L'auteur / Հեղինակ | |
Sayat-Nova est le représentant le plus illustre de la poésie populaire et l'un des plus grands chantres d'amour de toute la littérature arménienne. Ce que nous savons de sa vie est beau comme un conte et en partie légendaire. L'imagination populaire s'est très tôt emparée du destin exceptionnel de ce poète et a comblé par des faits imaginaires les lacunes de la connaissance objective. Haroutioun (de son prénom), fils d'un exilé de la Petite Arménie et d'une serve de Tbilissi, est né dans le premier quart du XVIlle siècle. Cet accident de la vie fait déjà de lui un représentant des Arméniens occidentaux et orientaux, avant que son œuvre ne devienne l'expression convergente des tendances particulières de toute la littérature arménienne de son temps. Haroutioun fait probablement ses études à Sanahine, fief de la famille royale géorgienne, dont ses parents et lui étaient les serfs. Il parfait son instruction en apprenant non seulement les trois langues du Caucase, l'arménien, l'azerbaïdjanais et le géorgien, mais encore le persan, langue privilégiée de la poésie. Il nous apprend lui-même qu'il embrasse un métier à l'âge de 12 ans, en devenant, probablement, apprenti tisserand. Il voyage beaucoup en Arménie, se rend peut-être en Iran et même au Béloudjistan. Il entre dans l'arène littéraire à l'âge de 30 ans qui l'affirme, avec une solide éducation de poète populaire. Il choisit le nom de Sayat-Nova qui signifie “chasseur de mélodies”. Vers le milieu du siècle, il devient poète-musicien de la cour de Tbilissi. Il avait déjà composé un grand nombre de poèmes en azerbaïdjanais, langue courante des "achoughs" de l'époque (ménestrels), il se met aussi à composer en arménien et en géorgien. À la cour de Tbilissi, il s'éprend d'une princesse nommée Anna, qu'il célèbre dans ses poèmes, sans jamais révéler son identité. C'est peut-être cet amour, ainsi que son caractère d'homme indépendant, qui causent une première disgrâce, en 1752-53, et l'éloignent du palais. Rentré en grâce, il y retourne, mais est définitivement chassé en 1759, probablement pour les mêmes raisons qu’auparavant. Ses ardentes supplications, ses protestations véhémentes ne servent à rien. On lui inflige le châtiment le plus dur que l'on pourrait imaginer pour lui: on l'ordonne prêtre sous le nom de père Stépanos. Il est obligé de s'exiler, sans pouvoir emporter son recueil de poèmes, dans un village obscur, où il reste des années. Après la mort de sa femme, dans les années 70, il devient prêtre régulier et s'installe à Haghpat. On sait, d'après son propre témoignage, qu'il ne se résigne pas à son sort, mais tâche de se consoler en se faisant copiste de manuscrits et compilateur d'un recueil religieux. Il meurt, peut-être, dans une église, après avoir refusé d'abjurer le christianisme. Il aurait proclamé : "Je ne sors pas de l'Église, je ne renie pas le Christ". Extrait de "Œuvres vives de la littérature arménienne" de Krikor Chahinian ( cf. bibliographie ACAM ), avec l’autorisation de l’auteur. |
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