des déportations, mais sa propre expérience de la terreur et du meurtre de masse. C'est cela qu'il projette d'écrire déjà sur les lieux mêmes du crime et finit par le faire à Bobs, après son retour. Il sait qu'il a eu beaucoup de chance. Il est un miraculé. C'est pourquoi il inscrit son itinéraire de déporté dans les figures de Lazare ressuscité ou d'Ulysse revenant de son exil. Odian écrit, donc pense. Il pense cette horreur innommable dans les limites de sa langue. Il affronte et met à nu les difficultés d'une telle entreprise. D'où l'intérêt que suscite son oeuvre plus de 90 ans après sa première parution.

NAM : Zabel Essayan incarne une autre figure du témoin. Quel rôle chacun de ces deux auteurs assigne-t-il au témoignage ? Et comment ouvrent-ils un champ narratif nouveau, qui n'est ni strictement littéraire ni strictement historique ?
K. B. : Je crois que, après Dans les ruines (1911), son ouvrage majeur sur les massacres de Ciicie, Essayan a pratiquement renoncé à l'écriture du témoignage autographe. Elle n'a même pas mené à sa fin le texte où elle relatait sa vie clandestine à Bolis dans les mois qui précèdent sa fuite en Bulgarie. Elle a publié cela dans Hayasdan de Sofia, sous un pseudonyme, mais ne l'a jamais repris. C'est un texte inachevé, comme est inachevé le récit autobiographique d'Andonian. En 1916-1917, à Tiflis, Essayan s'est attelée à la tâche - ô combien harassante et obsédante, on lit cela dans sa correspondance de l'époque - de recueillir des témoignages de rescapés, qu'elle transcrit avec un dévouement qui ne peut qu'étonner. Les préfaces qu'elle rédige montrent l'ampleur des problèmes qu'un écrivain doit résoudre pour pouvoir écrire l'anéantissement programmé d'un peuple. Mais, à partir de 1920, c'est le silence complet. Visiblement pour Essayan, il y a une frontière nette entre littérature et témoignage, disons entre fiction et vérité. Ce n'est pas tout à fait l'attitude d'Odian qui, après la publication de son Journal de déportation (Les Années maudites), va constamment se référer à son expérience de déporté. Le 17 espion publié dans Dernière nouvelle (Vertchin lour) aussi en feuilleton est un vaste récit des événements de 1914, écrit sous « une forme romanesque ». Odian s'en explique dans sa préface. Il s'inspire de faits avérés, met en scène des personnages qu'il a rencontrés à Bolis ou en déportation. A partir de là, il construit une intrigue pleine de rebondissements et de retournements, dignes d'un vrai roman d'espionnage. Donc des « faits » pour une fiction ! L'invention en littérature a-t- elle été autre chose ? Odian fait bouger les frontières étanches de la littérature et du témoignage, sans tomber dans les pièges ni de l'esthétisme morbide ni de la reconstruction documentaire.

NAM : Le titre original du livre d'Odian est Les années maudites. Pourquoi, à votre avis, l'auteur choisi ce titre ? D'où vient la malédiction ?
K. B. : A ma connaissance, nulle part dans le livre, Odian ne fait allusion à ce titre. C'est lui, le survivant qui maudit cette époque de sa vie. C'est à dire ceux qui en ont été la cause. Car maudire à ce niveau, c'est tenter d'expulser le mal, les perversions qu'il engendre, c'est désigner le criminel et le condamner. Cela peut sembler magique. Or, Odian nous rappelle qu'il a été jusque au lieu où Ezéchiel a parlé, dans le Kobar, au bord de l'Euphrate. Ce rappel est significatif. Maudire est certainement un acte très « primitif », très « archaïque », voire magique ; on appelle cela maintenant un « performatif » absolu, dans la mesure où la malédiction agit! C'est un acte. Cela relève de l'oraculaire, de la prophétie, de la parole que la traversée de la mort autorise et justifie. Il faut donc prendre très au sérieux cette « métaphore » de Lazare auquel il s'identifie et qui donne au récit d'Odian -pourtant agnostique sur le plan de la foi - une tonalité si particulière.

NAM : Comment, en quelques mots, feriez-vous le portrait de Yervant Odian, l'écrivain, le témoin, le critique et satiriste ?
K. B. : Un esprit libre, foncièrement bon, aimant jouir de la vie. Son vice : l'alcool qui l'a tué. Sa vertu : la littérature où il survit.

Propos recueillis par Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 163, mai 2010


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 Mémoires du génocide arménien : héritage traumatique et travail analytique
Titre : Mémoires du génocide arménien : héritage traumatique et travail analytique / auteur(s) : Janine ALTOUNIAN - Vahram et Janine Altounian ; avec la contribution de Krikor Beledian, Jean-François Chiantaretto, Manuela Fraire... [et al.]
Éditeur : PUF (Presses Universitaires de France)
Année : 2009
Imprimeur/Fabricant : 41-Vendôme : MD impr
Description : 15 x 22,7 cm, 238 p. dont 48 p. de pl. : ill. en noir et en coul., cartes, fac-sim
Collection :
Notes : Contient le "Journal de Vahram" / V. Altounian suivi d'études critiques à propos de ce texte par divers contributeurs
Autres auteurs : Krikor BELEDIAN [contribution] -
Sujets : Témoignage historique -- Génocide arménien (1915-1916 ) -- Aspect psychanalytique
ISBN : 9782130573272
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Cet ouvrage de mémoire sur le génocide arménien rend publiques des lettres des parents de la psychanalyste Janine Altounian. Ces lettres s'accompagnent d'analyses et de commentaires sur la transmission d'un tel héritage, sa signification, la constitution du témoignage et ses conséquences traumatiques sur les générations suivantes. Les contributeurs, à partir de différentes situations, expliquent la violence de cette transmission, la transgression très forte que représente, pour les survivants et pour les descendants, la parole : ""l'expérience hors bornes des rescapés se terre souvent dans le secret, le mutisme ou, chez certains, le ressassement inlassable et dérisoire d'un répertoire obsédant [...] dans une langue déracinée [...] stérile par un empêchement à générer désormais toute culture vivante [...] innommable, ne relevant pas du champ de la communication."" Cet ouvrage à plusieurs mains représente une mémoire, une écriture lue et entendue par tous les contributeurs de ce recueil comme une trace ""en attente de son avènement"".

Il se propose de montrer comment, à partir d’un écrit indéchiffrable pour tout lecteur néophyte, une expérience traumatique débutant à Boursa, petite ville d’Asie mineure, un « mercredi 10 août 1915 », passe par l’épreuve de sa traduction, celle de sa réception et de son élaboration subjective par un héritier pour se transmettre et aboutir, quasi un siècle plus tard, à la présente publication.

Table des matières I. — Journal de Vahram
Lettres de M. et H. Altounian du 29 juin et 30 juillet 1919

II. — Cartes
Trajet de déportation de Vahram Altounian
Axes de déportation des populations arméniennes et camps de concentration en 1915-1916
Version originale du manuscrit en fac simile
Le Proche-Orient et les régions de peuplement arménien en 1914

III. — Traduire un témoignage écrit dans la langue des autres par Krikor Beledian
Le texte et son auteur
Un texte oral
Le défi à la preuve

IV. — Parcours d'un écrit de survivant jusqu'à son inscription psychique, ou Temporalité d'élaboration d'un héritage traumatique par Janine Altounian
Histoire d'un manuscrit paternel sans assignataire
Temporalité de la vie psychique et de l'écriture dans l'élaboration d'une transmission traumatique
Temps de la douleur laissée par la disparition des derniers survivants
Temps du réveil dû aux événements politico-culturels du monde
Conclusion

V. — Quand vivre est tout le sacré par Régine Waintrater
Témoignage ou testament ?
À écriture sous conditions, lecture sous conditions
Le premier temps d'un témoignage
Le premier cercle
Rhétorique et temporalité traumatiques
Condamné à investir
En guise de conclusion

VI. — Naissance d'un témoignage, témoignage d'une naissance par Jean-François Chiantaretto
Naissance d'un texte, naissance par le texte
Maladresse, traduction mauvaise, mauvaise traduction
L'Œuvre d'un décentrement
Seule en présence de ou l'écriture comme interlocution interne
La tache aveugle

VII. — L'oubli de la mère par Manuela Fraire
Les souvenirs servent d'écran
Le privé est politique
Corps présent et âme absente
Pacte qui nie, pacte qui lie
Une épine au cœur de la langue maternelle
Mémoire et commémoration

VIII. — Mais là où il y a péril… par Yolanda Gampel

IX. — Le travail de l'intersubjectivité et la polyphonie du récit dans l'élaboration de l'expérience traumatique par René Kaës
Apports de la clinique du psychodrame psychanalytique de groupe
Le travail de la remembrance polyphonique dans l'écriture de Janine Altounian
Les conditions interdiscursives des liens de génération
Le travail de l'intersubjectivité, le préconscient et l'élaboration du trauma


A propos des auteurs
Ont contribué à la présente publication :
– Krikor Beledian, écrivain de langue arménienne, maître de conférences à l’INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales)
– Jean-François Chiantaretto, psychanalyste, professeur de psychopathologie (Université de Paris XIII, UTRPP)
– Manuela Fraire, psychanalyste, membre titulaire de la SPI (Société Italienne de Psychanalyse) et de l’IPA
– Yolanda Gampel, psychanalyste, membre titulaire de la SIP (Société Israélienne de Psychanalyse), représentant pour l’Europe au Conseil de l’IPA, professeur à l’Université de Tel-Aviv
– René Kaës, psychanalyste, professeur émérite de l’Université Louis-Lumière Lyon 2
– Régine Waintrater, psychanalyste, thérapeute familiale, maître de conférences à l'Université Paris 7 - Diderot.


Autre commentaire

Plus que tout autre peut-être, ce livre a une histoire indissociable de sa présentation. Car il n'est pas vraiment un inédit. Son coeur, le Journal de Vahram, « Tout ce que j'ai enduré de 1915 à 1919 », fut publié sous forme d'article dans Les Temps modernes, à la faveur d'un événement intempestif, la prise du Consulat de Turquie par un commando de l'ASALA en septembre 1981. « Sans ce scandale dans la vie publique du pays qui avait accueilli ce père rescapé, je n'aurais certes pas rencontré un accueil éditorial aux Temps modernes pour cette première publication de février 1982 mais, surtout, sans ce paravent protecteur, il m'aurait été impossible d'assumer la honte d'accomplir, en mon propre nom, cette démarche ». Ces quelques lignes de Janine Altounian en disent long sur l'époque et sur l'audace qu'elle eut alors - et dont elle s'étonne encore - de porter le manuscrit de son père sur la place publique. Pourtant, la traductrice de Freud s'était depuis quelque temps préparée à un tel acte. En 1978, bien après la mort de son père, elle avait demandé à Krikor Beledian une première traduction du texte dont elle a toujours connu l'existence reléguée dans un placard, sans sentir pour autant peser sur elle l'urgence de répondre à la question du sort à lui réserver. Quand vint l'urgence, il fallut encore trouver un titre (Terrorisme d'un génocide) à un récit qui n'est pas le sien mais qu'elle sauve et qui devient la matrice de son oeuvre !Trois divans plus tard, l'écriture n'a rien perdu de sa force et J. Altounian qui a constamment cherché à briser l'autisme qui caractérisait intra muros le ressassement de 1915 et l'impuissance à accéder à l'universel, reçoit aujourd'hui l'hommage de ses pairs en psychanalyse qui, à sa demande, ont lu et commenté le Journal de Vahram, traduit et présenté par Krikor Beledian, et lentement apprivoisé par elle.

Régine Waintrater
Régine Waintrater lit avec « avidité » ce témoignage en pensant sans cesse à celui que son père, survivant de la Shoah, n'a pas écrit. Jean-François Chiantaretto analyse la figure médiatrice du traducteur sur laquelle rebondit J. Altounian se faisant à son tour la médiatrice entre le Journal et les lecteurs européens qu'elle sollicite. Manuela Fraire se demande pourquoi le père a dans l'écriture de Janine Altounian effacé la figure de sa grand-mère. Que signifie l'oubli de cette femme courageuse ou l'oubli de son nom ? Elle qui demanda en vain aux soldats turcs d'épargner son mari malade, elle qui refusa de se remettre en route
avant de lui avoir offert une sépulture, elle qui donna ensuite son fils de 14 ans aux Arabes pour le sauver de la mort, lui qui s'échappa pour la retrouver. Yolanda Gampel rend hommage au souffle benjaminien qui parcourt l'écriture de J. Altounian, capable de restituer la fulgurance d'un souvenir « tel qu'il brille à l'instant du péril ». René Kas souligne magistralement « l'écrasement des liens de génération et des rapports de filiation dans les catastrophes traumatiques collectives », et la faillite de l'ordre symbolique qui en résulte entre les générations.

Mémoire de ma mémoire
Tous ces commentaires sont rendus possibles par Krikor Beledian, la clef de voûte sur laquelle repose tout l'édifice... Il est celui qui permet le basculement du texte dans la langue des autres, le passeur qui opère le passage de l'illisible au lisible en traduisant en français, non pas de l'arménien, mais du turc transcrit en lettres arméniennes, comme cela se faisait à Boursa notamment d'où est originaire Vahram. Enfin si le Journal de Vahram est bien le prétexte à oeuvre de Janine, on comprend qu'il est ce maillon fragile dans la longue chaîne du récit de la Catastrophe. Cela explique sans doute que Janine Altounian fasse le meilleur commentaire de Mémoire de ma mémoire de Gérard Chaliand, autre représentant de la deuxième génération, inventeur de l'expression « terrorisme publicitaire » pour caractériser les années de plomb arméniennes. Voilà en tout cas un livre qui, par delà le témoignage capital qu'il constitue aussi sur cette génération, suscite une réflexion stimulante et appelle à un dialogue intergénérationnel.

Isabelle Kortian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 158, décembre 2009


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 Avis de recherche - Une anthologie de la poésie arménienne contemporaine
Titre : Avis de recherche - Une anthologie de la poésie arménienne contemporaine / auteur(s) : Olivia ALLOYAN - Krikor BELEDIAN - Sous la direction d'Olivia Alloyan et Stéphane Juranics
Éditeur : Parenthèses
Année : 2006
Imprimeur/Fabricant : Nouvelle Imprimerie Laballery, Clamecy
Description : 16,5 x 23 cm, 234 pages
Collection : Diasporales
Notes : Traduction d'Olivia Alloyan, Stéphane Juranics, Krikor Beledian, Nounée Abrahamian ; Ouvrage oublié avec le concours du CNL dans le cadre de l'Année de l'Arménie
Autres auteurs :
Sujets : Poésie arménienne -- Anthologies
ISBN : 9782863641675
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

La nouvelle vague de poètes d'Arménie et de sa diaspora est présentée ici pour la première fois en version bilingue, révélant une poésie qui marque une véritable rupture avec celle des périodes précédentes tout en perpétuant une riche et longue tradition. Les poèmes retenus pour cette anthologie sont représentatifs d'une littérature en pleine mutation, après les épreuves de la dispersion et de l'épisode soviétique. C'est pourquoi l'on retrouvera ici les textes d'auteurs nés après la Seconde Guerre mondiale et dont l'imaginaire s'est entièrement refondé sur leur propre contemporanéité.
Venus d'horizons divers, ces vingt poètes appartiennent à la même aire linguistique — l'arménien moderne, devenu langue littéraire au xixe siècle, dans sa double variante orientale et occidentale.
Qu'ils soient d'Arménie ou de diaspora, ces poètes participent tous de la modernité poétique, à travers une diversité allant du vers à la prose, du lyrisme au formalisme et d'une oralité revendiquée à un savant travail sur la phrase. Cette anthologie donne ainsi l'aperçu le plus large possible des différentes démarches d'écriture où s'affirme l'appartenance complexe à une identité culturelle confrontée au monde contemporain. Les traductions permettent à ces vingt tonalités singulières de franchir les distances géographiques pour toucher de nouveaux lecteurs par-delà les frontières toujours ouvertes de la langue.

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 Cinquante ans de littérature arménienne en France, Du même à l'autre
Titre : Cinquante ans de littérature arménienne en France, Du même à l'autre / auteur(s) : Krikor BELEDIAN -
Éditeur : CNRS
Année : 2001
Imprimeur/Fabricant :
Description : 15,5 x 24 cm, 512 p - 16 pages H.-T. noires
Collection :
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Armenie -- Littérature arménienne -- Anthologies
ISBN : 9782271059291
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Dédicace de l'auteur (France-Info)

L'exil, un lieu idéal de création ? Telle est la conclusion à laquelle m'a conduit l'enquête que j'ai menée sur les oeuvres de romanciers, poètes et essayistes arméniens qui ont vécu en France entre 1922 et 1972. Ces survivants du génocide de 1915 me semblaient négligés voire méconnus. Ils avaient affronté les conditions difficiles de l'exil et tenté non seulement de perpétuer leur culture et leur langue menacées de mort mais encore de trouver des formes nouvelles d'écriture capables d'exprimer cette situation. La littérature, pour eux, était devenue une "patrie spirituelle". A l'origine, je voulais faire de ce livre un questionnement sur la vie à l'étranger, sur l'assimilation et l'intégration, sur le bilinguisme et sur les conditions de possibilité d'une littérature après une catastrophe. Le projet a progressivement évolué pour devenir une histoire littéraire et une histoire des mentalités. J'ai passé des années à lire la presse, à consulter les archives privées, à accumuler documents et photographies, à interroger des témoins, ces écrivains mêmes que l'on pouvait encore rencontrer dans les cafés du Cadet ou de Saint-Germain-des Prés des années soixante. Tel un puzzle il a fallu reconstituer le monde littéraire oublié d'une communauté dont l'intelligentsia, souvent bilingue, s'est nourrie de culture française, sans en faire l'objet d'un culte excessif et sans renier ses racines. Peu nombreux sont ceux qui connaissent les oeuvres arméniennes d'Armen Lubin, de Victor Gardon, de Missak Manouchian et plus rares encore ceux qui ont accès aux grands poèmes de Nigoghos Sarafian ou aux romans de Zareh Vorpouni. En tout cas, il me semble que là où le choc avec le monde étranger a été le plus violent, l'effort créateur a été aussi le plus fécond. C'est une telle expérience existentielle que le lecteur est appelé à partager. (Krikor Beledian, écrivain de langue arménienne et Maître de conférence à l'INALCO)


A travers l'étude de la presse et des œuvres littéraires de la diaspora arménienne en France, l'auteur examine les problèmes que soulève une littérature d'exil après une catastrophe comme celle de 1915. Les ouvrages publiés à Paris constituent souvent des chefs-d'œuvre de la littérature arménienne du XXe siècle, une littérature de rescapés entre crise d'identité et intégration. Cet ouvrage apporte, au-delà, par l'analyse d'une littérature de diaspora, des éléments de réflexion sur le multiculturalisme. Il comprend l'étude de plus de cinquante poètes et romanciers dont le lecteur trouvera les notices biographiques à la fin du volume.

Avant-propos
Introduction
Première partie
Les années de formation (1922-1928)
Chapitre I : Éléments pour l'histoire littéraire
Chapitre II : La poésie et la femme de Loth
Chapitre III : La prose entre deux eaux

Deuxième partie
L'explosion créatrice (1929-1934)
Chapitre I : Lieux pour une littérature nouvelle
Chapitre II : Une tentative de communauté littéraire : La revue "Menk"
Chapitre III : Le roman et l'inscription de l'histoire
Chapitre IV : Les audaces du "Nouveau Roman"
Chapitre V : Entre la réalité et le mythe
Chapitre VI : Sur les traces de la catastrophe

Troisième partie
Vers l'éparpillement (1935-1940)
Chapitre I : Les forces éparses
Chapitre II : La prose narrative : la boucle
Chapitre III : Le temps de la poésie

Quatrième partie
Le reflux (1940-1951)
Chapitre I : L'Occupation, la Libération
Chapitre II : Une crise d'identité
Chapitre III : La fascination du théâtre

Cinquième partie
La reprise (1952-1972)
Chapitre I : Le temps de l'ouverture
Chapitre II : La métamorphose de la prose
Chapitre III : Le phénix poétique


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 Le Livre de prières
Titre : Le Livre de prières / auteur(s) : GREGOIRE DE NAREK - introduction, traduction et notes par Isaac Kéchichian, préf. de Jean Mécérian ; postface de Krikor Bélédian
Éditeur : Cerf
Année : 2000
Imprimeur/Fabricant : 53-Mayenne : Impr. Floch
Description : 566 p. : carte, jaquette ill. en coul. ; 20 cm x 13 cm
Collection : Sources chrétiennes, ISSN 0750-1978 ; 78
Notes : Bibliogr. p. 49-52 et 54-55. Index
Autres auteurs : Krikor BELEDIAN [postfacier] - Jean MECERIAN (Père) SJ [préfacier] -
Sujets : Philosophie, religion
ISBN : 2040664511
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Quand il compose son Livre, Grégoire de Narek sait fort bien qu'il innove, car la tradition littéraire arménienne ne lui fournit aucun modèle. Les lamentations bibliques et les rituels des pleureuses sont des analogons. Grégoire invente un genre — une espèce de thrène sur une âme en détresse extrême — et un type de livre — une chaîne de prières. Colloque avec Dieu, les discours du Veilleur se meuvent dans un espace de parole où le Moi de l'homme « à la triste beauté » et le silence éloquent de Dieu se croisent, se conjuguent et se répondent. Ils feront école et seront imités tout au long de la littérature arménienne.

Le Père Isaac Kéchichian a consacré ses «loisirs » pendant une quinzaine d'années à traduire intégralement en français rythmé « qui donne la sensation du rythme de l'original », au jugement autorisé du Père Jean Mécérian, le recueil poétique arménien qui, après les Évangiles et les psaumes, a connu le plus d'éditions chez le peuple arménien : presque une cinquantaine.

La plus brillante gloire qu'ait produite le monachisme arménien est saint Grégoire de Narek, le « Pindare de l'Arménie », mais un Pindare chrétien et mystique ; ses dates limites sont approximativement 944 et 1010. Comme un bon nombre d'écrits célèbres issus du monachisme oriental, l'œuvre traduite ici n'est pas un livre « instructif », mais un livre « utile » ou «utile à l'âme» , «remède de vie pour guérir les maladies des âmes et des corps ». Aussi bien que le Livre des gémissements et des péchés (ou Accusation de soi-même) dû à Grégoire le philosophe (XIIe siècle), les Élégies sacrées relèvent de la spiritualité orientale du « penthos » à laquelle le P. I. Hausherr a consacré un ouvrage documenté et qui a marqué jusqu'aux trouvères arméniens du bas moyen âge (tel Arakhel se déclarant « rempli des péchés du monde », à la fin de sa très profane Chanson d'amour de la rose et de la tourterelle). Très significatif est l'exergue répété, dans les manuscrits et les éditions imprimées, en tête presque de chaque pièce, mais qui a été omis dans cette traduction (comme il est indiqué p. 8, 41 et 53) : « Addition nouvelle au gémissement redoublé par le même Veilleur pour la même requête, avec des paroles de supplications ». Ces quatre-vingt-quinze « devant Dieu » comportent des soliloques, des adresses aux moines ou aux lecteurs, mais la prière est presque perpétuelle, invoquant Dieu (onze fois), le Père seul (trois fois), le Père et le Christ (n° 81), l'Esprit seul (n° 34), le Christ et l'Esprit (n° 33), Marie (n° 26 et 80), mais le plus souvent (soixante fois) le Christ uniquement. Inlassablement attaché au « penthos », Grégoire « accumule et amoncèle contre sa personne pécheresse en accusations multiples ses scélératesses si variées », « plaçant comme cible en face de lui... son âme stérile » ; sans ignorer les dons naturels et surnaturels qu'il a reçus, il manifeste un étonnant sentiment de responsabilité et de solidarité avec le monde pécheur. A qui refuse de s'accuser comme il fait, il adresse une réprimande.

Mais la litanie de ses confessions acharnées est dominée par la foi en la divine et la confiance dans le Christ rédempteur, de qui il énumère les titres avec non moins de complaisance que ses propres misères ; l'orant contrit et confiant exprime aussi parfois avec l'ardeur d'un Jean de la Croix, son vif désir d'être uni à son Seigneur et proteste de son pur amour envers celui-ci. Aux pages 215 et 397, on pourra noter l'affirmation explicite (qui manque à la page 106, sans y être contredite), que l'Esprit-Saint procède à la fois du Père et du Fils. Le poète fait quelques allusions à des usages de son temps. Sur son attachement à la foi chalcédonienne pour laquelle son père eut à souffrir, voir p. 18 et 34.

La Préface et l'Introduction, qu'une carte fort utilement accompagne, fournissent des renseignements bienvenus sur le pays et l'époque de saint Grégoire, sa vie, ses écrits, et en particulier la composition et les idées maitresses des Élégies sacrées, les qualités poétiques de l'auteur, les manuscrits, éditions, commentaires et traductions de ce recueil, enfin une bibliographie comprenant des travaux français et arméniens. À maints lecteurs pour qui l'histoire et la littérature de l'Église arménienne sont une terra incognita, cette information inspirera sans doute le désir de dissiper un peu les nuages de leur ignorance touchant ce domaine qui a bien des aspects admirables. En tout cas, quiconque prendra en mains ce volume ne pourra manquer d'être émerveillé par la vive sensibilité du poète et l'imagination débordante mise au service de celle-ci dans ce chef-d'œuvre qui appartient à la littérature mondiale.

Alors que notre terre se rétrécit et qu'il s'impose d'ouvrir les frontières de l'esprit, le grand poète de Narek mérite, en France aussi, et dans les divers pays de langue française, l'attention d'un large public cultivé. Mais, en souhaitant que cette traduction, appréciée par des arménisants chevronnés comme une brillante réussite, trouve de nombreux lecteurs, je forme un autre vœu : qu'après ce coup de maitre, le traducteur poursuive son effort très fécond et nous offre une anthologie de Nersès « le Gracieux ».

Source : Chirat Henri. Grégoire de Narek. Le livre de Prières. Introduction, traduction de l'arménien et notes par Isaac Kéchichian, Avec une préface de Jean Mécérian (Sources chrétiennes n° 78), 1961. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 38, fascicule 3, 1964. pp. 323-325.


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 Les Arméniens
Titre : Les Arméniens / auteur(s) : Krikor BELEDIAN -
Éditeur : Brepols
Année : 1994
Imprimeur/Fabricant : Impr. en Belgique
Description : 233 p.-[16] p. de pl. en coul. cartes 20 cm
Collection : Fils d'Abraham
Notes : Contient une anthologie de la litterature religieuse armenienne Bibliogr. p. 201-219
Autres auteurs :
Sujets : Arménie -- Histoire religieuse * Église arménienne -- Doctrines * Litterature religieuse arménienne -- Anthologies
ISBN : 9782503503936
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Table des matières

INTRODUCTION, page 7
HISTOIRE, page 9
La question de l'origine, 9. La christianisation, 11. La domination arabe, 14. La période des royaumes, 16. L'occupation seldjoukide, 17. Le royaume de Cilicie, 18. La domination ottomane, 19. Vers la modernité, 21. Le génocide et la première république, 24. L'Arménie soviétique, 25. L'indépendance retrouvée, 26 La Diaspora, 27.
DOCTRINE, page 29
L'Écriture sainte, 29. La tradition de l'Église, 31. La synthèse doctrinale de Nersês le Gracieux, 33.
ANTHOLOGIE, page 41
Fragments épiques, 41. La littérature de traduction, 42. Grégoire l'illuminateur, 44. Sahak I Partev, 46. Machtots , 48. Koriwn, 49. La chronique d'Aghatange, 50. Pseudo-Faustus de Byzance, 52. Eznik de Koghb, 53. Jean Mandakouni, 54. Elisé Vardapet, 55. Moise de Khorène, 57. Questionnaires, 58. Verthanês K'erthogh, 59. Komitas I, 60. Jean Mayragometsi, 62. Jean d'Odzoun, 62. Grigoris Archarouni, 64. Sahakdoukht de Siwnik', 65. Zacharie de Dzag, 66 Thomas Artzrouni, 68. Khosrov Andzevatsi, 70. Anania de Narek, 71. Grégoire de Narek, 73. Gagik II, 76. Nersês le Gracieux, 78. Contre les Hérésies, 80. Nersês de Lambron, 82 Les Hymnes, 85. Vardan d'Aygek, 88. Frik, 89. Constantin d'Erzenka, 91. Le synaxaire, 92. Littérature orale et populaire, 94. L'épopée arménienne, 95. La laïcisation de la culture, 97. Daniel Varoujan, 99. Grigoris Balakian, 100. Vazkên I Paltchian, 101. Karékin II Sarkissian, 103.
ART SACRÉ, page 105
L'héritage préchrétien, 105 Architecture religieuse, 106. Sculpture, 111. Khatchkars, 113. Peinture, 115. Manuscrits et enluminure, 116. Arts mineurs, 118. Musique liturgique, 122
VIE SPIRITUELLE, page 125
Origines de la liturgie, 125. Espace et décor de la liturgie, 126. Les livres liturgiques, 129. La divine liturgie, 130. Les sacrements, 133. Le calendrier liturgique, 138. L'année liturgique, 140. La vie monastique, 147 Piété personnelle et populaire, 149.
PROFIL SOCIOLOGIQUE , page 155
L'identité arménienne, 155 Rythmes de la vie arménienne, 156. Le renouveau spirituel, 163. La vie culturelle en Arménie, 164. Une diaspora intégrée, 165 Statistiques, 171.
ORGANISATION , page 173
L'Église apostolique arménienne, 173. Problèmes actuels de l'Église, 190. L'Eglise arménienne catholique, 191. L'Église arménienne évangélique, 194. Les relations œcuméniques, 195 Les études arméniennes, 197.
BIBLIOGRAPHIE , page 201
Sigles utilisés, 201. Bibliographie courante, 201. Histoire, 202. Histoire de l'Église, 203. Doctrine, 205. Anthologie, 205 Art sacré, 210. Vie spirituelle, 214. Profil sociologique, 216. Organisation, 217 Bibliologie, 218.
ANNEXES, page 221
Conciles nationaux de l'Église arménienne, 221. Repères chronologiques, 222. Translittération des caractères arméniens, 223. Évolution de la langue et de la graphie, 225 Cartes géographiques, 226. Liste des cartes et tableaux, 232 Liste des illustrations, 232 Crédit photographique, 233.
TABLE DES MATIÈRES, page 235


Commentaire de Jean-Pierre Mahé
Article paru dans Les Nouvelles d'Arménie Magazine

Bien que l'Arménie soit depuis quelques années sous les feux de l'actualité, il manque souvent des repères pour saisir la richesse de cette nation sans cesse menacée d'extinction par les puissances environnantes, attachée à son Eglise, à sa langue et à son identité chrétienne. Krikor Beledian, à travers son dernier ouvrage, nous rappelle l'histoire conflictuelle de ce peuple et nous invite à la découverte de tout son patrimoine culturel.

Séduisant projet que de réunir, dans les différents volumes d'une collection "Fils d' Abraham", non seulement les descendants d'Isaac et d'Ismaël, mais toute la postérité spirituelle du Père de la Foi, en un mot l'ensemble des communautés juives, chrétiennes et musulmanes. Les Arméniens avaient naturellement leur place dans cette famille, où, grâce à l'ouvrage de Krikor Beledian, ils viennent rejoindre d'autres chrétiens d'Orient, les Ethiopiens, les Coptes et les Orthodoxes russes, précédant de quelques mois les Melkites et les Maronites.

Le plan de l'ouvrage est clair : un bref survol historique, un aperçu de la bible et de la doctrine de l'Eglise arménienne, une anthologie principalement axée sur la littérature religieuse, un panorama de l'art sacré (architecture, sculpture, miniatures et musique liturgique), une analyse de la vie spirituelle insistant sur la liturgie et la vie monastique, une présentation de la société arménienne, un tableau de l'Eglise arménienne et des autres Eglises, des renseignements sur l'organisation des études arméniennes, et diverses annexes bibliographiques, chronologiques ou cartographiques. Les planches en couleurs, à la fin du volume, donnent un bon aperçu de l'art sacré : églises, khatchkars, manuscrits enluminés, ...

L'art religieux
Cette stimulante initiation rendra service à ceux qui souhaitent aborder l'Arménie sous l'angle religieux, si important pour la compréhension de sa culture et de son identité nationale. Les lecteurs les plus avertis seront sans doute principalement intéressés par l'anthologie de textes traduits qui vont des fragments épiques préchrétiens aux discours des Catholicos Vazken 1er et Karékine II. On y trouve des pages essentielles, comme la Catéchèse de Saint Grégoire selon Agathange, une lettre authentique de Saint Sahak, les cantiques attribués à Machtots, les oeuvres des historiens et des poètes médiévaux, des homélies, des hymnes religieux, des prières populaires, David de Sassoun et Daniel Varoujan. Tous ces extraits, judicieusement choisis, sont précédés de brèves introductions fort utiles pour poser les nombreux problèmes d'attribution et d'authenticité que soulève la littérature du Moyen Age. On sait, par exemple, que la Catéchèse de saint Grégoire a été intégrée tardivement au texte d'Agathange ; elle n'a aucune chance d'être de saint Grégoire et l'on pourrait se demander si un texte aussi peu homogène date entièrement du Ve siècle. Pareillement, les écrits imprimés à Venise, sous le nom du saint Catholicos Jean Mandakouni, sont en réalité de Jean Mayragometsi.

Concernant la bible arménienne, Krikor Beledian rappelle à juste titre qu'elle fut traduite en deux étapes, que nous situons vers 405 et après 431. Pour la première, Machtots se fit aider de certains de ses disciples, comme Jean et Joseph. Pour la seconde, les noms de Sahak et d'Eznik sont seuls mentionnés. La troisième Epître aux Corinthiens, apocryphe, était incluse dans la première version de la bible et non dans la seconde. Comme l'a montré Lévon Ter Petrossian (1), la méthode des premiers traducteurs correspond aux principes énoncés dans la préface du Commentaire sur l'Octateuque d'Eusèbe d'Emèse : les théologiens arméniens devaient s'orienter ainsi vers une exégèse "antiochienne", c'est-à-dire principalement historique de l'Ecriture sainte. Pour illustrer la doctrine de l'Eglise arménienne, Krikor Beledian cite judicieusement l'exposé de Nersès le Gracieux, qui est, en effet, le plus clair et le plus sûr qui soit. Mais ces positions se sont définies beaucoup plus tôt et fixées définitivement sous Jean d'Odzoun, "Contre les Docètes" , qui résume bien sa doctrine : le Christ a pris une chair humaine corruptible, mais il l'a rendu incorruptible par l'Incarnation de sa divinité en sorte que, désormais, il ne souffre plus que volontairement et non par nature.

Une invitation au voyage
Résumer l'histoire générale de l'Arménie, depuis les origines jusqu'à l'indépendance, et présenter l'art sacré arménien sous tous ses aspects, en dix-huit pages, constitue évidemment une gageure, principalement quand on songe à l'apport de tant d'études remarquables parues durant ces dernières années. On les retrouvera grâce à la bibliographie. Cependant, quels que soient le talent et la compétence de l'auteur, cela pose un problème de genre et de public. A qui s'adresse ce livre ? Ce n'est pas un ouvrage spécialisé et ce n'est pas non plus un manuel d'enseignement supérieur. C'est une présentation pour le grand public, en quelque sorte une invitation au voyage. De ce point de vue, le profil sociologique esquissant les rythmes de la vie arménienne, les coutumes familiales, la situation de l'Arménie et de la diaspora sera particulièrement apprécié, de même que les renseignements clairs et concrets sur l'organisation des églises.
Espérons que ce tableau très suggestif, vaudra à l'Arménie de nombreux amis et suscitera de nouvelles vocations pour l'étude d'un peuple et d'une civilisation que Krikor Beledian a décrit ici avec beaucoup de chaleur et d'équité.

(1) Docteur ès-sciences philologiques, l'ancien président de la République d'Arménie a été durant de nombreuses années, secrétaire scientifique du Maténadaran. On lui doit notamment une préface à la nouvelle édition critique de la version arménienne de la bible ainsi que de nombreux autres travaux.

Jean-Pierre Mahé


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