La carrière artistique de Zakarian est l'un des phénomènes les plus intéressants de l'histoire de l'art arménien des derniers siècles. Il n'a pas fait d'études spécialisées. Artiste autodidacte, c'est son talent inné qui l'a élevé au plus haut niveau de l'art professionnel. En 1889 et 1900, il a gagné des médailles d'or aux expositions, en 1889, il est décoré de la Légion d'Honneur.
Zakarian est né à Constantinople. A Paris, il est promu de l'École de médecine et travaille quelques années comme externe dans les hôpitaux. Au Quartier Latin, il se lie d'amitié avec des artistes français qui admirent ses premiers essais de peintre. Ce sont les musées et surtout l'œuvre de Chardin, éminent maître du XVIIIe siècle de la nature morte, qui servent d'école et d'inspiration à Zakarian.
En 1879, Zakarian commence à exposer et connaît aussitôt un grand succès. Un critique d'art écrit : « Plus on étudie les natures mortes de M. Zakarian, plus on leur trouve d'éminentes qualités : c'est du Chardin sans en être ». L'un des plus grands peintres de l'époque, E. Degas exprime sa chaleureuse amitié à l'égard de Zakarian en peignant un magnifique portrait de lui.
Zakarian présente toujours des objets faiblement éclairés sur un fond sombre, créant ainsi une solennité exquise qui reflète la mentalité d'un être silencieux et solitaire, menant une vie d'ermite. Le peintre aime surtout représenter des objets d'usage courant et des fruits, ou un verre d’eau créant des groupes et usant de nuances de couleurs d'une harmonie si raffinée que le spectateur se sent involontairement pénétré de tristesse et de nostalgie.
Zakarian a vécu à une époque des plus pénibles pour son peuple. Il n'a jamais cessé de cultiver un art mélancolique, mais séduisant par son amour de la vie et de la beauté.
Chahen Khatchaterian