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Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
15, rue Jean-Goujon - 75008 Paris || Père Jirayr Tashjian, Directeur
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Paolo COSSI
( n. 1980 )

L'auteur

Paolo COSSI --- Cliquer pour agrandir
Naissance le 11 mai 1980 à Pordenone (Italie).

Paolo Cossi est scénariste de bandes dessinées. Il suit un enseignement avec Davide Toffolo, Giorgio Cavazzano, Romeo Toffanetti puis, à partir de 1997, des cours techniques sur ce mode d’expression. En 2002, il a remporté le premier prix au concours "Jacovitti" qui lui permet d'aller à l'école de bande dessinée de Milan. Cette même année il publie pour les éditions Corona et en 2003 le livre "Tina Modotti." En 2004, il a remporté le prix de la meilleure nouvelle ALBERTARELLI par un auteur italien. Il publie de nombreux ouvrages depuis 2005, dont en 2007 "Medz yeghern, il grande male", scénario et dessin (Editions Hazard). Le magazine ALP publie régulièrement de courts croquis sur des textes d’Andrea Gobetti.

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 Ararat, la montagne du mystère
Titre : Ararat, la montagne du mystère / auteur(s) : Paolo COSSI -
Éditeur : Alterlivres
Année : 2013
Imprimeur/Fabricant : Grafiche Milani, Segrate, Milan, Italie
Description : 17 x 24 cm, 108 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Vertige Graphic
Notes : Traduction d'Elsy Gomez
Autres auteurs :
Sujets : Bande dessinée
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Selon le récit biblique, après le déluge, l’Arche de Noé se serait posée sur le mont Ararat, l’un des sommets les plus élevés de l’actuelle Turquie, avec plus de 5 000 mètres d’altitude. Quelle réalité correspond à ce récit ? C’est ce que Azad Vartanian, le personnage principal d’Ararat, entreprend de découvrir. Car il est convaincu qu’en comparant les témoignages et les rapports historiques on puisse arriver à déterminer précisément l’emplacement du site qui doit conserver encore des traces de l’Arche. Arrivé sur l’Ararat, il comprend que, au-delà de l’aura sacrée qui l’entoure, ce site est surtout un lieu éternellement disputé, marqué par un long passé de conflits qui ont laissé des blessures incurables dans la mémoire de toutes les populations d’Anatolie, et qui est encore aujourd’hui étroitement contrôlé par l’armée de l’État turc. Ces blessures remontent à la surface au fil des mots, des gestes et des silences des vieux bergers Kurdes qui reçoivent Azad avec amitié, le renseignent, le guident parmi les lieux déserts et obscurs où eut lieu, en 1915, le massacre des Arméniens qui habitaient la montagne. Avec pudeur, ils lui font découvrir ce qu’il reste de leurs villages et de leurs habitants. Parvenu au terme de ses recherches sur l’ancien mystère de la montagne Ararat, les découvertes scientifiques d’Azad Vartanian lui importeront moins que ce que, douloureusement, il aura appris d’elle, du monde dans lequel il vit et des hommes qui l’habitent...

Article de Laurent Melikian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 196, Mai 2013

Quel secret se cache derrière ce volcan enneigé que l'on voit si bien des hauteurs d'Erevan? Ararat, la montagne du mystère projette le lecteur sur les traces d'Azad Vartanian, un alpiniste obsédé par la fameuse montagne. Avec ce héros, on traverse une région contrôlée par l'armée turque pour cause de révolte kurde. On surprend les vestiges des Arméniens qui s'y étaient établis depuis des siècles. Enfin, en haute altitude, bien au-dessus de toutes zones habitées, on découvre des morceaux de bois taillés. Seraient-ce les traces de la mythique Arche de Noé qui, selon la Bible, se serait échouée sur l'Ararat? «Je suis passionné par la montagne, s'exclame Paolo Cossi ! Je devais parler de l'Ararat. » Il a trente-trois ans et déjà une solide carrière d'auteur de bandes dessinées. Le dessinateur habite un village d'altitude du Frioul, au nord de Venise. C'est là qu'il travaille et qu'il a déjà réalisé Medz Yeghern, le grand mal (publié en 2007 en Italie puis en France deux ans après). Lui qui n'a aucune origine arménienne avait à l'époque été impressionné par ce récit de 150 pages sur le génocide de 1915. Depuis, ses liens avec la culture arménienne n'ont fait que s'amplifier. Publié cette année en français, Ararat est une suite logique à Medz Yeghern. Le héros de ce récit où fiction et documentaire se croisent dans un souffle d'aventure est un personnage authentique, seul son nom est inventé. En effet, Azad Vartanian est un pseudonyme utilisé par un historien pour éviter tout problème avec les autorités turques, alors qu'il fouille inlassablement les glaciers de l'Ararat. Sous cette signature imaginaire, il a d'ailleurs publié en Italie une somme sur la montagne sacrée, Armenia Misteriosa (Nuovi Sentieri Editore). « Azad a été le premier à me parler du génocide des Arméniens, précise Paolo. Sans lui, je n'aurais pas fait Medz Yeghern. »

Une résurgence de l'Arche de Noé
Si l'on approuve le travail pédagogique de Medz Yeghern où des documents historiques indiscutables ont servi de socle à un récit pour mieux connaître le génocide, Ararat détonne! Comment l'auteur a priori cartésien s'enflamme-t-il pour une résurgence abracadabrantesque de l'Arche de Noé dans notre monde moderne? « Savoir si le bois retrouvé sur l'Ararat provient de l'arche de Noé ? Il y a une part de faits avérés et une part d'interprétations qu'Azad a élaborées depuis 15 ans. Il a trouvé du bois taillé vieux de 4 000 ans. Il pense que c'est un reste de l'Arche, mais peut-être qu'il ne s'agit que d'une habitation. Dans ma bande dessinée, je laisse le lecteur libre d'interpréter et surtout je l'emporte dans cette aventure! », précise Paolo Cossi.

Une biographie d'Hugo Pratt
Mêler réalité et fiction — voire fantastique, tel est le credo de Paolo Cossi. Tel était également le credo d'un autre auteur italien, Hugo Pratt, le créateur de du personnage de Corto Maltese. Le jeune dessinateur vient de consacrer à ce maitre une biographie en trois volumes, Hugo Pratt, un gentilhomme de fortune. Dans le premier tome, les fantômes arméniens resurgissent. Celui qui n'est pas encore dessinateur grandit en Éthiopie. Adolescent, il est troublé par une certaine Nevart, une prostituée arménienne, rescapée du génocide. « Sans Medz Yeghern, je n'aurais sans doute pas créé le personnage de Nevart. Connaissant l'histoire et la culture des Arméniens, j'ai pu développer ce personnage et expliquer ses cauchemars. », indique l'auteur.
Après avoir gravi par le pinceau l'Ararat, Paolo Cossi attaque un nouveau défi. En collaboration avec les éditions Sigest et le scénariste français d'origine arménienne, Jean-Blaise Djian, il prépare une nouvelle bande dessinée à propos de Soghomon Tehlirian, ce jeune rescapé qui, en 1921, assassina Talaat Pacha un des trois responsables du génocide. «J'ai été intéressé par ce projet pour travailler avec un scénariste, c'est une première pour moi. Après cela, e crois que j'aurais accompli ma mission vis-à-vis du génocide. » Pour autant, Paolo qui a visité à deux reprises l'Arménie reste marqué : « Dans la diaspora comme en Arménie, j'ai trouvé des gens sympathiques, désireux de transmettre leur histoire. Aujourd'hui, je rêve d'une aventure avec la montagne, le désert et une culture millénaire fascinante... ».

Laurent Melikian, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 196, Mai 2013


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 Medz Yeghern, le Grand Mal
Titre : Medz Yeghern, le Grand Mal / auteur(s) : Paolo COSSI - Préface de Antonia Arslan
Éditeur : Dargaud
Année : 2008
Imprimeur/Fabricant : CANALE, Italie
Description : 1 vol. (non paginé [ca 144] p.), couverture illustrée en couleurs, dessins en noir et blanc
Collection :
Notes : Traduction de "Mesdz Yeghern, il grande male" : Claudia Migliaccio, Lettrage : Eric Montésinos
Autres auteurs :
Sujets : Génocide arménien -- Histoire contemporaine -- Bande dessinée
ISBN : 9782505005148
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Un album d'utilité publique sur le Génocide arménien appelé "Medz Yeghern" (le Grand Mal), génocide trop peu médiatisé et bien vite oublié. Il ne s'agit pas seulement d'un album historique qui nous donnerait les faits, les dates et le nombre de morts, mais d'une véritable immersion dans cette tragédie à travers plusieurs personnages. Un album dur, violent, qui marque les esprits.


Propos recueillis par Delphine Bonardi
Avec cet album sur le génocide arménien, l'auteur Paolo Cossi prouve que le genre de la bande dessinée n'a pas seulement pour vocation de distraire. Comme Art Spiegelman ("Maus") ou Marjane Satrapi ("Persépolis") avant lui, Paolo Cossi fait appel à la conscience humaniste des lecteurs dans un récit tendre et cruel, drôle et grave autour de personnages d'une grande richesse psychologique et au caractère fort. Il a accepté de nous en dire un peu plus...

Pourriez-vous nous faire un petit résumé de votre parcours dans la BD ?
Quand j’étais enfant, j’étais souvent malade et comme nous n’avions pas la télévision, j’avais l’habitude de passer mes journées à peindre sur les feuilles que ma mère me ramenait à la maison.
J’ai grandi en lisant les aventures de Corto Maltese et d’Astérix, puis les comics de Jacovitti, Toppi et Moebius.
J’ai publié ma première bande dessinée à 22 ans, Corona, l’uomo del bosco di Erto, en 2002. D’autres romans graphiques ont suivi : Tina Modotti, Unabomber, Mauro Corona - la montagna come la vita, La storia di Mara, Il terremoto del Friuli, 1918 – destini d’ottobre, et d’autres histoires courtes.
En 2004, j’ai reçu le prix Albertarelli du meilleur jeune auteur italien.


Comment est née l’idée de l’album Medz Yeghern ?
A l’origine, je ne savais rien sur le sujet. J’en ai entendu parlé pour la première fois en 2006 par un de mes amis qui se rendait régulièrement en Turquie pour ses recherches. Quand il m’a dit qu’1,5 million de personnes avaient été assassinés et que l’on avait fait disparaître dans le désert, je suis resté abasourdi : comment était-il possible qu’un tel crime avait été tu ? Comment était-il possible qu’aucun livre d’histoire n’en faisait mention ? Alors j’ai décidé qu’il était temps d’approfondir le sujet et d’essayer de mieux le comprendre. Lors de mes recherches j’ai réalisé que cette chape de silence sur le génocide arménien devait être levée. En tant qu’auteur de bande dessinée, j’ai senti que je pouvais contribuer à cela en écrivant ce livre avec l’espoir d’éveiller l’intérêt des lecteurs qui ne connaissent pas cette horrible histoire.


Vous êtes à la fois scénariste et dessinateur. Comment avez-vous travaillé ?
En tant que scénariste, j’ai commencé mon travail en recherchant des documents mais également en cherchant une bonne intrigue pour situer les événements et les personnages historiques (comme Wegner, Lepsius, etc). L’histoire s’articule comme une sorte de jeu entre deux personnages qui, au milieu d’une situation dramatique, se rencontrent, se lient d’amitié puis se perdent.
En tant que dessinateur, j’ai passé beaucoup de temps à chercher des photographies et des images que je voulais aussi fidèles que possible aux vêtements, visages, lieux de l’époque. Cela n’a pas été difficile, excepté pour le vieux Berlin, parce qu’une grande partie de la ville a été détruite pendant la 2nde Guerre Mondiale, mais j’ai beaucoup travaillé pour réunir et mettre en ordre toutes ces informations et finalement parvenir à quelque chose de très cohérent par rapport aux événements historiques.


Comment vous êtes-vous documenté sur le sujet du génocide arménien ?
Et bien, j’ai commencé à lire plusieurs ouvrages puis recherché des documents (un ami historien m’a donné plusieurs journaux de l’époque). J’ai également recherché des photos, des films, des documentaires, où des survivants étaient appelés à témoigner. Une fois ma base de connaissances suffisamment solide, j’ai commencé mes entretiens. Passées ces étapes, j’ai dessiné quelques croquis et personnages qui, jusqu’à la finalisation du livre, étaient inconnus… même de moi !
Il n’a pas été facile de se documenter : il existe très peu de livres et évidemment ceux-ci ne se trouvent pas en haut de la pile dans les bibliothèques. Les archives sont souvent en très mauvais état. Néanmoins, quand j’ai démarré mes entretiens, beaucoup de choses sont remontées à la surface. L’aide des Arméniens a été incroyable sans compter qu’ils m’ont prêté des photos, des écrits, etc… Je ne peux pas tous les citer mais je voudrais remercier par-dessus tout Antonia Arslan, l’auteur de La masseria delle allodole, qui m’a beaucoup aidé en me donnant une documentation précieuse et m’a permis de rencontrer des personnes formidables.


Pourquoi ce sujet vous touche-t-il particulièrement ?
Beaucoup de personnes ont été surpris d’apprendre qu’un non-Arménien avait pris à cœur cette cause. Je pense sincèrement qu’il n’est pas nécessaire d’appartenir à un peuple pour être profondément affecté. Ce qui a été fait aux Arméniens n’est pas seulement un crime envers cette population mais il s’agit d’une violence contre l’humanité toute entière, comme tout génocide dans l’Histoire. S’en préoccuper, tenter de comprendre devrait être un devoir pour chaque être humain.


Quelle a été la réaction en Italie à la sortie de l’album ? Qu’attendez-vous de la parution en France et en Belgique ?
En Italie, le livre a éveillé un grand intérêt. Je l’ai présenté dans des clubs, des écoles, des bibliothèques, et rencontré de nombreuses personnes curieuses et se sentant concernées par ce sujet. Beaucoup d’entre eux, comme moi au début, n’avaient jamais entendu parler du génocide arménien et ce livre leur a donné envie d’approfondir le sujet et de faire leurs propres recherches.
Inutile de dire que j’étais très heureux de la publication de Medz Yeghern – Le Grand Mal en France et en Belgique. Pas pour ma gloire personnelle, ce dont je me préoccupe très peu, mais parce qu’ainsi le drame arménien serait connu du grand public : la France et la Belgique sont des pays où la bande dessinée est tellement appréciée et marche si bien, qu’elle nous donne « une voix forte ».


Quels sont vos projets ? Que peut-on vous souhaiter pour 2009 ?
J’ai tellement d’idées et tellement de projets que j’ai mis de côté et que j’aimerais finir une fois pour toutes. Aujourd’hui, je suis en train de terminer un nouveau livre, L’uomo più vecchio del mondo, (L’homme le plus vieux du monde) qui parle de rêves et de mensonges.
En février prochain, je me rendrais en Afrique pour un court séjour et je pense que le Sahara saura être une source d’inspiration…

Propos recueillis par Delphine Bonardi


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