Hallucination, extase, frénésie, ou une combinaison de tout cela ? Ce scénario scénographique est construit comme une mosaïque de tableaux contradictoires, dans un espace-temps mouvant, habité de déplacements arbitraires et de strates allégoriques de second plan qui détournent de l'action principale. Le héros, protéiforme et universel, s'efface. Le récit se fait parfois document, hybride foisonnant par sa structure et par sa forme.
« Remontée » est sans contexte un objet théâtral étrange et complexe. Les répliques, comme orphelines, ne sont pas affectées à un personnage. Le temps est insaisissable, tantôt plongeant jusqu'au tréfonds des âges, tantôt éclatant d'actualité. Une procession funèbre nous fait cheminer, au son du doudouk, entre un cimetière, une boîte de nuit, une université, les sous-sols du KGB... Et, comme un incessant rappel, assourdissant : « A, Ar, Ara, Armen, Arménie, Araxe, Ararat... »