Maurice BOUVET

Personne ne doute que l'étude des Livres saints ne doive tenir une grande place dans la formation religieuse des chrétiens. Il est de fait cependant que ces livres sont très mal connus des mêmes jeunes gens qui connaissent assez bien telle ou telle autre littérature ancienne : ils sont parfois entièrement ignorés, bien souvent ramenés à l'accessoire ; on souffre de sentir leur multiple beauté étrangère à tant d'âmes si capables de l'aimer.
Les manuels élémentaires ne manquent point. Ces jeunes gens en ont eu entre leurs mains d'enfants. C'étaient des livres excessivement bien adaptés à leur très jeune âge, fort éloignés du texte de la Bible et nécessairement très incomplets : car c'est l'être beaucoup que passer sous silence dans l'Ancien Testament à peu près toute l'histoire des Prophètes et, dans le Nouveau, à peu près tous les Actes des Apôtres. L'enfance finie, il eût fallu changer de livre, en prendre non pas seu¬lement un plus long, mais un plus approfondi. Là était la difficulté. On ne trouvait guère en effet, en dehors de ces livres très faciles, que des livres qui semblaient difficiles, abstraits, quelquefois ardus, ou bien des choix de textes bibliques un peu déconcertants pour qui n'est pas préparé à les lire; d'un manuel d'enseignement élémentaire il fallait passer brusquement à un cours d'enseignement supérieur. On comprend que l'habitude se soit peu à peu répandue de délaisser après les classes préparatoires toute étude de l'Ancien Testament et de s'en tenir, pour le Nouveau Testament, à une étude plus fragmen¬taire qu'on n'aurait voulu.

Nous souhaiterions que ce livre permît de continuer l'étude de l'Ancien Testament et d'approfondir celle du Nouveau Testament jusqu'à la fin des classes de l'enseignement secondaire.
Nous sommes parti de cette idée : le même ouvrage doit rester entre les mains des élèves depuis la sixième jusqu'à la sortie du collège, et sinon suffire à tout, du moins initier à tout. Il faut donc le composer de telle sorte qu'au fur et à mesure de sa croissance intellectuelle, l'élève y trouve ce dont il a besoin, ne se pose jamais aucune question sans y découvrir une indication de réponse et voie ainsi sa réflexion naissante fortifier peu à peu en les complétant les notions acquises dans l'enfance. Voilà le livre que nous aurions voulu faire. Nous sommes loin de compte assurément. Toutefois nous espérons qu'après avoir étudié ce Manuel tel qu'il est, les élèves seront à même de lire intelligemment des livres d'enseignement supérieur et d'achever ainsi leur instruction religieuse.
En ce qui concerne l'Ancien Testament, on trouvera ici tout d'abord les récits classiques de l'Histoire sainte. Les uns sont reproduits à peu près dans leur texte, afin que les lecteurs respirent quelque chose de l'atmosphère lointaine d'Israël et quelque chose aussi de son âme ardente et grave. Les autres ont été resserrés pour être plus facilement retenus et n'excéder point les justes proportions. On a joint a ces récits classiques l'histoire admirable d'Isaïe, de Jérémie et d'Ézéchiel : ce sont ces prophètes en effet et non les rois qui mènent à sa destinée le peuple de Dieu.
En plus de ces récits, on trouvera au début de chaque partie un chapitre de remarques ou de vues d'ensemble qui a pour objet de dégager un certain nombre d'idées générales essentielles. Un tel objet indique que ces études s'adressent à des élèves déjà capables de réflexion mûrie. Il s'en faut qu'elles épuisent le sujet ; elles ne sont non plus ni toutes prises du même point de vue ni toutes également développées. Mais telles qu'elles sont, il nous semble, d'une part, qu'elles peuvent suffire à guider dans le détail des faits un esprit qui sent le besoin de s'orienter pour aller plus droit à son but; d'autre part, la variété des points de vue permet de mieux saisir du regard ce qui, faits ou idées, dans chaque période est l'essentiel; et le plus ou moins de développement permet d'ajouter à l'Histoire sainte ce sans quoi elle n'est qu'un livre élémentaire. C'est ainsi qu'ayant introduit dans le Manuel lui-même les récits relatifs à Isaïe, à Jérémie et à Ezéchiel, nous n'avons pas hésité à consacrer un assez long chapitre de généralités à l'œuvre des prophètes.
Dans le Nouveau Testament, l'Évangile a été traité avec ampleur. Pour plus de clarté et d'intérêt, nous avons choisi un plan qui en présente tour à tour les divers aspects sans détruire le mouvement de la vie de Notre-Seigneur. Si ample qu'il soit, l'ensemble ne contient pas tout le texte des Évangiles. Les épisodes choisis ne sont pas toujours reproduits dans le texte même : ils le sont le plus souvent possible. Tous sont accompagnés d'une référence; les références précédées de la lettre R indiquent que le texte a été résumé ou complété de remarques incidentes. Il n'est pas nécessaire que les élèves aient en plus de ce livre un texte des quatre Évangiles : il serait mieux qu'ils l'eussent; d'une part, les indications générales du Manuel leur permettront de s'y retrouver sans peine, ce qui est si rare et si désirable; d'autre part, ses multiples références les inciteront à en feuilleter les pages et peu à peu les saints Livres leur deviendront familiers.
Il en est de même en ce qui concerne les Actes des Apôtres.
Quant aux Épîtres, on en donne quelques fragments choisis parmi les plus suggestifs et notamment ceux auxquels se reporte d'ordinaire, au cours de son enseignement, un professeur d'instruction religieuse.
Le livre, tout retentissant du nom de la Jérusalem terrestre, s'achève sur la vision de la Jérusalem céleste : celle qui demeure et réalise ce que l'autre n'est qu'en figures, en promesses et en énigmes.