Cette fresque historique romancée couvre les trente-cinq dernières années de l’Empire ottoman, de 1885 à 1920. Une période clé pour comprendre sa chute marquée par le premier génocide du XXe siècle, celui des Arméniens.
A travers son héros, à la fois journaliste, diplomate, homme d’affaires, franc-maçon et partisan arménien, G.H.Guarch nous introduit, au gré d’une intrigue captivante, au cœur de l’Histoire avec un réalisme confondant et une richesse d’informations inégalée
Inconnu du public francophone, l'auteur, un journaliste et romancier espagnol, a à son actif une trentaine de romans inspirés de faits historiques. Issu d'une richissime famille de l'aristocratie française, Henri de Latour fait le choix, au grand dam de sa mère, de se couper de son milieu pour embrasser la carrière journalistique. En 1885, il n'a pas encore trente ans qu'il est envoyé à Constantinople avec un passeport diplomatique en poche en tant que correspondant du prestigieux quotidien L'Aurore. Il va se lier d'amitié avec plusieurs Arméniens de la ville tout en travaillant en étroite collaboration avec l'ambassade de France. Très vite, Henri est sensibilisé au sort dramatique des minorités chrétiennes de l'Empire, plus précisément des Arméniens. Au cours de cette fresque romanesque il va être amené à fréquenter intimement les plus illustres protagonistes du mouvement révolutionnaire arménien ainsi que les dirigeants Jeunes-Turcs tout en s'acquittant de sa délicate mission de diplomate français. Ce roman d'aventure qui se lit d'une traite à la façon d'un thriller historique a le mérite de mobiliser une abondante documentation historique de 1885 à 1920. Le héros de l'intrigue sera tour à tour acteur et spectateur des évènements qui précipiteront la chute de l'Empire. Alternant plusieurs casquettes : richissime rentier, journaliste, diplomate, franc-maçon etc., le héros va voir son propre destin déterminé par la Question arménienne. Si la description on ne peut plus réaliste des lieux et de l'atmosphère est confondante, le romantisme désuet de certains personnages, les tirades grandiloquentes et lyriques, un style proche du pathos, alourdissent inutilement la lecture de ce roman fort bien documenté qui condense à lui seul tout un pan de l'histoire de la question arménienne.
Tigrane Yégavian, France-Arménie, numéro 422, Septembre 2015