Probablement traduit de : Urartu, the kingdom of Van and its art [Texte imprimé]. Translated from the Russian and edited by Peter S. Gelling Publication : New York, Washington, F.A. Praeger 1967
Préface de Jean Mercadé
Ce volume de la collection Archaeologia Mundi est consacré à l'Ourartou. Dans l'immense domaine qui est aujourd'hui celui de la science archéologique, c'est une province relativement récente. L'importance historique du Royaume de Van, dans la première moitié du dernier millénaire avant J.-C., était bien oubliée quand les récits d'un voyageur et l'art original de certaines œuvres de métal découvertes par les fouilleurs clandestins rappelèrent l’attention sur la région de l'Arménie. Et il n'y a guère plus d'une trentaine d'années en somme que l'exploration devenue méthodique permet de vérifier, de préciser et de compléter les sources assyriennes en ajoutant des textes épigraphiques nouveaux et en exhumant, sur k site des antiques forteresses, les vestiges étonnamment conservés parfois, de la civilisation ourartéenne.
Mais pour le propos de notre enquête sur les faciès divers de l'archéologie à travers le monde, ce cas méritait bien d'être considéré à part.
Sur la façon dont les problèmes se sont d'eux-mêmes posés et sur la façon dont ils ont d'abord été conçus, puis abordés, non sans tâtonnements et sans hésitations, avant d'être situés dans la juste perspective de l'histoire des civilisations du Moyen-Orient, l'auteur de ce livre fournit d'instructives indications.
Au point de vue des méthodes, il n'est pas moins révélateur de considérer ici les corrections et les additions que les inscriptions ourartéennes apportent aux Annales assyriennes, ainsi que l'appoint essentiel que représentent les données matérielles de l'archéologie quand les sources écrites se font ou par trop laconiques ou par trop dynastiques: sur la vie sociale et économique, sur les contacts culturels, ce que nous savons de plus concret vient de la fouille elle-même.
Enfin les résultats de l'exploration archéologique dépendent bien entendu, pour une large part, des conditions plus ou moins favorables offertes par le site. Mais ils dépendent aussi du choix opportun des techniques, de la rigueur des observations, et de l'exactitude des déductions. A cet égard, une fouille comme Karmir-Blour revêt un intérêt exemplaire, et marque indiscutablement un pas vers cette «résurrection intégrale du passé» qui demeure, comme pour Michelet, l'idéal et le rêve de chacun d'entre nous.
Il faut être particulièrement reconnaissant à Monsieur Boris B. Piotrovsky d'apporter à l'appui de son texte une si belle collection de documents, choisis parmi les trésors du merveilleux Musée qu'il dirige ou empruntés au Musée historique d'Erevan.
J. M.