Bibliothèque de l'Eglise apostolique arménienne - Paris - GREGOIRE DE NAREK ,     Retour à l'Index des auteurs en français    Accueil des catalogues en ligne

Bibliothèque de l'Église apostolique arménienne - Paris
15, rue Jean-Goujon - 75008 Paris || Père Jirayr Tashjian, Directeur
Téléphone : 01 43 59 67 03
Consultation sur place du mardi au jeudi, de 14 heures à 17 heures


GREGOIRE DE NAREK
( 944 - 1010 )

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L'auteur

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Naissance en 944, décès en 1010 à Narek

Saint Grégoire de Narek est le grand auteur mystique que l'Église d'Arménie a donné à la tradition chrétienne. Ce saint moine vécut de 944 à 1010 environ au monastère de Narek sur la rive sud du lac de Van (actuellement en Turquie). Les églises de tradition arménienne le fêtent le 25 février.

Son œuvre la plus célèbre est son recueil de Prières dont la liturgie arménienne a tiré trois extraits qui sont utilisés l'un lors du Sacrifice de la messe, l'autre dans la prière des Complies et le dernier comme prière à lire sur les malades. Autre signe de l'influence durable de ces prières sur les Arméniens: jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, après avoir appris l'alphabet et lu les Psaumes, les élèves en recevaient un exemplaire et devaient en apprendre de larges extraits par cœur... Les thèmes principaux de l’œuvre de saint Grégoire sont la solidarité dans le péché, la confiance en la Miséricorde divine malgré la nécessité absolue du combat spirituel, et, enfin, l'amour de la vie mystique. L'alliance qu'il réalise entre la pureté de la foi (on dit même que le monastère de Narek était l'un de ceux qui, dans une Arménie qualifiée un peu rapidement de monophysite, tenaient pour la doctrine chalcédonienne de la double nature) et d'une expression poétique vigoureuse font de lui le frère arménien de saint Jean de la Croix.

On ne connaît guère de détails de la vie de saint Grégoire.
Son père, veuf, était devenu évêque alors que Grégoire et ses frères étaient encore dans leur très jeune âge. Ils furent donc confiés aux soins du monastère où ils vécurent, semble-t-il, toute leur vie.
Il devint prêtre et peut-être higoumène de son monastère.
Il eut, d’après le synaxaire arménien une grande influence comme réformateur de son monastère ce qui lui valut quelques ennuis avec les autorités allant jusqu’à le faire soupçonner d’hérésie comme le montre cette gracieuse légende :
Les évêques et les princes envoyèrent une délégation d’hommes sûrs auprès de Grégoire afin qu’ils l’amènent à leur tribunal pour être interrogé sur sa foi.
Les délégués arrivés à Narek, Grégoire comprit immédiatement leurs intentions.
Il leur dit : « Mettons-nous d’abord à table, avant de prendre la route. »
Il fait rôtir deux pigeons et les place devant ses hôtes.
Or c’était un vendredi. Ceux-ci, scandalisés, furent plus convaincus que jamais que ce qu’on rapportait de Grégoire était vrai.
Ils lui dirent donc : « Maître n’est-ce pas vendredi aujourd’hui ? »
Le Saint, comme s’il l’ignorait, leur répond : « Excusez-moi, mes frères. »
Et se tournant vers les pigeons : « Levez-vous, dit-il, retournez à votre volière, car aujourd’hui c’est jour d’abstinence. »
Et les oiseaux, retrouvant vie et plumes, s’envolèrent.
A ce spectacle, les envoyés tombèrent aux pieds du saint pour lui demander pardon.
Et ils s’en furent raconter le prodige à ceux qui les avaient délégués.

L’oeuvre complète de saint Grégoire de Narek a été éditée à Venise en 1840 par les Pères Méchitaristes. Outre le Livre des Elégies Sacrées il faut noter :
- Les Hymnes : une vingtaine en tout pour toutes les fêtes liturgiques
- Commentaire sur le Cantique des cantiques
- Histoire de la Croix d’Aparanq : sur la demande de l’évêque de Mokq Grégoire a raconté l’Histoire du transfert de la relique de la Vraie Croix de Constantinople en Arménie en 983.
- Trois discours en forme de litanies
- Panégyrique des saints apôtres et des 70 disciples
- Panégyrique de Saint Jacques de Nisibe
Le livre des Elégies Sacrées, composé en l’an 1002, fut sans doute le dernier ouvrage de saint Grégoire.


Saint de l'Église apostolique arménienne et de l'Église catholique, sa proclamation comme docteur de l'Église est annoncée le 21 février 2015 par le pape François. Le 12 avril suivant, soit douze jours avant le centième anniversaire du génocide arménien, il devient ainsi le 36e docteur de l'Église.

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 Prier 15 jours avec Grégoire de Narek
Titre : Prier 15 jours avec Grégoire de Narek / auteur(s) : GREGOIRE DE NAREK -
Éditeur : Nouvelle Cité
Année : 2021
Imprimeur/Fabricant : Imprimé en France par CPI
Description : 11,5 x 19 cm, 128 pages, couverture illustrée en couleurs
Collection : Prier 15 jours : 232
Notes : Annie LOOTEN collabore avec son mari, Jean-Pierre MAHÉ, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, à la traduction commentée des œuvres de Grégoire de Narek.
Autres auteurs : Jean-Pierre MAHE [traducteur] -
Sujets :
ISBN : 9782375822609
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Depuis plus d’un millénaire, l’œuvre du moine arménien, Grégoire de Narek (940-1003), a accompagné les fidèles de sa nation dans toutes les circonstances de leur vie. On déposait son livre sur l’autel paroissial ; on le lisait au chevet des malades pour obtenir leur guérison ; on en insérait des extraits dans la liturgie de la messe. Si l’on partait en voyage, on en recopiait quelques pages, qu’on gardait sur soi comme viatique contre les craintes et les périls.
Presque inconnu en Occident jusqu’au milieu du XXe siècle, saint Grégoire de Narek a été proclamé docteur de l’Église universelle en 2015. Enseignant l’art de parler à Dieu des profondeurs du cœur, il nous apprend à nous présenter devant lui avec une sincérité exempte de pharisaïsme. Si nous sommes tous sauvés en Christ, nous partageons solidairement toutes les fautes de nos semblables. Nous sommes tous impliqués dans la même chaîne de prières, jusqu’à la fin des temps. Loin d’être morbide, cette démarche de contrition est libératrice.

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 Trésor des Fêtes, Hymnes et Odes de Grégoire de Narek
Titre : Trésor des Fêtes, Hymnes et Odes de Grégoire de Narek / auteur(s) : GREGOIRE DE NAREK - Introduction, traduction et notes par Annie et Jean-Pierre Mahé
Éditeur : Peeters
Année : 2014
Imprimeur/Fabricant :
Description : 14,5 x 21,5 cm, 295 pages
Collection : Les oeuvres de saint Grégoire de Narek, Volume 2
Notes : Traduit de l'arménien. - Notes bibliographiques
Autres auteurs : Jean-Pierre MAHE [introduction] -
Sujets : Littérature du Moyen Âge, prières -- Grégoire de Narek
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

L'œuvre de Grégoire de Narek est un paradoxe. Si son nom est universellement connu, son œuvre l'est peu, et pour cause : les traductions ont été assez tardives, à l'exception du Livres des Prières, publié en 1961 dans la collection Sources Chrétiennes des éditions du Cerf, peu accessible au grand public. Dédiée aux martyrs du génocide de 1915, la publication du Trésor des Fêtes, Hymnes et Odes correspond certes à une volonté mémorielle, dont le danger consiste à occulter la valeur intrinsèque de l'œuvre, poétique et philosophique, qui seule en fait un objet de lecture aujourd'hui et maintenant, par-delà les siècles.

Écrite il y a 1 200 ans environ, l'œuvre de Narek dans toutes ses parties procède d'une démarche originale que reprendra un millénaire plus tard la littérature surréaliste: utiliser le langage poétique pour libérer la parole intérieure de tous les canons des expressions canoniques, normée par la tradition philosophique ou religieuse de son temps. Formé par éducation aux poètes et philosophes grecs, dépositaire de la poésie religieuse hébraïque (voir son Commentaire sur Le Cantique des Cantiques), plongé dans les débats théologiques de son temps (il sera excommunié de l'Église arménienne pour chalcédonisme), il dénoue les fils de ce triple héritage pour les renouer avec la langue intérieure, celle qui ne répond, par définition, à aucune règle connue, si ce n'est le flot continu des sentiments que les mots ne parviennent à circonscrire qu'au prix d'un déferlement continu.

Énumérations obsédantes
Luc-André Marcel, un autre de ses traducteurs, notait : « Sa manœuvre serait d'atteindre à un total chromatique du langage. Il veut combler ce vide immense qui réside entre un mot et tel autre. De là, cet art de la synonymie, entre autres, dont il use inlassablement avec une outrance sans égale, même en Orient, à seule fin de souder les pouvoirs des termes, de les totaliser jusqu'à ce qu'un évènement se produise. » Constat qu'appuie Vahé Godel : « Répétitions interminables, énumérations obsédantes, martèlements impitoyables, parole lapidante, flagellation verbale ... On songe à Job, bien sûr, à Jérémie... mais aussi à Artaud, à Michaux, à Beckett... à tous les grands exorcistes de ce siècle. »
Exorcisme, le mot est juste et renvoie à cet aspect le plus frappant dans l'œuvre de Narek, tentative d'épuration de l'âme pour l'expulsion interrompue de l'intériorité, sorte de catharsis psychanalytique où il s'agit de dessiner les contours de l'esprit et retrouver son moteur premier par la reprise ininterrompue des mêmes thèmes déclinés sous des formes différentes. «Le rythme et le nombre auxquels j'ai recouru dans le poème précédent, dit Narek dans Le Livre des Prières, n'avaient d'autre fin que d'aviver la douleur, la plainte, les soupirs, l'amère litanie des larmes... Je m'en vais donc reprendre ici la même forme, dans chaque phrase, comme anaphore et comme épistrophe, et faire en sorte que le ressassement figure avec fidélité l'esprit, le pouvoir vivifiant de la prière. »

L'homme au-dessus des systèmes
À prendre ses mots à la lettre, Narek devient le premier à rendre à l'esprit ses droits à l'expression « sans contrainte », dont le but est de se retrouver soi dans un dialogue direct avec Dieu exclusif de tout dogmatisme. Ce faisant, il devient créateur d'un dogmatisme de la liberté. D'où la revendication de son héritage par ceux qui ont fondé la poésie arménienne moderne, Yéghiché Tcharents et Parouïr Sévag, dans les temps où être poète revenait à déclarer haut et fort que l'homme était au-dessus des systèmes et non l'inverse. Le monde aux carcans religieux et idéologiques ont disparu pour revenir en force aujourd'hui. Relire Grégoire de Narek ne consiste plus à retrouver les douceurs de la poésie antique, mais à renouer avec l'esprit de ceux qui ont fait de la libre parole la première des règles. En livrant au public ce deuxième tome des œuvres du fondateur de la poésie arménienne, Anne et Jean-Pierre Mahé n'ont fait que porter ce message.

René Dzagoyan, Nouvelles d’Arménie Magazine, numéro 209, Juillet-Aout 2014


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 Commentaire sur le Cantique des cantiques
Titre : Commentaire sur le Cantique des cantiques / auteur(s) : GREGOIRE DE NAREK - Introduction, traduction et notes par Lévon Pétrossian
Éditeur : Pontifico Instituto Orientale
Année : 2010
Imprimeur/Fabricant :
Description : 17 x 24 cm, 480 pages
Collection : Orientalia christiana analecta, ISSN 1590-7449 ; 285
Notes : Srboy Hōrn meroy Grigor Narekac'woyn Meknut'iwn Erg Ergoc' Sołomoni
Autres auteurs :
Sujets : Patrologie
ISBN : 9788872103678
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Contient en annexe le texte du Cantique des cantiques dans la version des Septante avec le texte arménien tel que cité dans le commentaire et sa traduction française. - Bibliogr. p. [439]-464
Texte remanié de : Thèse de doctorat : École Pratique des hautes études et Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge : Paris : 2006

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 Paroles à Dieu de Grégoire de Narek
Titre : Paroles à Dieu de Grégoire de Narek / auteur(s) : GREGOIRE DE NAREK -
Éditeur : Peeters
Année : 2007
Imprimeur/Fabricant :
Description : 468 pages, 21,50 x 14 cm, relié
Collection : Les oeuvres de saint Grégoire de Narek, Volume 1
Notes : Réédition de la parution de 2000
Autres auteurs :
Sujets : Littérature Moyen âge, prières -- Grégoire de Narek
ISBN : 5559042900144
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Achat : Centre culturel St Mesrob, 10bis rue Thouin, 75005 Paris

Avant-propos des traducteurs :
Pour cette édition en format de poche de notre traduction du Livre des Lamentations de Grégoire de Narek, parue à Louvain en 2000, nous avons abrégé notre introduction et allégé les notes de toutes les discussions philologiques ou trop spécialisées.
Le texte de l'auteur est, en revanche, intégralement conservé. Nous avons suivi l'édition critique de Polos Xaê'atryan et Argaluys Lazinyan, parue à Érévan en 1985. Les chapitres LL 34, 75, 92 et 93 ont été divisés en vers d'après l'édition de Garegin Trapizoni, Buenos Aires 1948.
Pour mettre en évidence la structure de l'œuvre, nous avons donné des titres brefs à chaque prière: ils remplacent le titre du chapitre deux, que Grigor répète uniformément au début de tous les autres.

Nous exprimons notre respectueuse gratitude à S. B. le Catholicos Patriarche Nersès Bédros XIX et aux évêques du saint synode de l'Église catholique arménienne, sans qui cette publication n'eût pas été possible. Nous remercions les éditions Peeters de l'avoir réalisée.


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 Tous les désirs de l'âme : poèmes d'Arménie
Titre : Tous les désirs de l'âme : poèmes d'Arménie / auteur(s) :[Grégoire de Narek et Nahabed Koutchak] ; trad. par Vahé Godel ; calligraphies de Achot Achot
Éditeur : Albin Michel
Année : 2002
Imprimeur/Fabricant : 84-Luçon : Impr. Pollina
Description : Non paginé [61] p. : ill. en noir et en coul., jaquette ill. ; 22 cm
Collection : Les carnets du calligraphe
Notes : Texte original et traduction francaise en regard Bibliogr. p. 119-121
Autres auteurs : Vahé GODEL [traducteur] - GREGOIRE DE NAREK [contribution] -
Sujets : Poésie
ISBN : 9782226129888
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Grégoire de Narek (Xe siècle) et Nahabed Koutchak (XVIe siècle) comptent parmi les plus illustres figures de l'ancienne poésie arménienne. Enraciné dans le christianisme - l'Arménie est le premier État chrétien de l'histoire -, le mystique de Narek composa des Odes et surtout des Prières dans une langue d'une puissance et d'une singularité prodigieuses. Quant au troubadour Nahabed Koutchak, il chante merveilleusement l'amour, l'exil, la condition humaine. À travers un choix de poèmes présentés et traduits par l'écrivain Vahé Godel, Achot Achot nous fait découvrir les lettres arméniennes en mariant l'art classique de la miniature à d'étonnantes créations contemporaines.

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 Le Livre de prières
Titre : Le Livre de prières / auteur(s) : GREGOIRE DE NAREK - introduction, traduction et notes par Isaac Kéchichian, préf. de Jean Mécérian ; postface de Krikor Bélédian
Éditeur : Cerf
Année : 2000
Imprimeur/Fabricant : 53-Mayenne : Impr. Floch
Description : 566 p. : carte, jaquette ill. en coul. ; 20 cm x 13 cm
Collection : Sources chrétiennes, ISSN 0750-1978 ; 78
Notes : Bibliogr. p. 49-52 et 54-55. Index
Autres auteurs : Krikor BELEDIAN [postfacier] - Jean MECERIAN (Père) SJ [préfacier] -
Sujets : Philosophie, religion
ISBN : 2040664511
Lecture On-line : non disponible

Commentaire :

Quand il compose son Livre, Grégoire de Narek sait fort bien qu'il innove, car la tradition littéraire arménienne ne lui fournit aucun modèle. Les lamentations bibliques et les rituels des pleureuses sont des analogons. Grégoire invente un genre — une espèce de thrène sur une âme en détresse extrême — et un type de livre — une chaîne de prières. Colloque avec Dieu, les discours du Veilleur se meuvent dans un espace de parole où le Moi de l'homme « à la triste beauté » et le silence éloquent de Dieu se croisent, se conjuguent et se répondent. Ils feront école et seront imités tout au long de la littérature arménienne.

Le Père Isaac Kéchichian a consacré ses «loisirs » pendant une quinzaine d'années à traduire intégralement en français rythmé « qui donne la sensation du rythme de l'original », au jugement autorisé du Père Jean Mécérian, le recueil poétique arménien qui, après les Évangiles et les psaumes, a connu le plus d'éditions chez le peuple arménien : presque une cinquantaine.

La plus brillante gloire qu'ait produite le monachisme arménien est saint Grégoire de Narek, le « Pindare de l'Arménie », mais un Pindare chrétien et mystique ; ses dates limites sont approximativement 944 et 1010. Comme un bon nombre d'écrits célèbres issus du monachisme oriental, l'œuvre traduite ici n'est pas un livre « instructif », mais un livre « utile » ou «utile à l'âme» , «remède de vie pour guérir les maladies des âmes et des corps ». Aussi bien que le Livre des gémissements et des péchés (ou Accusation de soi-même) dû à Grégoire le philosophe (XIIe siècle), les Élégies sacrées relèvent de la spiritualité orientale du « penthos » à laquelle le P. I. Hausherr a consacré un ouvrage documenté et qui a marqué jusqu'aux trouvères arméniens du bas moyen âge (tel Arakhel se déclarant « rempli des péchés du monde », à la fin de sa très profane Chanson d'amour de la rose et de la tourterelle). Très significatif est l'exergue répété, dans les manuscrits et les éditions imprimées, en tête presque de chaque pièce, mais qui a été omis dans cette traduction (comme il est indiqué p. 8, 41 et 53) : « Addition nouvelle au gémissement redoublé par le même Veilleur pour la même requête, avec des paroles de supplications ». Ces quatre-vingt-quinze « devant Dieu » comportent des soliloques, des adresses aux moines ou aux lecteurs, mais la prière est presque perpétuelle, invoquant Dieu (onze fois), le Père seul (trois fois), le Père et le Christ (n° 81), l'Esprit seul (n° 34), le Christ et l'Esprit (n° 33), Marie (n° 26 et 80), mais le plus souvent (soixante fois) le Christ uniquement. Inlassablement attaché au « penthos », Grégoire « accumule et amoncèle contre sa personne pécheresse en accusations multiples ses scélératesses si variées », « plaçant comme cible en face de lui... son âme stérile » ; sans ignorer les dons naturels et surnaturels qu'il a reçus, il manifeste un étonnant sentiment de responsabilité et de solidarité avec le monde pécheur. A qui refuse de s'accuser comme il fait, il adresse une réprimande.

Mais la litanie de ses confessions acharnées est dominée par la foi en la divine et la confiance dans le Christ rédempteur, de qui il énumère les titres avec non moins de complaisance que ses propres misères ; l'orant contrit et confiant exprime aussi parfois avec l'ardeur d'un Jean de la Croix, son vif désir d'être uni à son Seigneur et proteste de son pur amour envers celui-ci. Aux pages 215 et 397, on pourra noter l'affirmation explicite (qui manque à la page 106, sans y être contredite), que l'Esprit-Saint procède à la fois du Père et du Fils. Le poète fait quelques allusions à des usages de son temps. Sur son attachement à la foi chalcédonienne pour laquelle son père eut à souffrir, voir p. 18 et 34.

La Préface et l'Introduction, qu'une carte fort utilement accompagne, fournissent des renseignements bienvenus sur le pays et l'époque de saint Grégoire, sa vie, ses écrits, et en particulier la composition et les idées maitresses des Élégies sacrées, les qualités poétiques de l'auteur, les manuscrits, éditions, commentaires et traductions de ce recueil, enfin une bibliographie comprenant des travaux français et arméniens. À maints lecteurs pour qui l'histoire et la littérature de l'Église arménienne sont une terra incognita, cette information inspirera sans doute le désir de dissiper un peu les nuages de leur ignorance touchant ce domaine qui a bien des aspects admirables. En tout cas, quiconque prendra en mains ce volume ne pourra manquer d'être émerveillé par la vive sensibilité du poète et l'imagination débordante mise au service de celle-ci dans ce chef-d'œuvre qui appartient à la littérature mondiale.

Alors que notre terre se rétrécit et qu'il s'impose d'ouvrir les frontières de l'esprit, le grand poète de Narek mérite, en France aussi, et dans les divers pays de langue française, l'attention d'un large public cultivé. Mais, en souhaitant que cette traduction, appréciée par des arménisants chevronnés comme une brillante réussite, trouve de nombreux lecteurs, je forme un autre vœu : qu'après ce coup de maitre, le traducteur poursuive son effort très fécond et nous offre une anthologie de Nersès « le Gracieux ».

Source : Chirat Henri. Grégoire de Narek. Le livre de Prières. Introduction, traduction de l'arménien et notes par Isaac Kéchichian, Avec une préface de Jean Mécérian (Sources chrétiennes n° 78), 1961. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 38, fascicule 3, 1964. pp. 323-325.


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 Poèmes de Grégoire de Narek
Titre : Poèmes de Grégoire de Narek / auteur(s) : GREGOIRE DE NAREK - Traduits de l'arménien par Vahé Godel
Éditeur : Publications orientalistes de France
Année : 1975
Imprimeur/Fabricant : Paris : Impr. de l'Institut national des langues et civilisations orientales
Description : 11 x 18 cm, 48 pages
Collection : D'étranges pays : Poemes : 5
Notes :
Autres auteurs : Vahé GODEL [traducteur] -
Sujets : Poèmes
ISBN : 2716900337
Lecture On-line : non disponible

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 Livre de prières
Titre : Livre de prières / auteur(s) : GREGOIRE DE NAREK - Introduction, traduction de l'arménien et notes par Isaac Kéchichian, S.J.. Avec une préface de Jean Mécérian, S.J.
Éditeur : Cerf
Année : 1961
Imprimeur/Fabricant : Mâcon, impr. Protat frères
Description : 13 x 20 cm, 550 p., carte
Collection : Sources chrétiennes. 78
Notes : Publié avec le concours de la Fondation Calouste Gulbenkian
Autres auteurs : Jean MECERIAN (Père) SJ [préfacier] -
Sujets :
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

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 Grégoire de Narek et l'ancienne poésie arménienne
Titre : Grégoire de Narek et l'ancienne poésie arménienne / auteur(s) : GREGOIRE DE NAREK - Textes présentés et traduits par Luc-André Marcel
Éditeur : Cahiers du Sud
Année : 1953
Imprimeur/Fabricant : Imprimerie Araxes, 46 rue Richer, Paris
Description : in-8, br., 140 pp
Collection :
Notes : Autre(s) auteur(s) : Kéchichian, Isaac (S.J., Le P.. Traducteur Mécérian, Jean (S.J., Le P.. Préfacier
Autres auteurs : Luc-André MARCEL [traducteur] -
Sujets :
ISBN :
Lecture On-line : non disponible

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Table des matières

Introduction à Grégoire de Narek
Le Livre des Lamentations et Odes mystiques
Ancienne poésie arménienne
Nahabed Koutchak
Grégoire d’Akthamar
Sargavak de Berdak
Yérmine Keumurdjian
Nagharche Hovnatan
Ohannès
Poésie populaire.


AVERTISSEMENT DES EDITEURS

Les beaux textes qu'on va lire sont pratiquement inconnus en Occident. Les rares traductions qu'on en trouve sont dues à des lettrés arméniens qui, intimidés par les conventions de notre langue écrite, ont hésité à l'exposer à tous les risques de l'aventure; ils ont adouci Grégoire de Narek à peu près comme Ducis avait accommodé Shakespeare.
Un hasard, — il s'en produit souvent pour les grandes œuvres —, a mis sur les traces du père spirituel de l'Arménie un jeune poète, Luc-André Marcel. Ce dernier s'est approché des vieux textes avec beaucoup de ferveur et une intuition surprenante. Il a pénétré, au delà de leur sens, jusqu'au mouvement de l'âme qui les créa; il s'est efforcé avec bonheur' de rendre en français la puissance et la poésie des originaux. Tel est, du moins, l'avis des érudits qui l'aidèrent dans cette tâche difficile et celui des connaisseurs qui l'ont jugée.
Car ces poèmes sont directement traduits de l'arménien ancien, du grapar, sans autre détour dans une langue étrangère moderne, comme il est arrivé souvent pour d'autres poètes orientaux.
Cela suppose de grandes difficultés. Tout d'abord il n'existe aucune édition critique de Grégoire de Narek et il faut dépister la version originale à travers les erreurs des copistes et les interpolations probables.
De plus, la langue dont use notre poète manque de le précision grammaticale et syntaxique de l'arménien classique du Ve siècle. Le traducteur a jugé indispensable de s'entourer des garanties les plus rigoureuses; il s'est assuré pour cela le concours de l'érudit M. Haïk B erb érian.
Ce dernier a patiemment décrypté le texte ancien . et a essayé d'en donner l'interprétation la plus exacte en utilisant en même temps les traductions en arménien moderne de feu le Patriarche de Jérusalem Th. Kouchaguian et de Mgr l'Archevêque K. Khatchadourian, actuellement Patriarche Arménien de Turquie. Il a ainsi guidé le traducteur dans sa tâche, lequel a pu repenser la poésie de Narek dans le français du XXe siècle.
Il faut signaler en outre que les Odes n'ont jamais été traduites en aucune langue, y. compris l'arménien moderne et n'étaient connues que de quelques rares spécialistes, qui ne sont pas toujours d'accord sur la signification des mots et sur la syntaxe très personnelle de Narek. Nous les présentons dans la version qui nous semble la moins discutable.
Au terme d'un effort qui connut des retards et des traverses mais fut tenacement conduit (i), c'est pour nous un agréable devoir de souligner le fidèle appui que nous ant donné les meilleurs éléments du monde arménien, profondément attachés à leur tra dition et à leur culture. Parmi ceux qui nous ont le plus efficacement aidés, remercions en premier lieu Mlle Tirouhi Zarapian dont le zèle éclairé fut à l'origine de l'entreprise, M. Ariazn qui la seconda dans le choix des poèmes, MM. Poladian et Nartouni qui défendirent inlassablement cette édition à nos côtés, M. Berberian dont nous avons indiqué le rôle, enfin M. P. Topalian et la revue arménienne Andastan dont l'initiative amicale a permis l'établissement de cet ouvrage.
J. B.


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