L’arménien est enseigné en France depuis la toute fin du XVIIIe siècle. Le décret du 10 germinal an III (30 mars 1795) « établi[t] dans l’enceinte de la Bibliothèque nationale une école publique, destinée à l’enseignement des langues orientales vivantes » dont « les professeurs composeront en français la grammaire des langues qu’ils enseigneront ». Jacques Chahan de Cirbied, premier titulaire de la chaire, publie en 1823 en français une grammaire arménienne qui n’a plus de nos jours qu’une valeur historique. En 1883, Auguste Carrière, quatrième titulaire de la chaire, traduit de l’allemand la grammaire de Max Lauer inspirée des grammaires traditionnelles arméniennes. Élève de Carrière dès 1887-1888, Antoine Meillet complète sa formation en 1888-1889 auprès de Heinrich Hübschmann et en 1890-1891 auprès des Pères Mékhitaristes de Vienne. Dans ce manuel paru en Allemagne et en allemand en 1913, il a décrit l’arménien classique d’une façon restée inégalée.
Il n’existait jusqu’à ce jour de grammaire arménienne de référence qu’en arménien, en russe et en allemand. Un siècle après sa première édition, la traduction française de l’Altarmenisches Elementarbuch de Meillet met enfin la description de l’arménien classique à la portée des lecteurs francophones.