Trilingue arménien-russe-français
Artiste peintre et dessinateur, né à Lidjq, près d'Eghine, en 1885. Il fit ses études secondaires à l'Ecole Centrale de Galata, Constantinople, dont il fut un des élèves les plus distingués : il était toujours le premier de sa classe. Il passe, devant le patriarcat arménien de Constantinople, un examen pour concourir au legs du chevalier Tchount et remporte le prix. Cette fondation accordait à l'heureux lauréat une bourse de voyage de 2.000 francs par an pendant cinq ans, pour venir se perfectionner en Europe.
Chichmanian ne voit en Europe qu'une seule ville, Paris, et il s'y rend sans tarder. Il étudie à l'École Nationale des Beaux-Arts, à l'Académie Julian et à l'Ecole nationale des Arts décoratifs. Il obtient, dans ce dernier établissement, en 1911, une première médaille de perspective.
En 1947, des milliers de rapatriés arméniens sont venus de divers pays du monde s'installer en Arménie Soviétique. Le peintre Raphaël Chichmanian était l'un d'eux. Artiste en vue, critique d'art et homme public ayant vécu quarante ans en France, Raphaël Chichmanian a toujours été un grand patriote et, à peine installé sur la terre de ses ancêtres, il commença à participer activement à la vie artistique de la république.
À cette époque R. Chichmanian avait déjà soixante-deux ans. Mais c'est avec une énergie infatigable et un enthousiasme tout neuf qu'il continua ses activités artistiques et sociales. Bientôt, il fut admis à l'Union des peintres d'Arménie et élu membre de sa Direction. En 1948, la Maison du Peintre d'Erevan organisa la première exposition personnelle du peintre en Arménie, exposition que le public accueillit avec chaleur. Dès lors R. Chichmanian a toujours participé aux expositions organisées dans la république et ailleurs; en 1956, il a pris part à la Décade d'art arménien à Moscou et s'est vu décerner le titre d'artiste émérite. R. Chichmanian parcourait l'Arménie en se pénétrant avidement de la beauté de la terre natale et représentant avec émotion sur ses toiles des coins pittoresques du vieil Erevan ou des panoramas de la capitale. À Moscou et à Leningrad, il prenait connaissance des collections des musées et étudiait l'architecture ancienne de ces villes.
Tout en se consacrant à la peinture et à l'art graphique, le peintre continuait ses activités de critique d'art. Ses articles et ses livres ont été publiés à Erevan.
La destinée de R. Chichmanian est celle de milliers d'Arméniens qui, après l'épreuve du génocide, ont dû chercher refuge à l'étranger sans abandonner leur rêve de retrouver leur véritable patrie, l'Arménie Soviétique. […]
Traduction R. Tcharkhtchian
