PRÉFACE pour la quatrième édition
Depuis une cinquantaine d'années, le monde chrétien se préoccupa de son état de division, issu des luttes du passé. L'âpreté de la polémique s'est heureusement apaisée, et l'on peut se pencher aujourd'hui avec plus de sérénité sur le grave problème de l'union de tous ceux qui se réclament du Christ dans une seule et même Église, celle qu'a fondée le divin Sauveur. Cette « angoisse » de l'unité, qui se manifeste dans beaucoup de confessions non catholiques, est la preuve que la question se pose un peu partout. C'est surtout la notion d'Eglise qui s'impose à l'étude, car c'est là que se trouve le nœud de la difficulté à résoudre. Or, pour travailler efficacement à regrouper le monde chrétien, il faut en connaître les diverses parties, afin d'être mieux informé et de se rendre compte des obstacles à vaincre. Il est en effet nécessaire de savoir quelles sont les croyances et la mentalité des dissidents que l'on est appelé à éclairer.
Les Églises séparées d'Orient sont sans aucun doute les plus anciennes, puisqu'elles remontent sans interruption jusqu'aux apôtres, ce sont aussi celles qui sont les plus proches de nous par leur doctrine et par leur discipline. Elles forment un ensemble de plus de 175 millions de fidèles, répandus non seulement dans tout l'Orient, de l'Océan Arctique aux confins de l'Éthiopie, mais encore dans les diverses contrées de l'Europe, de l'Amérique et de l'Océanie, où se sont établis plusieurs millions d'émigrés. Ils vivent au milieu de nous. On ne saurait donc les ignorer.
C'est pour renseigner le grand public que nous avons publié cet ouvrage, il y a plus de trente ans (1922). Les changements survenus depuis lors nous ont imposé de le refondre à deux reprises (1925, 1933), pour donner un tableau exact de la situation. Une quatrième édition est devenue nécessaire, car bien des choses ont évolué dans l'organisation des Églises dissidentes. Nous avons suivi de près ces modifications, parfois très importantes, pour nous tenir au courant et avoir la possibilité de donner les renseignements les plus complets; il a fallu pour cela modifier le tiers de notre texte et refaire les cartes devenues inexactes. Nous n'avons pas négligé non plus les groupements qui reconnaissent l'autorité du Saint-Siège. En un mot, nous avons cherché à être parfaitement à jour. Certains points cependant restent provisoirement obscurs sur la situation des Églises derrière le « rideau de fer »; on ne peut en effet suivre leur évolution que d'une façon fragmentaire. Nous avons enfin augmenté la bibliographie, qui reste toutefois limitée aux seuls ouvrages accessibles au grand public.
Puisse ce travail être utile à la grande cause de l'unité chrétienne, en faisant connaître et aimer les Églises orientales et en dissipant les préjugés si funestes à la réconciliation des disciples du Christ.
Paris, le 29 mai 1955, en la fête de la Pentecôte.
Extrait à propos des Arméniens
Église apostolique, fondée selon la tradition par les apôtres saint Thaddée (martyrisé en 50, tombeau vénéré à Ardaze) et saint Barthélémy (martyre 68, tombeau à Caschkolé). Appelée aussi Église arménienne. 301 Grégoire, dit l'Uluminateur (chrétien), guérit miraculeusement le roi d'Arménie Tiridate III qui décrète la conversion officielle de son royaume au christianisme. 313 Grégoire sacré catholicos à Césarée, rase les temples païens et zoroastriens, expulse les mages. Son fils lui succède au catholicossat. 404 le moine Mesrop invente l'alphabet arménien. Ses disciples (Saints Traducteurs) transcrivent la Bible en arménien classique intégrant des textes considérés apocryphes par Rome ou Byzance, telle la Lettre de Néhémie ou Esdras 2. 451 en guerre contre les Perses et soucieux de prouver leur indépendance à l'égard de Byzance, les Arméniens ne vont pas au concile de Chalcédoine au cours duquel les participants reconnaissent les 2 natures (humaine et divine) du Christ.
L'Église arménienne est préchalcédonienne et considère que le Christ a une seule natureà la fois humaine et divine. Rejette certaines croyances tardives (Purgatoire, indulgences). A développé le culte de la Vierge et des saints dont la liste comprend martyrs et héros arméniens et saints universels des 3 premiers siècles du christianisme (close depuis le XIIIe s. ). 505 puis 554, les évêques arméniens, réunis en concile à Dvin, rejettent les définitions du concile de Chalcédoine sur les 2 natures du Christ ; l'Église arménienne est alors considérée comme monophysite par les orthodoxes byzantins (et plus tard par les latins), alors qu'elle rejette la doctrine d'Eutychès.
1923 adopte le calendrier grégorien (sauf le patriarcat de Jérusalem). 1970-8/12-3 Paul VI reçoit Vazken Ier (Levon-Garabed Baldjian, Bucarest 20-9-1908/18-8-1994). 1996-10/14-12 Jean-Paul II reçoit Karekine Ier ; signent déclaration commune.
Rite : variante du rite byzantin. Fêtes : 6-1 Théophanie groupe Noël, épiphanie et baptême de Jésus. Précédée de la Cinquantaine (50 j ponctués de 3 semaines de jeûne et de 3 dimanches de carnaval). 13-1 circoncision de Jésus. 14-2 présentation au Temple. Dimanche le plus proche du 7 mai apparition de la Croix dans le ciel de Jérusalem. Pâques, Ascension, Pentecôte. 15-8 Théotokos (maternité divine). 8-9 nativité de la Vierge. Dimanche le plus proche du 14-9 exaltation de la Croix. 3 dimanches plus tard Croix de Varag (découverte en 650 d'un morceau de la Croix sur le mont Varag). 9-10 Saints Traducteurs. 7 dimanches plus tard invention de la Croix. 21-11 présentation de la Vierge au Temple. 9-12 conception de la Vierge.
Hiérarchies : 1°) catholicosat de tous les Arméniens : siège : Etchmiadzine (Arménie ; depuis le IVe s.) ; catholicos et patriarche suprême de tous les Arméniens : 1995 (4-4) Karékine Ier Sarkissian (Syrie 1932/29-6-1999); 1999 (27-10) Karékine II Nersissian (né 1951 en Arménie). 2°) Catholicosat arménien de la grande maison de Cilicie depuis 1441 ; siège : Antélias (Liban) ; catholicos de Cilicie : 1995 (28-6) Aram Ier Keshishian. 3°) Patriarcat arménien de St-Jacques-de-Jérusalem depuis 1311, gardien des Lieux saints ; patriarche : Sa Béatitude l'archevêque Torkom II Manoogian (1990). 4°) Patriarcat arménien de Constantinople-Istanbul depuis 1461 ; patriarche : 1998 (14-10) Sa Béatitude Mesrop II Minas Moutafian.
Fidèles (en millions) : 7 [dont Arménie 2, Russie 2, diaspora 3 (dont France 0,4)].
En France : cathédrale St- Jean-Baptiste, 17, rue Jean-Goujon, 75008 Paris ; archevêque : Kude Nacachian, délégué pour l'Europe du catholicosat de tous les Arméniens, prélat des Arméniens de Paris.