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Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
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Lidia Aleksandrovna DOURNOVO
( 1885 - 1963 )

Ses ouvrages en françaisSes ouvrages en anglais


L'auteur

 
Naissance le 13 mai 1885 à Smolensk, (Russie), décès le 7 janvier 1963 à Erevan (Arménie)

Conservateur au Musée des Beaux-arts d'Erevan (en 1960).

Déportée en Sibérie de 1933 à 1936, réhabilitées en 1956

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 Miniatures arméniennes
Titre : Miniatures arméniennes / auteur(s) : Catalogues - Lidia Aleksandrovna DOURNOVO - Textes et notes de L.A. Dournovo ; réd. et préf. de R.G. Drampian
Éditeur : hayastan
Année : 1967
Imprimeur/Fabricant : hayastan
Description : 236 pages, 32,50 x 24,50 cm, 79 planches, couverture cartonnée sous jaquette en couleurs
Collection :
Notes : Institut Mesrop Machtots des anciens manuscrits-Matenadaran. Galerie d'art d'Etat de la RSS d'Arménie. _ Texte et légendes en arménien, russe et français
Autres auteurs :
Sujets : Miniatures arméniennes -- Collection du Maténédaran
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Préface

La Miniature forme l'essentiel de l'art pictural de l'Arménie médiévale. Les invasions étrangères qui ravagèrent l'Arménie au cours des siècles causèrent la perte d'inestimables valeurs artistiques et culturelles du Moyen Age, dont des manuscrits en fort grand nombre. La collection des manuscrits conservés est néanmoins représentative de l'Art du livre arménien, de la Miniature et de l'Ornementation.
Il existe actuellement dans le monde entier environ 25.000 manuscrits arméniens. Le Matenadaran*, bibliothèque fondée, d'après le témoignage de l'historien Lazare de Pharbe, au V siècle, au Patriarcat d'Etch-miadzin, en détient plus de 10.000. Cette collection, la plus importante de toutes, a pour un tiers de manuscrits illustrés, manuscrits de caractère religieux principalement (évangiles, lectionnaires, etc.) sans que ces derniers concernent pleinement et également toutes les étapes du développement de l'Art du livre.
Les origines de la Miniature arménienne remontent fort loin et les premières productions picturales -celles de l'époque suivant immédiatement la création de l'alphabet arménien (405 de notre ère) - nous sont inconnues. Les sources littéraires nous renseignent sur l'existence au VIF siècle de l'école de peinture de Kamsarakan dont nous ne possédons aucune œuvre. La plus ancienne miniature provient approximativement du VIT'siècle (L. A. Dournovo), tandis que le premier manuscrit daté qui nous soit parvenu est l'Evangile dit Lazarev de 887. La Miniature des IXe-XIIe siècles est rare au Matenadaran comme ailleurs. En revanche, les siècles ultérieurs nous en offrent abondamment.
Le Matenadaran qui se distingue par la richesse de sa collection est aussi remarquable par les manuscrits enluminés célèbres qu'il renferme. Outre l'Evangile d'Etchmiadzin (989), le Matenadaran possède des monuments d'art admirables, comme l'Evangile de 1038, l'Evangile de Moghni (milieu du XIe siècle), l'Evangile de Haghbat (1211), l'Evangile de T'argmantchats (1232) et d'autres manuscrits exécutés en Arménie cilicienne dans la seconde moitié du XIII1' siècle, comme le Lectionnaire de 1286 du roi Het'oum II, chef-d'œuvre du genre, etc.
Un premier album leur fut dédié en 1952 (La Miniature arménienne ancienne, Editions d'Etat d'Arménie) qui, sans chercher à épuiser le sujet, retraçait assez fidèlement l'évolution de ce domaine de l'art en Arménie.
Les manuscrits illustrés du Matenadaran suscitèrent l'intérêt des savants dès la fin du siècle dernier. En 1882, l'archéologue A. S. Ouvarov fit paraître un article intitulé La Bibliothèque d'Etchmiadzin (Trudy Arkheologicheskogo S'ezda, Moscou) consacré à la description de 35 manuscrits arméniens dont l'Evangile d'Etchmiadzin de 989, devenu célèbre par ailleurs. Grâce aux miniatures placées au début et à la fin du manuscrit, ce dernier fit bientôt l'objet de nombreuses et importantes études et fut publié en fac-similé par Frédéric Macler (Paris, 1920). Ce sont encore les travaux de grande valeur de Garéguine Hovsépian, éminent spécialiste de la culture médiévale arménienne. Les manuscrits arméniens et, en premier lieu, les manuscrits de Cilicie ont trouvé place également dans l'ouvrage de V. N. Lazarev: Histoire de la peinture byzantine (1947).
Malgré toute leur importance, ces recherches ne portèrent jamais sur plus d'un manuscrit ou groupe de manuscrits à la fois. La Miniature de l'Arménie ancienne (1939) de A. N. Svirine nous fut une première rétrospective de l'Art du livre s'inspirant des trésors du Matenadaran. Les manuscrits y furent classés par ordre chronologique et groupés en écoles distinctes. L'ouvrage intitulé Armenia and thé Byzantine Empire (1947) de S. Der-Nersessian (U.S. A.), membre étranger de l'Académie des Sciences de la R.S.S. d'Arménie, adopta de plus vastes proportions en même temps qu'il abordait plusieurs domaines en développant, parallèlement à la miniature, le thème de l'architecture, de la sculpture et de la peinture monumentale. L. A. Dournovo apporta, quant à elle, une nouvelle et appréciable contribution à l'étude de l'art médiéval et notamment de l'Art du livre arménien. Spécialiste de la peinture russe ancienne, L. A. Dournovo se voua à l'art médiéval arménien dès 1937, date à laquelle elle s'établit en Arménie Soviétique. Ses travaux résument de longues années de recherches. On lui doit la Miniature arménienne ancienne que nous avons déjà mentionnée et qui est un album de 60 planches tirées des plus beaux manuscrits du Matenadaran. On ne saurait trop souligner l'importance de cette publication qui, pour la première fois, en couleurs et dans une large perspective, mit à portée de notre connaissance les trésors d'art splendides du peuple arménien. L'auteur y brosse un clair tableau de l'histoire de l'Art du livre en Arménie qu'elle enrichit de notices explicatives accompagnant les reproductions des miniatures aussi minutieusement choisies qu'elles nous sont révélées dans toutes leurs particularités nationales. Le grand mérite de L. A. Dournovo fut d'avoir procédé à une'savante classification des miniatures arméniennes en tenant compte des écoles régionales distinctes dont l'existence au Moyen Age fut conditionnée par le morcellement territorial du pays, et de deux grands groupes stylistiques représentant, l'un, le genre académique, l'autre, le genre populaire, longuement élaborés au cours des siècles et répondant respectivement aux exigences de la noblesse et à celles des couches inférieures, démocratiques de la société. Un don d'observation poussé joint à des capacités de chercheur, un style laconique et imagé, favorisèrent chez L. A. Dournovo la mise en valeur d'une immense culture.
La Miniature arménienne ancienne fut vite épuisée. Un nouvel album (Miniatures arméniennes) fut publié aux Editions Cercle d'Art à Paris en 1960 avec 75 planches de la collection du Matenadaran et textes de L. A. Dournovo. Il fut reproduit un an plus tard en anglais par l'Université de Harvard.
L'édition présente, rénovée et complétée, des Miniatures Arméniennes avait été projetée du vivant même de L. A. Dournovo, prématurément décédée en 1963. Le nombre des planches a été augmenté jusqu'à 75 tout en ne conservant que 35 reproductions de l'édition précédente ; les 40 autres sont publiées pour la première fois. On y voit également les photographies de deux précieuses reliures de manuscrits : celle de l'Evangile d'Etchmiadzin (989), un diptyque en ivoire sculpté datant du VIe siècle et celle d'un évangile cilicien (Matenadaran, ms. n° 7690) exécuté en 1255 en argent doré et employant la ciselure repoussée. Les œuvres de toreutique nous sont parvenues de façon très inégale. Le Haut Moyen Age est moins bien représenté que les périodes plus avancées. La reliure de 1255, en l'occurence, témoigne d'un réel développement des arts mineurs en Arménie que viennent encore confirmer les sources littéraires.
La préface et une grande partie des notices explicatives appartiennent à L. A. Dournovo et sont empruntées à l'édition française des Miniatures Arméniennes (Editions Cercle d'Art).

R. DRAMPIAN


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 Miniatures arméniennes
Titre : Miniatures arméniennes / auteur(s) : Lidia Aleksandrovna DOURNOVO - texte et notes de Lydia A. Dournovo, ... ; préf. de Sirarpie Der Nersessian
Éditeur : Cercle d'art
Année : 1960
Imprimeur/Fabricant : Paris : Impr. Union
Description : 192 pages, 32 x 25 cm, couverture cartonnée sous jaquette coul., 10 illus. in-texte, 30 pl couleurs
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Sirarpie DER NERSESSIAN [préfacier] -
Sujets : Bible dans l'art -- Enluminure arménienne -- Enluminure médiévale -- Arménie -- Évangéliaires -- Arménie -- Matenadaran (Erevan ) – Catalogues
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Préface de SIRARPIE DER NERSESSIAN

Le beau livre, avec reproductions en couleurs de miniatures arméniennes, publié par Madame Lydia Dournovo, est appelé à prendre date; il contribuera largement à une meilleure appréciation d'un art dont la connaissance restait dans le domaine des spécialistes, et ces derniers eux-mêmes y trouveront des documents nouveaux et les éléments nécessaires pour la poursuite de leurs études. Les exemples ont été exclusivement choisis parmi les manuscrits conservés a la bibliothèque d'Erevan (Matenadaran), mais grâce à la richesse de cette collection et le discernement avec lequel le choix a été fait, on peut voir les divers aspects de l'enluminure arménienne, les particularités des différentes écoles, et noter les modifications introduites au cours des siècles.

L'auteur a déjà consacré des études intéressantes à la miniature aussi bien qu'à la peinture monumentale arméniennes. Elle dirige depuis plusieurs années un atelier ou de jeunes peintres, formés par elle, copient fidèlement les fresques des anciennes églises et les enluminures des manuscrits. Peintre elle-même, elle parle, en personne du métier, des procédés techniques employés par les artistes du Moyen-Age, et avec une grande sensibilité du style des œuvres qu'elle étudie soit dans son introduction générale, soit dans les pages consacrées à chacun des manuscrits.

Les œuvres présentées tracent une histoire plus que millénaire; la plus ancienne date du VIe ou VIIe siècle et les plus récentes sont du XVIIe siècle. On saura particulièrement gré à l'auteur d'avoir reproduit les quatre miniatures qui se trouvent à la fin de l'Evangile d'Etchmiadzin. Elles avaient été publiées dès 1891 par J. Strzygowski dans son étude consacrée à ce manuscrit, mais, imparfaitement reproduites, elles pouvaient difficilement être étudiées. Les reproductions si fidèles qui en sont données maintenant permettent de les apprécier à leur juste valeur et de les classer parmi les principales œuvres de l'art chrétien primitif. Elles avaient été considérées, jusqu'à ces dernières années, comme des miniatures syriennes importées en Arménie; de récentes découvertes et, surtout, l'étude plus attentive des fresques arméniennes des VIe et VIIe siècles démontrent, comme l'indique Mme Dour-novo, que ces miniatures ont été exécutées par des Arméniens et se rattachent au même courant artistique que les peintures murales. Elles en ont le caractère monumental et le style plutôt sévère, mais exécutées dans une autre technique, l'ornementation en est beaucoup plus riche. On notera le caractère somptueux du décor architectural et, en particulier, le cadre original du baptême, ou se trouve répété un pélican debout dans un calice d'or orné de pierres précieuses et posé sur une patène également enrichie de pierreries, ensemble de motifs dont la signification eucharistique est évidente.

Tout en signalant les influences exercées par l'art des pays voisins, et même parfois très lointains, Mme Dournovo a mis en lumière tout ce qui fait l'originalité de la peinture arménienne. En effet, malgré certaines tendances conservatrices, la survivance de motifs décoratifs ou de thèmes iconographiques anciens, l'art arménien est un art vivant qui, à maintes reprises, s'est renouvelé et a su trouver des formules originales. Les périodes créatrices coïncident avec celles de l'indépendance nationale : de la fin du IXe au début du XIe siècle, dans les royaumes des Bagratides d'Ani et de Kars, dans celui des Ardzrunis de Van et dans la province de Sunik' ; du XIIe au XIVe siècle dans le royaume de Cilicie; aux XIIIe et XIVe siècles en Grande Arménie lorsque le pays était gouverné par des princes arméniens vassaux de la Géorgie. Mais même sous la domination étrangère, et parfois dans des régions éloignées comme la ville de Khizan au sud-ouest du Lac de Van, s'est créé des écoles de miniaturistes qui ne manquent pas d'originalité. Les exemples de cette école de Van-Khizan qui ont été reproduits en montrent les débuts et sont des œuvres de caractère populaire, d'une facture plutôt grossière. Mais au XVe siècle des peintres plus doués ont su créer des compositions où la vigueur expressive s'allie à un sens décoratif très sûr et à un dessin qui s'est affiné. L'élément profane s'introduit de plus en plus dans les scènes religieuses, et ces peintres ont parfois poussé la hardiesse au point de représenter le Christ en costume contemporain, vêtu de culottes bouffantes et chaussé de bottes de cuir. C'est incontestablement en Cilicie au XIIIe siècle que la miniature arménienne atteint son apogée, ainsi qu'on peut le constater grâce aux nombreux exemples qui en sont donnés. Par leur qualité artistique les manuscrits de cette époque égalent les meilleures créations de l'art médiéval du Proche Orient ou de l'Occident. C'est un art savant, parfaitement maître de ses moyens, d'une richesse ornementale surprenante, où des éléments d'origine les plus diverses sont harmonieusement combinés avec les motifs traditionnels de l'enluminure arménienne, en des compositions sans cesse renouvelées. Le chatoiement des couleurs, tantôt délicatement nuancées, tantôt brillant comme des émaux sur un fond d'or, joint à la sûreté du dessin, confère un charme particulier aux pages décoratives, peuplées de tout un monde imaginaire, et où la fantaisie des artistes s'est donnée libre cours. Les représentations figurées témoignent du même goût de l'invention. Moins assujettis que les Byzantins aux règles de l'iconographie religieuse, les peintres arméniens de Cilicie ont enrichi le cycle évangélique de sujets nouveaux où l'observation directe de la vie se fait jour, Leur curiosité toujours en éveil leur a permis d'apprécier l'art qui s'était développé dans les principautés latines du Levant, ou les œuvres occidentales qu'ils ont connues par l'intermédiaire des Croisés.

Les manuscrits tardifs, compris dans cet album, nous offrent des exemples de l'activité artistique poursuivie au-delà des frontières de la mère patrie. Partout où ils se sont établis, les Arméniens n'ont pas tardé à fonder des ateliers de scribes et de peintres; nous les voyons à l'œuvre en Perse, dans la Nouvelle ville de Djulfa où ils avaient été transplantés par Chah Abbas I; en Crimée où ils émigrèrent en grand nombre à partir du XIVe siècle. ' II y eut aussi des écoles importantes dans les villes de la Syrie et de l'Asie Mineure, notamment à Alep, à Sébaste et à Tokat; enfin à Constantinople, surtout au XVIIe siècle. Pendant cette dernière période les peintres s'inspirent souvent des œuvres plus anciennes et copient, avec une fidélité qui peut tromper à première vue, les manuscrits de Cilicie, montrant par là qu'ils savaient reconnaître la qualité des peintures de la meilleure époque. Par ailleurs, de même que les artistes byzantins ou russes de cette même période, ils sont attirés par les gravures des bibles occidentales qu'ils imitent, surtout pour l'illustration de l'Ancien Testament ou de l'Apocalypse.

Tous ceux qui s'intéressent à la peinture médiévale seront reconnaissants à Mme Dournovo du soin avec lequel elle a choisi, commenté et fait connaître des œuvres que peu de personnes ont eu l'occasion de voir. Ils apprécieront aussi la qualité des reproductions qui donnent une image très fidèle des originaux.

SIRARPIE DER NERSESSIAN


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