LES CIRCONSTANCES - LA NAISSANCE DE L'U.C.F.A.F.Après les massacres de 1915, organisés par le gouvernement « jeune turc », qui firent plus d'un million et demi de victimes sur, environ, trois millions d'Arméniens vivant dans l'Empire Ottoman, les survivants ont été en partie déracinés et refoulés de leurs terres ancestrales où ils vivaient depuis 3000 ans.
Dans l'adversité, ils se regroupèrent certes autour de leur Église, mais également autour des nombreuses associations qu'ils surent créer dans leurs nouveaux pays d'accueil. L'exemple est frappant en France où, dès l'arrivée des Arméniens, de nombreuses associations et organisations ont été créées dont certaines aujourd'hui ont certes disparu, alors, qu'en fonction des circonstances et besoins, d'autres, au fil des années, voyaient le jour. Ces organisations ont été et sont encore l'image vivante de la vie de la communauté.
Dès les années 20, les mouvements patriotiques et la réalité exaltante de la toute jeune Arménie Soviétique créent un grand enthousiasme au sein de cette communauté, qui a tant souffert et pour laquelle il reste encore de nombreuses difficultés à surmonter.
C'est dans cet élan que nait le « H.O.G. » (Comité d'Aide à l'Arménie - Haïastani Oknoutian Gomidé). Cette organisation, tournant ses regards vers l'Arménie Soviétique a activement travaillé durant une dizaine d'années au sein de la communauté arménienne de France qui a hautement apprécié ses efforts d'ouverture vers la mère patrie.
À la fin de l'année 1937 (où le H.O.G. est dissout) nait l'Association franco-arménienne. Après deux années d'activité, cette dernière disparait avec la guerre.
Privés d'associations patriotiques, entrainés dans le tourbillon dévastateur de la guerre, certains Arméniens se tournent, durant les années 1939-1944, vers la Résistance aux côtés du peuple de France avec lequel ils défendent avec honneur les idéaux de liberté et de justice, qui leur sont plus chers qu'à quiconque.
De nouvelles conditions se créent en 1944. Une ère d'espoir nait. L'Arménie Soviétique, la mère-patrie, est dans « le camp des victorieux du nazisme ». Dans les rangs même de la résistance, les Arméniens fondent deux nouvelles organisations : le Front National Arménien et l'Association des jeunes patriotes (devenue la JAF un peu plus tard). Officielles dès la Libération, elles canalisent l'enthousiasme des Arméniens, convaincus de la renaissance du peuple arménien.
Durant quatre années, le Front National se consacre à établir avec l'Arménie des liens culturels et à défendre la cause arménienne. Il organise également le rapatriement des Arméniens de France, qui souhaitent retourner sur leurs terres, en Arménie. Il recueille 28.000 signatures pour défendre la cause arménienne devant les Nations Unies. En novembre 1948, le Front National Arménien cesse ses activités. C'est la guerre froide.
Pourtant les Arméniens ne se laissent pas décourager. Ils ne peuvent rester longtemps sans chercher à se regrouper.
Régie par la loi de 1901, est fondée en juin 1949 l'Union Culturelle Française des Arméniens de France, pour répondre aux besoins impératifs et indispensables du courant des Arméniens attachés à leur culture et au développement des liens avec leur mère-patrie. Essentiellement mue par un patriotisme naturel, l'U.C.F.A.F. se fixe trois objectifs principaux :
a) raffermir les liens séculaires existant entre les peuples français et arménien ;
b) faire connaitre aux deux peuples, leur culture mutuelle ;
c) faire connaitre à la communauté arménienne de France et aux Français, l'Arménie, sa culture, son histoire et ses progrès.
Éléments, que jusqu'alors les Arméniens n'avaient qu'insuffisamment pu faire connaitre à leurs hôtes.
La victoire et le rapatriement des Arméniens créent de nouvelles relations entre la communauté arménienne de France et l'Arménie. Fidèle à ses principes de patriotisme, l'U.C.F.A.F. se met au travail, fondant son action sur des bases d'actions culturelles et des rapports étroits avec l'Arménie Soviétique.
Cette ligne d'approche se maintient jusqu'à nos jours, facilitée par la circulation plus aisée des hommes et l'interconnaissance des cultures entre la France et la mère-patrie, en partie grâce à l'action persévérante et chaque jour renouvelée depuis trente ans de l'U.C.F.A.F., sans omettre l'apport non moins indispensable et si précieux de la JAF qui poursuit une action similaire au plan spécifique de la jeunesse.