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Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
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Réunion des Musées Nationaux

L'auteur

 
Etablissement public national à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle du Ministère de la Culture et de la Communication ; trois grandes missions : l'accueil du public, l'organisation d'expositions temporaires et la diffusion culturelle autour de ces expositions et des collections permanentes des musées.
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 L'art copte - Exposition. Paris. Petit Palais. 1964
Titre : L'art copte - Exposition. Paris. Petit Palais. 1964 / auteur(s) : Réunion des Musées Nationaux - Catalogue adapté de l'allemand par le P. Pierre Du Bourguet, S.J. Avant-propos par Étienne Coche de La Ferté
Éditeur : reunion des musees nationaux
Année : 1964
Imprimeur/Fabricant :
Description : In-8° (22 cm), 288 p., ill., pl. en coul., couv. ill. en coul., addendum. 7 F
Collection :
Notes : Adaptation du catalogue de l'exposition tenue à Essen, avril-septembre 1963, sous le titre : "Koptische Kunst, Christentum am Nil"
Autres auteurs :
Sujets : Catalogue de l'exposition sur l'Art copte, du 17 juin au 15 septembre 1964 au Petit-Palais de Paris
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Le présent catalogue a été rédigé d'après le Catalogue de l'Exposition d'Essen : Koptische Kunst. Christentum am Nil, Essen, 1963 — dans lequel ont été intégrées les notices des objets ajoutés par le Musée du Louvre pour l'Exposition du Petit Palais.
L'adaptation du Catalogue d'Essen et la rédaction des notices des objets du Louvre ont été réalisées par Pierre du Bourguet, S. J., Conservateur adjoint aux Antiquités Chrétiennes du Musée du Louvre, Professeur d'égyptien ancien et de copte à l'Institut Catholique de Paris.

Avant-propos
On n'avait jamais encore en Europe tenté de consacrer une exposition à cette forme de l'art chrétien oriental qui a fleuri le long de la vallée du Nil, avant que l'initiative du professeur Volbach appuyée par la Fondation de la Villa Hügel, à Essen, provoque le rassemblement des collections dont Paris peut à son tour bénéficier, dans le cadre du programme des expositions organisées par le Ministère des Affaires Culturelles, et grâce au concours du Ministère des Affaires Étrangères.
C'est donc, pour le public parisien, un spectacle nouveau que propose l'exposition d'art copte; c'est celui de la naissance et du développement d'un foyer artistique situé dans cet Orient chrétien dominé par Byzance, mais favorisé en même temps par des circonstances géographiques, politiques et théologiques qui ont permis son émancipation et réuni les conditions nécessaires à un épanouissement original. Pourtant il demeure pénétré des irradiations civilisatrices venues des diverses provinces du monde romain ou du passé pharaonique. Il constitue pour nous — et ce n'est pas le moindre de ses titres pour éveiller notre curiosité — un des chapitres les plus anciens de l'histoire de cette transformation des arts et des styles qui, partant des formes de la beauté établies par les romains sur les modèles grecs, crée peu à peu en s'appuyant sur le passé un style nouveau et invente — mis à part les emprunts à l'art judaïque — l'iconographie du christianisme. A cet égard, le monde copte n'a rien à envier à ses voisins, car c'est dans l'Égypte chrétienne, et là seulement, qu'on peut suivre le passage de la peinture antique de portrait à la peinture d'icônes religieuses.
La civilisation copte présente cette particularité tout à fait inhabituelle de ne pas s'être polarisée sur un centre urbain. Elle s'est développée dans un arrière-pays : elle est rurale, conservatrice, populaire. En cela résident ses limites, mais c'est de cette nature aussi qu'elle tire son charme le plus incontestable : une grande liberté dans la disposition des décors, une fantaisie souveraine quand elle traite les thèmes les plus usés du monde classique et de la religion égyptienne, une piété ingénue et ardente lorsqu'elle concrétise dans son art les visions encore instables d'un message évangélique qui s'exerce à devenir un langage plastique.
Car si Alexandrie a été un prestigieux centre de civilisation dont d'ailleurs presque rien ne nous est parvenu, l'art copte est demeuré réticent vis-à-vis de cette cité grecque, demeurée quelque peu étrangère à la tradition ancestrale du pays. Réticent, mais recevant d'elle et le préservant alors qu'il était peut-être déjà remplacé dans la métropole christianisée, un répertoire hellénistique abondant et divers qui confère à l'art chrétien d'Égypte, une saveur alexandrine, un reflet d'hellénisme transfigurés par le talent primesautier de ses artistes. Nulle part dans le monde chrétien antique, les silhouettes de Daphné, d'Aphrodite ou de Dionysos, leurs attributs et leurs acolytes, ne sont plus souvent enrôlés dans la figuration destinée à exalter la gloire d'une religion qui s'est proposé la suppression de tous les dieux païens. L'amateur non averti en éprouvera peut-être quelque surprise et devant tant d'amours, de dauphins et de danseuses, se demandera où trouver l'empreinte de la foi nouvelle.
Qu'il se rassure. Le pays de Pachôme et d'Antoine, de Ménas et de Chenouté, excessif dans la pratique ascétique, ardent à la méditation théologique, élabora avec lenteur peut-être, mais avec une sincérité naïve, les images que lui inspirait une religion étrangère mais bientôt acclimatée, rendues conformes aux dogmes par des modèles venus de Byzance ou de Syrie, assimilées parfois aux thèmes locaux quand leurs apparences s'y prêtaient. L'art de la fresque (absent de cette exposition, sauf pour la Nubie) est plus révélateur à cet égard que le décor sculpté; la peinture d'icône, ou tel article mineur, comme les ampoules à eulogie, témoignent aussi à partir du VIe siècle, d'une adéquation progressive, de la pensée religieuse à l'art figuré, de l'invention plastique, qu'elle soit culturelle funéraire ou même profane, aux articles de la foi. Car c'est une des originalités de l'Égypte, d'avoir préservé toutes sortes d'accessoires fragiles, disparus ailleurs, qui nous renseignent sur la vie quotidienne et notamment sur le vêtement. Les étoffes brodées ou tissées nous offrent en effet, dans l’éblouissant éclat de leur gamme réduite à quelques couleurs simples, les produits d'un artisanat voué en grande partie aux travaux profanes. Là pouvaient se maintenir indéfiniment, les motifs païens vidés de leur signification, mais toujours chargés de leurs vertus esthétiques, peu à peu stylisés et déformés au point de devenir méconnaissables. Les thèmes et les symboles chrétiens s'amalgament parfois à ce répertoire qui finit par n'être plus qu'une grammaire décorative et en soulignent à l'occasion la gratuité parfaite.
Ainsi s'est constitué un style, c'est-à-dire une manière de voir et de faire superposable à nulle autre, qui régnera le long du Nil entre le sixième et le huitième ou dixième siècle environ. La domination musulmane en modifiera l'évolution en imposant, avec retard, semble-t-il, une esthétique différente, plus abstraite, plus linéaire dont les règles s'imposeront par contamination plus encore que par méthode impérative, au cours d'un Moyen Age prolongé; cependant elles ne triompheront jamais complètement des qualités originales propres aux créations des coptes. Celles-ci sont encore visibles dans les produits les plus tardifs.
Sans vouloir préjuger du rayonnement lointain et discuté de l'art copte vers l'Occident, il est établi que celui-ci, par-dessus les régions nubiennes orientées vers Byzance, lança à très haute époque quelques ramifications vers l'Éthiopie, auxquelles sont venus se superposer des apports byzantins. C'est en souvenir de ce passé, presque complètement effacé aujourd'hui, que nous sommes heureux de pouvoir présenter auprès de l'art copte, un choix instructif d'ceuvres éthiopiennes plus récentes, dont les qualités hiératiques, le colorisme allègre ou la minutie experte raviront les amateurs d'art authentiquement populaire et rendront justice aux spécialistes d'une civilisation qui compte parmi les plus anciennes du monde chrétien.
Le R.P. du Bourguet, conservateur-adjoint aux Antiquités Chrétiennes, a porté tout le poids de l'adaptation du catalogue, d'après le modèle proposé par nos collègues allemands; dans le travail de mise en valeur des importantes pièces tirées des réserves coptes du Louvre qu'il gère avec science et perspicacité, il a été aidé par Mesdames Neyret-Serres et Blanchard. Rendons un hommage spécial à Madame Kahn, conservateur en chef du Petit Palais, dont l'activité et le talent ont présidé à la mise en place de l'exposition. L'aide précieuse qu'elle trouve auprès de ses collaborateurs scientifiques ou techniques du Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris ne diminue pas son mérite, au contraire, en montrant une fois de plus au public, l'efficacité de cette équipe, exercée dans la préparation et la mise en valeur des expositions artistiques les plus variées et les plus réussies.
Enfin, sous l'égide du Secrétaire Général des Affaires Culturelles et du Directeur des Musées de France, le Service de la Réunion des Musées Nationaux, dirigé par Madame Henraux, assistée de Mademoiselle Hériard-Dubreuil, n'a ni ménagé sa peine, ni mesuré l'appoint de son incomparable expérience pour assurer la réalisation et l'organisation de cette manifestation qui, nous l'espérons, apportera un enseignement aux archéologues et des joies nouvelles aux amateurs.
ÉTIENNE COCHE DE LA FERTÉ,
Conservateur des Antiquités Chrétiennes du Musée du Louvre.


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