Titre : | Clarté nocturne / auteur(s) : Roupen ZARTARIAN - ["Tsaygalouiss"]. Traduit de l'arménien par Archag Tchobanian, Édouard Colangian et Grigor Essayan. Préface de Gaston Bonet-Maury. [Notice bio-bibliographique par Frédéric Macler.] |
Éditeur : | E. Leroux, |
Année : | 1913 |
Imprimeur/Fabricant : | Alençon, Gro Supot |
Description : | In-16, XX-173 p. |
Collection : | Petite bibliothèque arménienne, sous la direction de F. Macler |
Notes : | Recueil de contes et de nouvelles, dont certains ont été publiés dans le "Mercure de France", t. XVIII, 1896. - Les p. 169-173 mq. - Petite bibliothèque arménienne, 5. - *Voir à Zardarian (Rouben) un autre ouvrage de cet auteur. - Petite bibliothèque arménienne, publiée sous la direction de M. F. Macler. V. - Petite Bibliothèque arménienne, n° 5 |
Autres auteurs : | |
Sujets : | Nouvelles |
ISBN : | |
Lecture On-line : | non disponible |
Commentaire :PréfaceIl y a un siècle environ, Byron écrivait de Venise ces mots : « Il serait peut-être difficile de trouver les annales d'une nation moins entachées de crimes que celles des Arméniens. Leurs vertus ont été celles de la paix, et leurs vices ceux de l'oppression. » Il y a dans ces lignes du grand poète philhellène, une vue très juste du caractère arménien. En les jugeant, on ne devrait jamais oublier que c'est une nation qui, depuis des siècles, a été, comme le peuple d'Israël, la victime des puissants empires voisins ; qui a lutté avec courage pour son indépendance et sa religion et a fini par être partagée par les monarchies environnantes. Un morceau est échu à la Perse, un autre à la Russie, et le troisième à la Turquie: C'est la Pologne de l'Asie Mineure! Mais, comme la Pologne, l'Arménie ne veut pas mourir. Ce qui la maintient toujours vivante et réclamant sa place au soleil, parmi les nations civilisées, c'est le culte de sa littérature et sa fidélité à sa religion nationale, l'Église catholique grégorienne. On sait qu'en Orient, religion et nationalité ne font qu'un. Ce n'est pas ici le lieu de parler des deux cultures qui ont présidé aux origines de la littérature arménienne: la culture syriaque et la grecque. Il suffira de rappeler que c'est à des versions arméniennes que nous devons la conservation, en tout ou partie, de plusieurs œuvres des Pères de l'Église. La renaissance de cette littérature, dans les temps modernes, date des travaux des Mekhitharistes, ces savants religieux établis à Venise (depuis le début du XVIIIe siècle) et ci Vienne. Mais, après l'hellénisme, c'est pour les lettres françaises que les Arméniens ont toujours montré une vraie prédilection. .le me souviens encore, dans mon adolescence, d'avoir assisté .à des représentations de pièces de Scribe et de Labiche, données par des élèves de l'Ecole arménienne de Paris. Les Arméniens, en effet, comptent des auteurs dramatiques de talent, tels que Chirvanzadé, Aharonian, et l'on assure que l'acteur Adamian a surpassé Rossi et Salvini dans le rôle de Hamlet. On peut diviser les écrivains modernes en deux groupes : ceux de l'Arménie russe, comme Toumanian, Chirvanzadé, etc. ; et ceux de l'Arménie ottomane, par exemple : Baronian, Minas Tchéraz, Tchobanian. C'est au second qu'appartient l'auteur des poèmes et légendes réunis sous le titre de Clarté Nocturne, et qui forment le cinquième volume de la Petite Bibliothèque arménienne, publiée par Frédéric Macler. C'est ce dernier, brillant élève et successeur du savant Auguste Carrière, à l'École des langues orientales vivantes, qui a suscité cette série de versions françaises d'œuvres arméniennes. Le premier volume nous a donné La Possédée, de Chirvanzadé, drame poignant traduit par Tchobanian; le second, les Nouvelles Orientales, de Minas Tchéraz ; le troisième, Contes et Légendes, traduits par M. Macler; le quatrième, intitulé Vers la Liberté..., des poèmes de M. A haronian. Les amis français des Arméniens doivent au jeune orientaliste une sérieuse reconnaissance. Le cinquième volume, Clarté Nocturne, renferme un choix de morceaux en prose et en vers, composés par M. Roupen Zartarian. Le poète est né à Kharpout, chef-lieu d'une province de l'Arménie turque, située sur une colline, baignée par une branche de l'Euphrate et dominant une plaine fertile. Les missionnaires américains protestants y ont fondé un collège florissant, et qui, pendant les massacres hamidiens de 1895-1896, a servi d'asile à maint fugitif. On crut même, à cette époque, que le jeune patriote arménien avait été l'une des victimes. Heureusement, il n'en était rien ; mais Zartarian dut s'exiler de son pays et mener une vie errante en Asie-Mineure, puis en Bulgarie, partageant son temps entre ses fonctions de professeur dans des collèges arméniens, et de publiciste. On trouvera plus loin la notice que M. Frédéric Maclera consacrée à sa vie et à ses œuvres. La plupart de ses poèmes et de ses nouvelles sont employés à célébrer la beauté pittoresque de son pays natal et à protester contre la tyrannie du gouvernement turc et les cruautés des kurdes. Signalons-en les principaux morceaux : Voici, d'abord La Fiancée du Lac. C'est la légende d'une jeune femme qui, amoureuse des eaux d'un beau lac voisin de son village, allait souvent les contempler au clair de lune et regarder un oiseau mystérieux, planant au-dessus. Le mari, jaloux, averti par une vieille commère, la soupçonne d'avoir donné rendez-vous à un amant. Un soir, il la suivit et l'étrangla. Mais le lac se vengea : Un jour, ses eaux débordèrent et engloutirent tout le village. A la Biche des Montagnes est un poème en prose qui célèbre la plus tendre, la plus sentimentale, la plus délicate des créatures; peut-être aussi la plus indépendante, qui vit dans les montagnes, indomptable, toujours dans l'enthousiasme. Le poète en fait le symbole de l'âme arménienne, éprise de liberté et heureuse dans la paix de la nature, L'Arbre solitaire est une idylle en l'honneur d'un arbre qui vit fièrement, isolé des autres », seul avec son ombre et ses mystères, regardant ce qu'il y a de pur et de limpide au ciel et invitant les oiseaux ci se reposer dans ses branches. La silhouette qu'en trace Zartarian est digne d'être comparée d ce laurier centenaire, accroché au roc vertical, dans les gorges du Loup, si bien décrit par Maeterlinck( rl, Tout n'est pas riant dans ces poèmes. Après les clartés d'aube, voici les ombres du tableau. Le Tableau nous représente deux vieillards habitant une masure dont le plafond en terre battue laisse suinter la pluie, qui tombe torrentielle. Et ce pauvre vieux et sa femme sont obligés de monter sur la terrasse qui forme le toit, et de drainer à grand-peine le lourd rouleau de pierre, afin de rendre étanche le plafond de leur chambre à coucher. Dans La Mort n'existait ras, le poète chante un paradis perdu, où l'amour de la vie, l'harmonie des créatures régnait partout et où la mort était inconnue. Tout â coup, un ange, descendu du ciel, vient annoncer â un vieillard, qui joue aux osselets avec ses petits-enfants, que désormais son existence heureuse sera limitée par la mort. Mais, quand même, le désir de vivre demeure immortel chef l'homme! Telles sont les plus belles pièces de ce volume de R. Zartarian. Elles révèlent chez l'auteur, â travers le voile de la traduction, un véritable cœur de poète, sensible aux beautés de la nature, fidèle au pays natal, épris de liberté, de justice et de bonheur, mais tout endolori par les souffrances de sa patrie et les épreuves de l'exil. Gaston BONET-MAURY
Table des matières
PRÉFACE | V |
NOTICE BIO-BIBLIOGRAPHIQUE | XIII |
INTRODUCTION DE L'AUTEUR | XIX |
I. Les Pétrifiés 1 | 1 |
II. La Fiancée du Lac | 5 |
III. Fleurs ! Rouges Fleurs ! | 9 |
(Traduction d'Archag Tchobanian.) | |
IV. Paysage de premier Printemps | 16 |
V. A la Riche des Montagnes | 22 |
VI. la Rue 30 | 30 |
VII. L'Arbre solitaire 43 | 43 |
VIII. Tableau | 54 |
IX. Nostalgie | 63 |
X. Gazouillis inarticulés | 74 |
XI. Une Goutte d'eau | 81 |
(Traduction d'Édouard Colangian.) | |
XII. La Mort n'existait pas | 92 |
XIII. La Poule noire chanta | 106 |
XIV. Goulouchguer et son Cimetière | 162 |
XV. Les Dieux | 167 |
(Traduction le Grigor Essayan) | |
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