Bibliothèque de l'Eglise apostolique arménienne - Paris - TERNON , Yves     Retour à l'Index des auteurs en français    Accueil des catalogues en ligne

Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
15, rue Jean-Goujon - 75008 Paris || Père Jirayr Tashjian, Directeur
Téléphone : 01 43 59 67 03
Consultation sur place du mardi au jeudi, de 14 heures à 17 heures


Yves TERNON
( n. 1932 )

L'auteur

Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir
Naissance en 1952 à Saint-Mandé (Val-de-Marne, France)

Yves Ternon, ancien interne des Hôpitaux de Paris, est chirurgien. Après plusieurs publications médicales, il s'est consacré à la recherche historique devenant un spécialiste internationalement reconnu en ce qui concerne la genèse des crimes contre l'humanité.

ligne
2451
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 La Turquie aux Turcs
Titre : La Turquie aux Turcs / auteur(s) : Yves TERNON - Destruction des communautés chrétiennes de l'Empire ottoman : nestoriens, chaldéesn, syriaques et Grecs (1914-1924)
Éditeur : Cerf
Année : 2021
Imprimeur/Fabricant : SoBook - Linselles (France)
Description : 13,5 x 21,5 cm, 318 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Cerf Patrimoines
Notes :
Autres auteurs : Gérard DEDEYAN [préfacier] -
Sujets :  Chrétiens -- Persécutions -- Empire ottoman -- 1900-1945 -- Destruction des communautés chrétiennes en Turquie 1924-1924
ISBN : 9782204143400
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

De 1914 à 1924, des communautés chrétiennes de l’Empire ottoman ont été détruites. Ces chrétientés orientales, pour certaines nées des schismes du Ve siècle, s’étaient maintenues dans leur diversité pendant la période ottomane dans un empire multiethnique et pluriconfessionnel. Nestoriens, chaldéens (également appelés assyro-chaldéens), syriaques et Grecs, disparaissent, les uns au cours du génocide des Arméniens (avril 1915-décembre 1915) et jusqu’en 1918, les autres dans un contexte différent, comme les communautés grecques dont la destruction s’étend de 1914 à 1924.
Le responsable de cette destruction est le nationalisme turc. Exprimé sous la forme d’un turquisme, voire d’un panturquisme et d’un pantouranisme chez les Jeunes Turcs du Comité Union et Progrès, ou d’un turquisme moins conquérant dans le mouvement kémaliste de 1919 à 1924, il obtient le même résultat : un nettoyage ethnique et religieux qui exclut les chrétiens d’une Turquie où les musulmans sont, dans l’esprit de ces idéologues, les seuls à même d’adhérer à un projet national turc.
Ce livre explore avec rigueur les différentes modalités de la disparition des chrétiens d’Anatolie, à partir d’une abondante documentation complétée par la récente publication des Archives du Vatican.

Article de Zaven Djanjikian, Nouvelles d'Arménie Magazine, numéro 248, Octobre 2021

Le titre ne peut être plus explicite. Il vient nous rappeler que l’entreprise de turquification forcée de l'espace anatolien s'est déroulée la fin du XIXe siècle sous le règne du sultan Abdul Hamid II et a été parachevée par Atatürk. Le propos de l'historien consiste à établir à la fois un fil conducteur depuis les massacres hamidiens aux nettoyages kérnalistes, mais aussi de distinguer chaque mode opératoire. En définitive, sur les 4.5 millions de chrétiens que comptait l'Anatolie (30 %, au début du XXe siècle). il reste aujourd’hui 70 000 Arméniens et un millier de Grecs. Le nettoyage a bel et bien été fait. Historien des génocides du XXe siècle, Yves Ternon a été l'un des premiers à Introduire le comparatisme. Ce qui l'a de fait rendu extrêmement exigeant quant à la définition du terme. S'il n'établit pas de continuum d'intentions génocidaires dans tous les cas, c'est dans le but de mieux différencier chaque cas tenant compte des contextes et des motivations des bourreaux.

Fonds d'archives du Vatican
Pour la première fois. il propose une vue d'ensemble de ce qu'a été le processus d'extermination de ces trois communautés (syriaques, grecs pontlques, assyro-chaldéens). L'ouvrage fait preuve de pédagogie en retraçant les trajectoires de chaque communauté concernée. Trois Églises, distinctes par le dogme, parfois vivant en osmose comme à Mardin, mais unies par la foi et le malheur, puisqu'elles ont aujourd'hui pratiquement disparu du sol anatolien. Pour mener à bien son entreprise, Yves Ternon a utilisé une abondante documentation complétée par la récente publication du fonds d'archives du Vatican. Il a pu aussi compter sur le concours de son ami, l’historien Gérard Dédéyan. qui signe la préface, mais aussi du travail du père Georges-Henri Ruyssen,Jésuite belge, qui a publié un ensemble d'archives du %%nom consacré à la question arménienne. Si la figure du pape Benoit XV qui était intervenu à de rares reprises auprès du pouvoir ottoman, puis kémaliste pour stopper les massacres en cours, difficile de prétendre que le souverain pontife eut l'attitude d’un Juste. Il faut tenir compte qu'en cette période troublée le Saint-Siège et l'Œuvre d'Orient déjà active dans l'Empire ottoman avaient en tète deux préoccupations : juguler le défi posé par le prosélytisme protestant au Moyen Orient, déployé par des missionnaires mieux lotis que les catholiques, et convertir les schismatiques arméniens. syriaques orthodoxes et nestoriens...

Le livre que l'on attendait
Ternon s'Interroge sur les différences de traitement vis-à-vis de ces trois groupes chrétiens. Les Arméniens sont tués d'abord parce qu'Ils sont Arméniens, ensuite parce qu'ils sont chrétiens Si l'extermination des Arméniens est avant tout de nature politique (empêcher la constitution d'une Arménie indépendante), celle des Nestoriens (ou Assyriens) du massif du Halckari et des Syriaques orthodoxes du Tur Abidin (épargnés dans un premier temps) est davantage motivée par une instrumentalisation de l'Islam. Quant à l'annihilation des Grecs Pontiques, nullement Inquiétés pendant la Grande guerre, elle est notamment due aux prises de position malencontreuses du gouvernement d'Athènes après 1918. Au seuil de son 90e anniversaire, Yves Ternon a écrit le livre que l'on attendait, dicté par son impératif de défense de la dignité humaine, de la justice et de la vérité.


2444
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Les Justes et gens de bien du génocide des Arméniens
Titre : Les Justes et gens de bien du génocide des Arméniens / auteur(s) : Gérard DEDEYAN -
Éditeur : Geuthner
Année : 2021
Imprimeur/Fabricant : ISI-Print, La Courneuve, France
Description : 16 x 24 cm, 440 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection :
Notes : Glossaire, Index des noms de personnes, Index des noms de lieux, 8 cartes
Autres auteurs : Yves TERNON [préfacier] -
Sujets : Génocide arménien (1915-1916) - Biographies
ISBN : 9782705340728
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Auteurs : DÉDÉYAN Gérard, DEMIRDJIAN Ago, SALEH Nabil

Parmi les Justes et gens de bien qui prirent des risques majeurs pour sauver les Arméniens pendant le génocide de 1915, il y eut aussi bien des Occidentaux chrétiens ou juifs, que des Orientaux musulmans de diverses confessions.
Malgré l'absence d'ordre de son ministère de tutelle le vice-amiral Louis Dartige du Fournet osa prendre les mesures nécessaires pour recueillir les Arméniens qui, retranchés dans la « Montagne de Moïse », avaient résisté pendant plus de quarante jours à une armée turque.
Sauvetage des combattants arméniens du Musa Dagh. Témoignage du Pasteur Andreassian (2 sept. 1915) :
C'était le Guichen, vaisseau français. Pendant qu'on abaissait une chaloupe, plusieurs de nos jeunes s'étaient élancés vers la mer, et bientôt ils nageaient dans la direction du beau navire qui semblait nous venir de Dieu. Avec des cœurs qui battaient fort, nous descendîmes sur la plage et le capitaine nous invita à lui envoyer une délégation pour rendre compte de notre situation. Il lança un télégramme sans fil à l'amiral et, peu après, le vaisseau Jeanne d'Arc apparaissait à l'horizon, suivi par d'autres navires de guerre français. L'amiral nous dit des paroles d'encouragement et ordonna que chaque membre de notre communauté fût accueilli à bord des vaisseaux.
Raymond H. Kévorkian, Yves Ternon, Mémorial du génocide des Arméniens, p. 447-448.

La région montagneuse du Dersim, à l'est de l'Anatolie, était peuplée de Kurdes, en grande partie de confession alévie — marquée par le mysticisme et le respect de la personne humaine — qui ne participèrent pas au génocide des Arméniens, mais au contraire protégèrent ceux-ci, mettant en péril leur propre sécurité, voire leur vie. La politique de turquification mise en œuvre par Mustafa Kemal entraîna une révolte massive des Kurdes du Dersim (1936-1938), qui se termina par une répression qui fit des milliers de morts.
Sauvetage d'Arméniens par des Kurdes du Dersim (un chef de village rassure une déportée sur le sort de sa sœur) :
-Vallahi, billahi [Jurer Dieu], elle est en sécurité et son honneur autant. J'ai emmené en même temps que les Simonian une centaine de familles dans le seul but de les sauver. Lorsque j'ai vu ta soeur, ta belle-soeur, Mme Azniv, des dames si bien élevées, si raffinées, je les ai prises en pitié. Je savais qu'elles étaient condamnées à périr dans des conditions horribles. Dès lors, j'ai formé le projet de les sauver, mais je n'arrivais pas à les convaincre de la pureté de mes intentions. Elles refusaient obstinément de me suivre. Elles ne cessaient de crier : « Nous mourrons s'il le faut ; mais nous n'irons pas avec vous ». Alors, je leur ai envoyé mes Kurdes armés et une charrette pour les emmener de force. Maintenant elles ne savent comment me témoigner leur reconnaissance. Elles voient en moi leur sauveur.
Raymond H. Kévorkian, Yves Ternon, Mémorial du génocide des Arméniens, p. 450.


2443
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Paroles d'enfants arméniens - 1915-1922
Titre : Paroles d'enfants arméniens - 1915-1922 / auteur(s) : Sonya ORFALIAN -
Éditeur : Gallimard
Année : 2021
Imprimeur/Fabricant : 53-Mayenne : Impr. imprimerie Floch
Description : 12 x 18,5 cm, 224 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Témoins, sous la direction de Pierre Nora
Notes : Traduction de Silvia Guzzi. Présentation de Gérard Chaliand, mise en contexte historique d'Yves Ternon et parallèle avec la Shoah de Joël Kotek
Autres auteurs : Gérard CHALIAND [introduction] - Yves TERNON [contribution] -
Sujets : Génocide arménien 1915 -- Récits personnels
ISBN : 9782072944918
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Ces "voix brisées", dit-elle, aucun micro, aucune caméra ne les a jamais données à entendre ou à voir. Des voix d'une autre époque, fragmentées, qui relatent chacune à leur manière des violences inouïes, des fuites rocambolesques, des survies miraculeuses. Un livre poignant et nécessaire. Ces témoignages sont encadrés par la présentation de Gérard Chaliand, la mise en contexte historique d'Yves Ternon et le parallèle avec la Shoah de Joël Kotek.

2210
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Génocide - Anatomie d'un crime
Titre : Génocide - Anatomie d'un crime / auteur(s) : Yves TERNON - Préface d'Annette Becker
Éditeur : Armand Colin
Année : 2016
Imprimeur/Fabricant : 95-Domont : Dupli-print
Description : 14 x 22 cm, 304 pages
Collection : Le temps des idées
Notes : Contient 4 articles publiés précédemment dans la "Revue d'histoire de la Shoah" et 3 exposés faits lors de conférences, de colloques ou d'enseignement dispensé par le Mémorial de la Shoah. - Bibliogr. p. 288-292. Index
Autres auteurs :
Sujets : Racisme - Histoire - Génocide -- 20e siècle
ISBN : 9782200614423
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Génocide. Ce néologisme, créé par Rafael Lemkin en 1943 pour signifier la destruction des Juifs d’Europe, assassinés pour ce qu’ils étaient, n’appartient hélas pas au passé. Avant la Shoah, le monde avait été témoin du génocide des Arméniens en 1915 ; plus près de nous, en 1994, les Tutsi furent également les victimes de ces destructions de masse.
Yves Ternon s’est consacré depuis les années 1960 à l’étude de la médecine allemande sous le national-socialisme. Il est depuis devenu un historien de premier plan sur la question du crime de génocide.
Cet ouvrage, qui constitue la synthèse de ses recherches sur la question, est consacré dans un premier temps à « décortiquer » les sources idéologiques, juridiques et historiques ; dans un second temps, aux paramètres ayant conduit à leur application visant à la destruction du peuple arménien de l’Empire ottoman, des Juifs d’Europe et des Tutsi du Rwanda.
La préface de l’historienne Annette Becker revient sur le parcours d’Yves Ternon, parcours ayant abouti à cette réflexion autour de la genèse du racisme biologique et du crime de génocide.
Une réflexion nécessaire à l’heure où le monde est de nouveau plongé dans d’autres formes de violences.

Article de René Dzagoyan, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 231, Juillet-Aout 2016

On ne présente plus le docteur Ternon. Ses dix-huit ouvrages sur la logique génocidaire en ont fait un acteur majeur de l'entrée du génocide de 1915 dans la conscience collective. De toutes ses études, Yves Ternon tire une fresque sur la folie des hommes, Génocide, Anatomie d'un crime. Ouvrage contre l'oubli, œuvre pour la compréhension de l'homme.
L'ouvrage est une collection d'articles qui s'articulent selon une logique toute scientifique : les fondements idéologiques des génocides, leur qualification juridique, leurs méthodes d'exécution. Pourtant, au-delà de ces analyses au scalpel, ce qui frappe ce sont les hommes, les justes et les injustes, les victimes et les bourreaux, les rescapés et les complices, les uns avec leur lucidité désespérée, tel ce Raphaël Lemkin, juriste juif américano-polonais, le concepteur du mot « génocide » qui, pendant quinze ans, de 1933 à 1948, tape à toutes les portes pour qu'enfin les massacres de masse soient considérés comme un crime, sous les sarcasmes de ses collègues et des médias, tel l'éditorialiste du Monde en 1945 selon qui ce nouveau concept ne restera à la mode que deux ou trois mois. Belle clairvoyance. Ou encore ce Benjamin Whitaker chargé en 1983 par l'ONU de trouver les moyens juridiques d'en punir les auteurs. Son rapport, livré en 1985, y parlait du génocide des Arméniens. Il fut enterré.

L'assassinat médicolégal
De l'autre côté du trottoir, le livre nous présente le professeur de droit Karl Binding et un médecin psychiatre, Alfred Hoche, promoteur d'une nouvelle théorie: l'assassinat médicolégal. Pour préserver les bien portants et les générations futures, liquider les fous, les handicapés, les enfants aux maladies génétiques, enfin tous ceux qui ne ressemblaient pas à M. Hitler. Le programme est soigneusement planifié et mis en œuvre dès 1939. Le quartier général des organisateurs se situait à Berlin, Tiergartenstrasse, n°4. Le programme s'appellera donc Aktion T4. Fallait y penser. Les hommes d'Aktion T4 mettront à leur actif environ 200 000 gazés. Jolie performance, qui allait servir de banc d'essai aux futures chambres à gaz. Question technique, faut leur reconnaitre cette qualité, les Nazis étaient très pointilleux.
La « passion génocidaire » Pourtant le livre ne réserve pas ses médailles de l'horreur aux seuls Jeunes-Turcs ni à leurs émules germaniques. Le chapitre sur les guerres balkaniques nous en apprend de belles sur les Serbes, les Bulgares et nos amis Grecs. Peintures peu flatteuses, tout comme celles des États belge et français dont la subtile stratégie du « diviser pour mieux régner » au Rwanda s'est conclue par un « Bagatelle pour un Massacre ». L'ouvrage d'Yves Ter-non s'ouvre par un vaste historique des théories de l'évolution, de la sélection naturelle ou des races humaines régulièrement fustigées pour avoir supposément fourni le « terreau » du racisme et des génocides. Mais il se poursuit et se conclut par le portrait des hommes qui ont mis la science au service de leur « idéologie de la mort » et la technique au service de leur « passion génocidaire », montrant ainsi que les idées sont comme les couteaux de cuisine, disponibles pour le meilleur comme pour le pire, selon la main qui les utilise.

Échapper à la logique de la mort
Enfin, pourquoi ce livre ? Pourquoi un dix-neuvième opus pour raconter encore et toujours ce que les dix-huit précédents avaient si magistralement décrits ? La réponse se trouve dans l'actualité, dans ce Moyen-Orient où l'Arménien, le Juif et le Rwandais ont pour nom Yézidis, Assyro-Chaldéens ou Kurdes. Parce que l'histoire des hommes ne se termine pas en 1915 à Deir-ez-Zor, ni en 1945 à Auschwitz, ni en 1994 à Kigali. Et qu'oublier le passé, c'est permettre sa répétition dans le futur. Pour échapper à cette logique de la mort, il faut des hommes qui répètent. Et comme le dit avec tant d'évidence Anne Becker dans sa préface : « Yves Ternon sauve les victimes des génocides de l'oubli et de la négation ; l'anatomiste des génocides est un Juste. »I

René Dzagoyan, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 231, Juillet-Aout 2016


2435
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Le génocide des Arméniens de l'Empire ottoman
Titre : Le génocide des Arméniens de l'Empire ottoman / auteur(s) : Raymond Haroutiun KEVORKIAN - Claire MOURADIAN - Yves TERNON - Stigmatiser, Détruire, Exclure
Éditeur : Mémorial de la Shoah
Année : 2015
Imprimeur/Fabricant : Imprimerie Stipa -93189 Montreuil Cedex
Description : 15 x 21 cm, 52 pages, couverture illustrée en couleurs ; Lexique, chronologie, bibliographie, bilan
Collection :
Notes : Publié à l'occasion de l'exposition éponyme, Paris, Mémorial de la Shoah, 3 avril-27 septembre 2015
Autres auteurs :
Sujets : Génocide arménien (1915-1916)
ISBN : 9782916966724
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Au cours de la Première Guerre mondiale, le Comité Union et Progrès, parti nationaliste turc gouvernant l'Empire ottoman, a mis en œuvre la destruction systématique de ses citoyens arméniens, rompant ainsi avec la tradition impériale multiethnique et multiconfessionnelle. Le contexte de guerre a constitué la condition nécessaire, propice à ces violences de masse planifiées qui ont été menées en deux étapes : massacres des hommes adultes et des conscrits, puis déportation des femmes et des enfants de mai à octobre 1915 ; élimination progressive des déportés dans les camps de concentration établis dans le désert syrien et en Mésopotamie. Interdits de retour par la république kémaliste, les rescapés et leurs descendants forment aujourd'hui une diaspora mondiale, principalement en Russie, aux États-Unis et en France. À l'occasion du centième anniversaire de ce génocide, le Mémorial de la Shoah a décidé de dédier une exposition à ces évènements qui préfigurent les meurtres de masse perpétrés au cours du XXe siècle, en mettant également en exergue le déni dont il continue à faire l'objet.

2157
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Revue d'histoire de la Shoah, Numéro 202 - Mars 2015, Se souvenir des Arméniens, 1915-2015, Centenaire d'un génocide
Titre : Revue d'histoire de la Shoah, Numéro 202 - Mars 2015, Se souvenir des Arméniens, 1915-2015, Centenaire d'un génocide / auteur(s) : Revue d'histoire de la Shoah -
Éditeur : Centre de Documentation Juive Contemporaine
Année : 2015
Imprimeur/Fabricant : Imprimé en France par Chirat
Description : 15 x 24 cm, 616 pages, couverture illustré en couleurs
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Raymond Haroutiun KEVORKIAN [contribution] - Claire MOURADIAN [contribution] - Yves TERNON [contribution] -
Sujets : Génocide arménien -- Centenaire
ISBN : 9782916986113
Lecture On-line : Cliquer ici

Commentaire :

Après le numéro spécial consacré en 2003 au génocide des Arméniens, nous avons choisi de publier, pour commémorer le centenaire de la tragédie, des documents (archives diplomatiques et militaires, correspondances, rapports et témoignages) qui exposent le déroulement des évènements caractérisant le crime de génocide en privilégiant une perspective comparatiste.

Le génocide des Arméniens, perpétré sur le territoire de l'empire ottoman, avait été ourdi depuis plusieurs décennies. Le Parti jeune-turc (Comité Union et Progrès) passe à l'action à la faveur du déclenchement de la Grande Guerre au côté des puissances centrales. Ces documents montrent que, depuis longtemps, en Turquie, flottait dans l'air l'idée de « liquider la question arménienne en liquidant les Arméniens » pour reprendre les mots d'un responsable turc. Sans compter que pour les milieux nationalistes jeunes-turcs, la charia était incompatible à la notion moderne d'égalité civique. Parallèlement, le Comité Union et Progrès avait mis sur pied en 1911 une organisation spéciale (O.S.) chargée des basses besognes. C'est elle qui, à partir du mois d'avril 1915, entreprend l'extermination.

Le processus d'homogénéisation islamique et turc du pays portait en lui (avec parfois la complicité tacite de l'ambassade d'Allemagne) une politique de « purification ethnique » qu'on qualifiera plus tard de génocide. On ne peut lire ces témoignages qu'à la condition de comprendre que le monde turco-musulman n'obéissait pas au logiciel intellectuel occidental. Et que de ne pas avoir entendu ce massacre annoncé a conduit à ce million et demi de morts qui nous interroge sur la force du panturquisme et de la violence propre à un islam conquérant.


1217
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Guerres et génocides au XXe siècle
Titre : Guerres et génocides au XXe siècle / auteur(s) : Yves TERNON - Architectures de la violence de masse
Éditeur : Odile Jacob
Année : 2007
Imprimeur/Fabricant : 77-Courtry : Impr. Sagim-Canale
Description : vol. (398 p.) : cartes, couv. ill. en coul. ; 24 cm
Collection :
Notes : Notes bibliogr. Index
Autres auteurs :
Sujets : Guerre (droit international) -- Génocide arménien (1915-1916) -- Juifs -- Extermination (1941-1945) -- Rwanda -- 1994 (Guerre civile)
ISBN : 9782738118653
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Le XXe siècle, siècle des génocides ? Les années qui viennent de s’écouler, malgré la mise en œuvre d’une justice pénale internationale, ne permettent guère l’optimisme. Après tout, les années 1990 resteront marquées du sceau des violences commises en ex-Yougoslavie et du génocide des Tutsi au Rwanda.

Le moment est donc venu de s’interroger : les guerres majeures de notre temps conduisent-elles nécessairement au génocide ? La guerre n’est-elle qu’un accélérateur des crimes de masse ou bien doit-on chercher à les expliquer autrement ?

Yves Ternon relie ici notamment les trois grands génocides qui ont marqué le siècle écoulé : celui des Arméniens, celui des Juifs, celui du Rwanda. Il dévoile l’alchimie complexe qui mène au massacre. Et pose une question centrale aujourd’hui : la guerre a-t-elle définitivement triomphé du droit ?


Article de René Dzagoyan, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 132, Juillet-Août 2007

Karl von Clausewitz disait que « la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens ». C'était là une manière élégante de rendre la guerre légitime et de faire des massacres de masse des crimes sans criminel. Le XXe siècle a connu deux guerres en Europe, celle de 14 qui fut le berceau du génocide des Arméniens, et celle de 3945 qui fit le lit du génocide des Juifs. Deux guerres, deux génocides. Vint ensuite le Rwanda sur fond de guerre civile. Le génocide ne serait-il pas, comme aurait dit Clausewitz, la continuation de la guerre par d'autres moyens ? Et si la guerre est légitime, pourquoi un génocide ne le serait-il pas ?

Quel terme
La question n'est pas neutre. Les Arméniens en savent quelque chose : la Turquie était en conflit avec les Russes, les Arméniens avaient partie liée avec eux, les Arméniens étaient donc les ennemis de l'intérieur. Si la guerre contre l'ennemi de l'extérieur était légitime, celle contre l'ennemi de l'intérieur l'était donc tout autant. CQFD. C'est, on le sait, l'argument majeur d'Ankara.
Un argument qui a fait école. Hitler l'a théorisé et utilisé avant même l'exécution de la Shoah dans « Mein Kampf » et les responsables Hutus, après le génocide rwandais, se sont empressés de le prendre à leur compte, et avec un certain succès, vu que plus de dix ans après le massacre des Tutsies, on s'interroge encore pour savoir par quel terme on doit le qualifier. Les fonctionnaires de l'ONU en discutent encore.

Pluridisciplinaire
C'est cet argument qu'analyse Yves Ternon dans sa dernière œuvre « Guerres et génocides au XXe siècle ». Il faut dire « œuvre» et non pas « livre », car l'ouvrage appartient à cette catégorie de réflexion qui s'apparente à des monuments de pensée qui résument tout ce qui a été dit avant eux et préparent tout ce qui sera dit après eux et dont les modèles les plus ressemblants sont « De la Guerre » de Clausewitz ou « Guerre et Paix parmi les Nations » de Raymond Aron.
Tout comme le pontife de Science-Po, Ternon prend le parti pris d'être pluridisciplinaire, c'est-à-dire d'examiner le problème de l'acte génocidaire sous toutes ses facettes, historique, politique, psychologique et sociologique, pour démontrer que le meurtre prend ses racines, non point dans un terreau unique, la guerre, mais dans ces matières organiques plus subtiles et beaucoup moins visibles que sont une certaine idée de l'histoire, une certaine idée de la culture et surtout, une certaine vision de l'identité de soi et de l'homme. Dans l'autopsie microscopique que fait le docteur Ternon des trois génocides majeurs du siècle, 1915, la Shoah et le Rwanda, le plus terrifiant est que les fertilisants du crime sont patiemment instillés dans la matière sociale bien avant que le crime ne se commette, et plus encore, pour qu'il se commette.

Préméditation
Bien avant le 24 avril arménien, les premières déportations juives ou les premiers coups de machette rwandais, le politique prépare le terrain, le laboure, l'ensemence, patiemment, méthodiquement, froidement, pour que le crime soit le plus parfait et systématique possible.
L'idée du génocide et la volonté de le commettre précèdent et de loin l'acte lui-même, bien avant le déclenchement de toute guerre qui, plus tard, lui servira de prétexte. L'acte qu'on dit de légitime défense devient un crime avec préméditation.
La guerre n'est plus la cause, c'est tout au plus un substrat.

Question de dosage
A l'heure où l'on parle de la spécificité de tel ou tel génocide par rapport à un autre, le travail d'Yves Ternon, en refaisant l'analyse des trois génocides du siècle, permet une première conclusion : les ingrédients des génocides sont tous les mêmes, seule diffèrent leur dosage et leur coloration. L'alchimie génocidaire utilise les mêmes méthodes et les alchimistes les mêmes bréviaires.
Le résultat recherché est toujours le même : la mort en masse.
La deuxième conclusion, quant à elle, ruine la thèse de départ, celle où le génocide est présenté comme la suite logique de la guerre. « Le génocide fait plus obstacle à la stratégie de la guerre qu'il la sert ».

Un maître
La troisième conclusion, enfin, et la plus désespérante, est qu'après plus d'un siècle de réflexion sur le droit international, des dizaines de traités règlementant l'art de la guerre pour faire de cet acte barbare un acte civilisé, après trois génocides dont deux sont encore impunis, les instruments juridiques susceptibles de les prévenir sont inexistants, tout comme sont inexistants les organismes internationaux chargés de les empêcher.
Ce n'est pas par hasard que l’œuvre se termine sur une citation de Hannah Arendt qui dit « Si le génocide demeure possible, alors aucun peuple au monde (...) ne peut être certain de survivre sans la protection de la loi internationale ». Du coup, le travail d'Yves Ternon apparaît sous un autre angle : celui d'une contribution à toute législation future qui se donnera pour but de prévenir, avant qu'il ne se commette, le plus inhumain des crimes contre l'Humanité. Le jour où cet édifice juridique existera, on pourra dire alors qu'Yves Ternon y aura apporté sa pierre.


1159
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Éclats de voix
Titre : Éclats de voix / auteur(s) : Yves TERNON - Recueil de textes, 1974-2005 ; Préface de Meïr Waintrater
Éditeur : Le félin
Année : 2006
Imprimeur/Fabricant : Darentiere à Dijon-Quetigny (21)
Description : 11,5 x 17,5 cm, 176 pages, couverture illustrée représentant la "une" du quotidien français en langue arménienne "Haratch"
Collection : Le Félin Poche
Notes : Recueil de textes 1974-2005, parus dans le quotidien français en langue arménienne "Haratch"
Autres auteurs :
Sujets : Recueil de textes 1974-2005, parus dans le quotidien français en langue arménienne "Haratch"
ISBN : 9782866456351
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Ce livre retrace un itinéraire de trente années de collaboration épisodique au quotidien arménien Haratch. Ce sont là vingt articles d'un historien qui, par moments, a besoin de s'exprimer hors de l'enceinte d'une université bridée par des règles de courtoisie et de hausser le ton pour jeter quelques éclats de voix afin d'apaiser son indignation devant le mensonge et la mauvaise foi. Ce sont aussi des hommages rendus en maintes occasions. Ce sont enfin des jalons qui marquent l'évolution du double processus de connaissance et de reconnaissance du génocide arménien, des années de turbulences d’une mémoire arménienne blessée par le négationnisme aussi obsessionnel qu'absurde de la Turquie.

709
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 L'Empire ottoman
Titre : L'Empire ottoman / auteur(s) : Yves TERNON - Le déclin, la chute, l’effacement
Éditeur : Michel de Maule
Année : 2002
Imprimeur/Fabricant : 21-Quétigny : Impr. Darantière
Description : 15,5 x 23,5 cm, 576 pages, couverture illustrée en couleurs, carets, index
Collection : Félin poche
Notes : Réédition en poche. Glossaire, Index des nom de personnes, Index des noms de lieux
Autres auteurs :
Sujets : Turquie -- Histoire -- 20e siecle
ISBN : 9782866454258
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Pendant six siècles la maison d'Osman imposa sa toi à des dizaines de peuples et de nations. À son apogée, au XVIe siècle, l'Empire ottoman s'étendait sur trois continents. Puis il amorça son déclin. Les sultans ne pouvaient moderniser L'empire en préservant tes règles théologiques sur lesquelles il reposait. L'Empire ottoman subit les pressions divergentes des puissances européennes. La Russie convoitait ses territoires. L'Angleterre tenait à ta préserver pour assurer sa route des Iodes. Au XIXe siècle, miné par L'éveil des nationalismes, L'empire commença à se démembrer et perdit ses possessions européennes et africaines. En rêvant de reconstituer un ensemble turc asiatique, les Jeunes-Turcs précipitèrent son effondrement qui se produisit après la Première Guerre mondiale. La révolution kémaliste préserva L'empire d'une désintégration. Sur ses ruines, Mustafa Kemal édifia une République turque laïque et moderne.

L'Empire ottoman fut un vaste ensemble multiethnique et multiconfessionnel. La Turquie n'est pas la seule héritière de cet empire. Aujourd'hui, plus de vingt États ont, dans Leur histoire, un passé ottoman. En restituant à chacun ta part de ce passé qui lui revient, ce [ivre contribue à apaiser des forces irrédentistes et des passions nationalistes toujours vives. Il fournit une grille de lecture nouvelle à l'histoire des Balkans et du Proche-Orient.


1123
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Mardin 1915
Titre : Mardin 1915 / auteur(s) : Yves TERNON - Revue d'histoire arménienne contemporaine
Éditeur : Revue d'histoire arménienne contemporaine
Année : 2002
Imprimeur/Fabricant : Chirat, 42540 St-Just-la-Pendue
Description : 16,5 x 24 cm, 374 pages
Collection : Numéro spécial de la revue d'Histoire arménienne contemporaine ISSN 1259-4873
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Génocide arménien 1915
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Une documentation exceptionnelle-- provenant en particulier du Vatican à l'occasion de la béatification de Monseigneur Maloyan — permet de connaître, avec un niveau de précision jusqu'alors jamais atteint, les circonstances de la destruction d'une communauté arménienne lors du génocide de 1915 et de faire le lien entre des tragédies individuelles et une histoire locale, celle d'une ville, Mardin, mais aussi d'une région, le sandjak de Mardin et le vilayet de Diarbékir.
D'autre part, Mardin se trouvant à la jonction du plateau du Kurdistan et de la plaine de Mésopotamie, réunissait une mosaïque de confessions chrétiennes, ce qui permet d'aborder la question jamais résolue de l'extension du processus criminel aux chrétientés de langue syriaque.
Ce livre franchit un nouveau palier dans la connaissance du génocide arménien. Il devrait mettre un terme à toute controverse universitaire sur la validité des preuves apportées pour affirmer la réalité de ce génocide.

Article Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 76b, juin2002
Soirée de présentation de l’ouvrage d’Yves ternon
La revue d'histoire arménienne contemporaine, dirigée par Raymond H. Kévorkian, édite en numéro spécial l'ouvrage d'Yves Ternon. Comme l'indique la suite du titre cette monographie marque une manière nouvelle d'aborder et étudier le génocide. Les Arméniens de Mardin étant à l'époque tous catholiques, les archives du Vatican, et notamment les documents très nombreux rassemblés pour le procès en béatification de Mgr Malo-yan, archevêque martyr de Mardin, furent une source précieuse de renseignements. Mgr Grégoire Ghabroyan, éparque des Arméniens catholiques de France, dont la famille est originaire de Mardin (son grand-père était dans le même convoi que Mgr Maloyan) a facilité au chercheur l'accès aux sources romaines et chrétiennes orientales et lui a remis des documents personnels. Il était donc normal qu'Yves Ternon choisisse la cathédrale arménienne catholique pour une première présentation de son œuvre au public parisien.

Signatures
La soirée comporta une présentation de l'œuvre d'Yves Ternon par R.H. Kévorkian qui précisa aussi son rôle dans la genèse de Mardin 1915. Yves Ternon expliqua ensuite avec sa fougue habituelle en quoi son travail pouvait donner une orientation nouvelle à l'étude du génocide arménien. Les deux conférenciers se partagèrent les réponses à apporter aux questions du public. Enfin un cocktail dans la grande salle attenante permit la prolongation des discussions tandis que l'auteur se prêtait de bonne grâce à la cérémonie de signature de Mardin 1915 et de ses principales œuvres dont on proposait au public une rétrospective.

Intervention de Raymond H. Kévorkian
Le directeur de la Revue d'Histoire arménienne contemporaine insiste sur le fait que cette monographie est une grande première. C'est un travail très poussé, très précis sur le génocide dans une région précise. En cela, il marque un changement dans le cheminement intellectuel d'Yves Ternon, dans sa méthode. Il rappelle que ce dernier a proposé jusqu'ici de larges synthèses : l'histoire du génocide assortie d'une dimension éthique. Il a donné aussi des travaux comparatistes avec la Shoah, avec le Rwanda et nous a fait réfléchir sur le sort des victimes en démontrant la perversion du mécanisme victime, bourreau, victime dans l'Innocence des victimes. C'est un pourfendeur infatigable du négationnisme.
Actuellement la situation évolue pour les chercheurs, les historiens. Dans ces 20 dernières années on a dépouillé beaucoup d'archives, des matériaux abondants sont fournis par le Vatican, l'Italie et le travail de fond sur ces documents apporte de l'eau au moulin des historiens. Le travail effectué par Yves Ternon sur Mardin doit être le premier d'une série à réaliser dans les prochaines années. Une historiographie maniaque est à entreprendre pour toutes les régions en descendant jusqu'au nominal, c'est-à-dire pouvoir dire de manière irréfutable le nom et l'histoire du plus grand nombre de victimes. C'est une nécessité pour accomplir le travail de deuil, c'est une forme de thérapie pour les Arméniens.

Intervention d'Yves Ternon
A partir du livre du Père Rhétoré qui lui fut remis à Padoue ainsi qu'à R.H. Kévorkian, Fenêtre sur un massacre, il veut entreprendre des recherches à la bibliothèque du Saulchoir. Mgr Grégoire Ghabroyan, qui s'entremet pour lui faire ouvrir les portes de ce centre de documentation catholique, lui remet aussi des documents abondants, notamment ceux qui accompagnent le procès en béatification de Mgr Maloyan. Or une vieille idée taraude notre auteur : faire pour les Arméniens ce que Serge et Béate Klarsfeld ont fait pour les Juifs. Descendre jusqu'au nom et au prénom de la victime. C'est ainsi que de trois pages de notes on passe à un volume de 400 pages. Il faut reconstituer, en pénétrant dans le détail, 1915 à Mardin, dans le sandjak de Mardin et le vilayet de Diarbékir. On fait alors la démonstration que « l'événement » était programmé.

Pourquoi Mardin ?
Mardin a une double spécificité. Spécificité géographique : Dans une région montagneuse, à 1100 mètres d'altitude c'est un balcon sur la Mésopotamie, berceau des civilisations. Construite sur un versant montagneux, refuge contre les envahisseurs, Mardin fut construite comme une forteresse bien avant l'Empire romain. Spécificité religieuse : C'est une mosaïque de chrétientés en plein pays kurde. Avec le développement du christianisme elle a subi les contrecoups de l'opposition entre Antioche et Alexandrie. Deux chrétientés schismatiques aux yeux de Rome, les Nestoriens et les Monophysites antichalcédoniens s'y sont développées. L'Islam pénètre au XVIe siècle avec l'envahisseur ottoman. A partir du XVIIe siècle, des congrégations religieuses catholiques y œuvrent dans le désir de réunir à Rome. Syriens orientaux et Syriens catholiques, Arméniens apostoliques et catholiques, jacobites, nestoriens - 5 ou 6 catégories cohabitent. Les échanges se font en fonction de l'appartenance religieuse. A partir du XIXe siècle les Arméniens de Mardin sont pratiquement tous catholiques. Mardin est une ville kurde abritant les notables des grandes tribus kurdes. Dans le vilayet de Diarbékir, les Kurdes ont beaucoup massacré en 1895. A Mardin musulmans et chrétiens ont offert ensemble une bonne résistance aux agressions des Kurdes.

Première Guerre mondiale
Août 1914 : mobilisation générale dans l'Empire ottoman. C'est la chasse à l'homme. Ni les Turcs ni les Arméniens ne veulent subir la conscription. En mars 1915 la situation change à Mardin. Le Vali est remplacé par un circassien, le DR Rechid, chef des assassins, homme de confiance du gouvernement. Des réunions secrètes de notables, de militaires, de miliciens sont organisées par le secrétaire responsable. Les Kurdes mandatés par le Dr Rechid joueront un rôle essentiel. Les tribus ont été visitées ; chacune a son territoire de destruction. Souvent on leur amènera les victimes qui leur sont attribuées.
A Mardin dès la fin de 1914 on assiste à des perquisitions, des arrestations sur dénonciation. On délègue à Mardin trois personnages identifiés par les témoins et qui seront présents à chaque convoi, à chaque destruction puisqu'il y aura 95% de morts. Les Arméniens comprennent qu'ils sont menacés. Les notables sont arrêtés, torturés pour avouer des caches d'armes imaginaires. Le 10 juin 1915 la déportation commence.

Le génocide lui-même
10 juin : premier convoi d'hommes. On dispose de 30 témoignages avec des descriptions hallucinantes. Ils partent de nuit, encadrés, en direction de Diarbékir et sont exécutés par petits groupes, Mgr Maloyan le dernier. La proposition de conversion à l'islam est faite systématiquement mais il n'y a pas d'abjuration.
11 juin : arrestation des notables et deuxième convoi. Un tiers de l'effectif est déjà exécuté lorsque des cavaliers apportent aux non-arméniens le pardon du Sultan. Donc il s'agit bien du génocide des Arméniens. Les autres catégories sont protégées et les Arméniens séparés des autres Chrétiens. Des témoignages innombrables évoquent la corruption et l'avidité des assassins.
En juillet : convois de femmes, d'enfants, de vieillards. L'organisation est ignoble : on dit aux femmes que les maris, les pères sont bien arrivés, qu'elles vont partir les rejoindre. On leur conseille d'emmener leurs bijoux. Dès la sortie de la ville, ils sont confisqués. On assiste à des viols, des enlèvements. Beaucoup de femmes et d'enfants sont vendus dans les villages kurdes et soustraits ensuite aux recherches entreprises par les survivants. On a des récits détaillés de fins atroces avec des détails insoutenables.

Chroniqueurs
La seconde partie du livre est une anthologie de témoignages. Les récits individuels se recoupent de façon significative. On fait disparaître toutes les familles, en commençant par les plus riches. Sur 10 500 Arméniens catholiques du sandjak de Mardin, il n'y aura que 300 survivants.
Dans le village de Tell Armen, la population réfugiée dans l'église est donnée, livrée aux kurdes par la milice. Les caravanes qui pénètrent vers le nord ne ressortent pas vers le sud ; elles ont été détruites. La ville d'Alep se plaint du trop grand nombre de cadavres dans l'Euphrate. Beaucoup de corps sont jetés dans des puits profonds vers Nisibe ou Djeziré. Les camps sont des mouroirs. Les justes : ce sont les kurdes yezidis du Zinjar. On propose à Mgr Maloyan d'y fuir. Les Yezidis des montagnes du sud du Kurdistan accueillent les Arméniens.
Après Les pères « chroniqueurs » qui restent jusqu'en 1916 observent la "vengeance de Dieu" : les Turcs installés sur les dépouilles des Arméniens meurent en nombre de maladie. Il s'agit du choléra dont l'épidémie est sans doute une conséquence de la souillure des puits par les cadavres arméniens qu'on y a jetés en quantité. En fait ce sont les exécutants qui sont frappés par les responsables.
1916 : Une fois le génocide passé, les assassins cherchent à terminer le travail. Mgr Tapouni, qui recherche les survivants, manque d'être assassiné. Les kémalistes chassent les chrétiens.
De 1920 à 1929 : les kémalistes entreprennent l'élimination de la population arménienne survivante selon la technique suivante : les paysans sans terre sont regroupés dans des bourgs. En ville le travail leur est interdit. Ils émigrent en masse vers la Syrie sous mandat français. C'est ainsi que se bâtit Kamichlié avec une population mixte de Kurdes, d'Arméniens apostoliques et catholiques.

Les sept vilayets d'Anatolie orientale
Dans sa conclusion le Dr Ternon insiste sur le fait que fournir des noms, retracer des aventures individuelles précises est pour lui très important. Chaque souffrance individuelle est un lien entre l'histoire locale et l'histoire individuelle. Des récits individuels relatant le même processus montrent qu'il y a eu organisation criminelle. Les circonstances détaillées de cet événement terrible et complexe sont plus importantes que le nombre des morts. Le dénombrement est la porte ouverte aux négationnistes car on peut toujours contester des chiffres. Mais des témoignages irréfutables, précis et concordants prouvent l'intention criminelle.
Le Dr souhaite que le même travail soit entrepris pour les sept vilayets de l'Anatolie orientale, pour décourager enfin les turcologues qui dans le flou à la mode s'abritent derrière une approche générale de la « contextualisation » du génocide pour faire accepter l'inacceptable. Un grand merci à Yves Ternon pour cette soirée et pour l'ensemble d'une œuvre si généreusement consacrée à la catastrophe arménienne. Le talent du chirurgien et celui de l'historien s'unissent dans cette étude au scalpel de l'anatomie pathologique d'une destruction.

Françoise Couyoumdjian


704
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Les Arméniens : histoire d'un génocide
Titre : Les Arméniens : histoire d'un génocide / auteur(s) : Yves TERNON -
Éditeur : Seuil
Année : 1996
Imprimeur/Fabricant : 45-Manchecourt : Impr. Maury
Description : 437 p. couv. ill. en coul. 18 cm
Collection : Points . Histoire : 228
Notes : Ed. rev. et mise a jour ; Bibliogr. p. 416-426. Index
Autres auteurs :
Sujets : Question armenienne * Jeunes-Turcs * Armeniens Massacres des 1915-1923
ISBN : 9782020256858
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

« Malgré l'usage fréquent du terme génocide, le crime commis avec l'intention de liquider l'ensemble d'un groupe humain reste exceptionnel. Le mot même de génocide est récent et l'imprescriptibilité de ce crime selon les lois internationales plus récente encore. Aussi, avec la nouvelle prise de conscience née de l'histoire des dernières décennies, ce que l'on appelait jadis les massacres d'Arménie prend une nouvelle importance.
C'est ce que, dans un excellent livre, exprime avec rigueur et sobriété Yves Temon, qui a déjà écrit deux ouvrages pour dénoncer la médecine nazie. »
Gérard Chaliand, Le Nouvel Observateur

Remerciements

Lorsque en 1972 j'entrepris ce travail, je venais de terminer, en collaboration avec Socrate Helman, trois ouvrages sur les crimes des médecins allemands et je désirais poursuivre ma réflexion sur le génocide, comprendre comment et pourquoi un peuple disparaît. Dès que je fus suffisamment engagé dans mes recherches, je pris contact avec des Arméniens. Loin de m'influencer, tous m'ont poussé à une enquête plus approfondie et m'ont aidé à parvenir à une vision objective de leur histoire. Je dois remercier tout particulièrement Mme Arpik Missakian, directrice du quotidien de langue arménienne Haratch, qui m'a apporté sa caution auprès de la communauté arménienne française. Mme Anahide Ter Minassian, maître assistante d'histoire à la Sorbonne et chargée de cours à l'École des hautes études, a bien voulu lire et critiquer les premières versions de cet ouvrage. Elle m'a fait entrevoir certains aspects essentiels des problèmes arméniens, ottomans et russes qui m'avaient échappé. Ce livre lui doit beaucoup. Les ouvrages de base m'ont été fournis ou prêtés par Hrand Samuelian et ses enfants. La renommée de leur Librairie orientale n'est plus à faire. J'ai trouvé à la bibliothèque Nubar ainsi qu'à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine de Nanterre, l'essentiel de la documentation pour la première version de 1977. Enfin, Roger Tcherpachian et Ara Krikorian m'ont remis alors plusieurs documents originaux.
Depuis 1977, ma documentation s'est considérablement enrichie des nombreux travaux publiés, mais aussi des documents qui m'ont été communiqués tant en France qu'en Arménie et dans d'autres communautés de la diaspora arménienne. D'autre part, mes propres recherches sur le crime de génocide et l'approche comparatiste qu'elles m'ont amené à faire ont sensiblement modifié mon point de vue sur cet événement. Mais c'est surtout grâce aux entretiens que j'ai eus avec les spécialistes de la question à travers le monde que j'ai pu me sensibiliser aux différents problèmes soulevés par le génocide arménien. Je dois remercier tout particulièrement Stephan Astourian, Richard Hovannisian, Gérard Libaridian, Zaven Messerlian, Rouben Sahakian, Khachig Totoyan et, en France, Arthur Beylerian, Gérard Chaliand, Gérard Dédéyan, Haroutioun Kevorkian, Marnas Vahé Kitabdjian, Claude Mutafian, Marc Nichanian, et surtout Keram Kevonian qui a eu l'obligeance de traduire et de faire traduire à mon intention des textes rédigés en langue arménienne. Je tiens à rendre un hommage particulier à Krieger, pseudonyme du père Krikor Guerguérian, qui fut le pionnier de la recherche sur le génocide arménien.
Il me sera objecté que je n'ai entendu qu'un seul son de cloche puisque je n'ai pas contacté d'historiens turcs. Je persiste à croire que, dans la mesure où ils nient encore actuellement la réalité des faits, ces rencontres auraient été inutiles. En revanche, j'ai consulté l'essentiel des sources turques accessibles dans leur traduction en anglais et en français, ainsi que quelques ouvrages non traduits.
J'ai maintenu l'orthographe des noms arméniens telle que je l'ai trouvée dans les documents français ou anglais consultés. Pour les noms arméniens, la transcription proposée par la Revue des Études arméniennes est acceptée par le monde universitaire. De même, pour les noms turcs, il existe une translitération internationale. Pour des raisons de clarté, je ne les ai pas adoptées.


Table des matières

Remerciements7
Introduction9
I. La Question arménienne
1. L'Arménie17
2. Les Arméniens dans l'Empire ottoman29
3. L'éveil national arménien43
Carte : L'empire ottoman (Turquie d'Europe et d'Asie)54
4. L'article 6161
5. La politique du sultan71
6. Émergence d'un mouvement révolutionnaire arménien87
7. L'affaire du Sassoun101
8. Les massacres de 1895109
9. L'année 1896129
10. Fin du despotisme hamidien147
II. Les Jeunes-Turcs
11. Un bref moment d'illusion169
12. Le comité Union et Progrès183
13. Résurgence de la Question arménienne199
14. Le piège se referme209
III. Le génocide
15. Avril-mai 1915235
16 Déportation et mise à mort253
Carte : Massacres et déportation en 1915264
17. Les responsabilités301
18. La preuve de l'intention criminelle323
19. La négation du génocide arménien339
Notes359
Références bibliographiques415
Index des noms de personnes427


206
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Les Arméniens, Histoire d'une chrétienté
Titre : Les Arméniens, Histoire d'une chrétienté / auteur(s) : Gérard DEDEYAN - Ouvrage publié avec l’aide de la fondation Calouste Gulbenkian, la fondation Nourhan Fringhian - Musée Arménien de France, l'Union Générale Arménienne de Bienfaisance
Éditeur : privat
Année : 1990
Imprimeur/Fabricant : Maury imprimeur - Millau
Description : 122 p. 25cm
Collection :
Notes :
Autres auteurs : Aïda BOUDJIKANIAN-KEUROGHLIAN [contribution] - Frédéric FEYDIT [contribution] - Claude MUTAFIAN [contribution] - Jean-Daniel SAHAGIAN [contribution] - Anahide TER MINASSIAN [contribution] - Yves TERNON [contribution] - Jean-Michel THIERRY [contribution] - Monseigneur Norvan ZAKARIAN [contribution] -
Sujets : Arménie -- Histoire -- Christianisme
ISBN : 9782708953567
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Depuis 1988, ils ont été au coeur de l'actualité : les Arméniens de la République d'Arménie sont sans doute les premiers en URSS à exiger une démocratisation de la vie politique qui, à leurs yeux, doit passer par l'autodétermination des habitants du Karabagh, cette terre arménienne en Azerbaïdjan.
Dans le même temps, un épouvantable séisme les met une nouvelle fois à l'épreuve. Pour que les Arméniens de la Diaspora prennent davantage conscience de leur identité, pour que leurs concitoyens des pays d'accueil les connaissent dans ce qu'ils ont d'essentiel, un livre à la fois bref, attrayant et solide au plan scientifique s'est avéré indispensable.

Sous la forme d'un album abondamment illustré, "Les Arméniens, histoire d'une chrétienté", rassemble une équipe d'universitaires de renom, mais aussi d'éminents responsables religieux qui présentent tour à tour leurs Eglises ; c'est-à-dire, dans l'ordre d'importance : les Arméniens apostoliques (90 %) ; les Arméniens catholiques (9 %) ; les Arméniens évangéliques ou protestants (1 %).
Cette démarche, éclatante de démonstration d'oecuménisme interne, dépeint de façon vivante une communauté originale restée, semble-t-il, proche du christianisme primitif.
Nul doute qu'à travers ce pèlerinage aux sources de l'arménité, le lecteur ne comprenne mieux l'étonnante capacité des Arméniens à faire face aux épreuves de l'histoire, comme à effectuer une intégration harmonieuse dans tous les pays, qu'ils soient ou non de tradition chrétienne, où la tourmente les a dispersés.


Critique
Le jeudi 15 novembre 1990 à la salle Nourhan Fringhian, rue Jean Goujon, et le vendredi 16 à l'Eparchie, rue Thouin, les éditions Privat et les auteurs ont présenté au public et aux journalistes Les Arméniens, Histoire d'une Chrétienté. Ce livre collectif, au format 24x32, est le premier d'une série que Privat, probablement le plus grand éditeur français hors Paris, entend consacrer aux "minorités" religieuses, ethniques, le cas échéant carcérales ! L'intention est claire : en même temps procurer aux Arméniens un résumé exact de leur histoire (et de fait ce résumé n'est pas entaché de préjugés chauvins) et donner d'eux à leurs compatriotes français une présentation claire, lisible, à la fois "grand public" et intellectuellement exigeante. Ce sont d'ailleurs, comme il est à peu près de règle dans tous les domaines de connaissance, les meilleurs spécialistes qui font les meilleurs vulgarisateurs; dans le cas présent le linguiste Frédéric Feydit, les historiens Yves Ternon, Gérard Dedeyan, Anahide Ter Minassian, Dickran Kouymjian, Claude Mutafian, l'archéologue et historien de l'art Jean-Michel Thierry, la géographe Aida Boudjikanian. I1 était important pour sa diffusion que le prix du livre restât au-dessous de deux cents francs, ce qui explique suffisamment la fréquence et hétérogénéité des documents en noir et blanc et le caractère un peu brouillé de plusieurs clichés couleur. Les Fondations Fringhian et Gulbenkian et l'UGAB, ont contribue à sa publication.

L'économie du livre se présente ainsi. Deux brèves introductions, l'une du R.P. Michel Riquet, S.J., l'autre de Gérard Dedeyan, le maître d'oeuvre. Suivent les chapitres historiques, qui occupent à peu près les deux tiers de l'espace total. Le dernier tiers est constitué par les chapitres, relativement très nourris, consacrés aux trois Eglises, l'apostolique, majoritaire (90 % des fidèles), la catholique (9 %), dont le rite est reste arménien, l'évangélique (1%), et rédigés respectivement par Mgr Norvan Zakarian, Mgr Mesrob Djourian et le Pasteur Jean-Daniel Sahagian. Pour quelqu'un qui n'est pas né Arménien, le destin (au sens non providentiel du mot) du peuple arménien apparaît comme la concentration exceptionnelle de traits qui se trouvent ailleurs dispersés. ou diversement réalisés.

J'en recense quelques uns: le rapport étroit, en Pologne par exemple, entre identité nationale, résistance de cette identité, et institutions religieuses, l'existence constamment renouvelée, comme pour les Grecs anciens, pour les Juifs, ou les Libanais, ou les Palestiniens, de diasporas, et par voie de conséquence d'une part la déterritorialisation de masses entières de population, d'autre part leur rapport symbolique à une patrie prise dans l'acception "terre des ancêtres", enfin, dans ce cas précis, une relative rechristianisation de cette derniers; le passage au XlXeme siècle, comme en Grèce, de la katharevoussa (*) à la demotiki (*) en tant que langue littéraire; I'occidentalisation, comme pour les Juifs, les Libanais, les Maghrébins; le génocide enfin, si patent qu'il gêne et irrite certains Juifs soucieux de conserver un caractère unique, la colère de Dieu contre son peuple, à l'holocauste...

Les problèmes les plus sensibles pouvaient difficilement être traités dans un ouvrage aussi oecuménique que celui-ci. J'en citerai de nouveau trois, par ordre décroissant de généralité. L'un, extrêmement répandu, réside dans un certain embarras où se trouve l'incroyant lorsque son identité nationale a été maintenue pour l'essentiel par une religion et son Eglise; je crois qu'il est aisé de faire de cette dimension, en principe superfétatoire, une richesse. Un autre, extrêmement commun lui aussi, puisqu'il touche un très grand nombre d'immigrés et errants Immigrés, tient à la faible possibilité, pour tout individu ainsi déterminé, de concilier dans tous les cas deux allégeances, deux fidélités fortement distinctes; cette difficulté cependant parait moins grande pour les Arméniens que pour d'autres "minorités". Le dernier problème, auquel, par le truchement d'une citation d'Y. Ternon, A. Boudjikanian fait une rapide allusion, se situe dans le retard d'accommodation des partis politiques anciens de la diaspora à la victoire électorale du MNA et à son accession au pouvoir en Arménie "soviétique"; il s'agit cette fois d'une situation spécifique, qu'A. Ter Minassian a pu exposer avec plus de liberté dans son article d'Hérodote.

Placés in fine, une bibliographie et surtout, initiative heureuse dans ce genre de publication, un index permettent au lecteur de prolonger les apports d'un petit ouvrage plaisant.

(*) Katharevoussa : langue des puristes, proche du grec ancien ; Demotiki : la langue employée par le peuple

Michel Gauthier-Darley (1923-2002), dans France-Arménie, numéro 96, Décembre 1990


703
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Enquête sur la négation d'un génocide
Titre : Enquête sur la négation d'un génocide / auteur(s) : Yves TERNON -
Éditeur : Parenthèses
Année : 1989
Imprimeur/Fabricant : 58-Clamecy : Impr. Laballery
Description : 16 x 24 cm, 229 pages, couverture illustrée
Collection : Armenies
Notes : Contient un choix de documents Index
Autres auteurs :
Sujets : Arméniens -- Turquie -- Histoire -- 1900-1945 * Arméniens (Massacres des) 1915-1923 -- Enquêtes
ISBN : 9782863640524
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

A partir de l'analyse des documents officiels sur le génocide des Arméniens de 1915 - et notamment les télégrammes recueillis par Aram Andonian - Yves Ternon décrypte le processus infernal qui, de la préméditation à l'organisation de la négation du crime, assure à la fois une parfaite exécution de l'anéantissement d'un peuple et l'impunité d'un Etat responsable. L'intention formulée par les dirigeants jeunes-turcs, le plan d'extermination et de déportation des Arméniens, les modalités d'exécution (grâce à une Organisation spéciale parallèle), répondent parfaitement et par anticipation aux critères établis par la Convention sur le génocide votée par les Nations unies en 1948. Toutes les précautions imaginées par l'administration ottomane permettent toutefois aux gouvernements turcs successifs d'entretenir une politique de mensonge devant l'Histoire en assumant l'héritage d'une effroyable idéologie. Cette enquête et une démonstration minutieuse alimentée de la comparaison avec le génocide des Juifs éclairent les mécanismes propres au révisionnisme historique qui, dans le cas arménien, est le fait d'un Etat puissant : la Turquie.

702
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 La Cause arménienne
Titre : La Cause arménienne / auteur(s) : Yves TERNON -
Éditeur : Seuil
Année : 1983
Imprimeur/Fabricant : 27-Evreux : impr. Herissey
Description : 311 p. 21 cm
Collection :
Notes : Bibliogr. p. 305-306. Index
Autres auteurs :
Sujets : Question armenienne
ISBN : 9782020064552
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

En 1915, le peuple arménien de Turquie qui avait déjà connu de nombreuses persécutions fut victime, de la part du gouvernement turc, d'une tentative d'anéantissement à peu près complet. Sur 1800000 personnes, 1200000 périrent. C'est avant l'holocauste juif et l'autogénocide cambodgien le plus effroyable massacre de l'histoire d'un siècle qui en a connu tant d'autres.
Aujourd'hui, les Arméniens sont partagés entre une République en Union soviétique et une diaspora répandue en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique et en Australie. En 67 ans de revendications et de combats, le peuple arménien n'a même pas obtenu la reconnaissance de son malheur: d'où, à l'instar des Palestiniens, le développement d'un terrorisme arménien principalement dirigé contre les intérêts turcs à travers le monde.
Minutieux, objectif et courageux, le livre d'Yves Ternon constitue une véritable somme de la question arménienne au XXe siècle.

382
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement
Beaux-livres
Cliquer pour agrandir

 Arménie 1900
Titre : Arménie 1900 / auteur(s) : Jean-Claude KEBABDJIAN - Yves TERNON - [cartes postales réunies et présentées par] J.-C. Kebabdjian ; [commentaire par] Yves Ternon
Éditeur : Astrid
Année : 1980
Imprimeur/Fabricant : 92-La Garenne-Colombes : Impr. Imprimag
Description : 197 p. ill. en noir et en coul. 33 cm
Collection : Collection Les Peuples par l'image
Notes :
Autres auteurs :
Sujets : Arménie -- Histoire -- 19 s
ISBN : 2903216010
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

La genèse de ce livre, dont les différentes étapes se déroulèrent sur plus d'une année, fut pour nous une aventure passionnante.
Au printemps 1978, au cours d'une rencontre avec un collectionneur, Michel Chirinian, nous découvrîmes un lot de cartes postales arméniennes. Si nous connaissions le passé récent par la tradition orale de nos grands-parents et parents, réfugiés en France dans les années 1920 à la suite des massacres d'Arméniens pendant la Première Guerre mondiale, et si nous avions lu de nombreux témoignages et documents sur ces événements, nous étions loin de nous imaginer alors que de simples cartes postales pussent raconter par l'image l'histoire de nos ancêtres, nous donner ce parfum d'un "paradis" perdu, de ces terres éloignées et comme inaccessibles de l'Arménie.

Nous décidâmes de rencontrer Yves Ternon pour lui soumettre ces documents. L'auteur de "Les Arméniens, histoire d'un génocide" nous encouragea à poursuivre notre projet. En quête d'autres cartes, nous parvînmes à réunir un ensemble suffisamment cohérent qui, progressivement, s'assemblait sous nos yeux comme l'album qui faisait défaut aux Arméniens. Et Yves Ternon eut l'idée, lui qui n'est pas un Arménien, de raconter une histoire qui serait le fil invisible entre tous ces documents. Il conçut, à travers la narration d'un orphelin imaginaire, une fiction qui, en quelque sorte, nous redonnait des racines en diaspora.

Ces vieux papiers prirent leur place au sein de notre mémoire collective informulée. Et c'est pourquoi, dans cet album au caractère insolite et très particulier, l'esthétique le dispute à l'affectif.

Nous voulûmes, pour rester encore plus fidèles à la fiction de l'orphelin imaginaire, reproduire le texte en calligraphie manuscrite. Mais devant les difficultés techniques, nous eûmes recours à la photocomposition dans un style qui ne nous éloignait pas de notre idée. Il nous fallait également donner à l'image l'illusion de la grandeur nature. Aussi, avons-nous, pour conserver la valeur esthétique qu'elle possède, sacrifié les bords surchargés des vieilles cartes postales que, par ailleurs, nous avons reproduites intégralement sous forme d'index photographique.

"Arménie 1900" est le journal perdu du peuple arménien, le journal aux feuillets dispersés. A présent, de chaque côté du Mont Ararat, deux Arménies, celle qui subsiste autour de la province d'Erevan, l'Arménie soviétique actuelle, et celle qui, en Turquie, sur la plus grande partie du plateau arménien, fut dépeuplée, voisinent dans le silence ; la petite Arménie des vivants fait face à la grande Arménie des absents.

Cet album est devenu un peu le nôtre. Il sera aussi, probablement, celui de chaque Arménien, et pour les non-Arméniens une fenêtre ouverte sur une société engloutie. Il exprime, pour tout un peuple, une revanche inattendue de l'image sur cette "loi du silence" qui nous refusait des racines et nous plongeait dans un état partiel de non-identité.

C'est dire, malgré la vérité déchirante de certaines scènes, la signification que ce recueil revêt à nos yeux. Cette épopée de la vie quotidienne, tirée de l'oubli, comme réincarnée par l'image, est pour nous la réponse que nous apportons à la négation d'un peuple qu'on a voulu "en trop".


Jean-Claude Kebabdjian


150
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Le Génocide des Arméniens
Titre : Le Génocide des Arméniens / auteur(s) : Gérard CHALIAND - Yves TERNON -
Éditeur : Complexe
Année : 1980
Imprimeur/Fabricant : impr. en Belgique
Description : 11,5 x 18 cm, 192 pages, illustrations, couverture illustrée en couleurs
Collection : La Mémoire du siècle
Notes : Avant-titre : "1915-1917" Bibliogr. p. 183-185. Index
Autres auteurs :
Sujets : Massacres des Arméniens -- 1915-1923
ISBN : 2870270496
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

La série d'assassinats de diplomates turcs à travers l'Europe par des terroristes se réclamant d'organisations nationalistes arméniennes ramène l'attention sur un « génocide refoulé ».
En effet, entre 1915 et 1917, les deux tiers de la communauté arménienne (plus de 1 200 000 personnes) vivant au sein de l'Empire ottoman, étaient massacrés par ordre du gouvernement Jeune-Turc. La première guerre mondiale offrait une occasion propice à l'élimination d'un peuple qui gênait les visées panturques des dirigeants de l'époque.
Depuis l'instauration de la République kemaliste, au fil des gouvernements successifs, ce génocide a été nié par l'État turc.
Gérard Chaliand et Yves Ternon ont rassemblé un choix de documents attestant les faits de façon irréfutable. Ils présentent la tragédie et commentent ses -prolongements jusqu'aux actions terroristes d'aujourd'hui. Les témoignages, restitués dans le contexte politique et psychologique de la première guerre mondiale, font revivre la façon dont ces massacres furent vécus tant du côté turc et allemand que du côté des puissances de l'Entente.
Cet ouvrage éclaire et met en perspective le premier génocide du XX' siècle qui, depuis quelques. années, retrouve une actualité non seulement à travers la violence mais aussi par les changements progressifs de l'esprit du temps.

701
Yves TERNON --- Cliquer pour agrandir

Rangement général
Cliquer pour agrandir

 Les Arméniens : histoire d'un génocide
Titre : Les Arméniens : histoire d'un génocide / auteur(s) : Yves TERNON -
Éditeur : Seuil
Année : 1977
Imprimeur/Fabricant : 86-Liguge : impr. Aubin
Description : 317 p. couv. ill. en coul. 21 cm
Collection :
Notes : Index
Autres auteurs :
Sujets : Génocide arménien
ISBN : 9782020046121
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Le génocide arménien se déroule dans un contexte international chargé. La Turquie est l'objet des convoitises de l'Europe, et le territoire arménien, qui constitue une position stratégique sur la route de l'Asie centrale, en est une des parts les plus vulnérables.
Le sort de cette communauté chrétienne au sein de l'Empire ottoman n'a jamais été édénique ; il va devenir atroce. Le nationalisme jeune turc en fera un problème prioritaire qu'il résoudra par le génocide : sur deux millions d'Arméniens, près des trois quarts seront exterminés en 1915.
Victimes des exigences monstrueuses de la géopolitique et de la cynique détermination d'un gouvernement, un peuple a été rayé du monde. Depuis, on a jeté un voile pudique sur ces tragiques événements. Yves Ternon rouvre le dossier de ce premier génocide scientifique du XXe siècle. Son propos n'est pas de raviver de vieilles haines, mais de rétablir les faits dans leur vérité historique.

Préface 5
Introduction 7
I. La question arménienne 13
1. L'Arménie 15
2. Les Arméniens sous le joug ottoman 27
3. L'éveil national arménien 37
Carte : L'empire ottoman (Turquie d'Europe et d'Asie) 48
4. L'article 61 54
5. Le feu sous la cendre 62
6. Le mouvement révolutionnaire arménien 78
7. Le Sassoun 91
8. Les massacres de 1895 97
9. L'année 1896 116
10. Le fil rouge 134
II. Les Jeunes Turcs 153
11. Le comité Union et Progrès 155
12. Résurgence de la question arménienne 172
13. Le piège se referme 191
14. Le plan général d'extermination 213
15. Avril 1915 223
16. La déportation 234
Carte : Massacres et déportation en 1915 240
17. Les camps de la mort 263
18. Les responsabilités 276
Conclusion : La frontière 302
Index des noms cités 315


ligne
    Retour à l'Index des auteurs en français    Accueil des catalogues en ligne