PRÉFACEDans chaque ouvrage, le premier point qui attire l'attention du lecteur, c'est la préface, par laquelle l'auteur résume son étude et fait connaître Tobjet de son travail.
Dans ma préface, ainsi que l'indique le titre même du volume, j'attire l'attention sur la lettre t (È), qui est le positif, le principe ou l'essentiel du mot ÊTRE.
Mais, que doit-on entendre par ce mot ÊTRE ?
Entre autres significations, je lui reconnais comme verbe substantif, sous le titre de verbe (verbum), quatre acceptions bien différentes l'une de l'autre, qui ont cependant entre elles, comme autant de grandeurs physiques, une parfaite relation mathématique, telles que les grandeurs numériques :
A : B :: C : X
ou
Nature (verbe) : Monde : : Homme : Langage
ou bien encore, en intervertissant l'ordre :
Le Langage est dans l'Homme comme le Monde est dans la Nature.
Eh bien, dans mon étude, je démontre que la lettre t (È), est le positif du mot ÉTRK dans son acception de verbe dit langage, ou parole, et je donne la relation qu'il y a entre ce verbe Langage et le verbe Homme. Delà connaissant déjà les trois au très termes de ma proposition : Nature, Monde, Homme, et ayant découvert le positif du quatrième, Langage, et ses relations avec le troisième connu, Homme, j'explique la relation qui existe entre tous les autres termes de ma proposition des grandeurs physiques et je dis :
Langage : Homme :: Monde : Nature.
C'est par l'examen d'un cas particulier du génie delà langue arménienne que je suis parvenu à ce résultat, ainsi qu'on le verra démontré dans le cours de mes explications.
Au moment où j'allais donner la dernière main à ce travail, fruit modeste de mes trente années d'études et de recherches continues, je fus privé de la vue de l'œil gauche par une ophtalmie consécutive à un érysipèle de la face, tandis que l'œil droit m'était déjà fermé depuis trente-cinq ans, à la suite d'une autre ophtalmie également consécutive à un rhumatisme dont je fus atteint à l'École de Médecine de Constantinople, où j'ai terminé mes études médicales que j'avais commencées à Marseille.
Ne pouvant plus alors continuer mes études, je dus aller à Constantinople pour m'y faire soigner. Grâce aux soins bienveillants de M. le docteur Millingen, j'ai recouvert quelque peu la vue de l'oeil droit au moyen d'une pupille artificielle, et en même temps je fus allégé du mal de l'œil gauche.
Désireux avant tout de mettre au profit de la science l'objet de mes études, auxquelles je voulais consacrer cinq volumes je me suis empressé de venir à Paris avant de rentrer dans mes foyers, à Césarée, pour livrer à la publicité et à l'examen de l'Académie française (Belles-Lettres) les principes essentiels de mes nouvelles théories. C'est pourquoi je publie en ce moment cette première partie que je compte faire suivre plus tard des quatre autres, si de nouveaux malheurs ne viennent pas m'en empêcher. *)
*) Les manuscrits de ces quatre volumes ont été déposés par Mme S. Tavitian chez un parent à Ankara, après la mort du docteur Tavitian. Malheureusement, malgré mes recherches, ces manuscrits sont restés introuvables.
Hagop - Krikor