Rouben (Minas Ter-Minassian), né en 1882 à Akhalkalak, décès en 1951 à Paris (France)
Né d'une famille émigrée d'Erzerum, il fera ses études à Etchmiadzine dans la fièvre patriotique des années 1890.
Attiré par les sciences, il entreprend des études universitaires en Russie; mais l'appel du "Pays" aura vite raison d'une vocation individuelle. Rentrant au Caucase, il y retrouve Hamo Ohandjanian, compatriote et ami, devenu entretemps cadre dirigeant de la F.R.A Dachnaktsoutioun.
Après un premier stage à Batoum en 1902, Rouben se rendra fin 1903 à Kars. Dans cette "forge", il se formera et se liera d'amitié avec Serguei-Aram (Manoukian). Suivra son baptême du feu, en juin 1904, à la frontière, avec le célèbre Nicol Doumane. L'équipée tournera court; et Rouben, après une crise de dépit surmontée grâce à un caractère énergique et le soutien d'une mère courageuse, se rendra à Van un an après, sous un déguisement de porteur.
II y retrouvera Serguei et fera connaissance avec d'autres gars du groupe des "Garabaghiotes" de Chouchi, tel Ichkhan, avec qui il partagera les tâches d'organisation du Vasbouragan montagneux. Un travail d'arrache-pied confirmera ses capacités; mais les circonstances d'action l'inciteront à demander à ses camarades son transfert au Daron, en une "mission sans retour" selon une de leurs plaisanteries héroïques...
Ce jeune homme de 24 ans assumera dans l'enfer du Daron le rôle de plénipotentiaire F.R.A., aux côtés de cadres et fedaïs vétérans tels Kevork Tchavouch, Sbaghanats Makar, Vartan vartabed, poursuivant l'oeuvre des Hrair, Vahan, Sérop et Gourkène...
Apres la Constitution, il prendra une retraite partielle; mais la dégénérescence du régime turc et la montée des périls le contraindront de regagner son poste en 1912, toujours au Daron. Son signal d'alarme et ses préparatifs ne pourront cependant avoir raison de la léthargie post-constitutionnelle, ni prévenir cette nouvelle méthode d'extermination collective promue par les Jeunes-turcs, que plus tard on nommera Génocide...
Ayant, en 1915-16, livré d'innombrables combats pour sauver la population du Daron, Rouben se résoudra à joindre les lignes russes, d'où il déploiera d'immenses efforts de sauvetage des survivants; ils seront installés sur une portion de territoire arménien qui, ainsi, retrouvera son homogénéité ethnique. Membre du Conseil National Arménien, ensuite du Parlement d'Arménie, en fait Rouben téléguidera ces opérations, efficacement secondé par des adjoints à toute épreuve tel Mouchegh Avedissian. Membre du Bureau F.R.A. et ministre de la Défense et de l'lntérieur entre mai et octobre 1920, il écrasera l'insurrection bolchevique, poursuivra la pacification et l'installation des réfugiés. Apres la soviétisation imposée par l'Armée Rouge, il quittera l'Arménie pour l'Europe, via la Perse.
Pendant ses trois décennies d'exil, Rouben poursuivra son action militante (membre quasi permanent du Bureau FRA) mais aussi, et surtout, écrira ses "Mernoires". R. Tarpinian, fondateur-directeur de l'organe F.RA. "HaTrenik" de Boston et autre ami d'enfance, fera l'impossible pour arracher à cet homme peu enclin à l'expression écrite des pages d'un souffle épique qui font de lui "I'Homere de la Révolution arménienne". Un projet de publication en dix volumes est mis sur pied par A Pilibos, H. Karian et D. Kazandjian, camarades et amis de Californie. Son exécution, interrompue par la mort de l'auteur, en 1951, sera repris et réalisée par un assemblage rédactionnel des parties disponibles...